SOMMAIRE

Rechercher dans ce blog

mardi 31 juillet 2012

Quatre moniteurs suspendus pour avoir observé le jeûne du ramadan


LE MONDE | 31.07.2012 

Par Yves Bordenave


En 2011, près de 75 000 enfants de moins de 6 ans sont partis en vacances sans leur famille.

Quatre animateurs d'une colonie de vacances de la ville de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ont été suspendus de leurs fonctions par la mairie (PCF) en début de semaine dernière. Ils encadraient un séjour dans un centre de vacances pour enfants à Port-d'Albret (Landes), qui avait débuté le 5 juillet et s'est achevé vendredi 27 juillet.

Lors d'une visite de sécurité effectuée il y a une semaine, un responsable des centres de vacances a constaté qu'à l'heure du déjeuner, les animateurs ne se nourrissaient pas. Il les aurait alors appelés pour leur signifier que, selon leur contrat de travail, ils devaient se restaurer et s'hydrater pendant la journée. "Ils m'ont parlé de l'article 6 qui disait que je devais me restaurer et m'hydrater convenablement et que dans le cas contraire, cela pouvait mettre en danger la sécurité des enfants", a indiqué Nassim, l'un des quatre moniteurs au Bondyblog, qui révèle l'affaire.

"TOUT SE DÉROULAIT À LA PERFECTION"

Ses explications, selon lesquelles il "s'était hydraté et restauré convenablement et qu'en aucun cas [il] risquait de mettre en péril la sécurité des enfants" n'y ont rien fait. Dans la soirée, les quatre moniteurs étaient convoqués et "suspendus" afin qu'ils soient payés jusqu'à la fin de leur contrat. "Je m'en fiche d'être payé jusqu'à la fin ; moi, je voulais rester jusqu'à la fin de la colonie, tout se déroulait à la perfection", insiste Nassim.

L'article 6 du contrat mis en avant par la mairie pour justifier sa décision souligne que les animateurs doivent "veiller à ce que les enfants et eux-mêmes se restaurent et s'hydratent convenablement et en particulier durant les repas". Le même article évoque "le principe de laïcité" qui doit être respecté.

Cet article a été ajouté il y a deux ans par la mairie au contrat de travail des animateurs de centre de vacances à la suite d'un accident. Une monitrice qui observait le jeûne avait été victime d'un malaise alors qu'elle conduisait un véhicule. Deux enfants avaient été blessés. "A la suite de cela, nous nous étions interrogés sur notre responsabilité vis-à-vis des parents qui nous confient leurs enfants pour des séjours de longue durée, a expliqué au Monde, Jacques Bourgoin, maire de Gennevilliers. On se doit aussi d'assurer la sécurité physique des enfants." Depuis cet épisode, la clause introduite dans les contrats est signalée aux animateurs, qui ont l'obligation de signer avant leur embauche.

"C'EST LE FAIT DE PRATIQUER LE RAMADAN QUI DÉRANGE"

Pour les quatre animateurs et leur avocat, Me Mohand Yanat, cette clause vise implicitement la pratique du ramadan. "On a déguisé les choses. Ce n'est pas l'état de santé qui dérange mais le fait de pratiquer le ramadan", a déclaré MeYanat au Monde. Selon lui, la clause n'est pas légale car elle touche à la liberté de culte. "Il faut distinguer ce qui relève de l'ordre des idées, de l'intime et d'une pratique telle que le ramadan." "A l'embauche, on ne peut pas prendre en compte la religion d'une personne", défend l'avocat, qui devrait se tourner vers les prud'hommes.

Sans partager ce raisonnement, le maire de Gennevilliers comprend l'émoi des quatre animateurs. "Je mesure qu'ils puissent recevoir notre décision comme une décision discriminatoire et je comprends qu'ils fassent valoir leur point de vue,assure-t-il, mais nous avons une responsabilité." M. Bourgoin va alerter la direction départementale de la jeunesse et des sports. Il espère que cette affaire éclaircira ce point sur lequel le code du travail ne fixe aucune règle.

Celui-ci impose aux entreprises de respecter la liberté de religion sauf dans cinq cas : le prosélytisme, l'entrave à la sécurité, à l'hygiène et au bon déroulé et à l'organisation d'une mission. Les employeurs ne sont pas obligés d'adapter leurs horaires aux pratiques religieuses. Selon un sondage de 2008, 26 % des dirigeants d'entreprises avaient adapté leurs horaires pour raisons religieuses. Toutefois, dans le cas d'une colonie de vacances où les moniteurs doivent être disponibles 24 heures sur 24, la chose semble difficile à mettre en œuvre.

Yves Bordenave


lundi 30 juillet 2012

Le Monde.fr: Washington critique les lois contre la burqa en France et en Belgique

Le Monde.fr

Washington critique les lois contre la burqa en France et en Belgique

Dans un rapport sur les libertés religieuses dans le monde, le département d'Etat américain a dénoncé une poussée de l'antisémitisme et de l'hostilité à l'égard des musulmans en Europe. Les lois contre la burqa en France et en Belgique ont été pointées du doigt par Washington, dans un rapport du département d'Etat sur les libertés religieuses dans le monde.

Le Monde.fr | 30.07.12 | 18:57


Droit de reproduction et de diffusion reservé © Le Monde.fr 2010

Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnait avoir pris connaissance de la licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.

Politique de confidentialité du site. Besoin d'aide ? faq.lemonde.fr | Qui sommes-nous ?



Sent from a smartphone. 

dimanche 29 juillet 2012

Guéant fustige les nouveaux critères de naturalisation voulus par Valls

Le Monde.fr avec AFP

26.07.2012



Dans un entretien au Figaro publié jeudi 26 juillet sur le site Internet du quotidien, l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant critique vertement les nouveaux critères de naturalisation que veut introduire son successeur Manuel Valls.

