vendredi 25 octobre 2013

7 Français sur 10 favorables à une remise en cause du droit du sol 26.10.2013 à 04:15 | Le Monde.fr


Jean-François Copé, président de l'UMP, lors d'un meeting au Touquet-Paris-Plage, le 8 septembre. AFP/PHILIPPE HUGUEN

Selon un sondage BVA pour l'émission CQFD sur iTélé et Le Parisien, 72 % des Français approuvent l'idée de Jean-François Copé, de réformer le droit du sol pour empêcher l'acquisition automatique de la nationalité, à leur majorité, pour les enfants nés en France de parents étrangers,relate Le Parisien samedi 26 octobre.

>> Lire : "Droit du sol : l'UMP s'invite sur le terrain du FN"

La question posée par le sondage ne précisait pas que cette idée émanait du patron de l'UMP. "Du coup, le résultat est d'autant plus intéressant puisqu'il fait apparaître que les sympathisants de gauche sont tout de même 47 % à être favorables à une telle réforme", commente, dans Le Parisien, Céline Bracq, de BVA Opinion. Même surprise chez les sympatisants écolos, à 43 % favorables à cette idée.

Pour plus de trois quart des personnes interrogées (et 56 % des sympatisants de droite), cette proposition relève toutefois du calcul électoraliste, visant à attirer des voix avant les élections municipales et européennes l'année prochaine.

La proposition de Jean-François Copé n'a pas fait l'unanimité dans les rangs de l'UMP, certains, comme Patrick Devedjian ou Henri Guaino, refusant de s'attaquer au principe ancré en France du droit du sol.

Dérapage de Patrick Mennucci, qui qualifie Samia Ghali d'"Arabe" en séance 25.10.2013 à 19:18 | Le Monde.fr


Samia Ghali et Patrick Mennucci, dimanche 20 octobre, à l'issue de la primaire socialiste, à Marseille. AP/CLAUDE PARIS

La dernière petite phrase de Patrick Mennucci, vainqueur de la primaire socialiste à Marseille, a beaucoup fait parler d'elle dans les sphères politiques marseillaises. Mardi 22 octobre, deux jours aprèssa victoire face à Samia Ghali, M. Mennucci avait été accueilli ironiquement par les députés UMP de l'Assemblée nationale aux cris de "Samia, Samia". Il était à ce moment-là resté stoïque.

Par contre, vendredi 25 octobre, lors d'une séance de l'assemblée de la communauté urbaine de Marseille, il a demandé à Bruno Gilles, le sénateur-maire UMP des 4e et 5e arrondissements, de l'applaudir pour sa victoire. Ce dernier a préféré le titiller en répondant : "Nous allons plutôt scander 'Samia, Samia'"raconte Marsactu.

Resté impassible mardi dans l'Hémicycle, le désormais candidat socialiste à la mairie de Marseille a alors répondu à la boutade de M. Gilles : "Ça sera bien la première fois que tu seras gentil avec une Arabe."

SANS COMMENTAIRE

Le groupe de droite a alors exigé une suspension de séance et "pris la décision de ne pas siéger suite à ces propos racistes", a déclaré M. Gilles, qui a annoncé le dépôt d'une plainte pour "diffamation et injure publique". Il a également précisé qu'il allait "écrire aux instances du Parti socialiste pour demander l'exclusion de M. Mennucci, malgré ses excuses".

Marsactu raconte que "les élus de droite ont convoqué la presse pour tomber à bras raccourcis sur le candidat socialiste aux municipales". Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire Jean-Claude Gaudin, remue le couteau dans la plaie, en déclarant (toujours citée par Marsactu) : "Ce n'est pas possible qu'un tel personnage soit un jour maire de Marseille."

M. Gaudin a, lui, préféré réagir sur les réseaux sociaux, estimant qu'il était "infiniment choquant de voir le candidat PS tenir des propos racistes".

M. Mennucci a quant à lui donné sa version dans un communiqué cité par La Provence :

"C'est une phrase inappropriée parce qu'elle qualifie la personne de Samia Ghali selon son origine, mais elle est prononcée à l'égard d'une personne, Bruno Gilles, et d'un parti dont j'ai la conviction de la xénophobie, notamment d'une alliance passée avec le Front national et de son appartenance à l'extrême droite dans sa jeunesse."

