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mardi 31 mai 2011

Prières de rue : devant les députés, le ministre de l''intérieur promet des "avancées avant l'été"

Prières de rue : devant les députés, le ministre de l''intérieur promet des "avancées avant l'été"

LEMONDE pour Le Monde.fr | 31.05.11 | 21h04  •  Mis à jour le 31.05.11 | 21h54

Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris, en mars 2009.

Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale à Paris, en mars 2009.AFP/JOEL SAGET

Le débat s'est déroulé, mardi 31 mai, devant un hémicycle clairsemé et un seul ministre, celui de l'intérieur, Claude Guéant. Après une heure et demi de discussion, les députés UMP ont adopté à main levée et sans décompte des voix, la résolution portée par le secrétaire général du parti présidentiel, Jean-François Copé, sur "l'attachement au respect des principes de laïcité et de liberté religieuse".

Reproduisant un clivage politique conforme aux polémiques qui ont précédé ce débat controversé, les députés de l'opposition, socialistes, communistes et les Verts ont voté contre, dénonçant "une instrumentalisation, une mascarade, un contexte politicien". Le Nouveau Centre s'est abstenu, regrettant que ce "débat ait été préempté par un parti".

"LAÏCITÉ ÉQUILIBRÉE"

Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale a pour sa part assuré que le texte, qui prône une "laïcité équilibrée""répondait aux préoccupations concrètes des Français". La discussion a donné lieu à une passe d'armes entre M. Copé, et le député socialiste Jean Glavany. "Cette résolution est une invitation à la gauche pour l'aider à se sortir de l'ambiguïté sur la laïcité", a déclaré M. Copé, interpellant les députés socialistes sur les thèmes abordés dans son texte : code de la laïcité, formation des fonctionnaires à la laïcité, statut des collaborateurs occasionnels du service public – principalement les mères voilées accompagnant les sorties scolaires –, neutralité religieuse dans les entreprises et les structures privées ayant mission de service public..."L'UMP est au clair sur la laïcité", a-t-il conclu.

M. Glavany a ironisé sur "l'UMP nouvellement convertie à la laïcité" et justifié le refus de vote de son groupe par la préférence donnée dans le texte au principe de"liberté religieuse" sur celui de "liberté de conscience". Il a aussi pointé "les ambiguïtés de la résolution sur le respect de la loi de 1905", se félicitant toutefois de l'intervention du ministre qui, au nom du gouvernement a "exclu tout financement public des lieux de culte".

NEUTRALITÉ DU SERVICE PUBLIC

Le ministre de l'intérieur a détaillé devant les députés les suites que le gouvernement entend donner au débat sur l'islam et la laïcité. Il a notamment assuré que des rappels "par voie d'instruction ministérielle" seraient publiés "avant l'été", pour assurer la neutralité du service public. Sur le dossier des mères voilées accompagnant les sorties scolaires, et alors qu'un consensus peine à se dégager au sein du gouvernement, M. Guéant a rappelé la "clarification" attendue du travail d'un groupe interministériel en cours de constitution.

Concernant les prières de rue, dont la dénonciation par la présidente du Front national, Marine Le Pen, avait déclenché le débat sur l'islam, M. Guéant a affirmé:"Le problème n'est pas insurmontable. Dès cet été, nous obtiendrons des avancées". Il a prôné pour ce faire, "pragmatisme et concertation".

Stéphanie Le Bars

A l'Assemblée, l'UMP vote seule la résolution sur la laïcité

A l'Assemblée, l'UMP vote seule la résolution sur la laïcité

AFP/LIONEL BONAVENTURE
Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, et ancien ministre de la fonction publique, Christian Jacob, le 24 novembre.

Ce sont les suites a minima du débat polémique lancé début 2011 par l'UMP. L'Assemblée nationale a voté, mardi 31 mai, un texte, qui n'a certes qu'une valeur symbolique, mais consiste en une réaffirmation solennelle des valeurs laïques de la France, en quatorze points. Seuls les députés UMP ont voté la résolution présentée par Jean-François Copé

La résolution "condamne tous les aménagements" au principe de laïcité, évoque le cas des"structures privées des secteurs social, médico-social, ou de la petite enfance", rappelle la loi de 1905 qui interdit à la République de financer les cultes, évoque la liberté religieuse et les carrés confessionnels, ou encore l'"attachement à la mission du service public de l'audiovisuel qui [...] contribue à la liberté religieuse, en permettant aux personnes dépendantes ou invalides d'exercer leur culte".

"LE PS NE POURRA PAS SE DÉFAUSSER"

Devant la polémique suscitée par le débat sur la laïcité, d'abord présenté comme un débat sur l'islam, et qui provoquait de vives critiques y compris à droite, l'UMP s'était contentée début avrild'un débat de quelques heures, où des personnalités politiques ou religieuses avaient discouru de la notion de laïcité et de son évolution. Une série d'actions plus concrètes devaient suivre, notamment un "Code de la laïcité" regroupant les principales lois et circulaires sur la question.

Avec cette nouvelle résolution, Jean-François Copé espérait pouvoir rééditer la même opération que la résolution sur le voile intégral : là encore, il s'agissait d'une résolution parlementaire réaffirmant le principe de l'opposition aux pratiques religieuses radicales, présentée en marge de la loi interdisant le port du niqab en public. Mais la gauche s'était divisée sur le fait de voter pour ou contre. Et avait fini par se résoudre à un vote en faveur de la résolution, mais contre la loi.