Devant la commission des lois du Sénat, M. Valls a déclaré qu'il "s'apprête àrevenir sur les critères introduits subrepticement par [son] prédécesseur", souhaitant faire de la nationalité "un moteur de l'intégration et non le résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante". Selon le ministre, "le nombre de naturalisations est en chute libre" et "si rien n'est fait, ce nombre va chuter de 40 % entre 2011 et 2012 après une chute de 30 % entre 2010 et 2011".







"CRÉER DES DROITS POUR DES PERSONNES QUI ONT VIOLÉ LA LOI"



"Le texte que prépare le ministre aura à l'évidence pour conséquence de créer des droits pour des personnes qui ont violé la loi, ce qui pose problème, il indique qu'un des critères pourrait être celui de la scolarisation des enfants, or tous les enfants étrangers, quelle que soit la régularité du séjour de leurs parents, sont accueillis dans nos écoles", estime M. Guéant.



"Cela signifie qu'il suffirait d'avoir des enfants pour avoir un droit définitif au séjour. Manuel Valls dit aussi que le fait de travailler clandestinement pourrait donner droit au séjour. Autant dire que plus on est irrégulier, plus on enfreint la loi, plus on aurait droit au séjour. Je laisse les Français juger", ajoute M. Guéant.



Indiquant que les personnes issues de l'immigration votent à 75 % pour la gauche,"la nouvelle clientèle électorale à cultiver pour le PS doit désormais être celle des personnes issues de l'immigration"; ajoute l'ancien ministre, qui conclut :"Favoriser une immigration incontrôlée pour des motifs politiciens présente de grands dangers pour la cohésion sociale et pour la préservation des valeurs de la République."

Manuel Valls va revenir sur certains critères de naturalisation

Le Monde.fr avec AFP

25.07.2012



Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé, mercredi 25 juillet devant la commission des lois du Sénat, qu'il allait revenir sur les critères de naturalisation introduits par son prédécesseur Claude Guéant.



"Je m'apprête à revenir sur les critères introduits subrepticement par mon prédécesseur", a annoncé M. Valls, souhaitant faire de la nationalité un moteur de l'intégration et non le "résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante".



Le ministre a précisé que le nombre de naturalisations avaient beaucoup baissé ces dernières années et que "cette chute résult[ait] d'une politique délibérée d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté". Pour M. Valls, "le défi de l'immigration sera relevé si la naturalisation n'est plus vécue, ou perçue, comme la fin d'un parcours du combattant, mais comme l'issue d'un processus d'intégration qui a sa part d'exigences".



Une loi prévue pour entrer en vigueur au 1er juillet prévoyait que tout étranger aspirant à acquérir la nationalité française devrait justifier d'un niveau de maîtrise du français équivalent à la classe de 3e, avoir une connaissance minimale de la culture et de l'histoire de la France, et signer une charte "des droits et des devoirs du citoyen". M. Valls n'a pas donné de précisions sur les critères qu'il compte modifier.



Par ailleurs, M. Valls s'est refusé "à une fermeture unilatérale des frontières" à l'intérieur de l'espace européen de libre circulation Schengen. "Je suis très attaché au principe de libre circulation et je serai très scrupuleux quant à la préservation de l'acquis Schengen. Je refuse la fermeture unilatérale des frontières", a déclaré le ministre.

Guéant fustige les nouveaux critères de naturalisation voulus par Valls


Le Monde.fr avec AFP | 26.07.2012 

Dans un entretien au Figaro publié jeudi 26 juillet sur le site Internet du quotidien, l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant critique vertement les nouveaux critères de naturalisation que veut introduire son successeur Manuel Valls.

Devant la commission des lois du Sénat, M. Valls a déclaré qu'il "s'apprête àrevenir sur les critères introduits subrepticement par [son] prédécesseur", souhaitant faire de la nationalité "un moteur de l'intégration et non le résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante". Selon le ministre, "le nombre de naturalisations est en chute libre" et "si rien n'est fait, ce nombre va chuter de 40 % entre 2011 et 2012 après une chute de 30 % entre 2010 et 2011".


"CRÉER DES DROITS POUR DES PERSONNES QUI ONT VIOLÉ LA LOI"

"Le texte que prépare le ministre aura à l'évidence pour conséquence de créer des droits pour des personnes qui ont violé la loi, ce qui pose problème, il indique qu'un des critères pourrait être celui de la scolarisation des enfants, or tous les enfants étrangers, quelle que soit la régularité du séjour de leurs parents, sont accueillis dans nos écoles", estime M. Guéant.

"Cela signifie qu'il suffirait d'avoir des enfants pour avoir un droit définitif au séjour. Manuel Valls dit aussi que le fait de travailler clandestinement pourrait donner droit au séjour. Autant dire que plus on est irrégulier, plus on enfreint la loi, plus on aurait droit au séjour. Je laisse les Français juger", ajoute M. Guéant.

Indiquant que les personnes issues de l'immigration votent à 75 % pour la gauche,"la nouvelle clientèle électorale à cultiver pour le PS doit désormais être celle des personnes issues de l'immigration"; ajoute l'ancien ministre, qui conclut :"Favoriser une immigration incontrôlée pour des motifs politiciens présente de grands dangers pour la cohésion sociale et pour la préservation des valeurs de la République."


Guéant fustige les nouveaux critères de naturalisation voulus par Valls




Le Monde.fr avec AFP | 26.07.2012 

Dans un entretien au Figaro publié jeudi 26 juillet sur le site Internet du quotidien, l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant critique vertement les nouveaux critères de naturalisation que veut introduire son successeur Manuel Valls.

Devant la commission des lois du Sénat, M. Valls a déclaré qu'il "s'apprête àrevenir sur les critères introduits subrepticement par [son] prédécesseur", souhaitant faire de la nationalité "un moteur de l'intégration et non le résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante". Selon le ministre, "le nombre de naturalisations est en chute libre" et "si rien n'est fait, ce nombre va chuter de 40 % entre 2011 et 2012 après une chute de 30 % entre 2010 et 2011".