"C'est parce que la droite marseillaise utilise le mot 'arabe' comme une insulte qu'elle créé cette polémique", a-t-il également précisé sur Twitter, fustigeant"l'instrumentalisation des résultats de la primaire citoyenne et de ses suites par la droite locale".

Présente lors de la séance, Samia Ghali a quant à elle quitté l'hémicycle sans faire de commentaire. Marsactu a mis en ligne l'explication de Patrick Mennucci lors de cette assemblée de la communauté urbaine de Marseille :

Durée : 03:09 | Images : 

>> Lire le portrait : "Patrick Mennucci, 100 kg et fort en gueule"

lundi 14 octobre 2013

Primaire PS à Marseille : éliminée, Carlotti dénonce "le clientélisme" 14.10.2013 à 08:47 | Le Monde.fr avec AFP


La sénatrice Samia Ghali et le député Patrick Mennucci seront au second tour de la primaire socialiste. "Merci d'y avoir cru", a lancé Mme Ghali à ses soutiens, tout en saluant les autres candidats. "Je veux être la maire de Marseille, je veux tuer le désespoir de cette ville", a-t-elle dit avant les résultats officiels qui conforteront sa qualification.

Dans sa déclaration faite depuis un bar à chicha du Vieux-Port, que son équipe avait privatisé pour la soirée, Mme Ghali a félicité ses concurrents Christophe Masse et Eugène Caselli pour leur bon score. Elle a souhaité "bonne chance" à son adversaire du second tour Patrick Mennucci.

A Marie-Arlette Carlotti, "je voudrais dire que, même si elle n'a pas gagné, elle sera utile encore au gouvernement", a-t-elle ajouté."Qu'on soit du sud, de l'est ou du nord de la ville, on est tous des Marseillais, a-t-elle déclaré. Je veux être la maire de Marseille qui fera que le Nord et le Sud se réunissent (...), je veux des logements pour tous, que tous les enfants aillent à l'école républicaine et pas à l'école du ghetto et de l'apartheid."

>> Lire le portrait : "Samia Ghali, la 'Ségolène Royal de Marseille', bouscule la campagne PS"

"CLIENTÉLISME" ET "ORGANISATION PARAMILITAIRE"

La ministre Marie-Arlette Carlotti, candidate à la primaire, avait dénoncé plus tôt le clientélisme, selon elle à l'œuvre au cours de ce scrutin, évoquant une organisation "paramilitaire""Nous avons assisté au cours de cette journée à un fonctionnement à plein régime du clientélisme", a-t-elle déclaré à la presse devant son local de campagne.

Marie-Arlette Carlotti, le 2 mars. AFP/BORIS HORVAT

"Personne n'avait vu jusqu'à présent ce système fonctionner avec une telle puissance, un tel sentiment d'impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de minibus qui sillonnent la ville, des échanges d'argent, toute une organisation que j'ai envie de qualifier de 'paramilitaire'", a-t-elle dit.

"Les moyens déployés au cours de cette journée interrogent sur un contournement possible des règles de financement" de cette campagne des primaires, a-t-elle encore dit, demandant "à la Haute Autorité [des primaires, HAP] de recueillir dans les vingt-quatre heures les comptes de campagne des candidats, afin de constater dès cette semaine si les plafonds autorisés ont été ou non dépassés". Interrogée sur son intention de déposer d'ores et déjà un recours, elle a estimé que c'est "à la Haute Autorité de le faire".

A propos des échanges d'argent évoqués, le conseiller général PS et avocat Michel Pezet, soutien de Mme Carlotti, a ajouté qu'"il y a eu un échange d'argent dans au moins un bureau", qu'il n'a pas précisé. Selon lui, cet échange a été acté dans un procès-verbal d'un bureau du 15e arrondissement. Le secrétaire général de la HAP, René Stefanini, a indiqué dimanche soir que les procès-verbaux seraient examinés, relevant cependant que les déclarations d'un délégué d'un candidat ne sont "pas parole d'Evangile".

Dès dimanche après-midi, plusieurs recours se sont annoncés dans cette élection, des représentants de candidats dénonçant par exemple l'organisation de covoiturages ou de transports collectifs, notamment par la candidate Samia Ghali. Selon M. Stefanini, les recours seront examinés dès dimanche soir.

