samedi 24 avril 2010

Halte à l’instrumentalisation politicienne du niqab et de l’insécurité

La lourde défaite de la droite aux élections régionales et l’approche de l’échéance présidentielle ont donné le signal de la montée en puissance des manœuvres politiciennes visant à récupérer l’électorat de droite revenu dans le giron du FN. Visite présidentielle en banlieue uniquement centrée sur le thème sécuritaire, décision de faire adopter, contre l’avis du Conseil d'Etat, une loi pour l’interdiction totale du voile intégral, porté par moins de 2000 femmes en France, excès de zèle des policiers qui verbalisent une femme pour conduite en niqab, montée au créneau du ministre de l’intérieur pour déchoir son mari de la nationalité française pour polygamie et fraude présumées, opérations coup de poings hautement médiatisées contre des réseaux de trafiquants de drogue. Tout est bon à prendre pour s’offrir une image de dureté sur le thème de la sécurité et de non complaisance vis à vis de l’Islam radical.
Pendant que l’on concentre les moyens et l’attention sur la politique spectacle, les vrais problèmes et les racines du mal demeurent : chômage des jeunes, discriminations, inadaptation de l’école aux réalités des quartiers pauvres, disparition de la police de proximité, délinquance et incivilités de tous ordres, etc.
Il est grand temps de substituer aux gesticulations politiciennes un travail de fond qui permettra à travers l’écoute et le dialogue la mise à plat des problèmes et l’ébauche de solutions. Il est grand temps de lancer le Grenelle de la cohésion nationale.

r.deneg@gmail.com

Retrouvez les Chroniques de Rachid Deneg et les commentaires des internautes sur le blog http://diaconam.blogspot.com/ (Dialogue pour la cohésion nationale et l’amitié entre les communautés de France)

dimanche 11 avril 2010

La prévention spécialisée à l’heure de la diversité culturelle : état des lieux, questionnements, initiatives, projets innovants

Nous recommandons fortement la lecture du rapport suivant que M. JC Sommaire, Président du Conseil technique des clubs et équipes de prévention spécialisée (CTPS) et de sa Commission Diversité culturelle, nous a aimablement transmis.

Le rapport est téléchargeable à http://www.cnlaps.fr/modules.php?name=Downloads&op=getit&lid=152

La prévention spécialisée à l’heure de la diversité culturelle : état des lieux, questionnements, initiatives, projets innovants en matière de développement social communautaire

Rapport présenté par la Commission « diversité culturelle » du Conseil technique de la Prévention spécialisée (CTPS).Septembre 2009

Quelques extraits

Avant-propos

…on ne peut plus ignorer aujourd’hui qu’une partie importante des jeunes en difficulté impliqués dans les violences urbaines et dans la délinquance sont « issus de l’immigration ». Déjà, en 2002, une étude réalisée par le sociologue Sébastian Roché dans le département de l’Isère, à partir de dossiers judiciaires, avait montré que, dans ce département, les deux tiers des jeunes délinquants se trouvaient être« d’origine étrangère ».

Par ailleurs, des travaux récents de la démographe Michèle Tribalat, indiquent que cette population des jeunes issus de l’immigration augmente dans notre pays : 37% de jeunes d'origine étrangère en Ile-de-France, plus de 60% dans une vingtaine de villes, une progression très forte hausse dans l'ouest de la France et une « explosion » du nombre de ceux d’entre eux d’origine africaine sub-saharienne. Les questions liées à la diversité culturelle examinées dans ce rapport qui sont déjà très présentes aujourd’hui dans beaucoup de zones urbaines de notre pays le seront donc vraisemblablement encore plus demain.notre pays le seront donc vraisemblablement encore plus demain.

Lui faisant écho, Jean-Claude Guillebaud, dans la présentation de son dernier livre « lecommencement d’un monde »,considère que nous abordons actuellement une période qui se caractérise, au plan international, par l’achèvement de la longue séquence historique de d’hégémonie occidentale sur le monde et par l’avènement d’une modernité métisse au cœur de nos sociétés. Dans ce contexte le multiculturalisme, l’immigration, les brassages et métissages des cultures nous posent, à l’évidence, des problèmes nouveaux qui sont la transformation en problèmes domestiques du vieux face à face colonial de naguère.

Cet intellectuel ne considère toutefois pas que ce soit là une mauvaise nouvelle si noussavons nous ouvrir à la différence sans renier ce que nous sommes. Que nous le voulions ounon, nous serons pluriels et métis. Il nous reste donc à en tirer parti, sans démagogie et sansxénophobie, pour que cette diversité qui pose aujourd’hui problème devienne demain un atout et une richesse collective.

