Manuel Valls intervient dans le débat sur la laïcité. À la suite durapport du Haut Conseil à l'intégration (HCI), qui préconise notamment l'interdiction de signes religieux ostentatoires dans les salles de cours de l'université, le ministre de l'Intérieur déclare au Figaro que l'ensemble des propositions du HCI sont «dignes d'intérêt». Il affiche donc une fois de plus ses convictions, alors que nombre d'élus à gauche se déclarent hostiles au principe d'une nouvelle loi proscrivant le voile islamique dans l'enseignement supérieur.
L'hôte de Beauvau le dit très clairement: «Laissons à ce stade l'Observatoire de la laïcité travailler et formuler des propositions Mais je ne sous-estime pas l'analyse du HCI, et ses douze propositions sont dignes d'intérêt À tout le moins, il faudrait mettre de la cohérence (universités, IUT ). Il faut le faire avec méthode et en recherchant le consensus si possible.» C'est que le sujet est délicat. Mais le ministre de l'Intérieur sait qu'il ale soutien de l'opinion.
Huit Français sur dix se disent en effet opposés au port du voile ou du foulard islamique dans les salles de cours des universités, selon un sondage Ifop pour Le Figaro*. «Une opposition comparable au niveau de ce que nous avons déjà pu observer sur cette thématique», commente Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique à l'Ifop. En octobre 2012, dans un contexte brûlant de publication des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, ils se déclaraient opposés à 89 % au port du voile dans les écoles publiques. Une quasi-unanimité, saluant, de fait, la loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes et de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse. Quant à leur refus de voir le voile porté dans la rue, il atteint les 63 %. «L'université se situe à mi-chemin entre l'école et la rue», observe Jérôme Fourquet.
Les attentes de l'opinion sont claires
La question de la nécessité de légiférer se pose également dans les entreprises privées. Là encore, les attentes de l'opinion sont claires. En mars 2013, alors que la Cour de cassation annulait le licenciement pour port du voile d'une salariée de la crèche Baby Loup dans les Yvelines, 84 % des sondés interrogés par l'Ifop se disaient opposés au port du voile dans des lieux privés accueillant du public. Un dossier sur lequel Manuel Valls avait aussi fait entendre sa voix, plaidant dans l'Hémicycle pour une «initiative législative», «s'il y a un vide juridique à combler». Harlem Désir, le premier secrétaire duPS, se disait alors favorable à l'extension de l'interdiction du voile dans les établissements privés assurant une mission de service public. À droite, le député UMP Éric Ciotti a présenté en juin une proposition de loi permettant aux entreprises d'inscrire dans leur règlement intérieur le principe de neutralité. Car, sur le sujet de la laïcité, la gauche, en proie à différents courants sur le sujet, semble bien désormais jouer l'apaisement.
Après la publication, en début de semaine dans Le Monde, du rapport du HCI, l'Observatoire de la laïcité, l'organisme qui lui a succédé et qui a été installé en avril par François Hollande, s'est largement tenu à l'écart de ces préconisations, par le biais de son président, le socialiste Jean-Louis Bianco. En juin dernier, il déclarait que «la loi ne règle pas tous les problèmes». Alors que la promesse de campagne de François Hollande visant à inscrire la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État dans la Constitution semble tombée dans l'oubli, la gauche va-t-elle légiférer sur la question laïque? Rien n'est moins sûr. Pourtant, près de 70 % de ses sympathisants se disent aujourd'hui opposés au port du voile dans les salles de cours universitaires, quand ils sont respectivement 91 % et 95 % du côté des sympathisants UMP et FN
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