dimanche 26 décembre 2010
Cachons ces musulmans que l’on ne saurait voir !
Après le nombre de burqa qui circulent dans l'Hexagone, voici le nouveau sujet de débat qui agite la France : combien y a-t-il de musulmans « en plein air » chaque vendredi ? Le débat lancé par Marine Le Pen, qui, comme d’autres, semble vouloir remplacer l’image du bolchévik portant un couteau entre les dents par celle du musulman barbu et enturbanné, enrichit une production phantasmatique déjà riche.
Les murs n’ont pas des oreilles, mais les rues de nos villes sont envahies de mahométans ! Tout un chacun peut le constater. Déjà, dans les années 1980, son père prophétisait que les musulmans transformeraient la cathédrale Notre-Dame de Paris en mosquée, Marine Le Pen voit plus loin, en annonçant presque la colonisation de nos rues tel le parvis de la mosquée de La Mecque lors du pèlerinage.
La probable future candidate du Front national aux élections présidentielles, qui, à l’heure actuelle, cherche à récupérer le fauteuil paternel, copie ses recettes avec succès. Petit à petit, elle « marinise » les esprits ; peu importe les moyens, peu importe la solidité des arguments.
Gageons qu’il adviendra de cette histoire de mosquée comme de celle de la burqa : pour moins de 500 voiles intégraux (chiffre des renseignements généraux), des mois de débats et de polémiques et finalement une loi, dont on attend encore de voir comment elle sera appliquée alors que la fameuse amende de Nantes, qui avait tout déclenché, vient d’être invalidée…
Peu importe la réalité, seul comptent l’effet produit et l’« anxyogénisation » du rapport à l’islam avec, en arrière-pensée, une vraie volonté de perturber le rapport à l’étranger.
Et, pourtant, ramenons les choses à leur juste proportion. 5 millions de musulmans en France, moins de 1 million pratiquant les cinq piliers, dont la prière, et combien d’entre eux sur la voie publique, bloquant les rues chaque semaine ? 5 millions de musulmans et combien de mètres carrés pour qu’ils puissent prier ? Pas plus de 200 000 à 300 000 mètres carrés actuellement, et sans doute proportionnellement encore moins dans les quelques endroits à forte densité de fidèles posant problème.
Si l'on considère qu’il faut tout au moins un mètre carré pour prier, il faudrait donc des surfaces au moins 3 à 4 fois plus grandes, comment s’étonner alors que le contenant trop petit laisse déborder le contenu, c’est ce qui se produit toujours dans ce cas, qu’il s’agisse d’une mosquée ou d’une boîte de nuit !
Ce n’est d’ailleurs pas un phénomène récent, nombreux sont ceux qui gardent le souvenir des grandes prières de l’Aïd à la Grande Mosquée de Paris dans les années 180, quand les jardins une fois pleins voyaient les trottoirs avoisinants du 5e arrondissement se couvrir de tapis sous le regard bonhomme des policiers et des badauds. Les choses ont bien changé, l’extrême droite, la crise, la pauvreté du discours politique, mais aussi le terrorisme, l’islamisme agressif sont passés par là.
Les musulmans ont eux aussi changé : ils sont français, à l’état civil mais aussi dans leur âme et dans leur tête ; et ils ne supportent pas cette discrimination supplémentaire qu’ils associent aux autres, que certains d’entre eux vivent déjà pour leur couleur de peau, leur nom ou leur quartier de résidence. Ils ne comprennent pas pourquoi, à l’instar de leurs compatriotes israélites, catholiques, protestants, ils ne peuvent pratiquer leur culte dans la dignité.
Imagine-t-on d’ailleurs que ces gens-là aient une particulière affection pour le caniveau et le macadam ? Quel mépris pour eux de vouloir faire croire qu’ils le font par choix avec une obscure planification de conquête de l’espace à la manière de panzers enturbannés ? Bien au contraire, on peut penser que nombre d’entre eux refusent de prier pour ne pas se trouver exposer à cette humiliation que constitue la pratique de l’acte religieux sous le regard de tous, dans un pays qui n’est pas culture musulmane et où il y a peu d’empathie pour le phénomène.
Les musulmans de France ne sont pas différents des autres habitants de ce pays, ils ne sont, à l’évidence, pas moins pudiques ni plus hystériques. Nombre d’entre eux cultivent d’ailleurs une certaine forme de discrétion, héritée du désir de transparence qu’ont pu avoir pendant longtemps ici les immigrés.
Que faire donc ? Demander à l’État d’aider à la construction des moquées ? Impossible : la loi de 1905 ne le permettrait pas. Tout au plus les collectivités locales peuvent-elles, pour peu qu’elles le veuillent et qu’elles n’aient pas peur d’une sanction dans les urnes, concéder des baux emphytéotiques aux associations cultuelles, à qui elles peuvent aussi accorder des subventions. Faire appel à des financements non publics ? Pourquoi pas, cela semble logique. Mais on voit alors resurgir le spectre, probablement aussi fantasmagorique que la théorie de la cinquième colonne propagée par les tenants de l’invasion, de la mainmise de l’étranger.
Nouvel écueil à la construction de lieux de culte bien commode tout de même, car on ne s’est, semble-t-il, jamais posé ces questions lors de la construction d’une synagogue, d’un temple bouddhiste, ou lorsque l’on a vu un certain nombre de cinémas, par exemple, transformés en temples évangéliques, fréquentés souvent par des populations aux moyens aussi modestes que la plupart des musulmans.
