Le 6 avril 2008, des inscriptions nazies, antisémites et islamophobes avaient été découvertes dans le cimetière Notre-Dame-de-Lorette à Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais).
"La France n'est pas raciste", selon le député UMP Thierry Mariani. Pour Marine Le Pen, elle est même"le pays le moins raciste au monde". Après la "une" nauséabonde du journal d'extrême droite Minute,reprenant les attaques racistes contre la ministre de la justice, Christiane Taubira, plusieurs voix s'élèvent pour fustiger la "bien-pensance" ou la "pensée unique" et assurer que notre pays n'a pas de problème de racisme.
Pourtant, les enquêtes sur la question sont moins optimistes. La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) procède chaque année à une étude de la question, appuyée notamment sur une enquête d'opinion, réalisée fin 2012 par CSA auprès de 1 029 personnes. Ses résultats pour 2012 sont assez parlants.
Pas moins de 7 % des sondés s'avouent "plutôt racistes" et 22 % "un peu racistes". Un quart (25 %) se disent "pas très racistes" et 44 % "pas racistes du tout", un chiffre en baisse de cinq points en un an. Par ailleurs, les deux tiers des sondés (65 %) estiment que "certains comportements peuvent parfois justifier des réactions racistes".
MONTÉE RAPIDE DU SENTIMENT XÉNOPHOBE
Ce sondage donnait d'autres indications. Ainsi, une nette majorité des interrogés (60 % contre 29 %) estime que "ce sont avant tout les personnes d'origine étrangère qui ne se donnent pas les moyens de s'intégrer". Une majorité (52 %) pense que "les personnes de différentes origines qui composent la société française vivent ensemble avec des tensions", contre 8 % seulement qui assurent qu'elles vivent ensemble "en bonne entente".
Autre indicateur : si les "Nord-Africains et musulmans" sont jugés comme les "principales victimes de racisme" (43 %), devant les "étrangers/immigrés" sans précision (25 %) puis les "Africains/Noirs'" (22 %), 12 % des sondés estiment que ce sont "les Français" qui sont les principales victimes du racisme en France.
Un graphique illustre aussi l'évolution des sentiments des sondés sur différents arguments. Il montre une montée rapide du sentiment xénophobe : alors qu'en 2009, 47 % des sondés estimaient qu'"il y a trop d'immigrés en France", ils sont désormais 69 % à partager ce sentiment.
Si cette enquête doit être prise pour ce qu'elle est, un simple sondage, elle tend à montrer la persistance, en France, d'une forme de racisme et d'une xénophobie en hausse.
Quant à la France, "pays le moins raciste du monde", une étude suédoise récente n'était pas d'accord. Basée sur une enquête mondiale menée par deux économistes dans 80 pays, elle demandait à des échantillons de personnes qui elles ne voudraient pas avoir pour voisin. LeWashington Post en avait extrait une carte basée sur le taux de réponses indiquant "des gens d'une autre race". Si ce taux était de moins de 5 % aux Etats-Unis, il oscillait entre 20 % et 30 % pour la France. Là encore, si ce type d'étude reste partiel, il permet de donner des pistes.
Enfin, la CNCDH rappelait dans son dernier rapport la "forte augmentation" des actes et menaces à caractère raciste, en hausse de 23 % en un an. Et un graphique illustre assez bien cette hausse constante, depuis le début des années 1990.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire