Nicolas Sarkozy a tenu, dimanche 29 avril, son dernier grand meeting de campagne devant une salle, certes pas immense, mais archi comble à Toulouse. Dans la chaleur étouffante du Parc des expositions, tous ou presque assurent croire en la victoire et espèrent que cette dernière semaine de campagne change la donne pour Nicolas Sarkozy.
Des foules de drapeaux, des militants et sympathisants qui donnent de la voix en toute occasion, des sifflets unanimes dès qu'est évoqué Hollande ou Mélenchon, des jeunes et des moins jeunes qui s'époumonent à l'arrivée de leur champion : l'assistance est en grande forme pour acclamer Nicolas Sarkozy. Les "on va gagner" se mêlent aux"on a gagné" dès que la foule se cristalise sur l'un des mots du président-candidat ou de l'un des poids lourds de l'UMP, qui s'exprimaient par vidéo interposée depuis l'autre bout de la France.
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"La droite va passer", assure par exemple Brune, jeune femme souriante d'une trentaine d'année, qui n'est "pas militante". "Ce sera un beau duel, le débat va être passionnant et les masques vont tomber", lance-t-elle. De l'organisation des débats, il en a été question à maintes reprises. Comme c'est désormais l'usage, les orateurs ont raillé ce François Hollande qui n'a pas voulu des deux - puis des trois - confrontations exigées par le chef de l'Etat.
"Les Français ont le droit de savoir. Ces face-à-face auraient été l'occasion pour Nicolas Sarkozy de faire de la pédagogie, d'expliquer comment il nous a protégés de la crise et pourquoi le programme de François Hollande nous conduirait à la situation espagnole, voire grecque en quelques mois", regrette Christophe, un des nombreux "étudiants avec Sarkozy"venus faire la claque dans le meeting. Myriam, retraitée de 62 ans toute apprêtée, balaie d'un revers de main cette question des débats : "Qu'Hollande refuse, honnêtement, ça ne me choque pas. Sarkozy aurait caracolé en tête des sondages, il n'aurait jamais voulu prendre ce risque. Dans cette histoire, chacun est dans son rôle et on ne devrait pas traîner là dessus pendant les quelques jours qui nous restent. Il y a des choses plus importantes, comme le chômage et l'immigration".
"CE N'EST PAS DU RACISME, C'EST DE LA CRAINTE"
Lors de son discours, Nicolas Sarkozy a longuement traité du concept de frontière, qu'elle soit physique ou intellectuelle. A l'applaudimètre, ce passage a gagné haut la main. "Il a raison d'en parler encore et encore. Avec ce discours, Nicolas Sarkozy est le seul à pouvoir lutter contre l'extrêmisme. Si Hollande est élu, il ne pourra pas faire une politique de gauche et vous verrez les dégâts : l'extrême gauche et l'extrême droite parviendront à des niveaux records", croit savoir Jérôme qui s'est "récemment mobilisé" pour faire gagner celui qu'il croit être "le meilleur pour les générations futures".
Pour Lysiane, permanente de l'UMP dans le sud-ouest, cette question des frontière est au centre de son engagement. "Dans l'Union européenne, on partage les mêmes valeurs. Mais au delà ? Et ils veulent donner le droit de vote aux étrangers..." Pour elle, la gauche a montré qu'elle ne prenait pas ces questions au sérieux. "Souvenez vous, quand le PS a pris le Sénat, qui Jean-Pierre Bel a-t-il mis comme vice-présidente, hein ?", demande-t-elle. Elle ne la citera pas, mais sa sortie vise Bariza Khiari, sénatrice de Paris. "Dans l'état actuel des choses, nommer une vice-présidente arabe, c'est une provocation", lance-t-elle. Mais, tient-elle à conclure, "ce n'est pas du racisme, c'est de la crainte".
Le discours de Nicolas Sarkozy sur ces questions s'est musclé depuis les résultats du premier tour. A Toulouse, il y a ceux qui nient toute droitisation de la parole du chef ("il a toujours parlé ainsi, les lignes n'ont pas bougé"), ceux qui assument ("si la droite de gouvernement veut garder son influence sur le pays, il ne faut pas qu'elle laisse ces sujets au Front national"), il y a les pragmatiques ("vous croyez qu'on va gagner les voix de Marine Le Pen en faisant campagne sur le permis de conduire"). Et il y a ceux qui la déplorent. "J'ai un peu peur de ce qu'il va dire. Je suis de droite depuis toujours, mais le discours devient limite", déplore Alain, un"petit patron" de 52 ans, qui en paraît 10 de moins. "Je suis de droite pour la liberté d'entreprise, pour me battre contre le matraquage fiscal. J'ai adhéré à l'UMP quand on parlait de la valeur travail, explique-t-il. Aller sur ce terrain là, c'est une double connerie. Non seulement, on va perdre, mais en plus on passera pour des minables".
Une fois le discours de Nicolas Sarkozy et la Marseillaise terminés, la salle se vide. Sur le parking, les bus venus de toute la région se remplissent pour repartir au plus vite. Sur la route qui mène au métro, de petites grappes de supporteurs du président-candidat se pressent, drapeau roulé sous le bras. "Ca fait du bien de se retrouver ensemble, en famille. Ca redonne le moral. Il va falloir du courage car, dans une semaines, les choses pénibles vont commencer pour la droite", prophétise un "jeune pop'" qui ne donnera pas son nom.