Il faut donc, pour sortir de la quadrature du cercle qui veut que l’on ne puisse faire appel ni à de l’argent public ni à de l’argent venu d’outre-Méditerranée, qu’on laisse financer qui le veut et qui le peut ces mosquées qui manquent tant. Charge aux pouvoirs publics de promouvoir la formation d’imams par les universités ou en partenariat avec les instituts de théologie ; et aux renseignements généraux… qui ne se privent déjà pas de le faire, de surveiller ce qui s’y dira ou fera dans le secret du minbar. Ou, alors, serait-ce que l’on préfère l’islam des caves, invisible, lui ?
Il serait temps aussi de changer ce regard soit compassé, soit anxieux, souvent hostile, que l’on peut avoir sur les 5 millions de musulmans de France : ils n’ont vocation ni à changer l’identité culturelle de notre pays – ce que font peut-être plus sûrement les multinationales de l’agroalimentaire ou de l’entertainment – ni, à plus forte raison, à lui nuire. Ils demandent à être assimilés et non pas intégrés.
Si on ne veut plus les voir dans les rues, qu’on les mette à leur place… dans les mosquées !
* Madjid Si Hocine est médecin, militant associatif et animateur du site www.legalitedabord.fr
mardi 21 décembre 2010
Assimilation" ou "intégration", le sens politique des mots
| 20.12.10 | 15h07 • Mis à jour le 20.12.10 | 15h07 Le Monde
Le concept d'"assimilation" des immigrés est en train de prendre le pas sur celui d'"intégration" dans le langage politique français. On a pu l'entendre, le samedi 11 décembre, dans la bouche du premier ministre, François Fillon, lors du conseil national de l'UMP. Le lire, le 13 décembre, dans le cadre d'une interview accordée au Monde par le conseiller spécial du chef de l'Etat, Henri Guaino. Il est aussi présent dans plusieurs amendements du projet de loi immigration, actuellement en navette au Parlement.
Or, à en croire les spécialistes, ce regain du terme "assimilation" - il était tombé en désuétude dans les années 1980 - signifie, sur le fond, plus qu'un simple glissement sémantique. Même si dans leur emploi, les mots "intégration" et "assimilation" sont "assez proches", selon Pap Ndiaye, historien et maître de conférence à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), le premier "avait quelque chose de plus accueillant par rapport à la diversité". Pour lui, avec "l'assimilation", on demande aux immigrés "de se comporter en tous points pareillement que ceux que l'on appelle "Français"". C'est une vraie "injonction", note-t-il.
Or, déplore Patrick Simon, socio-démographe à l'Institut national d'études démographiques (INED), que l'on emploie ou pas le mot "assimilation", "il serait important de définir avant ce que l'on croit être l'intégration". Pour les immigrés dernièrement arrivés en France, "l'intégration telle qu'on l'entend, c'est-à-dire le fait de devenir invisible selon les modalités historiques que l'on a connu jusqu'à présent (comme les Italiens ou les Portugais, par exemple) ne va pas se produire". Notamment du fait de la "couleur de peau". "Les immigrés d'origine maghrébine ou subsaharienne, même s'ils le voulaient, ne le pourraient pas", rappelle-t-il.
DÉBAT "ABSURDE"
Pour Patrick Weil, historien, chercheur au CNRS et professeur associé à l'université Yale (Etats-Unis), le débat entre les mots "intégration" et "assimilation" est "absurde". Aux Etats-Unis, d'après lui, pays souvent pointé du doigt pour son modèle "communautariste", "il y a aussi de l'assimilation au sens littéral du terme, soit le fait de rendre semblable". Il prend pour exemple l'hymne américain, chanté à l'ouverture de chaque match de football.
La réalité, selon M. Weil, c'est qu'il "n'y a pas d'opposition entre "assimilation" et "diversité"". "Il y a des moments où chacun d'entre nous aspire à être traité comme ses semblables devant les institutions et d'autres où il demande à être reconnu dans sa particularité culturelle", résume-t-il.
Le problème, note encore M. Weil, rejoignant ainsi M. Simon, c'est que "les hommes politiques français ne savent pas ce qu'ils veulent assimiler". Or, d'après lui, "si l'intégration se produit bien dans la vie quotidienne, les autorités politiques entretiennent un climat qui a des effets plus ou moins négatifs".
Elise Vincent
Article paru dans l'édition du 21.12.10
Bilan en demi-teinte pour l'intégration des immigrés et de leurs enfants
| 20.12.10 | 15h07 • Mis à jour le 20.12.10 | 15h07 Le Monde
S'il est un sujet qui préoccupe les exécutifs européens - Angela Merkel en Allemagne, David Cameron au Royaume-Uni - et dont se nourrit l'extrême droite, notamment en France, c'est celui de l'intégration des immigrés et de leurs enfants. Un sujet dont le bilan, par essence, est délicat à établir. Les études françaises produites sur le sujet ces dernières années permettent toutefois d'en dresser un tableau en demi-teinte.
DES CHIFFRES INQUIÉTANTS
Le taux de chômage des immigrés est de 1,5 à deux fois supérieur à celui des natifs français. Cet écart se retrouve dans d'autres pays européens. Mais, en valeur absolue - plus de 12 % des immigrés étaient au chômage en 2008, en France - c'est l'un des plus élevés des Etats membres de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE). La crise a toutes les chances de l'avoir aggravé. Ces résultats ne sont pas meilleurs pour la deuxième génération. Alors que l'écart des taux de chômage des primo-arrivants était de 5 à 7 points supérieur à celui des natifs en 2008, selon les derniers chiffres de l'OCDE, pour leurs enfants, il était de 10 points.