Un scénario que M. Copé aurait aimé voir se reproduire. Le PS "ne pourra pas se défausser",expliquait-il au Figaro le 5 mai. Et le quotidien de conclure : "Jean-François Copé jubile à la perspective des affres dans lesquels les quatorze propositions de la résolution vont plonger les socialistes."

"MANOEUVRE"

Mais celui-ci ne s'est finalement pas beaucoup divisé sur la question. Le porte-parole des députés PS, Alain Vidalies, a annoncé que son camp ne voterait pas la résolution. Pas par désaccord de fond, mais car il n'a pas "pu trouver les bases d'un texte commun". Les Verts et le PC ne l'ont pas voté non plus.

Les socialistes ont dit leur désaccord sur certains points du texte : le principe de "liberté religieuse" auquel le principe préfère "la liberté de conscience" , "la modification des aides des collectivités territoriales pour la construction d'édifices religieux", prônée par le texte, et enfin "la proposition de codification de la loi de 1905". Et M. Vidalies d'ajouter : "le débat sur la laïcité sert en réalité au parti majoritaire de tenue de camouflage pour combattre la présence de l'islam en France".

L'UMP a dénoncé, par la voix de son porte-parole à l'Assemblée, Christian Jacob, "un prétexte pour ne pas voter" la résolution et "une manoeuvre". "Un peu plus d'un siècle après Aristide Briand et la loi de 1905, ça va être intéressant de voir le PS refuser un texte sur la laïcité...", a-t-il ajouté, assurant que le groupe UMP, lui, serait"unanime".

Le groupe Nouveau Centre n'a pas non plus voté le texte. Pourtant membres de la majorité présidentielle, les députés centristes ont annoncé en fin de matinée mardi qu'il ne "prendrait pas part au vote". Sur Twitter, le député Nouveau centre du Lot-et-Garonne,  Jean Dionis, porte-parole de son parti sur ce sujet, justifie cette décision en parlant de "débat baclé" et"d'électoralisme omniprésent".

Quelle France pour demain ?

Point de vue

Quelle France pour demain ?

LEMONDE.FR | 31.05.11 | 


Le monde connaît un bouleversement économique, social et culturel sans précédent, une mutation du rapport au temps, à l'espace, mais aussi à la communauté nationale. Si nous savons à quoi ressemblait la France d'hier, nous ignorons encore ce qu'elle sera demain. Mais la vraie question est: à quoi voulons-nous qu'elle ressemble ?

La France, disait Michelet, est plus qu'un pays, c'est une idée. Une certaine idée de la liberté, de l'égalité et de la fraternité humaine. La France, c'est aussi une civilisation unique en son genre, fière de son long passé d'efforts, de sacrifice et de dévouement, mais jamais repliée sur elle-même ni fermée à l'avenir.

Loin d'avoir menacé notre identité ou remis en cause notre cohésion nationale, les générations successives d'immigrés qui se sont établis dans notre pays au cours du temps ont toujours su partager notre conception du vivre-ensemble, notre histoire nationale et nos valeurs. Ils y ont même largement contribué.

Aujourd'hui, les Français, comme la plupart des peuples, sont en proie au doute. Ils s'interrogent sur leur avenir, leur place dans le monde. Ils se demandent si les grands principes de leur vie sociale, auxquels ils sont profondément attachés, seront préservés ou voleront en éclats, pour faire place à d'autres systèmes de valeurs, à d'autres références culturelles.

Il est du devoir des responsables politiques de répondre à leurs interrogations, et de leur dire clairement les choix qu'ils leur proposent. Ce serait un grand risque pour notre démocratie que de nier ces interrogations. Ce serait sans aucun doute la meilleure façon d'ouvrir la voie au populisme et à l'extrémisme qui envahissent la vie politique de beaucoup de nos voisins européens.

Notre société a toujours su s'adapter, s'ouvrir, accueillir. Sans rien perdre de son identité. Oui, le modèle français est à l'opposé de la conception communautariste qu'ont choisie certains de nos voisins. C'est le modèle d'une France sereine, unifiée, où chacun, peu importent ses origines ou sa religion, trouve sa place et partage, avec les autres, un même désir de vivre ensemble. Aujourd'hui, ce sont plus de 200 000 étrangers qui arrivent en France chaque année en toute légalité. A ces personnes, je veux dire que l'obtention de leur titre de séjour n'est pas une fin. Bien au contraire. Ce n'est que le début de la construction d'une histoire commune.

La France doit offrir à ceux à qui elle ouvre les bras les conditions d'une intégration, voire d'une assimilation réussie. L'apprentissage de la langue française, de l'histoire de France, des règles du vivre-ensemble qui sont les nôtres et plus largement de tout ce qui fait notre identité, sont des conditions indispensables à cette intégration qui, avec le temps, débouche sur une assimilation réussie, que j'appelle de mes vœux.

Cette réussite dépend, bien entendu, de la volonté des migrants eux-mêmes, mais aussi de nous. Il est, en effet, de notre responsabilité de nous assurer que ces nouveaux arrivants seront bien en mesure de construire la vie qu'ils sont venus chercher dans notre pays.

Les difficultés sociales rencontrées par nombre de personnes immigrées ou issues de l'immigration témoignent malheureusement de ce que notre politique d'intégration n'est pas aussi réussie qu'on se plaît souvent à le dire.

Les exemples ne manquent pas: problèmes de réussite scolaire, risque supplémentaire de tomber dans la précarité socio-économique, sans parler du chômage qui frappe particulièrement les étrangers provenant de pays hors de l'Union européenne. Plus de 23 % d'entre eux ne trouvent pas d'emploi.

