Sociologue, essayiste politique et auteur, au début de la décennie, deDrame multiculturel, un essai qui dénonçait la faillite du modèle d'intégration dans son pays, Paul Scheffer est l'un des observateurs les plus avisés de la vie politique néerlandaise. Il décode les enjeux du scrutin de ce mercredi 12 septembre.
Le thème de l'immigration, omniprésent depuis 10 ans, a été quasiment gommé. Comment l'expliquer ?
Il y a 15 ans que l'on dit tout et n'importe quoi de ce sujet, dans une ambiance quasi-hystérique. Mais je pense que l'on a progressé en admettant le caractère irréversible de la nouvelle réalité de notre société. On a aussi admis le fait qu'une partie du problème de l'immigration était lié à l'éducation, au marché du travail ; que les origines n'expliquent pas à elles seules ce que l'on est. La gauche sociale-démocrate a cessé d'être naïve. Et, en grande majorité, les dirigeants ont également intégré la dimension européenne de cette question. Même Geert Wilders a peut-être compris que l'on ne pouvait plus invoquer l'islam pour expliquer toutes les difficultés. En désignant désormais les Grecs comme ceux que nous n'avons pas invités dans notre "maison", il fait toutefois preuve d'une certaine constance. J'ajoute qu'il faut considérer avec sérieux ces voix qui montent de la société pour dire leur peur de l'Europe, de la globalisation. Il faut prendre en compte la réalité de leur vie et de leur ressentiment.
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