INCIDENTS DANS PLUSIEURS BUREAUX DE VOTE

Des incidents ont été relevés dans certains des 55 bureaux de vote de la ville, répartis dans 15 lieux et qui ont ouvert avec, pour certains,"quelques retards" par rapport à l'horaire prévu (9 heures), a indiqué le président de la HAP, Jean-Pierre Mignard.

Dans le 15e arrondissement, "des discordances de dates de naissance"sont apparues, qui concerneraient quelques dizaines d'électeurs. M. Fontanel assure qu'au "bénéfice du doute les personnes concernées n'ont pas voté". La liste comportait 5 000 erreurs "en raison d'un dysfonctionnement lié à l'imprimeur parisien", a précisé M. Stefanini. "Nous avons rapatrié la bonne liste et les électeurs ont pu revenir voter à partir de 16 heures", a-t-il ajouté. L'équipe de Samia Ghali, candidate et maire du secteur, a dit envisager un recours à ce sujet.

Plusieurs délégués de candidats ont fait part aux journalistes de problèmes. Ainsi le représentant de Christophe Masse, Pascal Chamassian, a-t-il signalé qu'un bureau de vote avait été oublié dans le 13e arrondissement et a dit vouloir "faire un recours" auprès de la HAP. Le représentant de Marie-Arlette Carlotti, Jean-Paul Giraud, a estimé qu'il y avait un problème technique d'organisation et un problème de vote individuel. Certains représentants de candidats ont en effet dénoncé l'organisation de covoiturages ou de transports collectifs. Directement visée, Mme Ghali s'en est défendue, affirmant que ces "covoiturages" n'avaient rien d'illégal.

"C'est moralement condamnable, mais pas juridiquement, sauf à prouver qu'il s'agit d'un achat de voix", a souligné René Stefanini, le secrétaire général de la Haute Autorité des primaires (HAP). D'autres problèmes ont été signalés et "des recours annoncés", a-t-il indiqué. Enfin, M. Fontanel a tenu à relativiser la portée de ces incidents, compte tenu qu'"il y a cinquante-quatre autres bureaux où les choses se passent normalement".

Brignoles : trois voix pour dire « Réveillez-vous ! » 14.10.2013 à 19:41 | Blog : Le 19 heures de Françoise Fressoz

(afp.com/Remy Gabalda)

Brignoles vaut-il qu'on sursaute, qu'on s'inquiète ou qu'on mette la tête dans le sable, comme les autruches ?

En clair, faut-il relativiser la victoire du candidat Front national au deuxième tour de la cantonale qui vient de se dérouler dans le Var, ou le prendre comme un sérieux avertissement à portée nationale ?

La question n'est pas évidente à trancher car de sérieux arguments existent pour défendre les deux thèses :

Pour relativiser : une cantonale n'a jamais fait le printemps. Le Front national est implanté de longue date à Brignoles, où il avait obtenu 50 % des suffrages à la cantonale de 2011. La gauche a souffert de ses divisions et, au second tour, la droite n'a pas donné une excessive publicité au front républicain, qu'elle condamne. Donc, la victoire de Laurent Lopez, le candidat du Front national, par près de 54 % des voix face à son adversaire UMP est pour ainsi dire logique.

Pour s'inquiéter : l'étude que vient de réaliser Jérôme Fourquet. Le directeur du département opinion publique à l'IFOP note que c'est la première fois depuis 2012 que le FN remporte une élection en duel. Il souligne qu'en une semaine, le FN a gagné 2 300 électeurs face à la droite, "soit la plus grosse progression entre les deux tours, et le nombre de voix le plus élevé jamais atteint dans ce canton".

Jérôme Fourquet calcule que Laurent Lopez a amélioré de 382 voix le score déjà élevé de Marine Le Pen à la présidentielle de 2012. Il constate aussi que le FN progresse en ratissant large : Laurent Lopez a sans doute trouvé des voix chez les abstentionnistes du premier tour car dans la commune de Tourves, les scores du FN progressent dans un contexte de forte hausse du nombre des votants.

Il en a trouvé aussi "vraisemblablement" chez les électeurs de gauche car c'est à Vins-sur- Caramy et à Tourves, deux communes de gauche, qu'il a enregistré ses plus fortes progressions (+ 15 et + 8 points).

"Tout se passe comme si le parti frontiste avait conservé ses soutiens dans l'électorat de droite, acquis lors d'un précédent duel face au PC, tout en captant désormais une frange de l'électorat de gauche dans le cadre d'un duel contre l'UMP", souligne Jérôme Fourquet.

