21 novembre 2012
Ils se battent sans réaliser qu'ils ont déjà perdu : François Fillon et Jean-François Copé continuent de se disputer la victoire, sans bien mesurer les dégâts qu'ils se causent à eux-mêmes.
Ils sont aveuglés, ils ne voient pas qu'à l'UMP, ce ne sont plus eux les chefs, mais deux trentenaires : Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, aussi arrivistes que décomplexés, qui ont exécuté à la lettre ce que leur a enseigné leur maître, Patrick Buisson. Leur motion la Droite Forte a battu au poteau les cinq autres en recueillant près de 28 % des suffrages sur une ligne identitaire qui change le logiciel de l'UMP.
Compte tenu des conditions dans lesquelles s'est déroulé le vote des militants UMP, dimanche 18 novembre, et des nombreuses contestations que le scrutin a soulevées depuis, il convient naturellement d'être prudent dans les interprétations. Tout est sujet à caution. Mais enfin, la Droite forte devance de plus de 6 points la motion de Laurent Wauquiez, arrivée en seconde position. Il est donc difficile de lui contester la victoire.
Que revendique le texte ? Trois choses essentielles :
- Une fidélité absolue à l'héritage de Nicolas Sarkozy, avec mission de bloquer tout droit d'inventaire. Pour Peltier et Didier, l'histoire de l'UMP commence avec Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac a eu beau rassembler le RPR, l'UDF et Démocratie Libérale dans un même parti en 2002, il compte du beurre. C'est « la révolution culturelle » proposée par Nicolas Sarkozy à partir de 2007 qui a « rassemblé » les droites et les a « réconciliées avec le peuple », affirme leur texte . La conclusion coule de source : pas besoin de s'embarrasser des vieilles cultures gaulliste, libérale et centriste qui font le substrat de l'UMP. Tout cela est mort, puisque tout commence en 2007.
- La reconquête par le peuple. C'est le pari de la Droite forte : transformer l'UMP en un grand parti populaire, récupérer tous ceux qui souffrent de la mondialisation pour battre la gauche et dévitaliser le Front national. Est ainsi désignée comme prioritaire« la reconquête des classes moyennes, des catégories populaires, de la France périurbaine et rurale qui souffre de déclassement social et identitaire et qui sont les grands perdants de la mondialisation. » S'ensuit un projet très nationaliste avec ode à la patrie, défense de la souveraineté, vision protectrice de l'Europe, dénonciation de l'assistanat, valorisation du travail, exaltation des valeurs familiales.
- La fusion de la « question sociale » et de la « question identitaire ». Elle était en germe dès 2007 dans la campagne de Nicolas Sarkozy, avec le ministère de l'identité nationale. Elle s'est trouvée exacerbée durant la campagne de 2012, avec comme grand instigateur Patrick Buisson. Elle consiste à dire que « plus les individus sont affectés par la mondialisation, plus ils éprouvent un besoin d'enracinement et de frontières » (interview au Figaro le 13/11/2012). Peltier et Didier reprennent totalement cette thèse à leur compte. Leur motion mélange patriotisme et référence aux racines chrétiennes de la France, défense de la laïcité et méfiance à l'égard de l'islam. Elle joue sur les peurs et flirte ouvertement avec les thématiques du Front national.
C'est la vraie révolution de cette élection : l'UMP est en train de devenir un parti de droite identitaire qui échappe à ses fondateurs.
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