Vincent Peillon, lors de l'installation de la charte de la laïcité dans un lycée de Seine-et-Marne, le 9 septembre.
En installant la première charte laïque à l'école, lundi 9 septembre, à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, a cru bon de souligner que la laïcité est"un combat non pas pour opposer les uns et les autres, mais un combat contre ceux qui veulent opposer les uns et les autres". Une définition qui lui permet, dans un même élan – bien que son texte remporte une très large adhésion dans la classe politique –, de répondre aux tenants d'une laïcité offensive, et de rassurer les communautés qui pourraient se sentir stigmatisées par ce texte.
UNE DÉMARCHE "PLUTÔT INTÉRESSANTE"
Pour la candidate à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, invitée de France Bleu Paris, lundi 9 septembre, "cette démarche est plutôt intéressante". "Le mot laïcité est très présent dans le discours politique mais c'est un mot pas très facile, pas très facile pour les enfants et parfois pour les adultes. Lorsqu'il y a eu le débat sur l'identité nationale, l'une des conclusions avait été de dire qu'il y aurait un code de la laïcité notamment à l'égard des élus, j'avais trouvé ça bien aussi."
Le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, déclare quant à lui, sur France Inter, que c'est "un bon texte". "C'est un rappel de principes qui me paraît opportun". "Ils ont évité les pièges principaux, ce n'est pas donneur de leçons et je pense que c'est un bon texte", ajoute l'ancien ministre.
Plus mesuré, Luc Chatel, estime que "c'est un pas dans la bonne direction mais [que cela] ne changera pas forcément les choses".
Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel et ancien garde des sceaux, a estimé que "la laïcité fait partie de l'ADN de la République". Et Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire de la laïcité, a relevé qu'à "plus de 100 ans, elle est incroyablement moderne". La charte à l'école "ne résoudra pas tous les problèmes. Mais les gens ont besoin de repères, qu'on rappelle les principes qui ne sont pas si bien connus que cela", a dit M. Bianco. "Et on a besoin de rechercher des solutions qui vont dans le sens de l'apaisement, du vivre ensemble, qui mettent l'école à l'écart des violences qui traversent notre société".
Le défenseur des droits,Dominique Baudis, a décidé de saisir le Conseil d'Etat afin d'obtenir des "clarifications nécessaires" sur l'application du principe de laïcité. "Il est urgent de préciser la 'règle du jeu'", explique-t-il. Ciblant deux points en particulier : "les collaborateurs bénévoles ou occasionnels du service public", M. Baudis donne l'exemple des mères voilées accompagnant les enfants lors de sorties scolaires, et les "salariés du secteur privé agissant en lien avec les pouvoirs publics", citant l'exemple des crèches privées.
UN "GADGET" POUR LE PARTI DE GAUCHE
A l'opposé des déclarations du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui a vu dans ce texte des "allusions" à l'islam qui risquent de renforcer le sentiment de "stigmatisation", la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, déplore, dans un communiqué, "qu'aucune mesure véritable n'a été annoncée pour lutter concrètement contre les avancées du communautarisme"."La laïcité n'est plus à écrire, elle est à faire" en raison du"développement inquiétant du communautarisme et des revendications politico-religieuses", ajoute-t-elle.
"La laïcité n'est pas une valeur qui se proclame, c'est un concept qui se décline concrètement par des prises de décisions courageuses", estime le Parti de gauche dans un communiqué. La charte est présentée comme un "gadget" qui ne doit pas faire oublier les décisions concrètes. La formation de Jean-Luc Mélenchon plaide ainsi pour le rétablissement de la gratuité de l'éducation ou encore pour la récupération des "18,7 % du budget de l'éducation nationale qui partent chaque année dans les écoles privées".
Pour Pierre Dharréville, Responsable de la commission démocratie au PCF, "la laïcité appelle à une plus grande ambition". Il estime que la charte"a le mérite de rompre avec l'escalade permanente de ces dernières années. On pourra discuter la légitimité de ce texte mais il semble viser un objectif d'apaisement que nous partageons".
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