"CRÉER DES DROITS POUR DES PERSONNES QUI ONT VIOLÉ LA LOI"

"Le texte que prépare le ministre aura à l'évidence pour conséquence de créer des droits pour des personnes qui ont violé la loi, ce qui pose problème, il indique qu'un des critères pourrait être celui de la scolarisation des enfants, or tous les enfants étrangers, quelle que soit la régularité du séjour de leurs parents, sont accueillis dans nos écoles", estime M. Guéant.

"Cela signifie qu'il suffirait d'avoir des enfants pour avoir un droit définitif au séjour. Manuel Valls dit aussi que le fait de travailler clandestinement pourrait donner droit au séjour. Autant dire que plus on est irrégulier, plus on enfreint la loi, plus on aurait droit au séjour. Je laisse les Français juger", ajoute M. Guéant.

Indiquant que les personnes issues de l'immigration votent à 75 % pour la gauche,"la nouvelle clientèle électorale à cultiver pour le PS doit désormais être celle des personnes issues de l'immigration"; ajoute l'ancien ministre, qui conclut :"Favoriser une immigration incontrôlée pour des motifs politiciens présente de grands dangers pour la cohésion sociale et pour la préservation des valeurs de la République."

Manuel Valls va revenir sur certains critères de naturalisation




Le Monde.fr avec AFP | 25.07.2012

Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé, mercredi 25 juillet devant la commission des lois du Sénat, qu'il allait revenir sur les critères de naturalisation introduits par son prédécesseur Claude Guéant.

"Je m'apprête à revenir sur les critères introduits subrepticement par mon prédécesseur", a annoncé M. Valls, souhaitant faire de la nationalité un moteur de l'intégration et non le "résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante".

Le ministre a précisé que le nombre de naturalisations avaient beaucoup baissé ces dernières années et que "cette chute résult[ait] d'une politique délibérée d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté".  Pour M. Valls, "le défi de l'immigration sera relevé si la naturalisation n'est plus vécue, ou perçue, comme la fin d'un parcours du combattant, mais comme l'issue d'un processus d'intégration qui a sa part d'exigences".

Une loi prévue pour entrer en vigueur au 1er juillet prévoyait que tout étranger aspirant à acquérir la nationalité française devrait justifier d'un niveau de maîtrise du français équivalent à la classe de 3e, avoir une connaissance minimale de la culture et de l'histoire de la France, et signer une charte "des droits et des devoirs du citoyen".  M. Valls n'a pas donné de précisions sur les critères qu'il compte modifier.

Par ailleurs, M. Valls  s'est refusé "à une fermeture unilatérale des frontières" à l'intérieur de l'espace européen de libre circulation Schengen. "Je suis très attaché au principe de libre circulation et je serai très scrupuleux quant à la préservation de l'acquis Schengen. Je refuse la fermeture unilatérale des frontières", a déclaré le ministre.

jeudi 26 juillet 2012

Manuel Valls va revenir sur certains critères de naturalisation Le Monde.fr avec AFP |

Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé, mercredi 25 juillet devant la commission des lois du Sénat, qu'il allait revenir sur les critères de naturalisation introduits par son prédécesseur Claude Guéant.

"Je m'apprête à revenir sur les critères introduits subrepticement par mon prédécesseur", a annoncé M. Valls, souhaitant faire de la nationalité un moteur de l'intégration et non le "résultat d'une course d'obstacles aléatoire et discriminante".

Le ministre a précisé que le nombre de naturalisations avaient beaucoup baissé ces dernières années et que "cette chute résult[ait] d'une politique délibérée d'exclure de la nationalité des gens méritants et ne posant aucune difficulté".  Pour M. Valls, "le défi de l'immigration sera relevé si la naturalisation n'est plus vécue, ou perçue, comme la fin d'un parcours du combattant, mais comme l'issue d'un processus d'intégration qui a sa part d'exigences".

Une loi prévue pour entrer en vigueur au 1er juillet prévoyait que tout étranger aspirant à acquérir la nationalité française devrait justifier d'un niveau de maîtrise du français équivalent à la classe de 3e, avoir une connaissance minimale de la culture et de l'histoire de la France, et signer une charte "des droits et des devoirs du citoyen".  M. Valls n'a pas donné de précisions sur les critères qu'il compte modifier.

Par ailleurs, M. Valls  s'est refusé "à une fermeture unilatérale des frontières" à l'intérieur de l'espace européen de libre circulation Schengen. "Je suis très attaché au principe de libre circulation et je serai très scrupuleux quant à la préservation de l'acquis Schengen. Je refuse la fermeture unilatérale des frontières", a déclaré le ministre.


jeudi 12 juillet 2012

Nouveau coup de théâtre au CFCM


13 juillet 2012




La Grande Mosquée de Paris (GMP), membre fondateur du Conseil français du culte musulman (CFCM), a annoncé sa démission de cette instance représentative. Sans plus de précisions, Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, met en cause " de graves dysfonctionnements et une gouvernance autocratique ". Après avoir présidé durant cinq ans le CFCM, M. Boubakeur regrette la perte d'influence de sa fédération. Mohammed Moussaoui, président du CFCM, a estimé que ces accusations n'étaient " en rien conformes à la réalité ". Cette décision de M. Boubakeur a surpris jusque dans les rangs de la GMP. Depuis des mois, toutes les composantes de l'islam reconnaissent la nécessité de réformer le CFCM, pour lui conférer davantage de légitimité dans la communauté musulmane, sans parvenir à se mettre d'accord sur les modalités. Des querelles de personnes, dénoncées vendredi 6 juillet par le ministre de l'intérieur, bloquent aussi toute avancée.

Stéphanie Le Bars

© Le Monde

dimanche 8 juillet 2012

Les libéraux bien partis pour remporter les élections en Libye 08.07.12 | | Le Monde.fr avec AFP


La coalition des libéraux a annoncé, dimanche 8 juillet, être en tête dans la plupart des circonscriptions électorales en Libye, après les élections historiques de samedi qui ont valu au pays les éloges de la communauté internationale.

Le dépouillement des bulletins des votes était toujours en cours dans plusieurs bureaux dimanche matin et Faiçal Al-Krekchi, le secrétaire général de l'Alliance des forces nationales  qui réunit plus de quarante petits partis autour des architectes de la révolte de 2011 a indiqué préférer attendre les résultats officiels de la Commission électorale avant de donner plus de précisions.