S’ouvrir sans se renier constitue le fil conducteur des réflexions du présent rapport.

Dans son avant propos au « guide international sur la méthodologie du travail de rue dans le monde » qui vient de sortir, le secrétaire d’état belge à la lutte contre la pauvreté rappelle que le travailleur de rue a pour objectif de (re) donner aux personnes en difficulté le pouvoir d’agir sur leur propre vie pour qu’elles puissent tendre vers un mieux être. Nul doute donc que, pour permettre aux familles et aux jeunes « issus de l’immigration » de prendre leur destin en main, la Prévention spécialisée, et au delà le travail social en général, ne peuvent plus faire l’impasse sur les « questions culturelles ».

Jean-Claude SOMMAIRE

Président du Conseil technique des clubs et équipes de prévention spécialisée (CTPS)

Président de la commission « diversité culturelle »

Plan du rapport (extraits)

I- Ne plus être dans l’évitement et le non dit : la Prévention spécialisée doit construire, assumer et promouvoir une pédagogie de la diversité culturelle confortant l’unicité du « vivre ensemble » (page8)

II- Confrontée, dans les quartiers sensibles, à une fracture sociale qui tend à devenir une fracture territoriale, ethnique, culturelle et religieuse, la Prévention spécialisée doit contribuer à ouvrir, ou à conforter, des pistes de réflexion nouvelles pour faciliter l’intégration sociale des jeunes issus de l’immigration (page19)

III- La Prévention spécialisée qui, elle aussi, a de vraies difficultés à se positionner vis à vis des comportements et des demandes de nombreux jeunes se référant au « religieux » doit se donner une méthode et des outils pour travailler ces questions (page 39)

IV- Pour mieux répondre aux problématiques des jeunes d’origine africaine sub-saharienne qui interpellent fortement le secteur social, la prévention spécialisée doit développer des approches éducatives prenant en compte les spécificités propres aux différentes communautés culturelles (page 59)

Réactions diverses au courrier de R. Deneg

Bonjour Monsieur Rachid DENEG,

J'ai lu votre lettre à Mr ZEMMOUR. Je suis bien placé pour vous dire combien vous avez réussi à taper fort et là où il fallait. Bravo. J'espère que cela va faire avancer toutes ces idées que vous avez exposées. Merci.

MR Mustapha A.

Blagnac 31700.


Bonjour

je suis vraiment d'accord avec vous, je suis d'origine algérienne donc un immigré qui a réussi plus ou moins sa vie ici, je suis mieux que si je suis résté en Algérie, moi je n'ai pas attendu qu'eric Zemmour parle plus fort de ces choses pour réagir, combien de fois j'ai réagi aux pick poket dans le métro, et que même des immigrés me disaient il ne faut pas se méler, tu risques de prendre un coup de couteau! et pour tout dire j'ai fini par écrire une pièce de théâtre éditée chez l'harmattan " Une valise dans la tête" vous pourriez la trouver tres facilement en tapant mon nom sur Google par exemple. le pire c'est que cette pièce n'interesse personne car je fais un méa culpa de nos tares mais je dénonce aussi les effets pervers du racisme ordinaire, même dans les salons du livre du Maghreb, les gens de chez nous n'etaient pas interessés, ils passaient leur chemin, comme s'ils avaient honte de parler de ces choses. Cordialement

Nordine M.

Monsieur,

Je suis globalement en accord avec tout ce que vous écrivez et par crainte de vous paraphraser ne développerai pas plus avant.
D'autre part, j'apprécie le ton apaisé et réfléchi de votre analyse.
Ce vers quoi j'essaie de tendre au quotidien est proche de ce que vous dîtes, à savoir que tous les enfants de France, quelles que soient leurs origines, se regroupent sous la bannière républicaine et laïque, avec ce qu'elle comporte comme droits,(se loger, droit au travail, aux soins, à l'égalité) et bien entendu comme devoirs. La liberté de culte devant être bien évidemment respectée, quelle que soit sa croyance, mais en restant selon moi, dans le domaine de l'intime ou du privé.
Globalement, et comme je ne suis ni un penseur ni un philosophe, j'ai tendance à juger mon prochain pour ce qu'il est profondément et sincèrement , et non en vertu de ses opinions, croyances ou origines.
Pour faire bref, je revendique pour mes compatriotes le droit à l'indifférence, ce qui ne signifie pas qu'ils me sont indifférents, mais que leur origine, couleur de peau, religion, orientation sexuelle etc, ne me regarde pas ...
Mais je suis conscient qu'il reste du travail à accomplir, ce qui d'ailleurs , me navre.
J'ai tendance à penser que les différents apports ethniques ou culturels ont contribué à l'enrichissement sous toutes ses formes de notre pays.
Je préfère aller vers l'autre, pourvu qu'il fasse un bout de chemin lui aussi, plutôt que le rejeter. J'ai inculqué cela à mes enfants.
Etant moi-même à un carrefour d'origines, sociales et ethniques, je suis un fervent partisan du métissage. Et de plus , sans que l'on n'y puisse rien, c'est l'avenir.
Eric Zemmour, quant à lui, participe à l'entreprise d'abêtissement des masses que l'on appelle la télévision et hélas a plus d'écho qu'un philosophe ou quelqu'un qui a vraiment réfléchi. Au fast-food, on peut ajouter le fast-think, ou la pensée express.
Voilà c'est tout, j'ai juste bien aimé le ton de votre lettre.
Cordialement,
François. B