Ce constat se retrouve aussi en matière d'éducation. D'après la dernière enquête PISA menée auprès de jeunes de 15 ans dans les pays de l'OCDE, les élèves issus de l'immigration ont au moins deux fois plus de risques d'être parmi les "peu performants". Une situation comparable à celle de l'Autriche ou de la Suède, mais près de trois fois moins bonne qu'au Canada ou en Australie.
LES POPULATIONS D'ORIGINE AFRICAINE EN DÉCROCHAGE
Avec l'essor des études fondées sur des statistiques ethniques, on sait désormais qu'il y a des différences importantes d'intégration selon le pays d'origine des immigrés. D'après une enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du 16 novembre, les descendants d'immigrés maghrébins sont ceux qui connaissent le plus de difficultés sur le marché du travail. Entre 2005 et 2009, leur écart de taux d'emploi avec les natifs français était de 20 points - contre 6 points pour ceux originaires d'Europe de l'Est.
Un élément qui se retrouve dans les enquêtes sur les dépenses sociales. D'après un travail mené en 2006 par Didier Gelot, secrétaire général de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, en collaboration avec Claude Minni, statisticien, les immigrés du Maghreb et d'Afrique subsaharienne représentaient pour chaque minimum social 11 à 13 % des allocataires, "soit environ trois fois plus que leur poids dans la population des 25-64 ans". Une tendance qui se confirmait pour leurs descendants, contrairement à d'autres pays où la deuxième génération était "moins présente que les Français d'origine".
UNE ANALYSE PARTAGÉE DES CHERCHEURS
Ces chiffres relativement sombres suscitent des analyses pessimistes de certains chercheurs. Ainsi de Pap Ndiaye, historien et maître de conférence à l'école des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui voit en France une évolution "à l'américaine".
Trois groupes se forment, selon lui. D'un côté, "une élite qui s'en sort plutôt bien - avec ou sans les mécanismes de type discrimination positive". Au milieu, "un groupe moyen qui flotte et évolue en fonction de la conjoncture économique" : sociologiquement proche des "classes populaires françaises", il est composé d'employés et d'ouvriers qualifiés. Enfin, un "groupe qui décroche", et que l'on retrouve en partie en banlieue.
Patrick Simon, socio-démographe à l'Institut national d'études démographiques (INED), rejoint cette analyse de "décrochage" et s'inquiète en particulier du sort des populations d'origine algérienne. "En théorie, ce devrait être les plus assimilées, note-t-il. Elles sont peu organisées en association, maintiennent peu de lien avec leur pays d'origine et pourtant, pour elles, c'est comme si tout fonctionnait à l'inverse." Une situation qui serait le résultat de discriminations plus fortes pour elles que pour les autres, notamment du fait de la "couleur de peau". D'après M. Simon, les politiques publiques d'aide aux défavorisés devraient être plus "ciblées".
Parmi les chercheurs, il en est toutefois qui font un bilan de l'intégration à la française un peu plus optimiste. Ainsi Patrick Weil, historien, chercheur au CNRS, et professeur associé à l'université de Yale (Etats-Unis). "Les immigrés et leurs enfants ne s'intègrent pas si mal que ça si on regarde le contexte de chômage qui sévit depuis 1975, dit-il. On est obsédé parce que l'on voit (comme les violences dans les banlieues) mais on ne s'intéresse pas à ce que l'on ne voit pas et on manipule l'opinion comme ça !" Pour M. Weil, il suffit notamment de "faire une recherche dans les pages jaunes des grandes villes de France". En regardant les noms de ceux qui exercent des professions libérales (médecin ou avocat), "on se rend vite compte du grand nombre à consonance étrangère".
M. Weil rejoint ainsi Claudine Attias-Donfut, directrice de recherche à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) et coauteur du Destin des enfants d'immigrés (Stock, 2009). Pour elle, "l'intégration fonctionne en général, il y a simplement des problèmes de politique urbaine". D'après Mme Attias-Donfut, quand on compare les parcours entre immigrés et natifs "à caractère socio-démographique égal", les choses se "lissent".
Selon ses travaux, "il y a plus de cadres chez les enfants d'ouvriers immigrés que chez les enfants d'ouvriers français d'origine". Les premiers feraient également des études plus longues que les seconds. Si leur insertion sur le marché de l'emploi est compliquée, ce serait en partie du fait d'un manque de "réseau", leur présence en France étant plus courte que la population majoritaire.
L'ÉMERGENCE D'UNE CLASSE MOYENNE
Selon Mme Attias-Donfut une "classe moyenne" issue de l'immigration a aujourd'hui émergé. Un groupe de plus en plus qualifié "avec les codes sociaux qui vont avec", renchérit Soumia Belaidi Malinbaum, présidente de l'Association française des managers de la diversité (AFMD). Mais "une classe moyenne silencieuse et qui le restera". D'après elle, les entreprises du CAC 40 l'ont déjà compris et ont un rôle moteur. "Certes, pour deux millions d'entreprises, on est encore loin du sujet. Mais beaucoup ont vu que cela pouvait avoir un impact positif pour le développement à l'étranger ou dans la compréhension des marchés, par exemple en cosmétiques chez L'Oréal."