Plus tôt, le chef du principal parti islamiste issu des Frères musulmans a reconnu une "nette avance" des libéraux dans les deux principales villes de la Libye, Tripoli et Benghazi. Plusieurs observateurs des élections à Tripoli et Benghazi ont aussi fait état d'une "écrasante" victoire des libéraux dans plusieurs bureaux de vote, avec des taux dépassant parfois 90 %, comme dans le quartier populaire d'Abou Salim dans la capitale.

Les conclusions des deux partis sont basées sur des "rapports préliminaires" de leurs observateurs qui suivent les décomptes, à l'issue des premières élections libres du pays en vue de l'élection d'une assemblée nationale. Si ces résultats se confirmaient, la Libye ferait exception par rapport à ses voisins tunisiens et égyptiens, touchés par le Printemps arabes et où les islamistes ont pris le pouvoir après les premières élections ayant suivi la chute des anciens régimes.

>> Lire le décryptage : "En Libye, les premières élections d'un pays divisé"

60 % DE TAUX DE PARTICIPATION

Huit mois après la fin du conflit armé qui a provoqué la chute puis la mort de Kadhafi, quelque 2,8 millions d'électeurs étaient appelés à choisir les 200 membres du Congrès national général samedi. Le taux de participation au scrutin a atteint 60 %, selon les résultats préliminaire annoncés par la Commission életorale dans la soirée.

Ces premières estimations, qui placent les libéraux en première position, portent sur les formations politiques en compétition pour les 80 sièges réservés aux listes des partis politiques dans la prochaine assemblée nationale. Pour les 120 sièges réservés aux candidats individuels, la tendance devrait être la même, dans la mesure où ces candidats sont soutenus par des partis politiques. 

Parmi les 3 702 candidats et plus de 100 partis en lice, trois formations sortent du lot pour ces premières élections libres libyennes, après des dizaines d'années de dictature sous Mouammar Kadhafi : outre la coalition des libéraux lancée par l'ex-premier ministre du CNT Mahmoud Jibril, on compte les islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC), issu des Frères musulmans, et ceux d'Al-Watan, dirigés par l'ex-chef militaire controversé de Tripoli Abdelhakim Belhaj.

>> Lire l'éclairage : "Bachir Al-Kupti, le très prudent chef des Frères libyens"

98 % DES BUREAUX DE VOTE OPÉRATIONNELS

Peu avant la fermeture des bureaux de vote samedi à 20 heures à Tripoli et Benghazi, foyer de la révolution dans l'Est, le chef de la Commission a indiqué que 98 % des bureaux de vote avaient fonctionné normalement. Plus tôt, il avait annoncé qu'une centaine de bureaux sur un total de 1 554 n'avaient pu ouvrir leurs portes en raison d'actes de sabotages, notamment dans l'Est. 

Alexander Graf Lambsdorff, qui dirige une équipe de 21 observateurs de l'Union européenne, a indiqué que le scrutin s'était globalement bien passé. "Nous avons vu des électeurs venant en grand nombre aux bureaux de vote de façon pacifique et ne craignant pas les intimidations, malgré des perturbations dans l'Est et des tensions dans le Sud", a-t-il dit.

JOIE



A Tripoli comme à Benghazi, les bureaux de vote ont vu passer un flot d'électeurs ravis de participer au premier scrutin national après plus de quarante ans de règne de Mouammar Kadhafi. "Ma joie est indescriptible", a déclaré Fawziya Omran, en patientant devant une école du centre de la capitale. "Je me sens un citoyen libre", s'est réjoui Ali Abdallah Derwich, 80 ans, en chaise roulante.

Certains électeurs étaient venus avec les drapeaux noir, rouge et vert de la révolution, et les mosquées diffusaient les "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) tandis que les rues résonnaient des concerts de klaxons. Des centaines de Tripolitains ont convergé après le vote vers la place des martyrs au centre de la capitale pour fêter l'évenement jusqu'à une heure tardive de la nuit.

La joie était tout aussi palpable à Benghazi, malgré les appels au boycott et au sabotage du scrutin lancés par les partisans de l'autonomie. "J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée jusqu'à présent, mais mes enfants auront une vie meilleure. Tout ce dont ils ont besoin, c'est d'une impulsion, et je crois que les nouveaux dirigeants donneront cette impulsion", a déclaré Hueida Abdul Sheikh, 47 ans.

ÉLOGES DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

L'Union européenne a tenu à saluer samedi des élections"véritablement historiques", soulignant qu'elles s'étaient déroulées "dans un climat de liberté", tandis que Londres a fait état d'une "étape importante" et un moment "historique" pour ce pays sur sa route vers la liberté.

Le président américain Barack Obama a quant à lui déclaré, samedi soir, qu'après "plus de 40 années au cours desquelles la Libye a été sous l'emprise d'un dictateur, ce scrutin historique montre que l'avenir de la Libye est entre les mains du peuple libyen". Il a affirmé que son pays était fier du rôle qu'il a joué en soutenant la révolution libyenne, et que "le peuple libyen peut compter sur l'amitié continue et le soutien des Etats-Unis".

TENSIONS DANS L'EST

La journée a néanmoins été endeuillée par la mort d'une personne près d'un bureau de vote à Ajdabiya, dans l'est du pays, dans des circonstances peu claires. La semaine précédant le scrutin a été marquée par des tensions dans l'Est, qui ont culminé vendredi avec la mort d'un fonctionnaire de la Commission électorale, tué par un tir à l'arme légère sur l'hélicoptère à bord duquel il se trouvait au sud de Benghazi. Auparavant, des partisans de l'autonomie, qui entendent dénoncer la répartition des sièges au sein de l'Assemblée nationale (100 sièges pour l'Ouest, 60 pour l'Est et 40 pour le Sud), avaient sommé plusieurs importants terminaux pétroliers de l'Est de cesser leurs opérations jusqu'à la fin du scrutin.