Sa conclusion est sans ambiguïté : ce qui vient de se passer à Brignoles "est un événement d'importance qu'on aurait tort de banaliser" car "il laisse augurer une forte poussée frontiste lors des prochains rendez-vous électoraux".

Au PS, un homme partage cette analyse : Jean-Christophe Cambadélis. Le député de Paris est une figure historique de la lutte contre le FN. Il avait participé à la fondation de SOS racisme dans les années 1980. Ce matin sur Europe 1, il pousse un cri d'alarme. Il parle de "coup de semonce", décrit un FN "qui s'est mis au centre de la vie politique" et annonce que "le tripartisme est en marche". Le tripartisme PS, UMP, FN.

On voit bien tout ce que son affirmation peut avoir de gênant pour son parti, qui continue de jouer l'air de la diabolisation et du combat sur les valeurs. Cambadélis, lui, est passé à autre chose. Il ne considère plus Marine Le Pen comme en marge. Il la prend au mot : une politicienne en conquête dont il faut débusquer les contradictions pour tenter de faire éclater la baudruche.

François Hollande n'en est pas là. Plutôt que le combat frontal, le président de la République préfère invoquer "l'obligation de résultats" sur le front de la croissance et de l'emploi pour retrouver la confiance mais, dévitalisé par l'impopularité, il peine à convaincre ses troupes.

"Si on est là simplement pour dire 'On va améliorer la situation économique', et on en reste là, ça ne suffit pas", a réagi Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale.

Lui aussi est inquiet. Après Jean Christophe Cambadélis et Jérôme Fourquet, c'est la troisième voix de la journée qui s'élève pour dire aux autruches : "Attention, réveillez vous !"


Primaire à Marseille : "Que Carlotti dise ce qu'elle sait ou qu'elle se taise" 14.10.2013 à 18:22 | Le Monde.fr avec AFP

Battue, la ministre Marie-Arlette Carlotti s'en est pris à Samia Ghali, avant d'être recadrée par le gouvernement. Matignon assure "qu'elle a toute sa place au sein du gouvernement".AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

Au lendemain du premier tour des primaires socialistes à Marseille, le Parti socialiste a tenté de calmer le jeu, lundi 14 octobre, après les vifs échanges entre Samia Ghali, arrivée en tête du scrutin (25,25 %), et la ministre Marie-Arlette Carlotti, éliminée (19,52 % des voix).

Bruno Le Roux, chef de file du parti à l'Assemblée nationale, a apporté son soutien à la démarche de Samia Ghali, qui a loué des minibus afin de déposer des électeurs dans les bureaux de voted'arrondissements du nord de la ville. Une méthode condamnée par Mme Carlotti, accusant sa rivale de "clientélisme".

"Mettre en place des bus un dimanche pour faire en sorte que les électeurs puissent aller voter, cela me semble plutôt devoir être félicité que devoir être stigmatisé", a déclaré M. Le Roux. Interrogé sur la réaction de Mme Carlotti, il a répondu : "Qu'elle dise ce qu'elle sait et qu'elle le démontre ou qu'elle se taise. Je n'étais pas là bas, je ne vais pas dire si elle a tort ou si elle a raison."

CARLOTTI GARDE "TOUTE LA CONFIANCE" D'AYRAULT

David Assouline, porte-parole du PS, a pour sa part écarté toute démission de Mme Carlotti de son poste de ministre, alors que Mme Ghali avait mis en cause sa présence au gouvernement après sa défaite. "A sa place, peut-être [qu'elle] rendrai[t] [son] poste de ministre", avait déclaré la sénatrice, lundi, sur i-Télé.

Durée : 00:28 | Images : iTélé

La sénatrice Samia Ghali, arrivée en tête du premier tour des primaires PS à Marseille, s'est montrée virulente envers sa concurrente éliminée, Marie-Arlette Carlotti. Celle-ci accusait Ghali de clientélisme pour avoir loué des mini-bus afin de déposer des électeurs dans les bureaux de vote d'arrondissements du nord de la ville.

La sénatrice a répliqué sur i-Télé en se demandant si la ministre déléguée aux personnes handicapés et à la lutte contre l'exclusion "n'a pas été elle-même sanctionnée pour le travail qu'elle a fait en tant que ministre", avant d'évoquer une possible démission pour Carlotti.