La France est un pays ouvert, mais elle n'a pas vocation à accueillir des étrangers pour en faire des chômeurs. A cet égard, je pense qu'il est urgent d'adapter notre politique en matière d'immigration du travail à la réalité économique et sociale de notre pays. Si ce dernier point me paraît essentiel pour définir la politique migratoire qui doit être la nôtre, je voudrais insister également sur un sentiment sans doute plus subjectif, mais tout aussi primordial à mes yeux : la fierté d'être français ou de vouloir le devenir. La France doit être fière de donner leur chance à ces nouveaux venus et ceux-ci doivent être fiers d'être accueillis sur le territoire français.

Cela ne signifie pas que l'on demande à ces personnes de renoncer à leur culture, à leur passé, à leurs souvenirs, ni à l'attachement qu'ils ont pour leur pays d'origine. Mais cela implique d'adopter notre façon de vivre et nos valeurs cardinales.

Je parle d'intégration pour ceux qui ne projettent pas de rester en France, pour ceux qui gardent enfoui en eux-mêmes le rêve de retourner, un jour, sur la terre de leurs ancêtres. Je parle d'assimilation pour les autres, pour ceux qui arrivent dans notre pays avec la volonté de s'y établir durablement, d'y voir grandir leurs enfants, leurs petits-enfants.

S'assimiler, c'est aller plus loin, c'est épouser notre culture, c'est participer pleinement aux formes essentielles de la vie sociale et culturelle française. C'est se fondre dans un destin collectif. L'assimilation n'est pas la négation de la différence. Elle est simplement l'invitation à se sentir bien dans notre nation.

J'ai bien conscience qu'en faisant part de ces réflexions, j'exprime un vrai choix politique, puisque c'est un choix de société. C'est le choix de la France que nous voulons pour demain.
Et cette France de demain, je ne peux l'imaginer que comme un lieu d'harmonie entre tous ceux qui y vivent, un lieu débarrassé des crispations et des inquiétudes qu'entraîne immanquablement une immigration non maîtrisée.

Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration

Jean Baubérot: «La laïcité de l'UMP, c'est une France discriminatoire» ENTRETIEN Jean Baubérot est professeur émérite de la chaire Histoire et sociologie de la laïcité à l'Ecole pratique des hautes études, et auteur de nombreux ouvrages dont Laïcités

Jean Baubérot: «La laïcité de l'UMP, c'est une France discriminatoire»

Entretien

 

Jean Baubérot est professeur émérite de la chaire Histoire et sociologie de la laïcité à l'Ecole pratique des hautes études, et auteur de nombreux ouvrages dont Laïcités sans frontières, cosigné par Micheline Milot (Seuil, janvier 2011), et deux «Que sais-je?» (Histoire de la laïcité en France et Les Laïcités dans le monde). Souvent présenté comme un partisan d'une «laïcité ouverte», il réfute cette expression et défend une laïcité assurant à la fois la neutralité de l'Etat et la liberté de conscience en démocratie. Entretien.

Comment réagissez-vous à la résolution sur la laïcité que doit présenter mardi l'UMP à l'Assemblée nationale?

Elle incarne une laïcité répressive. Or la laïcité doit à la fois combattre et pacifier. Historiquement, à travers des tensions internes et des tâtonnements, c'est ce qu'elle est parvenue à faire. Elle a réussi à construire des équilibres subtils qui, bon an mal an, ont fait fonctionner la République.

La laïcité «Umpétisée», en attendant d'être complètement lepénisée, n'est plus cela: quand on lit attentivement cette résolution, on s'aperçoit qu'elle est essentiellement souplesse à l'égard du catholicisme et fermeté à l'égard de l'islam.

L'interdiction pour les mères voilées d'accompagner les sorties scolaires, des femmes voilées dans les crèches, même privées, ou dans les sociétés privées qui concourent au service public, voire l'idée d'un «encadrement» des tenues dites religieuses dans les entreprises, tout cela risque de rendre très difficile pour ces personnes l'accès au marché du travail. Or c'est historiquement un facteur d'autonomie pour les femmes. Il est donc paradoxal de prétendre le faire au nom de leur émancipation. Cela n'a de logique propre que si on veut façonner les femmes qu'on dénonce, pour qu'elles ressemblent à ce qu'on les accuse d'être.

Plus généralement, quelles traces, selon vous, a laissé le «débat» organisé par l'UMP début avril sur l'islam et la laïcité?

Jean-François Copé a ouvert le débat en affirmant qu'il enlevait ainsi un argument électoral à Marine Le Pen. Or cela a justement contribué à la mettre au centre du débat. Marine Le Pen devient même la championne de la laïcité dominante. Mais face à cela, la gauche ne sait pas trop quoi dire. Certains, s'ils ne sont pas d'accord avec le débat, sont d'accord avec son résultat, c'est-à-dire les propositions faites par l'UMP. D'autres sont sur une position plus ferme selon laquelle c'est l'Etat qui doit être laïque, et pas une pseudo-laïcité imposée aux citoyens.

Or, depuis la création du Pacs, il n'y a plus d'avancée quant à l'Etat laïque: sur la bioéthique et l'euthanasie, la France est très timide. Pourtant, il s'agit là de séparer la loi de l'Etat et des morales religieuses.

Il faut donc reconstruire un discours offensif et dynamique de la gauche à opposer à la droite en terme de laïcité. Quel paradoxe quand on songe que, jusqu'aux années 1980, la laïcité était un des marqueurs de l'identité de gauche! Maintenant elle devient le marqueur d'une identité de droite et d'extrême droite. Ce sera un des enjeux majeurs de la campagne électorale

 

Comment s'est opéré ce glissement de la notion de laïcité, de la gauche vers la droite?