Pour tenter de calmer les autonomistes, le CNT a ôté à la prochaine Assemblée l'une de ses principales prérogatives, celle de désigner les membres du comité chargé de rédiger la future Constitution. La composition de ce comité devrait faire l'objet d'un nouveau scrutin, et chacune des trois régions y enverra 20 membres. En attendant, le Congrès général national sera chargé de choisir un nouveau gouvernement et de gérer une nouvelle période de transition, en prenant le relais du CNT qui devrait être dissous lors de sa première session.

samedi 7 juillet 2012

La FIFA fait le coup du foulard


6 juillet 2012 à 19:21 Libération
L'équipe iranienne célèbre sa victoire contre la Jordanie, en octobre 2010.
L'équipe iranienne célèbre sa victoire contre la Jordanie, en octobre 2010. (Photo Ali Jarekji. Reuters)
Recueilli par KIM HULLOT-GUIOT

Il n'y aurait pas de contre-indication médicale ou de sécurité à porter le voile pendant un match. Voilà comment la FIFA explique sa décision d'autoriser les footballeuses à jouer voilées. Ce sont la Confédération asiatique (AFC) et le prince Ali Bin al Hussein de Jordanie, vice-président de la FIFA, qui en avaient fait la demande il y a quelques mois ; les voilà contentés.

«C'est une bonne nouvelle pour nous. C'est bon pour la communauté musulmane», a expliqué à l'AFP Alex Soosay, le secrétaire général de l'AFC. «Cette décision, attendue avec impatience, fait notre très grande joie», a à son tout déclaré à l'AFP cheikha Naïma Al-Sabah, la présidente de la commission du sport féminin de la Fédération du Koweit.

Quant à la Fédération française de football (FFF), elle a fait savoir qu'elle n'autoriserait pas les joueuses à porter le voile, ce qui pourrait déclencher des polémiques quand reprendront les compétitions nationales ; et pourrait la mettre en porte-à-faux, entre le gouvernement (elle n'est que délégataire d'une mission de service public) et la Fifa.

Côté associations féministes, la nouvelle fait grincer des dents. Ni Putes Ni Soumises dénonce une «régression» et une «trahison des valeurs universelles et une violation de la charte de la FIFA».

Les politiques, eux, se sont très peu exprimés, prudence oblige. Le Front national a dénoncé «la soumission de la FIFA à des valeurs qui n'ont pas leur place dans le football», le Parti radical de gauche a sollicité officiellement une consultation à Valérie Fourneyron, la ministre des Sports, et un député UMP, Gérard Darmanain, a demandé l'interdiction du port du voile sur les terrains de football en France. Seule Chantal Jouanno, citée par la Dépêche du Midi, a estimé que«même si ça ne me plaît pas du tout sur le fond, ça évite que des femmes soient contraintes de ne pas pratiquer de sport, et c'est une bonne chose.» Au ministère des Sports, comme au ministère des Droits des femmes, que nous avons essayé de contacter à plusieurs reprises, c'est silence radio.

Fabienne Broucaret, journaliste indépendante et blogueuse, est l'auteur de l'ouvrage le Sport féminin. Le sport, dernier bastion du sexisme ? (éd. Michalon). Elle revient pour nous sur le port du voile dans le sport.

Que pensez-vous de cette décision ?

Ce n'est pas une bonne nouvelle, ni pour le sport en général ni pour les femmes en particulier. Le foot et le sport se veulent neutres, en matière de religion et de politique, et cette décision va à l'encontre de ce principe. Du point de vue des femmes, c'est un leurre de penser que cela va aider à les émanciper. Il faut voir d'où vient la demande : du Koweit, de l'Arabie Saoudite... des pays où les droits des femmes sont bafoués au quotidien, où elles ont parfois même jusqu'à l'interdiction de conduire !

Il ne faut pas confondre l'acceptation de la liberté et la défense de la domination masculine sur les femmes dans ces sociétés. Et, d'un point de vue sportif, j'aimerais voir quelqu'un courir quatre-vingt-dix minutes sous le soleil avec la tête voilée. Je ne suis pas sûre qu'on puisse être ainsi aussi performante que ses adversaires. Pour bien voir, ou faire une tête, cela pose aussi question.

L'argument de la FIFA, c'est justement que ça ne pose pas de problème au niveau médical ou au niveau de la sécurité...

Le voile me paraît sincèrement gênant : un match normal, c'est déjà éprouvant mais avec un voile, qui gêne la vision et tient chaud, ce n'est pas idéal.

Pour parler des droits des femmes. Cette décision est-elle stigmatisante ?

Accepter le voile, c'est ouvrir une brèche vers d'autres entorses au règlement. Que va-t-on vouloir ensuit  ? Que les bras soient couverts, que les jambes ne soient plus nues ? C'est le corps des femmes qui est stigmatisé, sous couvert de tolérance. Et les femmes musulmanes qui ne voudraient pas porter le voile seraient doublement stigmatisées.

Je crains beaucoup pour les pays du Maghreb qui sont en pleine révolution, en plein bouleversement et où on a beaucoup à craindre pour les droits des femmes. Va-t-on leur imposer le voile ? En 1992, aux jeux de Barcelone, l'athlète algérienne Hassiba Boulmerka, qui avait couru en short et tête nue, avait reçu des menaces de mort de la part d'intégristes religieux. Elle disait qu'elle n'irait pas en short à la mosquée ni voilée sur une piste. Pour toutes ces femmes qui se sont battues, c'est une régression.

Mais n'est-ce pas une question d'égalité entre les sportives, qu'elles soient voilées ou non ?

L'égalité serait qu'elles jouent toutes dans la même tenue, sans signe religieux ou politique. Tout le monde joue pour les couleurs de son club ; autoriser le voile, c'est inclure la religion là où elle n'a pas lieu d'être, c'est autoriser le particularisme religieux, alors qu'on joue toutes avec un ballon de la même manière.

On pourrait dire qu'il vaut mieux des femmes voilées que pas de femmes du tout...