Réaction d'Yvette au courrier de Rachid Deneg

bonsoir

j'ai lu avec interet votre lettre à E zemmour et je souscris en partie à ce que vous dites et vous félicite de votre courage.

je me presente

moi aussi je suis une " immigrée" et je n'ai pas echappé ni au Lycée de rabat où j'étais interne, ni dans d'autres lieux( au tennis dans mon petit patelin) , sur le bateau qui nous amenait en france en même temps que des officiers français, ni en france où je vis depuis 1956!!! et l'on me demande encore d'où je suis etc ,à l'antisemitisme au racisme pur aux airs condescendants d'un inspecteur d'academie qui me demandait pourquoi je m'appelle Yvette etc

je suis donc juive d'origine marocaine et même si j'ai eu la chance de naitre dans un milieu" évolué" et surtout très aisé, je me pose la question de savoir pourquoi les petits français musulmans n'arrivent pas à s'intégrer( surtout pas s"assimiler ce qui pour moi est différent).je vois autour de moi dans des familles moins aisées que la mienne, tout le monde dans ma génération, je ne suis plus très jeune, a fait des études supérieures , les uns et les autres avons occupé des postes à responsabilités voire prestigieux,nous sommes 6 dans la famille et tous avons longtemps fréquenté université et grandes écoles.

mais je constate, que nous n'avons aucune haine contre la France, bien au contraire, nous lui sommes reconnaissants et moi surtout en tant que femme car ce n'était pas gagné que je fasse des etudes supérieures que je "travaille comme un homme",comme je dis j'ai été la 1ere de la famille à sortir de chez moi à 10et demi; la première à avoir un bac la première à aller à uni la première à me marier selon mon choix, la 1er à divorcer etc...

j'ai été prof dans lycées, et principal de collège. mais pourquoi ces crachats, pourquoi ces paroles grossières vis à vis des femmes, de la France( nique la France..), pourquoi ce prosélytisme, pourquoi la parole des enseignants n'est pas valide face au Coran ou à ce que dit lImam.

Le coran contiendrait il toutes les bibliothéques du monde? ,

pourquoi se faire triater de raciste quand on oriente un eleve vers le lycée pro , pourquoi ces parents qui veulent nous " casser la figure" pouurquoi ces insultes à tout propos contre les feujs, un crayon feuj ne maarche pas bien sur etc

certes il ya de la discrimination mais c'est le pb de la poule et de l'oeuf qui a commencé?,

quand j'entends siffler la marseillaise, vois le drapeau francais descendu de son mat pour y mettre un drapeau algerien ( ces gamins qui ne connaissent rien de l'algérie d'ailleurs), caillasser les pompiers le Samu , les medecins, je me demande si ils sont conscients du mal qu'ils se font. quant aux autorités pour moi elles sont "laxistes " pour le moins car tout cela est inadmissible.

mes enfants ne sortaient pas de la maison le soir tout seuls jusqu'à qu'ils partent de la maison( plus de 20 ans) ils me disaient où ils etaient et certainement pas dans les rues à voler de motos et à circuler à trois dessus sans papiers sans rien

Pourquoi dans ces cas là au moment de l'accident( inevitable) la "colère" monte et on casse tout les ecoles les salles de la culture les bibliothéques,les voitures aucun respect pour rien .

je pourrais continuer et croyez moi je ne suis pas de parti pris, mais où sont les adultes musulmans où sont les parents? où sont les intellectuels?

j'aime bien M Chebel mais je ne paartage pas son avis quand il dit " ces gamins sont français, ils sont donc intégrés", pas du tout comme ne le sont pas ces hyper religieux juifs avec leur costume du 18eme venu de Pologne ou de Russie!