Il y a eu une stratégie entamée en 2003 à la suite du 11 Septembre et de la victoire de Jacques Chirac face au Front national en 2002, avec le rapport de François Baroin en 2003. Son rapport intitulé «Pour une nouvelle laïcité»montre bien qu'il s'agit d'autre chose que de la laïcité historique, pour en faire une valeur de droite, sur le registre culturel et identitaire, et se démarquer des revendications identitaires qui seraient le fait des musulmans.

Au début des années 1980, la droite dure se manifestait plutôt par des polémiques contre les immigrés avec la thématique de l'envahissement, comme le montre une couverture du Figaro Magazine en 1985 avec pour question «Serons-nous encore français dans 30 ans?» (voir ci-contre) et pour illustration une Marianne portant un foulard. Plusieurs événements ont ensuite fait qu'il est apparu plus honorable de dénoncer un certain islam que les immigrés.

L'année 1989 est à ce titre cruciale: avec la première affaire du foulard, c'est le départ d'une laïcité de droite affirmée et l'année d'un clivage au sein de la gauche. Avec deux événements internationaux pour cadre: la fatwa de l'imam Khomenei contre Salman Rushdie qui a conduit à une peur de l'islam politique, et la chute du mur de Berlin. Avec la fin de l'antagonisme Est-Ouest, l'antagonisme par rapport à l'islam politique est devenu d'autant plus fort. C'est là qu'intervient en France la publication de deux manifestes, l'un dans Le Nouvel Observateur, l'autre dans Politis, avec, à chaque fois, des intellectuels de gauche défendant deux conceptions opposées de la laïcité, notamment à l'école.

C'est ensuite la guerre civile en Algérie dans les années 1990 qui repolitise le foulard. Avec le 11 Septembre, enfin, l'islam devient la représentation de l'immigration dangereuse. Et c'est là que Baroin a entamé le programme laïque de droite. Il avait une grande culture en la matière – son père était un des dirigeants du Grand Orient de France – et il avait compris qu'il n'y avait plus de dissensus entre la laïcité et l'électorat catholique de la droite, notamment après Vatican II.

Depuis, la droite a encore franchi un cap avec Nicolas Sarkozy, et sa revendication identitaire d'une France tournée vers ses «racines chrétiennes» et son refus d'accommodements envers l'islam. C'est cet usage de la laïcité qui est aujourd'hui dominant. Une laïcité transversale avec laquelle la droite est plus à l'aise que la gauche, car elle aboutit finalement à un discours anti-immigrés.

On semble ici bien loin de l'esprit des lois de 1905 dont l'UMP se revendique pourtant souvent. Qu'en est-il selon vous?

Ce n'est pas la laïcité de 1905, c'est une laïcité de religion civile, à la Rousseau. Au début du XXe siècle, deux visions se sont affrontées, avec la «laïcité intégrale» incarnée par Emile Combes, qui voyait les congréganistes comme l'UMP voit aujourd'hui les femmes portant le foulard, donc comme une menace pour la République, et ceux qui ont mis le holà. Clemenceau en 1903 tient un discours dans lequel il s'oppose à l'Etat laïque s'il signifie un Etat tout-puissant. Au moment de la loi de séparation, la gauche socialiste, avec Jaurès et Briand, écoute le centre-droit et intègre une partie de ses demandes.

Ceux qui se réclament de la loi de 1905 ne connaissent bien souvent pas son contenu: le texte rend en fait le plus facile possible la continuation de la religion en situation de séparation. La loi commence par la liberté de conscience: la neutralité de l'Etat est posée par rapport au contenu de la religion – ses doctrines –, mais l'Etat garantit le libre exercice de la religion et la liberté de conscience.

Les gens réduisent la loi de séparation à une partie de l'article 2 qui dit que l'Etat ne finance pas les cultes. Mais même l'article 2 est tout de suite suivi d'une exception, pour les aumôneries dans des lieux fermés (internats, hôpitaux, prisons, armée)! Et pourquoi une telle décision? Parce que, pour garantir la liberté de conscience, il faut parfois aller jusqu'à payer avec l'argent public...

Il y a aussi eu à l'époque un débat sur le port de la soutane. Certains estimaient qu'il fallait l'interdire, parce qu'elle était plus politique que religieuse et que, dans certains pays, les prêtres ne la portaient pas. Soit exactement les mêmes débats qu'aujourd'hui sur le voile! A l'époque, c'est Aristide Briand qui avait expliqué que la séparation des Églises et de l'Etat faisait que n'importe qui pouvait se promener en soutane et que la République ne garantissait plus aux curés le monopole de la soutane. C'est ça la laïcité!

La loi de 1905 libéralise aussi les processions religieuses. Comment peut-on dire aujourd'hui que ce texte interdit les prières de rue? On marche sur la tête. Le terme laïcité devient un terme magique qui permet aux gens de dire n'importe quoi. 

Vous avez signé l'appel contre le «débat» de l'UMP publié dans Le Nouvel Observateur et Respect Magazine. Appel signé par Martine Aubry avant qu'elle ne se dédise en raison de la présence de Tariq Ramadan parmi les signataires. Comment réagissez-vous à cette décision?

Comment voulez-vous que la gauche s'en sorte si on est dans des débats comme cela? On signe un texte pour les idées qu'il exprime. A mon sens, cela n'est d'ailleurs nullement révélateur de la position de Martine Aubry elle-même, mais de certains rapports de force internes au sein de la gauche en général et du PS en particulier. Mais si le PS ne vote pas la résolution de l'UMP, cela constituerait une bonne nouvelle.