S'il demeure un "plafond de -verre" pour les jeunes issus de l'immigration, d'après Mme Belaidi Malinbaum, c'est en partie parce qu'ils "s'autostigmatisent". Pour elle, "les politiques ont un train de retard dans les discours qu'ils tiennent à l'opinion publique". La diversité c'est la "suite de l'histoire".
Elise Vincent
jeudi 11 novembre 2010
Fadila Mehal. Membre du Shadow cabinet du Modem «La question de l’immigration est traitée sous l’angle répressif»
- François Bayrou a désigné une «équipe shadow», à l’image des «shadow cabinet» britanniques, pour suivre avec lui tous les grands secteurs d’actualités au nom du Mouvement démocrate. Concrètement, quel sera son rôle ?
Le «shadow cabinet» d’inspiration britannique correspond à la volonté du Modem de s’inscrire dans une dynamique de propositions pour construire l’alternance en 2012. Il est composé de 22 personnalités expérimentées et cette équipe sera chargée de suivre les dossiers et les décisions prises par le gouvernement. Elle réagira et formulera aussi des propositions. Chaque membre prendra en charge un certain nombre de domaines de la vie du pays. Cette initiative va montrer concrétement qu’une autre voie politique est possible et que le Modem va l’incarner. Cela démontre aussi, qu’aux côtés de François Bayrou, la relève se prépare, il y a des hommes et des femmes qui veulent faire de la politique autrement, qu’ils sont nombreux et suffisamment crédibles pour être entendus des Français. Pour ma part, je vais m’occuper d’un secteur très sensible puisque c’est celui de l’intégration, de l’égalité des chances et de la lutte contre les discriminations. Je le fais par choix et compétence, car j’ai travaillé sur ces sujets depuis 30 ans et je pense que ces questions sociales et sociétales seront au cœur de la campagne présidentielle en 2012 : l’avenir de notre modèle républicain, la justice sociale, la place de l’immigration, ce sont des questions qui n’ont pas toutes trouvé de réponses et les Français les attendent.
- Le Modem présentera-t-il un candidat à la présidentielle ?
Il est encore un peu tôt pour se prononcer. Il y a avant des échéances statutaires pour notre parti avant la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle. Nous réunissons notre congrès en décembre. Après, il sera bien temps de voir. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un besoin d’une représentation d’un centre indépendant et autonome. N’oublions pas que François Bayrou a recueilli en 2007 plus de 18% des suffrages. Ces électeurs sont toujours là et attendent qu’une autre voie leur soit proposée que le bloc contre bloc, la gauche contre la droite. Une autre voie est possible, pour cela nous devons y travailler et notre shadow cabinet est chargé aussi de nourrir notre programme présidentiel
- On a assisté cet été à une rare surenchère sécuritaire….
J’étais précisément en Algérie pour des vacances familiales lors du discours de Grenoble, je me suis dit que cela allait être très difficile pour les immigrés et les étrangers en France et je ne me suis pas trompée. La surenchère législative sur l’immigration (7e texte en 5 ans) ne suffira pas à masquer la difficulté du gouvernement français à trouver une manière juste et humaine de traiter la question migratoire. La loi Besson, qui vient d’être votée, risque de rejoindre le lot des lois précédentes non appliquées ou dont l’utilité autant que l’efficacité sont très largement discutables.
A travers cette loi, ce qui me choque, c’est que pour la première fois de l’histoire de France, le gouvernement a de manière inacceptable corrélé l’immigration et la délinquance. C’est assez choquant pour des millions d’immigrés, dont beaucoup d’Algériens qui vivent en France et en Europe, de façon paisible et intégrée. De toute façon, le gouvernement a pris le risque de voir la mesure de la déchéance de la nationalité censurée par le Conseil constitutionnel parce qu’on ne peut pas multiplier les lois de circonstance sans respecter les principes du droit.
En effet, le principe d’égalité de tous les Français devant la loi, sans distinction d’origine est posée. Pouvons-nous tolérer cette violation de l’article 1 de notre Constitution qui va d’une certaine manière légaliser la double peine pour les Français naturalisés, qui deviendront, de fait, des citoyens de deuxième zone ? Le gouvernement a choisi de traiter la question de l’immigration sous le seul angle répressif, comme si le durcissement des mesures était garant d’efficacité. Je le dis très clairement en choisissant l’excès et la surenchère, le gouvernement s’est fermé à la pédagogie et s’est privé d’alliés potentiels. Car sur ces questions, nous sommes obligés d’avancer et de trouver un consensus national qui associera intelligemment gestion des flux, intégration des arrivants, droits et devoirs des étrangers et coordination européenne.
- Vous êtes aussi vice-présidente de la Commission «médias et diversité», vous venez de rendre votre rapport au président Sarkozy, quel est votre diagnostic sur la diversité dans les médias ? Et comment y remédier ?
C’est vrai, j’ai aussi d’autres responsabilités que politiques * et j’ai été nommée vice-présidente de la commission «medias et diversité» pour faire des préconisations au manque cruel de diversité dans les médias français. Nous sommes partis du constat accablant du CSA qui montre qu’en matière de parité et de diversité dans les médias, le compte n’y est pas. Le comité diversité de France Télévision, présidé par Hervé Bourges, fait le même constat pour la chaîne publique. Cela est d’autant plus grave que les médias ont un rôle majeur dans la construction de notre imaginaire collectif. Ils façonnent nos modèles de représentations et nos préjugés et c’est un formidable accélérateur du «vivre ensemble». Cette commission a travaillé pendant un an et a auditionné plus de 80 experts, dirigeants des médias. Pour bien aborder tous les maillons de la chaîne, nous avons travaillé en sous-groupes : formation, gestion des carrières, contenus des programmes.
