La diversité pourrait être représentée à l'Assemblée nationale
Le Monde.fr avec AFP | 24.05.2012 à 16h29 • Mis à jour le 24.05.2012 à 16h29
Après sa représentation à un niveau inédit dans le gouvernement Ayrault, aux législatives de juin, la diversité pourrait franchir les portes de l'Assemblée nationale, jusqu'ici très "blanche" puisqu'aucun élu en France métropolitaine d'origine africaine ou maghrébine n'y siège.
Lors des dernières élections législatives, on comptait 15 élus de couleur parmi les 22 députés et désignés dans les collectivités d'Outre-mer et une seule sur les 555 députés de la métropole. Il s'agissait de l'Antillaise George Pau-Langevin, aujourd'hui ministre déléguée chargée de la réussite éducative.
DES CIRCONSCRIPTIONS RÉSERVÉES
Un nombre record de candidats issus de la diversité s'étaient pourtant présentés à ce scrutin de 2007, mais une poignée d'entre eux étaient en position éligible.
Pour les élections de juin, le Parti socialiste a désigné 25 candidats issus de la diversité, dont dix dans de "bonnes" circonscriptions, c'est-à-dire susceptibles d'entrer à l'Assemblée nationale. "Aujourd'hui il y a une seule élue, George Pau-Langevin, qui est aujourd'hui ministre. Nous aimerions arriver à au moins dix", a expliqué Martine Aubry, première secrétaire du PS.
Le PS a notamment "gelé" des circonscriptions réservées à des candidats de la diversité. Un choix diversement apprécié au sein du parti.
"JE N'AI JAMAIS JOUÉ DE MA 'DIVERSITÉ'"
Kader Arif, proche de François Hollande, est ainsi confronté à deux candidatures socialistes dissidentes en Haute-Garonne. Daniel Ruffat et Gilbert Hébrard, qui ont chacun des mandats de maire et conseiller régional, ont mal pris que la 10ecirconscription soit gelée en faveur de M. Arif même si celui-ci est bien implanté dans le département.
Autre exemple : la 10e circonscription de l'Essonne, également réservée à un candidat de la diversité. Ici, c'est un vote des militants qui a désigné Malek Boutih au détriment de Fatima Ogbi. Cette dernière était suppléante du député sortant Julien Dray. "Je n'ai jamais joué de ma 'diversité' pour obtenir quelque avantage que ce soit. J'ai toujours tenu à ce qu'on me juge sur mes qualités", déclarait alors Fatima Ogbi.
Le vote serré (154 voix contre 156) a désigné Malek Boutih qui voit dans ces désignations de candidats de la diversité "un signe du PS de leur reconnaissance citoyenne". "Ce qui avait été vécu pendant des années comme un handicap en politique, ne l'est plus", estime l'ancien dirigeant de SOS Racisme.
"FAIRE UNE ASSEMBLÉE AUX COULEURS DE LA FRANCE"
Dans l'opposition, à l'UMP, on compte une quinzaine de candidats de la diversité sans qu'il y ait de "circonscription réservée". Un nombre qui "augmente d'année en année", assure-t-on au sein du parti, même si la plupart de candidats de couleur sont dans des circonscriptions difficilement gagnables pour la droite.
"Ce n'est pas un choix, c'est parce qu'ils sont issus de ces circonscriptions, ils n'y sont pas paruchutés", plaide l'UMP qui explique que "s'ils sont candidats, c'est parce qu'ils sont dans l'appareil politique de la circonscription et non pas parce qu'ils sont issus de la diversité".
"Mon objectif est de faire une Assemblée nationale aux couleurs de la France", expliquait en janvier Chenva Tieu, d'origine asiatique, candidat UMP dans une circonscription de Paris ancrée à gauche, qui englobe une partie du 13earrondissement, le "Chinatown" de la capitale.
Au MoDem, on annonce "10 % de candidats issus de la diversité". La diversité pourrait faire son apparition à l'Assemblée alors qu'avec seulement 40 % de femmes candidates aux législatives, la parité régresse par rapport à 2007 où les femmes avaient été 41,6 % à briguer un siège de député.
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