Jusqu'où iront-ils ? Jusqu'à quel point oseront- ils exercer leur droit d'inventaire ? Les rescapés de la défaite hésitent. Ils tournent autour du pot, invoquent un gros malaise sur " les valeurs ", s'en prennent à la lâche règle du " ni ni " qu'ils avaient pourtant collectivement édictée il y a moins d'un mois pour tenter de sauver les meubles.
Ils réclament une clarification face au Front national, s'en prennent à ceux qui, comme Nadine Morano, ont vainement tenté de sauver leur siège de député en reconnaissant " beaucoup de talent " à Marine Le Pen .
Mais dans ce jeu de quilles qui est un grand classique des lendemains de défaite , ils évitent soigneusement de s'en prendre au totem : Nicolas Sarkozy, l'homme qui les avait fait gagner en 2007 en portant haut les couleurs de la droite et qui les a conduits cinq ans plus tard à la double défaite présidentielle et législative.
C'est qu'au fond, ils ne sont pas très à l'aise avec eux-mêmes tous ces élus UMP de tendance chiraquienne , radicale ou centriste qui en avaient gros sur le coeur lorsque Nicolas Sarkozy flirtait dangereusement avec les valeurs du Front national mais n'ont jamais osé faire dissidence .
Au contraire. Pas de claquage de portes lorsqu'en 1997 a été crée le ministère de l'immigration et de l'identité nationale qui annonçait pourtant la couleur . Pas de démission spectaculaire lorsqu'en juillet 2010 le discours de Grenoble ouvrait la chasse aux Roms.Les plus téméraires ont osé quelques mots. Les autres ont rentré la tête dans les épaules en attendant que ça passe.
Et lorsque dans l'entre deux tours de la campagne présidentielle, une sorte de paroxysme a été atteint dans la ligne droitière du conseiller Patrick Buisson, ils étaient encore une fois aux abonnés absents : ne rien faire qui puisse compromettre l' impossible victoire.
Ouvrir le droit d'inventaire, ce serait instruire leur propre procès, s'interroger sur leur propre faiblesse dans ce quinquennat de fer qu'a été celui de Nicolas Sarkozy. Subjuguée par la renaissance en forme de rupture que leur avait offerte en 2007 l'ancien maire de Neuilly, ils se sont tous laissés brider par un homme qui les surpassai tous ten termes d'énergie, d'envie et de force de conviction.
Il aurait gagné le 6mai , sûr qu'ils auraient tout gober et c'est cela qui rend l'exercice post défaite si délicat à mener : aucun ne peut proclamer la rupture, car tous sont complices à des degrés divers . Obligés de composer avec le passé pour tenter de construire l'avenir .
Avec ,en outre, la menace de recevoir un coup de griffes mortel du vaincu qui, tout retiré qu'il est de la vie politique, ne perd pas une miette de ce qui se passe dans les bureaux de l'UMP.
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