Rien n’a été laissé au hasard. Nous avons fait des propositions réalistes et financièrement neutres du fait du contexte budgétaire. Il y a beaucoup d’actions qui ne coûtent rien : élargissement des recrutements, mise en place de fichiers d’experts plus diversifiés, harmonisation de l’action de l’Etat en lien avec le CNC et l’ACSE, classes préparatoire à la filière journalisme. La diversité fait encore peur a beaucoup de dirigeants, mais ils comprennent que c’est cette diversité qui fait rayonner aujourd’hui l’audio visuel et le cinéma français. Yamina Benguigui, Djamel Bensalah, Abdellatif Kechiche , Rachid Bouchareb, Lyes Salem, autant de cinéastes reconnus qui font bouger les lignes avec des succès populaires qui prouvent que les Français veulent désormais des «écrans moins pâles». Cette vitalité créative se manifeste aussi en Algérie. Je suis avec beaucoup d’attention ce qui s’y passe dans le domaine des médias et du cinéma. Je crois que des partenariats sont possibles avec la France, grâce notamment à la création de l’établissement public dédié au cinéma que vient de créer Mme Toumi. C’est une excellente initiative, le cinéma algérien a beaucoup inspiré le monde, il était temps de lui redonner un nouveau souffle.
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(*) Fadila Ettayeb-Mehal est présidente des Marianne de la diversité et directrice du pôle promotion de la diversité par l’image à l’ACSE
samedi 24 avril 2010
Halte à l’instrumentalisation politicienne du niqab et de l’insécurité
Pendant que l’on concentre les moyens et l’attention sur la politique spectacle, les vrais problèmes et les racines du mal demeurent : chômage des jeunes, discriminations, inadaptation de l’école aux réalités des quartiers pauvres, disparition de la police de proximité, délinquance et incivilités de tous ordres, etc.
Il est grand temps de substituer aux gesticulations politiciennes un travail de fond qui permettra à travers l’écoute et le dialogue la mise à plat des problèmes et l’ébauche de solutions. Il est grand temps de lancer le Grenelle de la cohésion nationale.
r.deneg@gmail.com
Retrouvez les Chroniques de Rachid Deneg et les commentaires des internautes sur le blog http://diaconam.blogspot.com/ (Dialogue pour la cohésion nationale et l’amitié entre les communautés de France)
dimanche 11 avril 2010
La prévention spécialisée à l’heure de la diversité culturelle : état des lieux, questionnements, initiatives, projets innovants
Nous recommandons fortement la lecture du rapport suivant que M. JC Sommaire, Président du Conseil technique des clubs et équipes de prévention spécialisée (CTPS) et de sa Commission Diversité culturelle, nous a aimablement transmis.
Le rapport est téléchargeable à http://www.cnlaps.fr/modules.php?name=Downloads&op=getit&lid=152
La prévention spécialisée à l’heure de la diversité culturelle : état des lieux, questionnements, initiatives, projets innovants en matière de développement social communautaire
Rapport présenté par la Commission « diversité culturelle » du Conseil technique de la Prévention spécialisée (CTPS).Septembre 2009
Quelques extraits
Avant-propos
…on ne peut plus ignorer aujourd’hui qu’une partie importante des jeunes en difficulté impliqués dans les violences urbaines et dans la délinquance sont « issus de l’immigration ». Déjà, en 2002, une étude réalisée par le sociologue Sébastian Roché dans le département de l’Isère, à partir de dossiers judiciaires, avait montré que, dans ce département, les deux tiers des jeunes délinquants se trouvaient être« d’origine étrangère ».
Par ailleurs, des travaux récents de la démographe Michèle Tribalat, indiquent que cette population des jeunes issus de l’immigration augmente dans notre pays : 37% de jeunes d'origine étrangère en Ile-de-France, plus de 60% dans une vingtaine de villes, une progression très forte hausse dans l'ouest de la France et une « explosion » du nombre de ceux d’entre eux d’origine africaine sub-saharienne. Les questions liées à la diversité culturelle examinées dans ce rapport qui sont déjà très présentes aujourd’hui dans beaucoup de zones urbaines de notre pays le seront donc vraisemblablement encore plus demain.notre pays le seront donc vraisemblablement encore plus demain.
Lui faisant écho, Jean-Claude Guillebaud, dans la présentation de son dernier livre « lecommencement d’un monde »,considère que nous abordons actuellement une période qui se caractérise, au plan international, par l’achèvement de la longue séquence historique de d’hégémonie occidentale sur le monde et par l’avènement d’une modernité métisse au cœur de nos sociétés. Dans ce contexte le multiculturalisme, l’immigration, les brassages et métissages des cultures nous posent, à l’évidence, des problèmes nouveaux qui sont la transformation en problèmes domestiques du vieux face à face colonial de naguère.
Cet intellectuel ne considère toutefois pas que ce soit là une mauvaise nouvelle si noussavons nous ouvrir à la différence sans renier ce que nous sommes. Que nous le voulions ounon, nous serons pluriels et métis. Il nous reste donc à en tirer parti, sans démagogie et sansxénophobie, pour que cette diversité qui pose aujourd’hui problème devienne demain un atout et une richesse collective.