Par ailleurs, historiquement, il ne faut pas oublier qu'il y a eu une gauche antisémite, au nom de la lutte contre le capitalisme. Il peut aussi y avoir une gauche islamophobe par défense de valeurs libertaires, avec des glissements assez analogues avec ceux qui parlaient de capitalisme juif... On le voit par exemple avec les débats qui traversent les féministes. On est aujourd'hui beaucoup plus féministe radicale quand il s'agit de l'islam. On voit aussi que le soutien au printemps arabe est assez mou.

Puisque laïcité et immigration sont étroitement liées dans l'acception dominante, la gauche ne s'en sortira pas sans répéter que l'immigration est une chance pour la France. Car la reconstitution historique de Sarkozy est imaginaire et idyllique: il fait comme s'il n'y avait jamais eu persécution ou conflit politico-religieux sous la chrétienté. Autrement dit, comme si tout allait bien tant que l'islam n'était pas là. Finalement, on demande aux musulmans de s'intégrer à un patrimoine imaginaire, où ils ne peuvent donc être qu'en déficit permanent de laïcité, et où les autres religions l'ont, par définition, dans le sang. Y compris les Alsaciens-Mosellans qui vivent sous le concordat, et sont la seule région sous le contrôle de l'UMP!

Mais, comme le prétendent la droite, l'extrême droite et une partie de la gauche, l'islam pose-t-il un problème spécifique à la laïcité?

Bien sûr, les comportements de certains musulmans, comme de certains juifs orthodoxes par exemple, peuvent poser problème. Je ne l'ai jamais nié. Mais je pose deux questions qui me semblent essentielles. La première est la hiérarchie faite entre les problèmes qui traversent la société. Par exemple, sur les horaires des piscines: on peut avoir un débat mais désislamisons-le. Parce que les horaires non mixtes conviennent aussi aux juives orthodoxes et à des individualités. Et est-ce vraiment quelque chose de si énorme que la République soit en jeu? Est-ce plus important que le différentiel de salaire entre les femmes et les hommes? Cette hiérarchisation crée un climat malsain.

Je m'interroge aussi sur la façon dont on met en cause des musulmans, ou, par ailleurs, les jeunes des cités, et pas d'autres personnes. 


Vous avez signé l'appel contre le «débat» de l'UMP publié dans Le Nouvel Observateur et Respect Magazine. Appel signé par Martine Aubry avant qu'elle ne se dédise en raison de la présence de Tariq Ramadan parmi les signataires. Comment réagissez-vous à cette décision?

Comment voulez-vous que la gauche s'en sorte si on est dans des débats comme cela? On signe un texte pour les idées qu'il exprime. A mon sens, cela n'est d'ailleurs nullement révélateur de la position de Martine Aubry elle-même, mais de certains rapports de force internes au sein de la gauche en général et du PS en particulier. Mais si le PS ne vote pas la résolution de l'UMP, cela constituerait une bonne nouvelle.

Par ailleurs, historiquement, il ne faut pas oublier qu'il y a eu une gauche antisémite, au nom de la lutte contre le capitalisme. Il peut aussi y avoir une gauche islamophobe par défense de valeurs libertaires, avec des glissements assez analogues avec ceux qui parlaient de capitalisme juif... On le voit par exemple avec les débats qui traversent les féministes. On est aujourd'hui beaucoup plus féministe radicale quand il s'agit de l'islam. On voit aussi que le soutien au printemps arabe est assez mou.

Puisque laïcité et immigration sont étroitement liées dans l'acception dominante, la gauche ne s'en sortira pas sans répéter que l'immigration est une chance pour la France. Car la reconstitution historique de Sarkozy est imaginaire et idyllique: il fait comme s'il n'y avait jamais eu persécution ou conflit politico-religieux sous la chrétienté. Autrement dit, comme si tout allait bien tant que l'islam n'était pas là. Finalement, on demande aux musulmans de s'intégrer à un patrimoine imaginaire, où ils ne peuvent donc être qu'en déficit permanent de laïcité, et où les autres religions l'ont, par définition, dans le sang. Y compris les Alsaciens-Mosellans qui vivent sous le concordat, et sont la seule région sous le contrôle de l'UMP!

Mais, comme le prétendent la droite, l'extrême droite et une partie de la gauche, l'islam pose-t-il un problème spécifique à la laïcité?

Bien sûr, les comportements de certains musulmans, comme de certains juifs orthodoxes par exemple, peuvent poser problème. Je ne l'ai jamais nié. Mais je pose deux questions qui me semblent essentielles. La première est la hiérarchie faite entre les problèmes qui traversent la société. Par exemple, sur les horaires des piscines: on peut avoir un débat mais désislamisons-le. Parce que les horaires non mixtes conviennent aussi aux juives orthodoxes et à des individualités. Et est-ce vraiment quelque chose de si énorme que la République soit en jeu? Est-ce plus important que le différentiel de salaire entre les femmes et les hommes? Cette hiérarchisation crée un climat malsain.

Je m'interroge aussi sur la façon dont on met en cause des musulmans, ou, par ailleurs, les jeunes des cités, et pas d'autres personnes. La ministre Chantal Jouanno vient de déclarer qu'elle «ne peut porter une jupe dans l'hémicycle sans entendre des propos salaces» et la députée PS Sandrine Mazetier confirme qu'il règne chez les députés «une forme d'infantilisation des femmes (qu'elle) n'avait jamais rencontrée auparavant». La discrimination n'est-elle pas manifeste? Le deux poids, deux mesures, systématique n'est pas supportable.

Et n'est-ce pas une sinistre plaisanterie que ces mêmes députés se gargarisent de la «dignité de la femme» et de «l'égalité des sexes» quand il est question de l'islam. En fait, la droite, quand elle propose des lois ou des mesures qui visent l'islam, n'a que faire de la laïcité ou de l'égalité femme-homme. Elle les instrumentalise totalement. Et la gauche doit être beaucoup plus rigoureuse et exigeante sur ces questions.

dimanche 29 mai 2011

LES "NIKTAMÈRE" ET LES NÉO-CONS

LES "NIKTAMÈRE" ET LES NÉO-CONS (')

dimanche 4 décembre 2005, par Gaëlle Sartre-Doublet Jean Christophe Grellety

Ce qui va suivre paraît impossible, impensable. Nous ne nous vautrerons pas, comme tant d'autres, dans la folle usurpation de mots dévoyés, galvaudés. 
Nous ne vous balancerons pas les clichés éternels de ce que nous souhaiterions tous oublier : le colonialisme, le vichysme, la violence des banlieues et la rupture du contrat social - absolue, définitive - ni la trahison du pacte républicain tel qu'il se propose, tel qu'il est désormais à réinventer. 
Sans doute faudrait-il prendre à leur juste mesure les discours de haine, d'où qu'ils viennent... 
Mai 2007 : démocrates de ce pays - blacks, blancs, beurs, asiatiques, indiens... - dont l'origine nous indiffère si nos principes demeurent communs : votons ! 
Rejoignons-nous ensemble pour défendre nos valeurs, nos villes, nos quartiers. La politique n'est pas une fatalité. Inscrivons-nous sur les listes électorales, changeons le cours des choses : nous pouvons tous le faire. 
A nous revient l'enjeu de démontrer notre responsabilité. 
La République est le résultat d'une lutte que nos aînés ont menée, au prix de leur sang. Elle est aujourd'hui pour nous tous un fief à défendre : un droit, mais aussi un devoir qui nous incombe...


Le texte qui va suivre circule non seulement sur Internet (2 pages dans Google) de manière plus ou moins éphémère [1] mais également en version papier dans certaines entreprises, où nous l'avons découvert. 
Difficile de retrouver l'auteur sur la toile : "Les serveurs sont souvent à l'étranger et posent un vrai problème juridique", explique Martial, membre de SOS Racisme interrogé par Vox Populi. 
Nous avons décidé de reproduire ce texte (en gras) et de nous adresser (en clair) à ceux qui le véhiculent sous le manteau - voire dans des newsgroups d'humour tant ils se croient drôles - pour leur rappeler quelques évidences.

LE NIKTAMÈRE

GÉNÉRALITÉS 

Le NIKTAMÈRE est un animal en voie de disparition dans son pays d'origine
 

JCG : Etant donné celles et ceux qui sont désignés par cette expression, l'individu mentionné n'est pas en voie de disparition parce que l'accroissement de la population mondiale est un fait COMMUN (62 millions de Français et non plus 40...) 
Par ailleurs, rappelons que les femmes françaises ont un taux de féconditéparmi les plus élevés en Europe, après l'Irlande et l'Islande. L'anonyme-qui-se-cache-derrière-ce-texte est donc un enfant de, qui n'est pas en voie de disparition - faut-il le regretter ? 

GSD : De surcroît, si le "Niktamère" désigne une jeunesse de banlieue issue de l'immigration nord-africaine et africaine deuxième génération, le "pays d'origine" de ceux qui la composent est la France, puisqu'ils sont majoritairement nés en France. On notera également la référence à "l'animalité" supposée de ces derniers, qui persistera tout au long de ces lignes et n'est pas sans rappeler certains tracts des années 30 relatifs aux juifs. 

Il se reproduit à la vitesse de la lumière en milieu urbain et particulièrement dans les grandes villes, (Paris, Lyon, Marseille, Lille etc..) 

JCG : Etant donné ce que nous savons sur l'extraordinaire vitesse de la lumière, une "reproduction" biologique ou mimétique qui se produirait à cette vitesse-là créérait des millions d'êtres en quelques minutes. Cette phrase dénote surtout la peur de celui qui se trouve - face à un nombre d'individus qu'il suppose si croissant - "submergé". C'est bien évidemment un fantasme, idiot... 

GSD : On peut également noter que l'auteur de ce texte reconnaît lui-même que les individus qu'il désigne sont le fruit de concentrations urbaines. Devons-nous en toute logique en déduire qu'il dénonce ainsi les politiques de la ville menées depuis 30 ans ? 

En général ils se regroupent dans des réserves naturelles (banlieues, zones sensibles toujours avec un distributeur de billets gratuits à proximité (la C.A.F.) autrement dit la "caisse à fric". 

JCG : L'expression laisse entendre que celles et ceux qui se "regroupent" le font volontairement. Or, nous savons qu'appelés par les promesses et les mirages de notre "niveau de vie", appelés également par des groupes économiques qui entendent bien profiter d'eux, ils n'ont pas d'autre choix que la "ghettoïsation", conséquence de réalités économiques (capacité à payer un loyer par exemple). 
Concernant la Caisse d'Allocations Familiales, elle représente un certain nombre de droits liés à la volonté étatique de promouvoir la famille - "faites des enfants". La France a besoin de main d'oeuvre disent en choeur des politiques (souvent de droite) et notamment des hommes politiques catholiques (la famille, principe sacré pour l'Eglise). Qu'est-ce que touche une famille moyenne de la part de la CAF ? Et une famille avec trois ou cinq enfants ? Un calcul montrerait que la somme annuelle perçue par ces familles est loin d'être exhorbitante. Mais cette "critique économique" revient à moquer et à rejeter les "revenus de l'assistance", comme si ceux-ci apportaient des gains extraordinaires. 

