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lundi 22 juillet 2013

Trappes : intox et fausses photos 22.07.2013 à 19:05 | Blog : Les décodeurs

L'arrestation, dans des circonstances qui restent à éclaircir, du mari d'une femme voilée, elle-même interpellée à Trappes (Yvelines), a déclenché une flambée de violences dans cette ville de banlieue parisienne. Dans la nuit du vendredi au samedi 20 juillet et, dans une moindre mesure, la nuit suivante, des bandes de jeunes ont affronté la police, brûlé des véhicules et détruit du mobilier urbain.

Comme souvent lors d'événements de ce type, les tensions ont été déclinées sur les réseaux sociaux. Depuis vendredi, nombre d'informations, de documents et de commentaires y circulent. Mais toutes ne sont pas vraies, loin s'en faut. Quelques personnes, en général connues pour leur activité militante, diffusent sciemment de fausses informations.

Une image de voiture renversée... qui date de 2010

Ce qu'on pouvait voir : C'est le cas de cette photo, diffusée par Stéphane Journot, ancien militant UMP, actif durant la campagne de 2012, très engagé dans la lutte contre le mariage gay et relais actif de la campagne de Jean-François Legaret pour la primaire UMP à Paris.


Après on va crier au racisme mais... regardez... #Trappespic.twitter.com/1vwch14eK6

Stéphane Journot (@sjournot) July 22, 2013

 

L'image a immédiatement été diffusée par d'autres personnes.

Toi aussi, fais réviser gratuitement ta Twingo par des jeunes bénévoles ... #Trappespic.twitter.com/4nIPoZ4siX (merci@lysenfleur )

Arnaud de St-Germain (@A_de_St_Germain) July 21, 2013

 

Pourquoi c'est bidon ? Mais M. Journot s'est bien gardé de dire qu'elle n'avait pas été prise à Trappes et qu'elle ne datait pas de ce week-end, mais... de 2010, lors des manifestations lyonnaises contre la réforme des retraites, qu'on peut retrouver sur la page "Big picture" du Boston Globe(photo n° 20)

Des clichés anciens

Ce qu'on pouvait voir : Stéphane Journot n'est pas le seul à jouer ce jeu. D'autres militants font eux aussi dans les fausses nouvelles, comme celui-ci :


Après #Trappes, Guyancourt, Elancourt, Mantes la Jolie et Cergy. C'est la contagionpic.twitter.com/kzEX7oUIkK

Napoléon (@tprincedelamour)July 21, 2013

Là encore, ce jeune militant de droite, très engagé dans la lutte contre le mariage gay, a cherché à attiser les tensions à l'aide de photos trouvées sur le Net. Il suffit de taper "émeutes banlieue" pour retrouver la plupart des clichés de son montage.

Par exemple, la photo montrant une silhouette bras levés sur fond de véhicule incendié date en réalité des émeutes de 2005, qui avaient suivi la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois. On la retrouve utilisée en 2007 sur le blog de Sébastien Fontenelle.

Cette photo (le premier résultat de recherche sur Google Images avec les termes "émeutes banlieue") est d'ailleurs reprise par d'autres, comme le militant UMP Nicolas Pauzie, qui l'attribuent aux émeutes de ce weekend.

Des photos d'illustration utilisées sans précision

Ce qu'on pouvait voir : Le militant est un habitué de la méthode. Idem par exemple avec ce tweet.


#Trappes Quand on partait de bon matin. Quand on partait sur les chemins. A bicyclette...pic.twitter.com/f6HYl1i08V

Napoléon (@tprincedelamour)July 21, 2013

 

L'image provient du site d'un photographe alsacien, et en aucun cas de Trappes.

Pourquoi c'est bidon ? L'image provient du site d'un photographe alsacien, et en aucun cas de Trappes.

Un dépôt de bus brûlé à Trappes... en 2005

Sur cette vidéo extraite d'un journal télévisé de France 2, la caméra parcourt un entrepôt de bus calcinés. La voix off, celle d'Elise Lucet, ne laisse aucun doute : ce sont bien les transports en commun de Trappes qui ont été visés.

Pourquoi c'est daté ? Mais c'était à l'automne 2005, quand les événements qui ont débuté à Clichy-sous-Bois s'étaient répandus dans la banlieue parisienne. La vidéo a été reprise par de nombreux d'internautes. Ils auraient pu, à peu de frais, s'apercevoir que la vidéo était ancienne, vu qu'elle était hébergée sur le site de l'INA, l'Institut national de l'audiovisuel, qui ne propose que des archives...

(information signalée par Xavier M.)

Infos imprécises

Dans une moindre mesure, les informations fausses ou bidonnées circulent aussi rapidement. Par exemple, ce tweet d'un membre de "génération identitaire", évoquant "45 voitures brûlées". En réalité, il y a en aurait eu "une vingtaine" selon la police.

Idem lorsque quelques "coups de feu sporadiques" entendus par certains policiers, deviennent "des coups de feu tirés contre un hélicoptère", ce qu'aucune source ne confirme.

Même chose avec cet autre compte militant, qui évoque un immeuble brûlé à Trappes.


Voici l'immeuble brulé à #TrappesUn taudis ?? C'est vrai les banlieues sont des taudis...#IntégrationRatéepic.twitter.com/lN4Q7Le70B

TeamSarkozy (@Guillaume6869)July 20, 2013

 

Or, si un feu a atteint la façade d'un immeuble, on ne sait rien des circonstances précises de cet incendie. Là encore, une fausse information, diffusée sans précaution et sans doute pas sans arrière-pensée.

Samuel Laurent

[Si vous voyez passer d'autres cas d'intox et de manipulation autour des événements, n'hésitez pas à nous les communiquer : lesdecodeurs@gmail.com]


 




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