"Ça ne fait absolument pas de doute" qu'elle doit rester au gouvernement, a déclaré M. Assouline. "Il ne faut pas mélanger les élections, il ne faut pas mélanger les sujets, et aujourd'hui bien entendu que cela ne se pose pas pour moi", a-t-il ajouté.

Jean-Marc Ayrault a, lui, réaffirmé, lundi, que Mme Carlotti avait"toute [sa] confiance" et qu'elle"reste au gouvernement""Nous avons utilisé la procédure des primaires, les Marseillais sont venus en nombre, il faut se rassembler, c'est à chacun d'y contribuer", a-t-il ajouté.

Selon des sources proches du PS, M. Ayrault a tout de même dû "recadrer" sa ministre après ses propos contre Samia Ghali. Le président de la République, en déplacement, aurait également fait part de son mécontentement de voir la ministre chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion éliminée dès le premier tour.

>> Lire aussi l'analyse (édition abonnés) : "Primaire PS à Marseille : être ministre n'aura pas suffi à Marie-Arlette Carlotti"

UNE MÉTHODE "MORALEMENT CONDAMNABLE, MAIS PAS JURIDIQUEMENT"

Mme Carlotti a par ailleurs demandé à la Haute Autorité des primaires (HAP) d'examiner "dans les vingt-quatre heures" les comptes de campagne des différents candidatsSamia Ghali a assuré, lundi matin, qu'aucun recours n'avait été déposé. René Stefanini, le secrétaire général de la HAP, a estimé que la méthode employée par Mme Ghali était"moralement condamnable, mais pas juridiquement, sauf à prouver qu'il s'agit d'un achat de voix".

Dimanche, des incidents ont été relevés dans certains des 55 bureaux de vote de la ville, répartis dans 15 lieux et qui ont ouvert avec, pour certains,"quelques retards" par rapport à l'horaire prévu selon le président de la HAP, Jean-Pierre Mignard. Dans le 15e arrondissement notamment, "des discordances de dates de naissance" sont apparues, qui concerneraient quelques dizaines d'électeurs.



vendredi 11 octobre 2013

La Marche des beurs veut entrer dans l'histoire de France 11.10.2013 à 11:50 | LE MONDE Sylvia Zappi

La marche pour l'égalité des droits et contre le racisme, le 15 octobre 1983, à Marseille. AFP/P. CIOT

C'est l'histoire d'une amnésie collective. De l'oubli d'un événement majeur qui a pourtant secoué toute la société française, lui mettant sous les yeux la présence de milliers de jeunes issus de l'immigration qui demandaient à être reconnus. Le 15 octobre 1983, une petite quarantaine de jeunes immigrés partaient de Marseille pour dire stop aux crimes racistes et réclamer l'égalité et la justice. Ils lançaient la Marche pour l'égalité et contre le racisme, appelée ensuite Marche des beurs.

Trente ans plus tard, une multitude d'initiatives s'apprêtent à commémorer cette marche. Tour à tour, des rencontres sont organisées dans toute la France durant un mois et demi, plusieurs livres sont publiés pour retracer cette épopée, et un film grand public, La Marche, de Nabil Ben Yadir, avec Olivier Gourmet et Djamel Debbouze, sort le 27 novembre dans 500 salles.

Pourtant, durant trente ans, cette irruption citoyenne sans précédent des jeunes issus de l'immigration semblait avoir sombré dans l'oubli. Au lendemain de la marche, c'est l'association SOS-Racisme qui avait habilement récupéré la mise médiatique et politique. Déçus par la gauche qui n'a pas su leur ouvrir ses portes, les acteurs principaux se sont tus, se repliant sur le local. Lors du dixième puis vingtième anniversaire de la marche, quelques initiatives avaient tenté de ranimer la flamme des Minguettes, mais sans succès.

LE "MAI 68 DES JEUNES IMMIGRÉS"

Selon un sondage de la Licra, réalisé par l'Institut Opinion Way (du 2 au 3 octobre auprès de 1 003 personnes), 19 % des Français – et seulement un quart des plus de 40 ans (23 %) – se rappellent de la marche de 1983. Ce qu'on a souvent appelé le "Mai 68 des jeunes immigrés" semble n'avoir pas marqué les mémoires. Beaucoup moins que les révoltes étudiantes de 1986. "Personne ne se rappelle de cette histoire parce c'est une histoire qui concerne les Arabes. Et nous, nous avons oublié de la raconter", veut croire Saïd Kebbouche, directeur d'Espace projet interassociatif à Vaulx-en-Velin et militant PS.

