"Insécurité", "banlieues","immigration" et "islam radical". C'est entre autres autour de ces thèmes que Marine Le Pen a construit un discours très virulent, prononcé dimanche 25 mars près de Nantes, pendant plus d'une heure.
Trois jours après la mort de Mohammed Merah, tueur présumé dans les événements de Toulouse et Montauban, la candidate du Front national a réitéré ses positions. "Ce n'est pas l'affaire de la folie d'un homme mais le début de l'avancée du fascisme vert dans notre pays", a ainsi déclaré Marine Le Pen devant plus de mille personnes réunies sous un chapiteau sur les bords de la Loire."Mohamed Merah est peut-être la partie émergée de l'iceberg", a-t-elle continué. "Ce drame était sans doute évitable" a ajouté Mme Le Pen, mettant en cause le travail préalable des services de renseignements. "L'horrible tueur est mort et l'on ne versera pas de larmes sur sa disparition", a-t-elle poursuivi en rendant hommage aux policiers du RAID.
"REPRENDRE LE CONTRÔLE DE TOUT LE TERRITOIRE"
La présidente du FN a été aussi très dure contre certains de ses adversaires, Nicolas Sarkozy et surtout Jean-Luc Mélenchon, qu'elle a fait huer à quatre reprises et qu'elle a qualifié d'"infâme" tout comme François Bayrou. Marine Le Pen le sait : le drame de Toulouse remet au centre du débat présidentiel les thèmes fétiches du parti d'extrême droite. Alors, elle n'a pas peur de répéter les lignes forces de son programme en matière de sécurité et de lutte contre l'immigration sans avoir peur certaines outrances. Pendant que dans la salle fusaient des cris appelant au rétablissement de la peine de mort.
Et si les banlieues étaient très peu abordées par la candidate du FN depuis le début de la campagne, aujourd'hui, elles deviennent le symbole d'endroits tenus par "une mafia que l'on laisse prospérer"."L'Etat a perdu le contrôle des banlieues. Il a perdu la guerre. (...) Je veux que la République reprenne le contrôle de tout le territoire", a en outre déclaré la candidate du FN, qui a ensuite affirmé que l'on "achetait la paix sociale" par "des aides sociales et avec la politique de la ville".
Mme Le Pen a en outre fustigé "les zones de non-droit où il y a deux lois : celle de la drogue et celle de l'islam radical". Elle a proposé "la visite systématique des caves de banlieues" pour y débusquer "les armes de guerre". Elle a également redit son souhait d'instaurer une"présomption de légitime défense"pour les forces de l'ordre.
Les banlieues, symbole donc d'une"dérive". Mais aussi symptôme"d'une gangrène", celle de"l'islamisme radical" censé, selon Marine Le Pen, se développer dans notre pays. "Je mettrai l'islam radical à genoux !", a promis la candidate, faisant référence aux propos tenus par Merah et rapportés par Claude Guéant, où le tueur affirmait qu'avec ses crimes, il voulait mettre la France "à genoux".
"COMBIEN DE MOHAMED MERAH ARRIVENT CHAQUE JOUR ?"
Un thème d'une actualité brûlante qui lui permet d'aborder dans un même mouvement l'autre sujet phare du FN : l'immigration."L'islamisme radical, son imprégnation, son influence s'aggravent d'année en année (...). C'est la conséquence directe de l'immigration de masse." La prétendante à l'Elysée a en outre opposé le concept d'assimilation, qu'elle soutient, au communautarisme et à "l'islamo-gauchisme", qu'elle condamne.
Marine Le Pen s'est ensuite interrogée : "Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d'immigrés ? (...) Combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés non assimilés ?" Et la candidate d'égrainer des propositions radicales mais déjà connues :"abolition du droit du sol", "fin du regroupement familial automatique", impossibilité de régulariser les clandestins. Marine Le Pen a en outre proposé d'interdire le port des signes ostensibles pour les usagers du service public, comme dans "les trains".
LES PRÊCHES "SYSTÉMATIQUEMENT SURVEILLÉS DANS LES MOSQUÉES"
Mais d'autres mesures, inédites elles, ont été mises en avant par Mme Le Pen : "les prêches seront systématiquement surveillés dans les mosquées", les imams salafistes interdits, les "prosélytes de toute sorte" mis sur écoutes et objet de "perquisitions régulières". Et ceux qui reviendront de "voyage suspect en Afghanistan ou dans tout autre pays où l'on entrâine au terrorisme seront, s'ils sont étrangers, immédiatement ramenés à la frontière".Et s'ils sont Français,"ils se verront imposer le port d'un bracelet électronique permanent dès leur retour en France".
Marine Le Pen ne veut surtout pas être accusée de "récupération politique" sur le sujet. Elle entend faire passer un message : elle ne fait pas d'amalgames entre fondamentalistes et "musulmans français". Elle s'est ainsi adressé à ces derniers, "qui respectent la loi, qui restent dans les clous. Ceux qui seront sur notre territoire, on les aura acceptés, on ne nous les aura pas imposés. "
En revanche, elle a tenu à attaquer l'UOIF, qui a invité deux imams radicaux pour son congrès du 6 avril. Une situation que le FN avait dénoncé vendredi. En pleine commémoration des cinquante ans des accords d'Evian, évoquant les multiples condamnation de Merah, Marine Le Pen a ironisé : "la délinquance d'un jeune beur résulterait de la conquête de l'Algérie", s'est-elle moqué. "C'est ainsi que nous leur avons fait croire que nous avons commis une faute à leur égard et que celle ci leur donnait une créance vis-à-vis de nous", a complété Marine Le Pen. Un état de fait qui aboutirait, selon elle, à la "haine du peuple français".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire