La hausse de 9 points, à 31 %, de l'adhésion aux idées du Front national révélée par le baromètre TNS Sofres réalisé pour France Info, Le Monde et Canal+, semble une bonne nouvelle pour Marine Le Pen, à cent jours du premier tour de l'élection présidentielle.
>> Lire : Près d'un tiers des Français sont d'accord avec les idées du FN
Dans sa note, l'institut de sondage précise que "cette porosité plus forte de l'opinion à l'égard des idées du FN correspond plus à une forme de banalisation du parti plutôt qu'à un fort regain d'adhésion à l'égard de ses idées phares, qui restent à des niveaux relativement stables". Ce qui signifie que le Front national ne constitue plus autant un repoussoir qu'auparavant. Et que les Français adhèrent plus à l'image globale portée par Mme Le Pen qu'au détail de ses propositions.
Qu'en était-il lors des autres années présidentielles ? Le baromètre effectué en mai 2002 montrait un taux d'adhésion aux idées défendues par le parti d'extrême droite de 28 %, quand 71 % des personnes interrogées se déclaraient en désaccord. L'étude précédente, réalisée en 2000, voyait 17 % des Français se déclarer en accord avec les idées portées alors par Jean-Marie Le Pen, contre 80 % affirmant le contraire.
Les résultats du baromètre de 2002 correspondaient alors aux niveaux les plus hauts d'adhésion aux idées du Front national, que le parti avait atteint entre 1991 et 1996. 2002 reste évidemment une année de référence pour le FN puisque c'est lors de cette élection présidentielle que Jean-Marie Le Pen avait réussi à se qualifier pour le second tour face à Jacques Chirac. Un tour de force que Mme Le Pen entend reproduire cette fois-ci.
En décembre 2006, le taux d'adhésion aux idées frontistes était de 26 % (70 % en désaccord). L'élection présidentielle de 2007 avait été un mauvais cru pour Jean-Marie Le Pen, qui avait à peine dépassé les 10 % des suffrages exprimés. En effet, un grand nombre d'électeurs frontistes avaient porté leurs voix sur la candidature de Nicolas Sarkozy, dont la campagne électorale avait été marquée par une "droitisation"du discours. C'est cette droitisation qui peut expliquer que le taux élevé d'adhésion aux idées défendues par Jean-Marie Le Pen ne se soit pas transformé alors en suffrages pour le dirigeant historique du FN.
EN 2002, 70 % CONSIDÉRAIENT LE FN COMME UN DANGER, 53 % AUJOURD'HUI
En 2002, 40 % des personnes interrogées approuvaient les prises de position de M. Le Pen sur la sécurité et la justice (32 % en 2006 et 35 % aujourd'hui). Concernant les prises de position quant aux immigrés, ils étaient 27 % à les approuver en 2002, 24 % en 2006 et 25 % aujourd'hui, des chiffres relativement stables.
L'une des grandes différences avec les autres enquêtes réalisées juste avant un scrutin présidentiel est la perception du danger du FN. C'est le marqueur le plus fort de la banalisation du Front national.
En mai 2002, 70 % des personnes interrogées estiment que le parti lepéniste représente "un danger pour la démocratie" (65 % en décembre 2006). Aujourd'hui, ce chiffre tombe à 53 %, pratiquement son niveau le plus faible depuis 1985 (50 % en 1985, 52 % en 2010).
Pour Edouard Lecerf, directeur général de TNS Sofres, "on a, depuis 2002, vécu avec la crainte d'un nouveau 21 avril. Ce que l'on mesure aujourd'hui, c'est qu'il peut y avoir, chez certains électeurs, l'espoir d'un nouveau 21 avril cette année."
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