La sénatrice Samia Ghali et le député Patrick Mennucci seront au second tour de la primaire socialiste. "Merci d'y avoir cru", a lancé Mme Ghali à ses soutiens, tout en saluant les autres candidats. "Je veux être la maire de Marseille, je veux tuer le désespoir de cette ville", a-t-elle dit avant les résultats officiels qui conforteront sa qualification.
Dans sa déclaration faite depuis un bar à chicha du Vieux-Port, que son équipe avait privatisé pour la soirée, Mme Ghali a félicité ses concurrents Christophe Masse et Eugène Caselli pour leur bon score. Elle a souhaité "bonne chance" à son adversaire du second tour Patrick Mennucci.
A Marie-Arlette Carlotti, "je voudrais dire que, même si elle n'a pas gagné, elle sera utile encore au gouvernement", a-t-elle ajouté."Qu'on soit du sud, de l'est ou du nord de la ville, on est tous des Marseillais, a-t-elle déclaré. Je veux être la maire de Marseille qui fera que le Nord et le Sud se réunissent (...), je veux des logements pour tous, que tous les enfants aillent à l'école républicaine et pas à l'école du ghetto et de l'apartheid."
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"CLIENTÉLISME" ET "ORGANISATION PARAMILITAIRE"
La ministre Marie-Arlette Carlotti, candidate à la primaire, avait dénoncé plus tôt le clientélisme, selon elle à l'œuvre au cours de ce scrutin, évoquant une organisation "paramilitaire". "Nous avons assisté au cours de cette journée à un fonctionnement à plein régime du clientélisme", a-t-elle déclaré à la presse devant son local de campagne.
Marie-Arlette Carlotti, le 2 mars. AFP/BORIS HORVAT
"Personne n'avait vu jusqu'à présent ce système fonctionner avec une telle puissance, un tel sentiment d'impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de minibus qui sillonnent la ville, des échanges d'argent, toute une organisation que j'ai envie de qualifier de 'paramilitaire'", a-t-elle dit.
"Les moyens déployés au cours de cette journée interrogent sur un contournement possible des règles de financement" de cette campagne des primaires, a-t-elle encore dit, demandant "à la Haute Autorité [des primaires, HAP] de recueillir dans les vingt-quatre heures les comptes de campagne des candidats, afin de constater dès cette semaine si les plafonds autorisés ont été ou non dépassés". Interrogée sur son intention de déposer d'ores et déjà un recours, elle a estimé que c'est "à la Haute Autorité de le faire".
A propos des échanges d'argent évoqués, le conseiller général PS et avocat Michel Pezet, soutien de Mme Carlotti, a ajouté qu'"il y a eu un échange d'argent dans au moins un bureau", qu'il n'a pas précisé. Selon lui, cet échange a été acté dans un procès-verbal d'un bureau du 15e arrondissement. Le secrétaire général de la HAP, René Stefanini, a indiqué dimanche soir que les procès-verbaux seraient examinés, relevant cependant que les déclarations d'un délégué d'un candidat ne sont "pas parole d'Evangile".
Dès dimanche après-midi, plusieurs recours se sont annoncés dans cette élection, des représentants de candidats dénonçant par exemple l'organisation de covoiturages ou de transports collectifs, notamment par la candidate Samia Ghali. Selon M. Stefanini, les recours seront examinés dès dimanche soir.
INCIDENTS DANS PLUSIEURS BUREAUX DE VOTE
Des incidents ont été relevés dans certains des 55 bureaux de vote de la ville, répartis dans 15 lieux et qui ont ouvert avec, pour certains,"quelques retards" par rapport à l'horaire prévu (9 heures), a indiqué le président de la HAP, Jean-Pierre Mignard.
Dans le 15e arrondissement, "des discordances de dates de naissance"sont apparues, qui concerneraient quelques dizaines d'électeurs. M. Fontanel assure qu'au "bénéfice du doute les personnes concernées n'ont pas voté". La liste comportait 5 000 erreurs "en raison d'un dysfonctionnement lié à l'imprimeur parisien", a précisé M. Stefanini. "Nous avons rapatrié la bonne liste et les électeurs ont pu revenir voter à partir de 16 heures", a-t-il ajouté. L'équipe de Samia Ghali, candidate et maire du secteur, a dit envisager un recours à ce sujet.
Plusieurs délégués de candidats ont fait part aux journalistes de problèmes. Ainsi le représentant de Christophe Masse, Pascal Chamassian, a-t-il signalé qu'un bureau de vote avait été oublié dans le 13e arrondissement et a dit vouloir "faire un recours" auprès de la HAP. Le représentant de Marie-Arlette Carlotti, Jean-Paul Giraud, a estimé qu'il y avait un problème technique d'organisation et un problème de vote individuel. Certains représentants de candidats ont en effet dénoncé l'organisation de covoiturages ou de transports collectifs. Directement visée, Mme Ghali s'en est défendue, affirmant que ces "covoiturages" n'avaient rien d'illégal.
"C'est moralement condamnable, mais pas juridiquement, sauf à prouver qu'il s'agit d'un achat de voix", a souligné René Stefanini, le secrétaire général de la Haute Autorité des primaires (HAP). D'autres problèmes ont été signalés et "des recours annoncés", a-t-il indiqué. Enfin, M. Fontanel a tenu à relativiser la portée de ces incidents, compte tenu qu'"il y a cinquante-quatre autres bureaux où les choses se passent normalement".