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vendredi 13 février 2015

Manuel Valls remet en chantier l’organisation du culte musulman


LE MONDE | 13.02.2015 à 11h49 | Par Cécile Chambraud


Paroles de circonstance ou vrai chantier à venir ? Devant le Sénat, Manuel Valls a annoncé, jeudi 12 février, le prochain lancement de consultations destinées à « poser toutes les questions » sur l'avenir de l'organisation du culte musulman en France. C'est le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, qui les conduira. Cette consultation sera « large » et ne se limitera pas au Conseil français du culte musulman (CFCM).

Le premier ministre, qui répondait à une question de la sénatrice EELV Esther Benbassa, a notamment évoqué la question du financement du second culte français en nombre de fidèles. « Comment accepter, a interrogé le chef du gouvernement, que l'islam de France reçoive des financements d'un certain nombre de pays étrangers, quels qu'ils soient ? (…) Il faut prendre un certain nombre de mesures pour, demain, empêcher ces financements. »

Les deux principaux canaux de financement sont la construction de mosquées et les imams, dont une partie sont salariés par les Etats « exportateurs » d'imams vers la France, comme l'Algérie, le Maroc et la Turquie. La loi de 1905, qui interdit aux collectivités publiques de subventionner un culte, rend très compliquée leur intervention dans ces domaines.

Pourtant, que ce soit en matière de structures de financement ou de formations des cadres religieux, cela fait des années que des pistes ont été tracées, du moins en théorie, pour pallier le grand manque de moyens du culte musulman. La constance gouvernementale a cependant manqué pour les mettre en œuvre.

Crise de confiance

L'annonce de cette consultation intervient en pleine crise de confiance autour du CFCM. Le président de cette institution née en 2003 après des années de gestation sous des gouvernements de différentes couleurs politiques, Dalil Boubakeur, a écrit mercredi à François Hollande pour lui demander des éclaircissements sur la position de l'exécutif, craignant qu'on « cache quelque chose » au CFCM.

M. Boubakeur accepte mal ce qu'écrit de l'institution qu'il préside un chargé de mission du bureau des cultes du ministère de l'intérieur, Bernard Godard, dans un livre intitulé La Question musulmane en France (à paraître chez Fayard le 18 février). L'auteur y écrit notamment que « le CFCM n'a jamais été et n'est toujours pas soucieux de penser l'islam de l'avenir »« Quand on veut noyer son chien on l'accuse de la rage », commente au Monde M. Boubakeur.

Mercredi soir, dans un communiqué, il avait dénoncé une « campagne malfaisante » et « déploré qu'un ancien président de cette institution ainsi qu'un ancien fonctionnaire du ministère de l'intérieur se liguent contre elle ».

L'ancien président visé est Mohammed Moussaoui, aujourd'hui président de l'Union des mosquées de France (UMF), qui plaide pour que le CFCM ne se contente pas d'être, selon ses termes, « un espace de dialogue des grandes fédérations » mais s'empare véritablement des grands dossiers en déshérence (formation des imams, aumoniers, hallal…) de l'islam en France. « Au lieu d'aider le CFCM, on lui met parfois des bâtons dans les roues », accuse aussi Anouar Kbibech, qui prendra sa présidence en juin.

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 Cécile Chambraud 
Journaliste au Monde


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