Après sa critique d'une femme voilée à la plage, pluie de réactions de réprobation y compris à l'UMP, tandis que le ministre Harlem Désir déclare sa «compréhension».
Une plage, une femme voilée, un compte Facebook et voilà Nadine Morano qui lance un débat réchauffé sur le voile en cette fin d'été. En déplorant la veille la présence d'une femme voilée sur une plage, Nadine Morano a suscité mardi la réprobation jusqu'à l'UMP, mais aussi, de façon inattendue, le soutien d'un ministre PS, Harlem Désir, au nom de l'égalité des sexes.
Au lendemain de sa publication sur Twitter et Facebook de la photo de dos d'une femme voilée à la plage, tandis que son mari était en train de se baigner, la député européenne persiste à dénoncer ce qui lui apparaît comme une atteinte à l'égalité entre hommes et femmes.
HARLEM DÉSIR COMPRÉHENSIF
C'est le seul terrain sur lequel elle entend se placer, alors que ses messages lui ont valu des critiques virulentes, notamment d'«islamophobie». Mais ils lui ont aussi valu des soutiens, le plus surprenant étant probablement celui d'Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
«Je peux comprendre sa réaction (...) Il n'y a rien qui puisse justifier qu'une femme n'ait pas le même droit qu'un homme», a soutenu l'ancien numéro un du PS qui, du coup, s'est retrouvé lui-même sous le feu des critiques de son camp.
Il a dans la soirée reçu le soutien de son ancien camarade de SOS Racisme Julien Dray (PS), qui a estimé sur RTL que le voile n'était «pas seulement un signe religieux» mais «d'abord et avant tout un signe d'oppression des femmes».
«Harlem Désir a encore parlé sans réfléchir», a en revanche réagi sur Twitter le député des Hauts-de-Seine Alexis Bachelay.
«Je ne comprends pas (sa) position», a abondé Nicolas Bays, député du Pas-de-Calais.
Sa collègue au gouvernement pour les Droits des femmes a pris le contrepied de M. Désir. «Nadine Morano se cache derrière les droits des femmes pour faire de la politique nauséeuse», a attaqué Najat Vallaud-Belkacem sur Twitter.
La très sarkozyste députée européenne avait publié la photo de la femme voilée en la mettant en parallèle avec une autre photo, celle de Brigitte Bardot en bikini dans les années 60, allongée sur le sable.
Dans le long texte d'accompagnement, l'ex-ministre expliquait que cette photo, prise par elle sur «une plage de France, bondée de vacanciers», représentait «une défiance envers la femme». «Voir cela sur le territoire des droits de l'Homme est exaspérant!», s'exclamait-elle, même si «rien» ne portait «atteinte à l'ordre public puisque la femme avait le visage découvert, conformément à la loi».
«EXASPÉRANT»
«A la vue de cette scène, on ne peut s'empêcher de ressentir une atteinte à notre culture (...)», écrivait-elle. «Lorsqu'on choisit de venir en France, Etat de droit, laïc, on se doit de respecter notre culture et la liberté des femmes. Sinon, on va ailleurs!!».
«Elle stigmatise l'islam», a redit mardi Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie. «Les libertés de conscience et de croyance sont des droits constitutionnels, alors il faudrait mieux qu'elle se taise», a ajouté celui qui a quitté l'UMP parce qu'il y a ressenti, dit-il, «beaucoup de haine» à l'égard des musulmans.
«Je lui répondrai que ce serait bien, aussi, qu'on crée un observatoire du respect de la culture française», a répliqué Mme Morano. «La culture française, c'est l'égalité entre les hommes et les femmes et quand il y a des situations de soumission, ce n'est pas la France».
Parmi ses contempteurs, le député PS Jean-Marc-Germain, pour qui elle représente «la pire des droites dans notre pays, celle qui rejette l'autre, qui considère que quand on est musulman, on n'est pas un bon Français».
A L'UMP, DES CRITIQUES AUSSI
A droite également, sa position a été vilipendée: «on a le droit de se promener dans la tenue qu'on souhaite sur les plages», a affirmé l'UMP Valérie Pécresse. «Nous avons un réel problème de vivre-ensemble en France, il faut donc éviter d'attiser les tensions et respecter l'identité ainsi que les libertés individuelles des autres», a estimé le député Thierry Solère, sur Francetv info.
«Nous proposons, au FN - et pas depuis hier - la suppression des signes religieux ostensibles dans l'espace public», a rappelé pour sa part Florian Philippot, vice-président du Front national. Tout en accusant l'UMP d'avoir laissé le communautarisme «grignoter la France».
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