S’ouvrir sans se renier constitue le fil conducteur des réflexions du présent rapport.
Dans son avant propos au « guide international sur la méthodologie du travail de rue dans le monde » qui vient de sortir, le secrétaire d’état belge à la lutte contre la pauvreté rappelle que le travailleur de rue a pour objectif de (re) donner aux personnes en difficulté le pouvoir d’agir sur leur propre vie pour qu’elles puissent tendre vers un mieux être. Nul doute donc que, pour permettre aux familles et aux jeunes « issus de l’immigration » de prendre leur destin en main, la Prévention spécialisée, et au delà le travail social en général, ne peuvent plus faire l’impasse sur les « questions culturelles ».
Jean-Claude SOMMAIRE
Président du Conseil technique des clubs et équipes de prévention spécialisée (CTPS)
Président de la commission « diversité culturelle »
Plan du rapport (extraits)
I- Ne plus être dans l’évitement et le non dit : la Prévention spécialisée doit construire, assumer et promouvoir une pédagogie de la diversité culturelle confortant l’unicité du « vivre ensemble » (page8)
II- Confrontée, dans les quartiers sensibles, à une fracture sociale qui tend à devenir une fracture territoriale, ethnique, culturelle et religieuse, la Prévention spécialisée doit contribuer à ouvrir, ou à conforter, des pistes de réflexion nouvelles pour faciliter l’intégration sociale des jeunes issus de l’immigration (page19)
III- La Prévention spécialisée qui, elle aussi, a de vraies difficultés à se positionner vis à vis des comportements et des demandes de nombreux jeunes se référant au « religieux » doit se donner une méthode et des outils pour travailler ces questions (page 39)
IV- Pour mieux répondre aux problématiques des jeunes d’origine africaine sub-saharienne qui interpellent fortement le secteur social, la prévention spécialisée doit développer des approches éducatives prenant en compte les spécificités propres aux différentes communautés culturelles (page 59)
Réactions diverses au courrier de R. Deneg
Bonjour Monsieur Rachid DENEG,
J'ai lu votre lettre à Mr ZEMMOUR. Je suis bien placé pour vous dire combien vous avez réussi à taper fort et là où il fallait. Bravo. J'espère que cela va faire avancer toutes ces idées que vous avez exposées. Merci.
MR Mustapha A.
Blagnac 31700.
Bonjour je suis vraiment d'accord avec vous, je suis d'origine algérienne donc un immigré qui a réussi plus ou moins sa vie ici, je suis mieux que si je suis résté en Algérie, moi je n'ai pas attendu qu'eric Zemmour parle plus fort de ces choses pour réagir, combien de fois j'ai réagi aux pick poket dans le métro, et que même des immigrés me disaient il ne faut pas se méler, tu risques de prendre un coup de couteau! et pour tout dire j'ai fini par écrire une pièce de théâtre éditée chez l'harmattan " Une valise dans la tête" vous pourriez la trouver tres facilement en tapant mon nom sur Google par exemple. le pire c'est que cette pièce n'interesse personne car je fais un méa culpa de nos tares mais je dénonce aussi les effets pervers du racisme ordinaire, même dans les salons du livre du Maghreb, les gens de chez nous n'etaient pas interessés, ils passaient leur chemin, comme s'ils avaient honte de parler de ces choses. Nordine M. Monsieur, |
Je suis globalement en accord avec tout ce que vous écrivez et par crainte de vous paraphraser ne développerai pas plus avant.
D'autre part, j'apprécie le ton apaisé et réfléchi de votre analyse.
Ce vers quoi j'essaie de tendre au quotidien est proche de ce que vous dîtes, à savoir que tous les enfants de France, quelles que soient leurs origines, se regroupent sous la bannière républicaine et laïque, avec ce qu'elle comporte comme droits,(se loger, droit au travail, aux soins, à l'égalité) et bien entendu comme devoirs. La liberté de culte devant être bien évidemment respectée, quelle que soit sa croyance, mais en restant selon moi, dans le domaine de l'intime ou du privé.
Globalement, et comme je ne suis ni un penseur ni un philosophe, j'ai tendance à juger mon prochain pour ce qu'il est profondément et sincèrement , et non en vertu de ses opinions, croyances ou origines.
Pour faire bref, je revendique pour mes compatriotes le droit à l'indifférence, ce qui ne signifie pas qu'ils me sont indifférents, mais que leur origine, couleur de peau, religion, orientation sexuelle etc, ne me regarde pas ...
Mais je suis conscient qu'il reste du travail à accomplir, ce qui d'ailleurs , me navre.
J'ai tendance à penser que les différents apports ethniques ou culturels ont contribué à l'enrichissement sous toutes ses formes de notre pays.
Je préfère aller vers l'autre, pourvu qu'il fasse un bout de chemin lui aussi, plutôt que le rejeter. J'ai inculqué cela à mes enfants.
Etant moi-même à un carrefour d'origines, sociales et ethniques, je suis un fervent partisan du métissage. Et de plus , sans que l'on n'y puisse rien, c'est l'avenir.
Eric Zemmour, quant à lui, participe à l'entreprise d'abêtissement des masses que l'on appelle la télévision et hélas a plus d'écho qu'un philosophe ou quelqu'un qui a vraiment réfléchi. Au fast-food, on peut ajouter le fast-think, ou la pensée express.