C'est en effet le principal argument des partisans du voile. On verra si cette décision amène plus de femmes dans les équipes de foot, si les petites filles seront plus nombreuses dans les équipes... Personnellement, j'ai un gros doute. Alors oui, elles feront du sport, mais pas librement, car elles devront se plier aux règles. Ce n'est pas épanouissant. C'est dur qu'on prive ces femmes de sport, mais qui les en prive, au fond ? Pas ceux qui prônent l'absence de signes religieux.

Ce ne sera pas la première fois que l'on verra des femmes voilées dans des compétitions sportives... Il y a eu par exemple Rakia Al-Gassra, une sprinteuse du Bahrein, qui courrait à Pekin en 2008 avec un jogging et la tête couverte...

Cela a commencé en 1996, avec la tireuse à la carabine iranienne Lyda Fariman, qui avait fait la compétition des JO d'Atlanta voilée. En 2004 à Athènes, lors de la cérémonie de clôture, une ancienne championne égyptienne de natation était voilée... à deux pas du drapeau olympique. Jusqu'à maintenant, la Fifa n'avait pas cédé. Aux JO de Londres, le débat va ressortir.

Dans votre ouvrage, vous évoquez les «Jeux de la solidarité» qui ont lieu en Iran... Cette décision relève-t-elle du même esprit ?

Oui, même si on est à un autre niveau, puisque dans ces jeux, les femmes sont confinées. C'est une compétition iranienne, un genre d'olympiades auxquelles ne participent que des femmes musulmanes. Les hommes sont interdits, comme les journalistes : tout est fait pour préserver le secret. En fait, les femmes font du sport, mais complètement cachées, ce que veulent des pays comme l'Arabie Saoudite, qui n'a jamais envoyé de femmes aux Jeux olympiques.

L'Arabie Saoudite veut aussi créer un label pour les athlètes musulmans : si des femmes finissent par concourir aux Jeux olympiques, elles devront avoir un chaperon, il n'y aura pas de mixité... Par rapport à l'autorisation du port du voile par la FIFA, ces jeux sont le cran d'après, mais c'est le même genre d'idée.

Vous évoquez, toujours dans votre livre, le fait que le Moyen-Orient investit beaucoup dans le sport. Pour adapter la formule de la sociologue Catherine Louveau, est-ce à dire que les droits des femmes seraient solubles dans le capital ?

Oui. Si on compare la question des signes religieux, à celle des signes politiques, c'est criant. L'article 51 de la charte olympique dispose«qu'aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n'est autorisée». Aux Jeux de Pékin, en 2008, le CIO a refusé que les athlètes portent un badge en faveur des droits de l'homme, alors même que le slogan, «pour un monde meilleur» était extrait de la charte olympique.

Déjà, aux JO de Mexico en 1968, les athlètes Tommie Smith et John Carlos, qui avaient levé le point en hommage au mouvement Black Panthers, avaient été exclus à vie. Rebelote quand les footballeurs anglais ont voulu porter un coquelicot en hommage aux victimes de guerre, la Fifa a appliqué très strictement le règlement à la lettre. Manifestement, elle ne l'applique pas de la même façon pour le voile...

Il ne faut pas oublier que depuis quelques années, dans le foot, le Qatar, qui veut d'ailleurs organiser des JO, fait de forts investissements. Que la FIFA, qui a résisté pendant des années, cède maintenant ne me paraît pas être un hasard.

Voyez-vous dans cette décision une forme de «propagande culturelle», avec de possibles effets d'entraînement ?

Ce qui est fort, c'est que ce sont des particularités qui n'existent pas dans la majorité des pays, mais on l'impose à tous. Cela fait partie d'un discours beaucoup plus large, d'autant que le foot, c'est le sport numéro 1. C'est sur un message fort que la FIFA cède : et c'est un symbole que l'Iran se félicite de cette décision !

A Narbonne, en mars dernier, un arbitre avait refusé d'arbitrer un match car des joueuses s'étaient présentées voilées. En France, on suit généralement les règles de la FIFA ; ça ne sera pas sans conséquence.

vendredi 6 juillet 2012

L'auteur présumé de la tuerie à la discothèque de Lille et son complice arrêtés en Espagne 06.07.12 | Le Monde.fr avec AFP


L'auteur présumé de la fusillade devant une discothèque de Lille qui a fait deux morts et six blessés dimanche et son complice ont été interpellés, vendredi 6 juillet, en Espagne, a-t-on appris auprès du procureur de Lille, Frédéric Fèvre, confirmant une information d'Europe 1.

Fayçal Mokhtari, 32 ans, auteur présumé des coups de feu tirés à l'arme de guerre sur la boîte de nuit Le Theatro, et le complice avec lequel il se serait enfui, Djelloul Cherifi, 24 ans, étaient activement recherchés depuis dimanche par les policiers de l'agglomération lilloise. Les deux hommes ont été interpellés vers 11 heures par la guardia civil de Gijon (Asturies) et la police judiciaire de Lille, a précisé le procureur.

"PROFIL VIOLENT"

Le tireur présumé, apparemment furieux d'avoir été éconduit d'une discothèque en plein coeur de Lille dans la nuit de samedi à dimanche, était revenu devant l'établissement vers 3 heures du matin tirer à l'arme de guerre, avant de s'enfuir à bord d'une voiture conduite par un complice.

Cet "homme de 32 ans, qui résidait à Tourcoing [près de Lille], a un long passé de délinquance derrière lui et un profil violent. Il a déjà fait plusieurs séjours en prison pour des vols simples, des trafics de stupéfiants, abus de confiance, violences", selon Benoît Lecomte, du syndicat de police Alliance.

Les deux personnes tuées sont une employée de 26 ans qui tenait le vestiaire, situé à l'entrée de la boîte de nuit, et un client de 27 ans qui s'apprêtait à quitter l'établissement. Six autres personnes, dont le physionomiste de l'établissement et des clients, ont été blessées par balle. Leurs jours ne sont pas en danger.


