Invité comme "grand témoin", mardi 29 novembre, de la deuxième convention nationale de l'UMP sur son projet pour 2012, Jean-Pierre Raffarin a fait entendre une voix singulière. Alors que le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, affirme l'objectif de réduire "de 10 %" l'immigration légale, l'ancien premier ministre a mis en garde, au nom de l'"humanisme", contre le risque de faire des immigrés des "adversaires".
"Bien sûr, il faut maîtriser l'immigration, a plaidé le sénateur de la Vienne, mais l'immigré qui respecte la règle a aussi droit à notre considération. Ne soyons pas brutaux. Ne faisons pas des immigrés des adversaires globaux. L'immigré qui respecte la France est un ami de la République. Ne mélangeons pas tous les immigrés. S'ils respectent la règle, ils sont respectés par la règle. Ceux-là, la République les aime et ils aiment la République. Il faut qu'ils entendent notre message."
Le problème, dans cette convention de l'UMP, dite du "rassemblement", consacrée aux thèmes de l'éducation et des "valeurs républicaines", tenait précisément à la nature du message adressé. Claude Guéant, dans une intervention enregistrée, a fait du Guéant,"droit dans ses bottes". Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, alors que la gauche a décidé de "cibler" le ministre de l'intérieur, a tenu à rendre hommage à l'action de ce dernier en dénonçant la campagne"scandaleuse " dont il fait l'objet.
Après s'en être prise, lors de sa précédente convention, à l'"assistanat", l'UMP a cette fois mis l'accent sur le "fléau" de la délinquance des mineurs et sur le rappel des principes de sécurité et de laïcité face au "péril communautariste", en insistant sur la maîtrise des flux migratoires et la restriction de l'accès à certains droits. Bruno Le Maire, le coordonnateur du projet de l'UMP, a conclu en plaidant pour "une République des valeurs et des règles, une République du bon sens, pas une République du communautarisme".
Ce message-là, les militants rhône-alpins rassemblés dans la salle du Double mixte l'ont bien entendu. Auront-ils intégré le plaidoyer pour "un humanisme français avec Nicolas Sarkozy" lancé par M. Raffarin ? Est-ce réellement là l'ancrage de la future campagne du président de la République sortant ? Il est permis d'en douter. Les principaux responsables de l'UMP présents ont accueilli le discours avec un sourire de sympathie et un laconique : "C'est Jean-Pierre Raffarin. On connaît ses convictions."
Interrogé par Le Monde, celui-ci s'est néanmoins félicité d'avoir pu faire entendre une tonalité différente. "Il faut éviter de tenir un discours réducteur et veiller à ce que l'immigré en situation légale ne soit pas confondu avec l'immigré en situation illlégale, a réaffirmé M. Raffarin. Attention à ce qu'il n'y ait pas de caricature." Une précaution qui sonne comme une critique en creux de la posture adoptée par le ministre de l'intérieur.
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