Me Alexis Dubruel avait déposé sa requête sur la base de l'article 668 du Code de procédure pénal, qui permet de récuser un juge s'il est suspecté d'impartialité.
Le premier président de la cour d'appel de Lyon a rejeté mardi 27 novembre la demande de récusation présentée par un avocat à l'encontre du juge Albert Lévy, qu'il soupçonne de partialité du fait de son patronyme à consonance juive.
Me Alexis Dubruel avait déposé sa requête le 31 octobre sur la base de l'article 668 du Code de procédure pénal, qui permet de récuser un juge s'il est suspecté d'impartialité. Il avait fait valoir dans une affaire familiale tout à fait banale que le père de la prévenue était également juif, car se prénommant Moïse, une démarche qui a suscité la réprobation de nombreux magistrats. Me Dubruel, qui défendait la partie civile, a cité dans sa requête des définitions des noms données par l'encyclopédie en ligne Wikipédia.
UNE DÉMARCHE "JURIDIQUEMENT DÉLIRANTE"
Albert Lévy, 61 ans, a déjà fait l'objet dans le passé d'attaques antisémites, venant en particulier de l'extrême droite. Au printemps, le groupe islamiste Forsane Alizza avait projeté son enlèvement. Ce premier vice-président du tribunal de grande instance de Lyon avait alors été placé sous protection policière. La requête a été rejetée mardi et la cliente de l'avocat a été condamnée de ce fait à une amende civile de 750 euros, soit la plus importante prévue dans ce cas. Maître Alain Jakubowicz, avocat d'Albert Lévy, mais également président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), s'est félicité de la décision du tribunal.
"Cette affaire dépasse le cas d'Albert Lévy et atteint les fondements même de l'institution. Ces attaques ignobles contre Albert Lévy sont la pire chose qu'on puisse dire à l'encontre d'un magistrat", a-t-il indiqué. Alain Jakubowicz a estimé que la démarche de son confrère était une dérive dangereuse. "Demain, on pourrait ainsi récuser un juge pour ses orientations sexuelles, pour ses appartenances politiques, parce qu'il est noir, banc, chrétien, ou franc-maçon... C'est absolument effroyable", a-t-il dit.
Le Syndicat de la magistrature a estimé dans un communiqué que la démarche était "juridiquement délirante", "humainement inacceptable" et qu'elle tendait à promouvoir une conception fondamentalement viciée et dangereuse du devoir d'impartialité qui s'impose à tout magistrat. Le Parquet général de Lyon a annoncé à qu'il engageait une procésure disciplinaire contre l'avocat.
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