GSD : A propos de la légende selon laquelle les allocations familiales permettraient de mener grand train aux frais des salariés, on peut légitimement supposer que si tel était le cas, ces familles déménageraient dans l'heure pour un petit pavillon avec jardin. Or, il semble que nous n'ayons pas encore assisté à des mouvements migratoires massifs de la plaine Saint-Denis vers Neuilly. 

MODE DE VIE 

Le NIKTAMÈRE ne sort que la nuit (pour les sujets les plus jeunes) et se déplace généralement par petits troupeaux de 5 ou 6 spécimens appelés aussi "branleurs". 

JCG : Celui qui dénonce le "niktamère" ne sort, lui, que le jour, car dès que la nuit vient, il a peur des loups et des loups-garous ! 
"Ils se déplacent en petits troupeaux". J'ai souvent vu des non-Niktamère se déplacer en bandes sans que personne ne trouve rien à y redire. Il y a certes "bande" et "bande" : lorsque le faire-groupe a pour objet de faire peur ou de voler, il faut parler d'agressions ou de délinquance, pas de "bande". Mais combien de jeunes qui se retrouvent en bandes sont effectivement des voleurs ? Tous ? No comment sur cette fine analyse de la situation... 

GSD : Sur 4 millions de jeunes vivant en banlieues, 5000 sont descendus tout casser dans les rues. Compte tenu du taux d'échec scolaire, du chômage, des difficultés sociales et des conditions d'habitat de ces zones, c'est peu. 

Le NIKTAMÈRE isolé est un animal peureux et craintif 

JCG : Le non-Niktamère - je désigne ici l'auteur de ces lignes comme tous les crânes rasés, adeptes de théories fascisantes ou nazillonnes - est de cet acabit-là ! 

GSD : Il faut certes un grand courage pour ne pas assumer un texte comme celui-ci sous couvert d'anonymat et le faire circuler sous le manteau. 

Il fuit devant tout être humain de bonne constitution 

JCG : L'auteur de ces phrases ridicules connaît-il les personnes dont il parle ? Pour avoir été prof en banlieue, j'en doute... 

GSD : Voilà qu'à présent l'auteur de ces lignes s'en prend à la "constitution" de ceux qu'il désigne. Constitution physique, on le suppose, qui serait donc inférieure à celle des autres "êtres humains". Après l'animalité, voici abordé le thème de la dégénérescence de l'espèce, dont la conséquence logique est la contamination d'êtres "sains" par d'autres qui ne le seraient pas. Ceux qui diffusent ce texte sur des newsgroups d'humour ont-ils simplement conscience que cette "bonne blague" reprend les thèses les plus racistes qui soient, telles qu'on peut les lire - sans exagération aucune - dans Mein Kampf d'Hitler à propos des juifs ? 

Toutefois il s'attaque aux femelles seules et aux personnes âgées, ainsi qu'aux enfants à la sortie des écoles. 

JCG : Rappelons que les phénomènes de viols et d'agressions sur des enfants, ou de rapts même, sont le fait d'individus de toutes origines, et que, en France, la grande majorité de ceux - et de celles - qui sont responsables et coupables de ces crimes et délits sont, majoritairement, des blancs... 

GSD : L'auteur de ces lignes stigmatise et agresse toute une partie de la population française en des termes sévérement réprimés par la loi et de la manière la plus lâche possible : ça, ce n'est pas un fantasme, c'est un fait. Quant au terme de "femelle", ici employé pour évoquer toutes les femmes, notre raciste anonyme dévoile assez sa haine de l'humanité : il souhaite un monde blanc et mâle... A son image. 

MOYENS DE TRANSPORT

Principalement en bus (sans ticket) 

JCG : Au prix du ticket, il y a de quoi les comprendre, quand la plupart du temps, on est obligé de vivre sans un sou en poche. 

GSD : Je suppose en effet que les banlieusards préfèreraient amplement rouler en taxi. 

Voiture volée 

JCG : Il faudrait des statistiques précises sur les voleurs de voiture et leur identité, sans oublier d'intégrer leur situation sociale, familiale, professionnelle... 

GSD : Nul doute que l'on s'apercevrait alors, ô surprise, qu'il existe un lien entre petite délinquance et pauvreté. Pour la grande délinquance en revanche, adressez-vous aux cols... blancs. 

Mobylette à petit guidon (plus facile pour conduire avec des menottes) 

JCG : Un véritable outil de luxe pour se déplacer ! Quant aux menottes, qui suggèrent que nous avons affaire à des délinquants, nous n'en sortirons pas : étudions la composition sociologique de la population carcérale et comparons-la aux délits incriminés. Quand on pense aux noms et aux identités de celles et ceux qui ont été mis en cause, ces dernières années, pour des phénomènes de corruption, de détournement de fonds, pour des sommes parfois astronomiques... 

GSD : Un autre comparatif serait passionnant. Il faudrait calculer le poids financier de la petite délinquance et du détournement des prestations sociales et le mettre en rapport avec les détournements d'argent public comme celui des entreprises privées. 

Fourgon de police avec escorte (celui-ci en dernier recours) 

GSD : Dommage que les Chirac (par exemple) n'en bénéficient pas (encore ?) 

IDENTIFICATION

Le NIKTAMÈRE est très facilement reconnaissable

"Très bon sprinter." 

