La deuxième journée du 29e congrès annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui se tient du 6 au 9 avril au Bourget (Seine-Saint-Denis) a été marquée, samedi 7 avril, par un virulent discours de l'intellectuel musulman controversé, Tariq Ramadan, contre la politique de Nicolas Sarkozy. Une façon, pour le suisso-égyptien de 50 ans, invité vedette du congrès, de répondre aux attaques de Claude Guéant et d'Alain Juppé, qui, le 29 mars, avaient, dans un communiqué commun, dit regretter sa venue, à cause de ses "positions (...) contraires à l'esprit républicain".
Lors d'une allocution d'une heure, retransmise sur des écrans géants, tenue face à un public de plusieurs milliers de personnes 41 000 visiteurs ont été enregistrés pour la seule journée de samedi - M. Ramadan a, dès le début de son intervention, dénoncé la "fatwa" le concernant. "Ce que nous attendons d'un gouvernement, ce n'est pas de faire de la surenchère", a-t-il notamment déclaré en allusion à la décision des ministres de l'intérieur et des affaires étrangères d'interdire d'entrée sur le territoire français quatre autres "savants" étrangers invités par l'UOIF.
Face à un public composés de musulmans de tous les âges, venus entre amis ou en famille, M. Ramadan a particulièrement insisté sur l'absence de résultats, selon lui, de la politique gouvernementale dans les banlieues : entre 2005 et 2012, "qu'est-ce qui a été fait ?", a-t-il questionné. Il a ensuite pointé les "diversions", d'après lui, faites avec les interpellations d'islamistes radicaux dans la foulée de l'affaire Mohamed Merah, "alors que la France est dans une situation économique pas très loin de celle de l'Espagne".
POLITIQUE MIGRATOIRE
Si toute une partie de l'intervention de M. Ramadan a bien concerné le thème annoncé au départ sur l'agenda officiel du Congrès de l'UOIF - "Foi, résistance, réforme et espérance" - l'intellectuel charismatique a repris ses attaques contre la politique de Nicolas Sarkozy - sans jamais le nommer - en fin de discours. "Il faut une politique de justice (...) la police doit respecter les hommes, les femmes, toutes les couleurs de peau...", a-t-il notamment énuméré, suscitant de vifs applaudissements.
Alors que la majorité du public était constitué de Français avec des origines familiales maghrébines ou subsahariennes, M. Ramadan a également pointé la politique migratoire du gouvernement et"des autres pays européens", s'attirant une nouvelle fois de nombreux applaudissements : "Les immigrés qui viennent ici ont des droits ! (...) ils ne doivent pas être traités comme des animaux (...) la dignité humaine passe par la reconnaissance d'un statut", a-t-il déclaré.
M. Ramadan a, pour finir, harangué "ces dames et messieurs des renseignements généraux"."Je ne plaisante pas (...) si vous [les RG] pouviez rappeler au gouvernement ce que nous disons vraiment, vous nous rendriez service", a-t-il lancé, devant une foule hilare. En fustigeant "ceux qui passent à la télévision tout le temps", M. Ramadan a aussi fait une allusion à peine voilée à l'éditorialiste Caroline Fourest, auteur d'un livre virulent à son égard (Frère Tariq. Discours, stratégie et méthode de Tariq Ramadan, Grasset, 2004).
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