Voilà c'est tout, j'ai juste bien aimé le ton de votre lettre.
Cordialement,
François. B
Réaction d'Yvette au courrier de Rachid Deneg
bonsoir
j'ai lu avec interet votre lettre à E zemmour et je souscris en partie à ce que vous dites et vous félicite de votre courage.
je me presente
moi aussi je suis une " immigrée" et je n'ai pas echappé ni au Lycée de rabat où j'étais interne, ni dans d'autres lieux( au tennis dans mon petit patelin) , sur le bateau qui nous amenait en france en même temps que des officiers français, ni en france où je vis depuis 1956!!! et l'on me demande encore d'où je suis etc ,à l'antisemitisme au racisme pur aux airs condescendants d'un inspecteur d'academie qui me demandait pourquoi je m'appelle Yvette etc
je suis donc juive d'origine marocaine et même si j'ai eu la chance de naitre dans un milieu" évolué" et surtout très aisé, je me pose la question de savoir pourquoi les petits français musulmans n'arrivent pas à s'intégrer( surtout pas s"assimiler ce qui pour moi est différent).je vois autour de moi dans des familles moins aisées que la mienne, tout le monde dans ma génération, je ne suis plus très jeune, a fait des études supérieures , les uns et les autres avons occupé des postes à responsabilités voire prestigieux,nous sommes 6 dans la famille et tous avons longtemps fréquenté université et grandes écoles.
mais je constate, que nous n'avons aucune haine contre la France, bien au contraire, nous lui sommes reconnaissants et moi surtout en tant que femme car ce n'était pas gagné que je fasse des etudes supérieures que je "travaille comme un homme",comme je dis j'ai été la 1ere de la famille à sortir de chez moi à 10et demi; la première à avoir un bac la première à aller à uni la première à me marier selon mon choix, la 1er à divorcer etc...
j'ai été prof dans lycées, et principal de collège. mais pourquoi ces crachats, pourquoi ces paroles grossières vis à vis des femmes, de la France( nique la France..), pourquoi ce prosélytisme, pourquoi la parole des enseignants n'est pas valide face au Coran ou à ce que dit lImam.
Le coran contiendrait il toutes les bibliothéques du monde? ,
pourquoi se faire triater de raciste quand on oriente un eleve vers le lycée pro , pourquoi ces parents qui veulent nous " casser la figure" pouurquoi ces insultes à tout propos contre les feujs, un crayon feuj ne maarche pas bien sur etc
certes il ya de la discrimination mais c'est le pb de la poule et de l'oeuf qui a commencé?,
quand j'entends siffler la marseillaise, vois le drapeau francais descendu de son mat pour y mettre un drapeau algerien ( ces gamins qui ne connaissent rien de l'algérie d'ailleurs), caillasser les pompiers le Samu , les medecins, je me demande si ils sont conscients du mal qu'ils se font. quant aux autorités pour moi elles sont "laxistes " pour le moins car tout cela est inadmissible.
mes enfants ne sortaient pas de la maison le soir tout seuls jusqu'à qu'ils partent de la maison( plus de 20 ans) ils me disaient où ils etaient et certainement pas dans les rues à voler de motos et à circuler à trois dessus sans papiers sans rien
Pourquoi dans ces cas là au moment de l'accident( inevitable) la "colère" monte et on casse tout les ecoles les salles de la culture les bibliothéques,les voitures aucun respect pour rien .
je pourrais continuer et croyez moi je ne suis pas de parti pris, mais où sont les adultes musulmans où sont les parents? où sont les intellectuels?
j'aime bien M Chebel mais je ne paartage pas son avis quand il dit " ces gamins sont français, ils sont donc intégrés", pas du tout comme ne le sont pas ces hyper religieux juifs avec leur costume du 18eme venu de Pologne ou de Russie!
j'aimerai que les adultes prennent leurs responsabilités ne haissent pas la France et evaluent en toute objectivité tous les avantages qu'ils ont ici, sinon ils ne seraient pas si nombreux à vouloir y entrer!
et puisque nous sommes en confiance, je m'interroge souvent sur la part de responsabilité contenue dans l'islam même, on peut en discuter,car que je sache les pays Arabo Musulmans ne donnent pas un bon exemple.
quand je pense à mon père il a bati un complexe indutriel à partir de rien et il n'était ni polytechnicien ni rien d'autre, il avait abandonné ses etudes à 15 ans à la mort de son propre père, pourquoi les notables musulmans du coin ( pays de chorfas) n'ont ils rien fait? ils avaient les mêmes chances de réussite!
quant à la " reconnaissance des méfaits du colonialisme", je suis partagée, moi même je me considère comme un produit positif de cette colonisation , la contrition ne mène à rien , mais on peut en discuter!!!
j'espère que vous ne prendrez pas ombrage de ce que je dis, en toute sympathie.
bien à vous
Yvette S
Réaction de JP Lledo de D'Algérie-Djezaïr
Chers amis
Une nouvelle identité francaise suppose aussi une nouvelle identité algérienne.
Tout se touche. Surtout ces 2 pays, surtout ces 2 peuples. Surtout quand depuis les années 90, sont arrivés d'Algérie pres d'un million de personnes, tant pour fuir la sauvagerie islamiste que pour fuir la malvie, sans parler des ''harragas''...
A mon avis, on peut faire evoluer les mentalités, mais à la seule condition de tenir compte de toutes les mémoires.
