Envoyée spéciale à Dijon
Ce devait être un dimanche soir tranquille à Dijon, où chacun s'apprêtait à rentrer chez soi, après des achats dans des magasins restés exceptionnellement ouverts. Et ce fut, en réalité, près de cinquante minutes de peur et d'horreur.
Au lendemain de cette course folle, au cours de laquelle un chauffard de 40 ans a lancé, à plusieurs reprises, sa Clio noire sur des grappes de passants pour les tuer, la population est sous le choc. À commencer par Abdel, agent de sécurité dans un magasin, qui a assisté à une partie de la scène. Vers 20 heures, quand a débuté cette virée qui se voulait meurtrière, cet homme de 30 ans se trouvait place Wilson, au cœur des quartiers huppés et à deux pas des rues piétonnes de la vieille ville, joyeusement décorées pour les fêtes de Noël.
«Des passants, deux hommes et deux femmes, traversaient la rue en empruntant le passage protégé et c'est alors que le véhicule a accéléré et a foncé sur eux. Le conducteur a même dû monter sur le trottoir pour les percuter et il a ensuite poursuivi sa course», dit-il, encore sidéré par la violence de la scène. Posté à environ 200 mètres, selon lui, Abdel a aussitôt appelé la police et est allé secourir les victimes. «L'une d'elles était particulièrement touchée et avait le visage en sang. Ces agressions font peur», poursuit-il en ne sachant pas comment qualifier le chauffard qui conduisait - comme il l'a su plus tard - vêtu d'une djellaba en criant «Allah akbar!». Un déséquilibré, un fanatique religieux?
Avec prudence d'ailleurs, les Dijonnais analysaient ce lundi matin la portée de ce geste. Avant que la procureure de la ville, lors d'une conférence de presse, mette en avant les graves troubles psychiatriques de l'agresseur, commerçants et habitants, eux-mêmes, évoquaient en priorité un geste de folie, en s'interrogeant ensuite sur le profil intégriste de l'individu. Mais Mohamed, lui, est plus catégorique. Pour lui, ce type d'agressions où l'on mêle la religion porte tort à la population musulmane. Ce dimanche soir, il était d'ailleurs dans son restaurant rue Monge lorsque la Clio noire a fait soudain irruption. «J'ai entendu un bruit violent. J'ai ensuite compris que c'était des passants qui venaient d'être fauchés. J'ai alors vu le véhicule qui était bloqué par un bus monter sur le trottoir et filer à vive allure. Quand il est passé devant mon établissement, j'ai entendu le conducteur qui roulait vitres ouvertes crier "Allah akbar!"», raconte-t-il, désolé et meurtri.
Quant à Nicole, une retraitée de 66 ans, elle se dit effrayée, prise désormais d'une peur qui transforme un geste simple, comme traverser une rue, en épreuve insurmontable. Elle se trouvait, elle aussi, dimanche soir, près de la place Wilson. Seulement elle est arrivée quelques minutes après le drame. «J'ai vu les blessés à terre et j'aurais pu en faire partie», dit-elle, encore secouée par cet épisode «d'une violence extrême», comme l'a ainsi qualifié le ministre de l'Intérieur, venu ce lundi à Dijon au chevet des victimes. Au total, onze personnes ont été blessées, dont certaines grièvement. Mais aucune n'a péri sous les roues de ce déséquilibré qui, pris en chasse par la police, a été arrêté dès dimanche soir. Lors de sa garde à vue, ce dernier n'a pas contesté qu'il souhaitait mener un périple meurtrier. Un dessein terrible au nom, a-t-il dit encore, «des enfants de la Palestine».
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