Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le
Jean-Marc Ayrault, interrogé par RTL sur la polémique autour de l'anecdote du pain au chocolat arraché "par des voyous" à un enfant sous prétexte de ramadan, citée par Jean-François Copé, a déclaré"ne pas accepter la méthode" du numéro un de l'UMP.
"Ce n'est pas en stigmatisant, en diabolisant qu'on sortira des problèmes de la France", a affirmé le premier ministre dans un entretien diffusé dimanche 7 octobre par RTL. "Moi je n'accepte pas la méthode de Copé qui rappelle trop les cinq années que nous venons de passer. La France, confrontée à tant de difficultés, ne les surmontera pas si elle n'est pas capable de se rassembler autour de l'essentiel".
"Il y a beaucoup de progrès à faire pour le vivre ensemble dans notre société", a ajouté M. Ayrault."Ca existe des comportements communautaristes", a-t-il dit mais "ce n'est pas en diabolisant, en stigmatisant qu'on sortira des problèmes de la France". Il estime que c'est "en tenant un discours républicain exemplaire qu'on pourra ramener, là où la République a reculé, les choses dans la bonne direction".
RAILLERIES
Jean-François Copé a suscité samedi une nouvelle polémique, après celle sur le "racisme anti-blancs", en évoquant l'arrachage de pains au chocolat "par des voyous" sous prétexte de ramadan, s'attirant une volée de critiques entre ironie et indignation.
Vendredi, dans le Var, à Draguignan, le candidat à la présidence du premier parti d'opposition avait lancé :"Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, pères ou mères de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan".
Ses dires ont déchaîné les tweets railleurs : "J'ai trouvé un surnom pour JF Copé: Le Pen au chocolat", écrit un utilisateur du réseau social. "Jean-François a encore Copé la parole à Marine", ironise un autre. Harlem Désir, premier secrétaire par intérim du PS, s'est aussi fendu d'un tweet : "M. Copé se ridiculise avec son histoire de pain au chocolat. Le congrès UMP n'excuse pas de brader cyniquement toute dignité républicaine".
Pour le PCF, Jean-François Copé a "sans doute dû se faire voler son goûter par un plus grand que lui dans la cour de récréation". "Nous vous enverrions bien au piquet, mais vos propos sont autrement plus graves que cela. Ils sont une insulte à la République et à la laïcité", dit le parti communiste.
GRAVITÉ
Le ton était à la gravité en revanche chez la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, qui a dénoncé dans le député-maire de Meaux une"volonté manifeste d'instrumentaliser le vivre ensemble". "Le jour où il voudra s'exprimer sereinement au lieu de chercher à exploiter les peurs et les fantasmes, alors je serai prête à l'écouter", a ajouté la ministre.
Le président de l'Observatoire contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, a accusé le responsable UMP de"virer à l'extrême droite". "Il veut faire plaisir aux extrémistes de son parti, et comme d'habitude, il faut taper sur les musulmans et les jeunes des quartiers". La Licra a parlé de "dérive atterrante".
Samedi, toujours dans le Var mais à Fréjus, M. Copé a expliqué avoir voulu décrire "des petites scènes du quotidien qui sont autant de petites blessures, de petites souffrances qui, parfois, sont plus grandes qu'on ne le croit". Pour M. Copé, "il y a derrière ce type de comportements une volonté d'instrumentaliser les religions alors que les religions n'ont rien à voir avec tout cela lorsqu'elles sont pratiquées dans le cadre de la République. Elles sont toutes respectables".
Interrogé sur les réactions suscitées par ses propos, M. Copé a répondu que s'il y avait "émoi", il venait de"la gauche bien pensante qui, comme d'habitude, donne des leçons sans jamais voir ce qui se passe sur le terrain". De même ses soutiens à l'UMP (la députée Michèle Tabarot, les secrétaires nationaux Camille Bedin, Bruno Beschizza, Valérie Rosso-Debord) se sont mobilisés, multipliant les communiqués contre une "polémique complètement stérile et révélatrice de la langue de bois et du politiquement correct ambiants".
L'ancien ministre du Budget avait déjà suscité d'âpres débats en évoquant, dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée" un "racisme anti-blanc"sévissant dans certains quartiers difficiles.
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