La mosquée de Cergy, modèle d'un islam de France apaisé


Le Monde, 7 juillet 2012



La nouvelle mosquée de Cergy (Val-d'Oise), surplombée d'un minaret de 20 mètres, pourra accueillir 1 500 fidèles.

LIONEL PAGÈS/VILLE DE CERGY

L'édifice est inauguré par le ministre chargé des cultes vendredi 6 juillet




Des milliers de musulmans de Cergy (Val-d'Oise) et des environs ont déjà foulé les tapis de la nouvelle mosquée de la ville, le 29 juin. Vendredi 6 juillet, l'inauguration officielle de l'édifice surplombé d'un minaret de 20 mètres et d'une coupole verte devait être pour le ministre de l'intérieur, chargé des cultes, Manuel Valls, l'occasion de s'adresser à la communauté musulmane pour la première fois depuis son entrée en fonctions.

En se rendant à Cergy, M. Valls met en avant un projet " au processus exemplaire ", selon le maire de la ville et député (PS) du Val-d'Oise, Dominique Lefebvre. L'élu socialiste, qui a convaincu le ministre de l'intérêt de s'adresser aux musulmans à quelques jours du début du ramadan (le 20 ou 21 juillet) fait partie de ces élus, de droite comme de gauche, qui ne craignent pas d'organiser l'islam dans leur ville. M. Lefebvre revendique donc un rôle dans la naissance de cette mosquée-cathédrale, prévue pour accueillir 1 500 fidèles et dotée d'un centre culturel, d'un salon de thé, d'une salle funéraire, de salles de cours. " Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de l'islam de France, moi je l'ai fait ! ", lance M. Lefebvre entre boutade et pique politique.

Pour répondre à la demande " naturelle et légitime " de ses concitoyens musulmans, qui, depuis la fin des années 1980, souhaitaient édifier un lieu de culte, l'édile élu en 1996 a utilisé tous les moyens à sa disposition dans le cadre de la loi de 1905, qui interdit la subvention publique des cultes. Il a concédé aux responsables musulmans un bail emphytéotique sur un terrain viabilisé de 2 000 m2 - le loyer d'un euro symbolique proposé dans un premier temps a été attaqué en justice et remplacé par un loyer modique de 728,50 euros par an -, et la mairie a garanti, à hauteur de 50 %, l'emprunt de 2,5 millions d'euros contracté par les responsables musulmans pour financer leur projet évalué à 3,7 millions. Le reste est assuré par les dons des fidèles.

Mais, comme préalable à son soutien, il a demandé à la dizaine d'associations musulmanes émanant des pays d'origine présentes sur cette ville, dont 45 % de la population est d'origine étrangère, de s'unir. " Nous avons créé la fédération en 2003, témoigne Hamida Maïga, son président d'origine malienne. Et toutes les associations, qu'elles soient maghrébines, pakistanaises, africaines... ont signé une charte qui reconnaît la nécessité d'avoir un interlocuteur unique face aux pouvoirs publics. " Une telle entente est loin de s'imposer partout. A Cergy, seuls les Turcs sont restés à l'écart.

Autre condition négociée avec la mairie, le respect de la charte qui engage les membres de la fédération à " l'exercice du culte musulman dans des conditions de dignité et de transparence, au respect et à la promotion des règles républicaines et de la laïcité, à la poursuite du dialogue interreligieux, à la promotion du bilinguisme arabe/français et du français comme langue véhiculaire, à la valorisation du statut de la femme "" L'islam à ciel ouvert est l'antidote à l'intégrisme ", veut croire le maire, pour qui la reconnaissance du fait musulman participe d'une politique d'intégration.

L'ouverture de la grande mosquée de Cergy s'inscrit dans un processus général d'installation de ces édifices dans le paysage urbain et de normalisation des rapports entre associations musulmanes et pouvoirs publics. D'autres grands projets devraient aboutir dans les prochaines années, au gré des financements. Au total, quelque 200 constructions d'envergures diverses sont en cours, assurant peu à peu le maillage du territoire.

Dans la majorité des cas, ce nouveau contexte permet une implantation sereine, mais le modèle privilégié à Cergy, soutien et accompagnement politique conditionnés, n'est pas général. L'inauguration de la grande mosquée de Saint-Etienne, le 19 juin, illustre cette diversité dans l'organisation et le financement de l'islam de France.

A Saint-Etienne, c'est le Maroc qui a payé la mosquée en apportant 6 des 8 millions d'euros qu'a coûtés l'édifice. Le ministre des affaires religieuses du royaume chérifien a assisté à l'inauguration. Et, contre l'avis de certains musulmans eux-mêmes, la mosquée porte le nom de Mohammed VI. L'imam a été nommé par le gouvernement marocain, dont il demeure un salarié.

Face aux besoins, le Maroc, l'Algérie, la Turquie et la Tunisie mettent en effet des dizaines d'imams à disposition des associations musulmanes françaises. Les religieux sont censés demeurer quatre à cinq ans sur place. L'ancien imam de Saint-Etienne, évincé lors de l'ouverture de la mosquée, était en place depuis dix-sept ans. A Cergy, c'est " un appel à candidature " qui a permis de sélectionner l'imam. Un universitaire français d'origine algérienne, Tahar Mahdi, a été retenu. Lui sera payé par la mosquée. Inutile de préciser que le maire de Cergy préfère son modèle à tout autre.

Stéphanie Le Bars

jeudi 5 juillet 2012

Les footballeuses autorisées à porter le voile pendant les matches 05.07.11 Le Monde.fr avec AFP


Le port du voile (ou hijab) pour les joueuses a été autorisé, jeudi 5 juillet, par l'International Football Association Board (IFAB), organe garant des lois du jeu, a annoncé la FIFA lors d'une conférence de presse. Adoptée à l'unanimité, cette mesure bénéficiera d'abord d'une période d'essai.

