La mise en exergue par les médias français de "l'origine algérienne "de Mohamed Merah suscite de l'agacement à Alger. Une forte appréhension se fait sentir de voir les musulmans de France tenus pour responsables de la dérive sanglante du jeune toulousain.
"Ce terroriste", écrit Liberté(libéral), condamne les musulmans de France à vivre leur "après-11-Septembre". Ils risquent de"connaître la suspicion, la xénophobie, le racisme latent, la méfiance, le rejet ou le mépris pour une période qui ira bien au-delà de la récupération politique due à l'élection présidentielle".
El Watan (indépendant) s'en prend à "l'islamisme intégriste", qui offre un "précieux cadeau" aux extrémistes de droite "pour humilier davantage les immigrés et les Français issus de l'immigration". La classe politique française serait cependant "moralement cynique et politiquement machiavélique de vouloir attiser le feu de la stigmatisation communautaire, alors même que le climat, en France, est déjà délétère".
"LE PRÉSIDENT FRANÇAIS D'ORIGINE HONGROISE"
"L'origine algérienne" de l'auteur des tueries est "mise en avant par les médias français", constate La Tribune, qui s'attend à une"remontée anti-islam en France". Mercredi sur Facebook, où de nombreux journalistes algériens sont connectés entre eux, une proposition "d'écrire de manière systématique 'Nicolas Sarkozy, le président français d'origine hongroise'" a rencontré un franc succès.
L'éditorial du Quotidien d'Oran s'en fait l'écho et évoque une volonté des médias français de "marquer une altérité fondamentale, 'l'origine algérienne' de l'auteur présumé des tueries l'emportant sur sa nationalité française, l'abolissant même. C'est un 'autre' qui a commis le crime, un 'étranger', pas un Français".
De son côté, El Khabar(arabophone, deuxième tirage du pays) estime que le sujet n'est pas"l'origine algérienne" de Merah, mais la "discrimination raciste qui monte en France et ses liens avec les problèmes d'intégration des immigrés et de leurs enfants dans le tissu social français".
El Watan se félicite cependant que les représentants de l'islam et du judaïsme en France mettent en garde contre la tentation de l'amalgame. Il sait gré au président Sarkozy, "connu pour être un fan de ce genre de liaisons dangereuses dès qu'il est en difficulté", d'avoir été "digne" et"rassembleur".
Le ton est à totalement à l'opposé dans L'Expression, auteur en septembre dernier d'une violente diatribe contre l'AFP, qui l'avait défini comme "très anti-français, mais de langue française". Il dénonce une France qui "perd le sens de la mesure" et qualifie"d'absurde" les réactions du Vatican et de l'ONU condamnant la tuerie de "quatre Français de confession juive". "Le monde a bougé, ébranlé par l'assassinat de quatre Français de confession juive, un fait béni pour Israël, qui dénonce un crime antisémite". Les hommes politiques français sont accusés "d'avoir pris cette thèse pour argent comptant", alors qu'il ne s'agit que "d'une manipulation et une instrumentalisation sans précédent, de la part de la France et d'Israël, d'un crime crapuleux, abject, qui n'aurait jamais dû franchir les dimensions qui lui ont été données en en faisant le crime du siècle". L'éditorial est de la même veine. Son titre : "Outrance !"
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