LE MONDE | 28.02.11
Dans ce pays, les cours de religion, catholique ou protestante, sont systématiques, y compris dans les écoles publiques où ils relèvent de la responsabilité des Eglises, sous la surveillance de l'Etat.
BERLIN CORRESPONDANT - En Allemagne, l'intégration des étrangers, notamment des nombreux Turcs, passe par la connaissance de la langue - il y a, sur ce sujet, unanimité - mais aussi par l'école primaire. Dans ce pays, les cours de religion, catholique ou protestante, sont systématiques, y compris dans les écoles publiques où ils relèvent de la responsabilité des Eglises, sous la surveillance de l'Etat.
Ces cours sont en principe assurés par des enseignants qui ont suivi une formation en théologie. L'idée du gouvernement est de permettre aux 700 000 élèves musulmans de suivre également des cours de religion. Le ministre de l'intérieur, Thomas de Maizière, a été explicite le 13 février : "Les élèves musulmans considéreraient très probablement comme un signe d'équité le fait de pouvoir, comme leurs camarades chrétiens, suivre des cours de religion islamique dans leur école. Eduquer à une pensée autonome par rapport à la religion, à l'ouverture et au dialogue constituerait, de plus, une protection efficace contre l'extrémisme."
Le gouvernement juge essentiel que ces cours soient donnés en allemand par des personnes formées en Allemagne. Pour Thomas de Maizière, l'heure n'est plus aux expériences, menées dans sept des seize Etats-régions depuis une dizaine d'années, mais à la généralisation. Des accords doivent être conclus dans tout le pays "cette année ou au plus tard l'année prochaine".
Difficulté
Avec qui ? Là est toute la question. A la différence des catholiques ou des protestants, les musulmans n'ont pas d'institution représentative unique reconnaissant explicitement la Loi fondamentale allemande, condition pour pouvoir définir le contenu des cours. Dans les Etats-régions où des cours sont donnés, ils sont pour le moment sous la responsabilité des autorités locales et ne constituent donc pas un "enseignement religieux régulier" tel que l'entend la Loi fondamentale.
Pour contourner cette difficulté, Thomas de Maizière souhaite, qu'"à titre provisoire"les Etats-régions coopèrent avec les organisations islamiques "qui sont en voie d'être reconnues comme communauté religieuse au sens juridique". Problème : de telles organisations craignent que la "solution provisoire" ne se pérennise. Néanmoins, la situation évolue rapidement. L'Etat-région de Rhénanie-du-Nord - Wesphalie où réside plus de 20 % de la population allemande et qui compte 320 000 élèves musulmans, devrait être, à partir de la rentrée scolaire 2012-2013, le premier Land où les cours de religion islamique seront proposés sur tout le territoire.
Dans cet Etat-région dirigé, depuis mai 2010, par une coalition SPD-Verts, des cours de "connaissance de l'islam" - qu'il ne faut pas confondre avec des cours de religion - sont actuellement dispensés par 80 enseignants (dont 60 de religion musulmane) dans 133 écoles. 133 000 élèves y participent.
Ce sont notamment ces enseignants qui, à partir de 2012, donneront des cours de religion. Pour contourner la difficulté de la représentation, va être créé un conseil musulman dont les membres seront à la fois nommés par les associations musulmanes et par le gouvernement de Düsseldorf. C'est ce conseil qui définira le contenu des programmes. Une formule comparable qui est en train d'être mise en place pour la formation d'imams dans plusieurs universités.
Frédéric Lemaître
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