JCG : J'ai lu dans une revue savante que la caractéristique la plus déterminante de l'humanité en tant qu'espèce vivante et animale fut sans doute sa capacité à courir vite et surtout longtemps, et que cela nous rapprochait très étroitement des charognards, dont, il faut le rappeler, la définition tient dans le mode de vie alimentaire, une alimentation carnée sur des cadavres. 
Curieux rapprochement, alors que tant d'individus vivent et prospèrent aujourd'hui sur la mise-à-mort des autres. Ainsi en est-il d'un certain ministre qui se précipite, dès qu'une victime est repérée, pour faire part de sa "compassion" et affirmer que "tout sera fait". Un ministre qui court bien plus vite que n'importe qui en France (cf. l'enquête d'Auto Plus) [2

Très bon magicien (des objets divers sautent dans leurs poches lorsqu'ils passent dans certains rayons de magasin, ceci sans qu'eux-mêmes en soient conscients. D'où leur surprise lorsqu'ils se font attraper ! "j'ai rien fait, m'sieur". 

JCG : C'est vrai que les talents magiques ne sont pas de petite valeur dans la vie ! Maintenant, faire du vol le coeur et l'essence de la magie reste discutable... 
Et que dire de cette supposée magie en regard de ceux qui, sans travailler, réussissent à voir leurs comptes bancaires grossir dans des proportions là encore astronomiques ? C'est pas magique, peut-être, "l'ultra-libéralisme" ?

GSD : Tellement ridicule que je me suis contentée de corriger les fautes de notre brillantissime anonyme... 

Les vêtements sont usés aux coudes et au postérieur, c'est-à-dire aux endroits où le NIKTAMERE s'appuie habituellement. 

JCG : Comme tout le monde ; sauf pour ceux qui peuvent changer d'habit toutes les quatre heures... 

GSD : J'y vois peut-être une lueur d'espoir. Notre raciste anonyme se résoudrait-il à voir le bien fondé des prestations sociales, qu'il faudrait augmenter pour que les plus démunis puissent changer de garde-robe, afin de ne pas lui altérer la vue ? 

Sa tanière est facile à trouver : il suffit de suivre les boites de DVD , les pièces détachées des mobs ou voiture (selon l'âge). 

JCG : C'est sûr qu'ils sont un certain nombre en France à ne pas pouvoir travailler dans telle ou telle grande entreprise parce qu'ils ne sont pas des fils de ! 
Alors, la débrouille n'est qu'un autre mot pour désigner la survie à l'oeuvre... 

GSD : Généralisation abusive, toujours, et retour à "l'animalité" désignée ici par le terme de "tanière". 

Ses cris sont « Nique ta mère », « Nique la police », « Nique ton oncle, ta mère la pute » et autres cris incitant à la violence (attention : les taper = puni par la loi !!!) 

JCG : Choquer - et mettre le doigt là où cela fait mal, à savoir l'INCESTE SOCIAL, cette formule est très habile, très subtile malgré sa grossièreté... 

GSD : Notre raciste anonyme, de toute évidence, voudrait un retour à la loi de la jungle, où "taper" l'autre ne serait pas "puni par la loi". Nous l'encourageons vivement à se trouver une carrière de boxeur (encore que même dans ce sport, il y a des règles) ou de participer à une guerre civile quelque part dans le monde. Il est probable qu'une telle expérience lui remettrait les idées en place sur la notion d'Etat de droit. 

Espèce encore protégée par l'Etat, il est donc inutile pour le moment de les chasser (encore trop facile à attraper !) 

JCG : Ce qu'il y a de bien avec ce genre de textes, c'est que son auteur ou leurs auteurs ne peuvent s'empêcher d'avouer leurs penchants secrets. En l'occurence, leur rêve est on ne peut plus explicite : organiser une chasse à l'homme ! Et si le chasseur devenait le chassé ? 

GSD : Nous allons nous y employer. Vox Populi a décidé de transmettre ce texte à SOS racisme, mais aussi aux services de police qui s'attaquent à la délinquance sur internet, comme à toutes les organisations qui auront envie d'agir à la lecture de ces lignes. Prévoyants, nous avons fait des copies d'écran de tous les sites qui, hier au soir, se faisaient encore le relais de cet infâme torchon. Nous continuerons dans les jours à venir, pour lutter contre la volatilité de leurs auteurs et/ou relais. 

Il faut donc encore laisser l'espèce évoluer quelques années. 

JCG : Malgré leurs vélléités d'en découdre, ce sont en fait des couards - et en un sens, heureusement. C'est aussi pour cela qu'ils se réfugient dans le registre métaphorico-politique. Ils se condamnent eux-mêmes à l'impuissance, politique, sociale, personnelle, parce que leurs "idées" générales les conduisent au néant... 
Je les plains, cela doit faire si mal une telle haine bilieuse... 

GSD : Moi, je ne les plains pas, pas plus que je ne plains les délateurs, les corbeaux ni les incendiaires. 
Par contre, contrairement à eux, je les considère encore comme des êtres humains, doués de raison et responsables de leurs actes. Des horreurs semblables circulent - parait-il - régulièrement, non seulement sur internet, mais également dans certaines entreprises (en particulier, comme par hasard, celles du bâtiment). Nous avons eu la "chance" de tomber sur l'une d'entre elles. Nous transmettrons toutes celles que nous découvrirons à l'avenir aux autorités compétentes.

A lire ou à écouter également : 

Quand les "intellectuels" ouvrent les vannes 

- Quand la musique de rue a autre chose à dire que "nique ta mère" (saluons leur courage sur un JT)