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mardi 15 mai 2012

Jules Ferry le "colonisateur" suscite la controverse 15.05.12 | 13:24 | LE MONDE Thomas Wieder

On le croyait consensuel. On se disait qu'en choisissant de lui rendre hommage, deux heures après son entrée en fonction, mardi 15 mai, François Hollande ne prenait aucun risque. Quelle figure, a priori, plus rassembleuse que celle de Jules Ferry (1832-1893) ?

Le ministre qui rendit l'école gratuite, laïque et obligatoire n'était pas un anticlérical acharné. Et ce grand républicain était aussi un grand bourgeois qui rassurait les"possédants". Plus d'un siècle après sa mort, on n'imaginait guère qu'un tel homme déclenchât les passions.

AMBIVALENCE DU PERSONNAGE

C'était oublier l'apologue de la colonisation. Car Ferry fut aussi celui qui établit les protectorats français sur la Tunisie et l'Annam (le Vietnam), nourrit de grandes ambitions pour la France en Afrique noire, et déclara un jour que "les races supérieures (...) ont le devoir de civiliser les races inférieures". Une phrase qui provoqua de vives discussions à la Chambre des députés le 28 juillet 1885. Et sur laquelle François Hollande doit aujourd'hui s'expliquer.

L'interpellation est venue de différents horizons. Dimanche 13 mai, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a publié un communiqué : "Certes, François Hollande peut tout à fait saluer en Jules Ferry le fondateur de l'école républicaine, mais il devrait aussi rappeler en même temps la part d'ombre de cet homme, et de toute une partie de l'histoire de France." Contactée lundi soir par Le Monde, Christiane Taubira, députée de Guyane (app. PS), estime que "le président de la République ne peut pas ignorer l'ambivalence du personnage".

"LES DEUX FERRY"

A droite, deux anciens ministres ont réagi : Roselyne Bachelot, sur Twitter, et Luc Ferry, sur France Inter, pour qui son homonyme et lointain prédécesseur au ministère de l'éducation nationale a "fondé la colonisation sur une vraie théorie raciste". Pour les deux anciens ministres, M. Hollande aurait été mieux inspiré de célébrer Clemenceau. Il est vrai que le"Tigre" brocarda la politique coloniale de Ferry.

Reste qu'il n'est pas sûr qu'honorer le "briseur de grèves", le "premier flic de France" et le "Père la Victoire" ait été très habile de la part d'un président de gauche tout juste investi et s'apprêtant à décoller pour Berlin...

Qu'a prévu M. Hollande ? Contacté par Le Monde, le président du CRAN, Louis-Georges Tin, dit avoir reçu, dès dimanche, un mot du nouveau président l'assurant qu'il"distinguerait bien les deux Ferry".

Lundi soir, Aquilino Morelle, la plume de M. Hollande, confirmait que telle serait bien la tonalité du discours prononcé par le chef de l'Etat, mardi après-midi, devant la statue honorant l'ancien ministre de l'instruction publique au jardin des Tuileries.



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