Demandée par la Confédération asiatique (AFC) et par le prince Ali Ben Al-Hussein de Jordanie, un des six vice-présidents de la FIFA, cette mesure avait bénéficié en mars d'un "accord de principe" de l'IFAB, qui avait toutefois souhaité attendre le "résultat d'un examen accéléré de toutes les questions liées, notamment sur le plan de la santé et de la sécurité""Cette initiative prise lors de notre dernier congrès avait été soumise à une décision finale du comité médical de la FIFA. Les réserves médicales et sur la sécurité ont été supprimées pour le port du voile et la mesure est donc approuvée", a déclaré Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA.

La couleur, le design et la nature même des voiles seront maintenant débattus en novembre à Glasgow lors d'une réunion de l'IFAB. Cette décision doit permettre la pratique du football à toutes les femmes, ce qui n'était jusque-là pas le cas en raison de restrictions religieuses visant certaines communautés.

Des associations féministes ont néanmoins exprimé leur désaccord, comme la Ligue internationale des femmes, Femix'sports et la Coordination française pour le lobby européen des femmes (CLEF), dans une lettre ouverte à Joseph Blatter en décembre dernier.

>> Lire la tribune "Comment la FIFA s'est pris les pieds dans le hijab"

ARBITRAGE À CINQ AUTORISÉ

L'IFAB a par ailleurs annoncé que l'arbitrage à cinq va être autorisé dans toutes les compétitions officielles. "Si les organisateurs des tournois le souhaitent, l'arbitre et les juges de touche seront assistés par deux autres officiels postés derrière chaque ligne de but qui devront porter attention aux actions dans et en dehors de la surface de réparation", a détaillé Jérôme Valcke.

A la suite de cette "décision prise à l'unanimité, un amendement sera déposé pour les Lois du jeu, avec une section distincte concernant les arbitres assistants additionnels. Egalement, le matériel de communication entre les arbitres sera inscrit dans les Lois du jeu", précise le communiqué de la FIFA.

A l'instigation de Michel Platini, président de l'UEFA, l'arbitrage à cinq était déjà expérimenté à l'échelle européenne, sur ses trois compétitions majeures : à l'Euro, pour la première fois cette année, en Ligue des champions, depuis deux saisons, et en Europa League, depuis trois saisons.

A l'Euro 2012, l'arbitrage à cinq a connu sa première anicroche, lors du match Ukraine-Angleterre (0-1), avec un but refusé à l'Ukrainien Marko Devic alors que le ballon avait franchi la ligne avant d'être dégagé par l'Anglais John Terry.


mercredi 4 juillet 2012

Mali : "Pour les intégristes, vénérer un saint, c'est porter atteinte à l'unicité de Dieu"


Le Monde.fr  Mis à jour le 04.07.2012

Par Propos recueillis par Pauline Pellissier



Propos recueillis par Pauline Pellissier
L'historien spécialiste des religions Odon Vallet.

L'historien des religions Odon Vallet réagit aux destructions de mausolées par des islamistes à Tombouctou. Il revient sur le courant de pensée iconoclaste, qui rejette le culte des images saintes et qui n'est pas propre à l'islam.

Pourquoi les islamistes s'attaquent-ils aux mausolées ?

Les mausolées de Tombouctou sont des tombeaux d'hommes vénérés pour leur foi et leur érudition. Ces saints ont souvent fait beaucoup pour leur lignée et leur communauté. Or, les différents groupes armés qui ont pris la ville en avril [Ansar Eddine et AQMI] prônent un islam très rigoriste. Ils estiment qu'Allah seul est saint.

Quand on voit les images de mausolées en miettes, on repense bien évidemment à la destruction, il y a une dizaine d'années, des bouddhas de Bâmiyân par les talibans en Afghanistan. Au Mali, ce qu'il y a de nouveau par rapport à l'épisode de 2001, c'est qu'il ne s'agit pas là de sculptures. Les islamistes s'en prennent directement à des symboles d'une religion musulmane qu'ils considèrent comme déviante.

Des islamistes d'Ansar Eddine attaquent un mausolée à la pioche, le 1er juillet.

L'interdiction des représentations est-elle inscrite dans le Coran ?

L'islam est généralement considéré comme iconoclaste, mais il faut nuancer tout cela car le Coran ne dit pas un mot des images. L'interdit se trouve dans leshadith, les propos prêtés au prophète Mahomet. Ainsi, on trouve des représentations humaines dans les châteaux du désert jordanien, pourtant des lieux de retraites datant de la première génération de l'islam, mais aussi des miniatures persanes qui représentent des visages, y compris celui du prophète.

En Afrique du Nord s'est installé un culte des saints, des marabouts, qui se voient ériger des mausolées. Ce culte se retrouve aussi au Pakistan, en Inde et dans d'autres pays, un peu comme dans le catholicisme ou dans l'orthodoxie. Simplement, les intégristes estiment que vénérer un saint c'est porter atteinte à l'unicité de Dieu.

Les autres religions ont-elle connu des épisodes iconoclastes ?

Si l'interdiction des images ne figure pas dans le Coran, on la retrouve à l'inverse communément dans la Bible et la Torah ("Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la erre", Exode, 20). Pour autant, l'interprétation des textes n'a pas été totale. Aucune religion n'est exclusivement iconoclaste ou iconolâtre.

Par exemple, le judaïsme n'est pas intégralement iconoclaste, puisqu'on a trouvé des mosaïques avec des représentations humaines et même divines – par exemple le dieu du soleil Helios – dans les angles du fronton de la synagogue de Capharnaüm, en Israël.

Le christianisme a, lui, été tantôt iconoclaste tantôt iconolâtre. Il y a eu deux grandes querelles iconoclastes aux VIIIe et IXe siècles après J.-C., surtout dans l'Eglise d'Orient. Mais le plus grand iconoclaste a sans doute été le protestant Jean Calvin. Au XVIe siècle, cet artisan de la Réforme a fait badigeonner à la chaux tous les murs des églises, supprimer les statues, les peintures et les vitraux. On remarque les mêmes contradictions dans le bouddhisme, où les temples zen japonais sont totalement dénudés, alors qu'au Tibet il y a des statues partout. Ce débat traverse donc bien l'ensemble des religions monothéistes.

Odon Vallet est l'auteur de Dieu et les religions en 101 questions-réponses (Albin Michel)