Ils ont l'art d'appuyer là où ça fait mal ces 75 députés socialistes qui signent dans le Monde daté du 18 septembre un appel à François Hollande pour que soit discuté dès cet automne un projet de loi constitutionnelle accordant le droit de vote aux étrangers aux élections locales .
La mesure est hautement symbolique : elle figurait déjà en 1981 dans les 110 propositions de François Mitterrand . C'était la quatre vingtième .
Le candidat Hollande l'avait reprise à son compte dans ses soixante engagements, la faisant monter au cinquantième rang, ce qui était un net progrès.
Tout démontrait alors qu'il voulait être celui qui honorerait la promesse non tenue de François Mitterrand. Lorsque le Sénat était passé à gauche fin 2011 , il y avait encouragé le dépôt et le vote d'une proposition de loi d'origine socialiste pour ouvrir le chemin .
Il semblait sur de lui , prêt au combat sur un sujet qui coupe littéralement le pays en deux , avec gros risque de dérapages racistes.
Le 12 octobre 2011 , lors d'un des débats télévisés organisés dans le cadre de la primaire socialiste , le candidat Hollande s'était montré précis " Dès notre arrivée aux responsabilités en 2012, nous aurons à faire cette évolution " avait- il déclaré face à Martine Aubry elle aussi très désireuse de mettre en oeuvre cette promesse destinée à " rendre leur dignité aux immigrés et à leurs enfants ".
L'élection est passée mais la promesse peine à se concrétiser. Le ministre de l'intérieur Manuel Valls n'y est pas favorable. Jean -Marc Ayrault ne l'a pas inscrite dans les priorités de 2012, jugeant que d'ici aux municipales de 2014 il restait un peu de temps.
A ses visiteurs, François Hollande tient le même langage: il assure que les engagements seront tenus mais que la précipitation nuit au débat : l'urgence pour l'heure est au social .
Les 75 cependant ne manquent pas d'arguments : ils soulignent qu' un projet de loi constitutionnelle ne se vote pas comme cela, qu'il l faut une procédure longue et semée d'embûches pour modifier la constitution : obtenir la majorité des 3/5 ème au parlement laquelle pour l'heure n'existe pas ou bien décider d'aller au référendum .
Il leur semble que plus le gouvernement tergiverse et plus ce sera dur d'aller à la bataille. Ils craignent que la promesse soit une nouvelle fois enterrée.
Les 75 pèsent peu face aux 297 députés que compte le groupe socialiste mais en même temps ils pèsent lourd : c'est eux qui pour la première fois mettent François Hollande face à ses promesses et à ses responsabilités.
Et soulignent à quel point l'exécutif, quatre mois après la victoire, apparait sur la défensive
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