Or ce que l'on constate, c'est que malgré tout en France, et depuis de nombreuses années, si on cumule les assoc, les journaux, les revues, les romans, les films, les emissions TV, on arrive a un nombre impressionnant de remises en cause de l'histoire officielle francaise des années 50, et de points de vue pour le moins critiques, pour ne pas dire incendiaires quand on pense au Mnt des Indigenes ou a Dieudonné.
Mais qu'en est-il en face, en Algérie ?
Contredire l'histoire officielle est sanctionné d'interdit : par exemple le dernier roman de Sansal, par exemple mon dernier film.
Imagineriez vous un mouvement du type des Indigenes, ou un humoriste du type Dieudonné (que j'execre pour ma part) en Algerie, prenant pour cible les mythes algériens ?
Donc pour conclure, ne croyez vous pas que si ICI en France, on demande avec justesse la ''Reconnaissance des dommages et préjudices coloniaux et post-coloniaux infligés par la France aux habitants des ex-colonies. ''
Il faut aussi réclamer LA-BAS en Algerie:
la ''Reconnaissance des dommages et préjudices infligés par le FLN puis le nouveau gouvernement algérien aux habitants non-musulmans durant la guerre d'indépendance puis dans les années qui l'ont suivie . ''
- durant la guerre : stratégie d'épuration ethnique (l'historien Mohamed harbi en a reconnu l'existence) qui a réussi puisqu'avec la guerre au facies contre les gueules de juifs et d'europeens, on a reussi a faire partir un million de personnes.
- apres l'independance : avec le massacre du 5 juillet a Oran, on est arrivé a décourager les gens qui voulaient qd même rester, et ceux qui seraient revenus, étant insultés a leur arrivée en France. On a continué a enlever et a tuer des gens qui voualient rester (j'ai des témoignages). On a nationalisé tous les agriculteurs europeens, même les moyens (60 ha) et les petits (10ha), qui voulaient rester. On s'est emparé des biens de tous ceux qui avaient mis une vie de travail et de sueur personnelle pour les acquérir.
Chers amis, je crois que si on veut faire avancer les mentalités, il faut les faire avancer en parallele, et des 2 cotés de la Méditerranée.
On ne peut pas éternellement se présenter uniquement comme des victimes.Sauf a verser ds le manicheisme.
Mais la demarche est alors contreproductive a long terme, même si je dois reconnaitre qu'a court terme, la démarche qui vise a culpabiliser l'autre en se disculpant totalement soi-même, n'a pas été sans résultat, et qu'elle a même encore de beaux jours devant elle, comme on le verra probablement bientot avec le prochain film de Rachid Bouchareb.
Bien a vous.
jean-pierre lledo
ps : estimant que le debat que vous lancez est tres positif, et esperant y faire participer quelques amis et les adhérents du mouvement auquel j'appartiens : D'AlgérieDjezair, je mets en copie notre échange.
lundi 5 avril 2010
Lettre d'un arabo-berbère de France (non délinquant) à Eric Zemmour
dimanche 4 avril 2010
Bonjour tout le monde !
PlaNet DZ (planet-dz.com) a décidé de s’engager dans le débat sur la cohésion nationale française et sur la place des populations originaires des anciennes colonies dans la République.
Nous lançons le débat à travers une contribution reçue d’un de nos membres, Rachid DENEG, qui réagit aux propos d’Eric Zemmour sur le plateau de Thierry Ardisson le 6 mars dernier.
Notre souhait principal est de contribuer au dialogue entre notamment les français originaires du Maghreb (notre public de base) et ceux originaires d’Europe (appelés à tort français de souche ou blancs).
A l’heure où des oiseaux de mauvais augure vont jusqu’à prédire que les tensions communautaires se mueront dans le futur en guerre civile, PlaNet DZ se mobilise pour faire mentir ces prédictions, et, fidèles à nos convictions, faire progresser la compréhension mutuelle et la fraternité.
Comme le propose Rachid DENEG, notre objectif est d’oeuvrer en faveur de l’avènement d’un contrat social post-colonial dont les préalables seraient les suivants:
- Reconnaissance des dommages et préjudices coloniaux et post-coloniaux infligés par la France aux habitants des ex-colonies et à leurs descendants. L’entreprise coloniale était principalement une entreprise économique qui a laminé les cultures locales et infligé d’énormes souffrances aux indigènes en bafouant au passage les principes républicains.
- Reconnaissance des apports positifs de la colonisation : quelques efforts sur la santé et l’éducation, la langue française (butin de guerre selon Kateb Yacine) et surtout la récupération par les Etats indépendants d’infrastructures qui servaient exclusivement l’entreprise coloniale
- Reconnaissance des dommages causés par les discriminations liées a l’origine : des millions de milliers de CV jetés a la poubelle sans être examinés, tout simplement, parce que émanant de candidats noirs ou arabes. Un énorme gâchis humain et économique.
- Reconnaissance de la chance pour les populations immigrées originaires de pays en développement de pouvoir vivre en France et en République : accès a des systèmes de santé et d’éducation de qualité, couverture sociale, Etat de droit, laïcité, etc.
- Engagement à respecter les règles françaises du vivre-ensemble, les mœurs et coutumes françaises et les valeurs du pays d’accueil. Les pratiques religieuses doivent également être compatibles avec ces valeurs. En retour, la liberté de culte doit être garantie et respectée en accord avec le principe de laïcité.
Farid Yaker
PlaNet DZ
Le 5 avril 2010