Cette amnésie illustre surtout le rapport ambigu et conflictuel entre la gauche et la jeunesse des banlieues. Le PS, méfiant à l'égard d'associations remuantes de jeunes des cités, a préféré soutenir ses alliés de SOS-Racisme, plus présentables quand le FN commençait à remporter ses premiers succès électoraux. Le PCF a longtemps regardé les marcheurs comme de jeunes utilisés par le PS pour "détourner" de la question sociale. Les querelles internes au milieu associatif issu de l'immigration, entre ceux qui cherchaient une reconnaissance auprès des élus et les plus radicaux, ont miné toute possibilité de résurgence politique de cette jeunesse des banlieues.

Ce fut pourtant, en 1983, un électrochoc dans la société. Pour la première fois, ces fils et filles d'immigrés dont on n'avait jamais imaginé qu'ils feraient souche sur le territoire, se mobilisaient. Leur marche, commencée dans l'indifférence, a résonné comme le cri d'une génération et suscité un consensus antiraciste sans précédent.

ÉVÉNEMENT FONDATEUR

Ils sont partis à une petite quarantaine de Marseille, ce 15 octobre 1983. Accompagnés par un curé et un pasteur, ils ont lancé leur initiative dans une indifférence polie. Sept semaines plus tard, le 3 décembre, rejoints par tout ce que la gauche compte d'organisations syndicales et antiracistes, ils sont accueillis par une manifestation monstre de 100 000 personnes à Paris et reçus par le président de la République.

Tous ses acteurs assurent que cette marche fut un événement fondateur. "Ça a été une reconnaissance incroyable", se souvient Yamina Benchenni, animatrice du Collectif du 1er juin à Marseille. "Ce fut soudain un signe de respect et le signal pour nous d'investir le monde associatif, syndical les milieux de l'entreprise", raconte Mogniss Abdallah, fondateur de l'agence Im'media. "Toute une génération sort de l'invisibilité et revendique sa place", renchérit le sociologue Saïd Bouamama.

C'est aujourd'hui cette visibilité dans l'histoire que revendiquent les héritiers de la marche. Un peu partout sur le territoire, des associations et collectifs se sont montés pour rappeler cet événement. Une effervescence qui se fait encore dans l'éparpillement mais qui témoigne d'une volonté de faire entendre cette voix des banlieues et des descendants d'immigrés.

INITIATIVES UN PEU PARTOUT SUR LE TERRITOIRE

Vendredi 11 octobre, le collectif AC LeFeu, soutenu par la Fondation Abbé Pierre, lance une "caravane de la mémoire" qui sillonnera les villes pour soutenir de nouvelles formes d'engagement dans les cités et pousser les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales afin de faire entendre leur voix. Le 15, ce sera au tour d'un Collectif national pour la célébration de la marche, regroupant une quarantaine d'associations, soutenu par plusieurs organisations de la gauche radicale et écologiste, d'annoncer une série de rencontres qui pourraient aboutir à une manifestation nationale le 7 décembre.

Le gouvernement ne sera pas en retrait. François Lamy, ministre de la ville, doit se rendre lundi 14 octobre à Vénissieux, ville où Toumi Djaidja a lancé, avec son association SOS Avenir Minguettes, l'idée de cette marche pacifique et revendicative. Quelque 450 000 euros ont été débloqués pour soutenir les initiatives un peu partout sur le territoire. "Je veux rendre hommage à un temps fort d'initiative citoyenne qui doit s'intégrer dans l'histoire de France", explique M. Lamy.

>> Lire le portrait (abonnés) :Toumi Djaidja, le leader qui a crevé l'écran puis s'est fait oublier

Dans l'entourage du président de la République, la question d'une intervention du chef de l'Etat a été évoquée. Rien n'est encore arrêté. Mais M. Lamy reconnaît qu'"il serait utile d'avoir une parole forte sur cet événement fondateur qui a réveillé la société française". Reste que l'attente des associations n'est pas seulement dans la commémoration mais aussi dans le rappel des situations de discriminations et de stigmatisation qui demeurent dans les quartiers populaires.