Comme il s'y était engagé, François Hollande a reconnu mardi 25 septembre la responsabilité et la"faute" de la France dans"l'abandon" des harkis, laissant toutefois sur leur faim les associations qui attendaient du chef de l'Etat l'inscription de cette reconnaissance dans un texte de loi.
"Il y a cinquante ans, la France a abandonné ses propres soldats, ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s'étaient placés sous sa protection, ceux qui l'avaient choisie et qui l'avaient servie", a déclaré le chef de l'Etat dans un message, à l'occasion de la journée d'hommage national consacrée aux harkis et à leurs descendants depuis 2001.
"Ensuite, les harkis et leur familles ont été accueillis et traités de manière souvent indigne sur le sol français", a-t-il aussi reconnu, estimant que "la France se grandit toujours lorsqu'elle reconnaît ses fautes".
Il a notamment promis de réserver une place plus grande à leur histoire "dans les programmes scolaires, les travaux de recherche", mais aussi "davantage de solidarité" sociale et professionnelle.
Parti à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies, M. Hollande avait confié au ministre délégué aux anciens combattants, Kader Arif, le soin de lire un texte lors d'une cérémonie dans la cour d'honneur des Invalides, à Paris.
M. Arif, né de parents restés fidèles à la France au moment de l'indépendance algérienne, a affirmé "la volonté du gouvernement" de franchir "une nouvelle étape dans la reconnaissance" des souffrances de cette communauté qui représente 500 000 personnes en France.
"Il faudra savoir sortir ensemble des exploitations de la douleur pour construire le chemin de la réussite", a-t-il dit, promettant une rédéfinition de la Mission interministérielle aux rapatriés ainsi que des mesures pour faciliter leur insertion et leur accession à des postes de responsabilité. Le ministre veut aussi créer "un site Internet" rassemblant "tous les documents sur l'histoire des harkis".
"QUE DES MOTS CREUX"
Mais ces annonces ont été jugées totalement insuffisantes par le Comité de liaison national des harkis, une des plus grandes organisations représentant plusieurs associations de cette communauté. "On n'a eu que des mots creux qui n'ont aucun sens, c'est une occasion ratée" à l'occasion du cinquantenaire des accords d'Evian, s'est insurgé un de ses représentants, Mohamed Otsmani, délégué des Bouches-du-Rhône.
Il fallait au moins "une loi ou un décret qui reconnaisse la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis, comme on l'a fait pour la communauté juive", a-t-il dit.
Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d'Algérie, 55 000 à 75 000 harkis, supplétifs de l'armée française, ont, selon les historiens, été abandonnés et victimes de sanglantes représailles. Environ 60 000 d'entre eux ont été admis en France, logés dans des camps de fortune dans le Sud du pays.
MALAISE À RIVESALTES AVEC LA PRÉSENCE DE MARINE LE PEN
La présidente du Front national, Marine Le Pen, s'est, pour la première fois, invitée à la cérémonie d'hommage organisée dans le plus important de ces camps, à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales).
Si elle a effectué le déplacement, cinquante ans après les accords d'Evian, c'est parce que Rivesaltes"rappelle la manière dont on les a traités [les harkis], la responsabilité de la classe politique de droite comme de gauche dans la manière dont ils ont été traités comme des animaux alors qu'ils s'étaient battus pour la France, alors qu'ils avaient choisi la France. Ce camp de Rivesaltes est un déshonneur et il est tout à fait normal que nous leur rendions cet hommage sur ce lieu même", a-t-elle dit.
Au cours de la cérémonie, Mme Le Pen s'est retrouvée au premier rang avec les élus locaux, à gauche de l'une des grandes personnalités de droite, Jean-Paul Alduy, qui s'enorgueillit d'avoir toujours combattu le Front national.
A droite, on tâchait de minimiser cette présence inédite. M. Alduy faisait observer que, même sans mandat local, une députée européenne comme elle "est partout chez elle" en France. Mais, ajoutait-il, alors que les élus locaux sont là tous les ans, "Mme Le Pen vient faire son marché national, ça ne nous concerne pas".
Elle a présenté son parti comme le seul à avoir toujours défendu les harkis, à la suite de son père qui, a-t-elle rappelé, avait quitté l'Assemblée nationale pour aller combattre en Algérie.
Elle a réclamé la Légion d'honneur pour tous les harkis encore vivants."Cette Légion d'honneur qui est devenue une véritable breloque qui sert à remercier les copains (...), un des gestes pourrait être d'accorder la Légion d'honneur, qui pour le coup ne serait plus une breloque, à ces anciens combattants (...) avant qu'ils soient tous morts."
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