j'aimerai que les adultes prennent leurs responsabilités ne haissent pas la France et evaluent en toute objectivité tous les avantages qu'ils ont ici, sinon ils ne seraient pas si nombreux à vouloir y entrer!

et puisque nous sommes en confiance, je m'interroge souvent sur la part de responsabilité contenue dans l'islam même, on peut en discuter,car que je sache les pays Arabo Musulmans ne donnent pas un bon exemple.

quand je pense à mon père il a bati un complexe indutriel à partir de rien et il n'était ni polytechnicien ni rien d'autre, il avait abandonné ses etudes à 15 ans à la mort de son propre père, pourquoi les notables musulmans du coin ( pays de chorfas) n'ont ils rien fait? ils avaient les mêmes chances de réussite!

quant à la " reconnaissance des méfaits du colonialisme", je suis partagée, moi même je me considère comme un produit positif de cette colonisation , la contrition ne mène à rien , mais on peut en discuter!!!

j'espère que vous ne prendrez pas ombrage de ce que je dis, en toute sympathie.

bien à vous

Yvette S

Réaction de JP Lledo de D'Algérie-Djezaïr

Chers amis

Une nouvelle identité francaise suppose aussi une nouvelle identité algérienne.
Tout se touche. Surtout ces 2 pays, surtout ces 2 peuples. Surtout quand depuis les années 90, sont arrivés d'Algérie pres d'un million de personnes, tant pour fuir la sauvagerie islamiste que pour fuir la malvie, sans parler des ''harragas''...

A mon avis, on peut faire evoluer les mentalités, mais à la seule condition de tenir compte de toutes les mémoires.

Or ce que l'on constate, c'est que malgré tout en France, et depuis de nombreuses années, si on cumule les assoc, les journaux, les revues, les romans, les films, les emissions TV, on arrive a un nombre impressionnant de remises en cause de l'histoire officielle francaise des années 50, et de points de vue pour le moins critiques, pour ne pas dire incendiaires quand on pense au Mnt des Indigenes ou a Dieudonné.

Mais qu'en est-il en face, en Algérie ?
Contredire l'histoire officielle est sanctionné d'interdit : par exemple le dernier roman de Sansal, par exemple mon dernier film.
Imagineriez vous un mouvement du type des Indigenes, ou un humoriste du type Dieudonné (que j'execre pour ma part) en Algerie, prenant pour cible les mythes algériens ?

Donc pour conclure, ne croyez vous pas que si ICI en France, on demande avec justesse la
''Reconnaissance des dommages et préjudices coloniaux et post-coloniaux infligés par la France aux habitants des ex-colonies. ''

Il faut aussi réclamer LA-BAS en Algerie:
la
''Reconnaissance des dommages et préjudices infligés par le FLN puis le nouveau gouvernement algérien aux habitants non-musulmans durant la guerre d'indépendance puis dans les années qui l'ont suivie . ''

- durant la guerre : stratégie d'épuration ethnique (l'historien Mohamed harbi en a reconnu l'existence) qui a réussi puisqu'avec la guerre au facies contre les gueules de juifs et d'europeens, on a reussi a faire partir un million de personnes.

- apres l'independance : avec le massacre du 5 juillet a Oran, on est arrivé a décourager les gens qui voulaient qd même rester, et ceux qui seraient revenus, étant insultés a leur arrivée en France. On a continué a enlever et a tuer des gens qui voualient rester (j'ai des témoignages). On a nationalisé tous les agriculteurs europeens, même les moyens (60 ha) et les petits (10ha), qui voulaient rester. On s'est emparé des biens de tous ceux qui avaient mis une vie de travail et de sueur personnelle pour les acquérir.

Chers amis, je crois que si on veut faire avancer les mentalités, il faut les faire avancer en parallele, et des 2 cotés de la Méditerranée.
On ne peut pas éternellement se présenter uniquement comme des victimes.Sauf a verser ds le manicheisme.
Mais la demarche est alors contreproductive a long terme, même si je dois reconnaitre qu'a court terme, la démarche qui vise a culpabiliser l'autre en se disculpant totalement soi-même, n'a pas été sans résultat, et qu'elle a même encore de beaux jours devant elle, comme on le verra probablement bientot avec le prochain film de Rachid Bouchareb.

Bien a vous.
jean-pierre lledo

ps : estimant que le debat que vous lancez est tres positif, et esperant y faire participer quelques amis et les adhérents du mouvement auquel j'appartiens : D'AlgérieDjezair, je mets en copie notre échange.

http://dalgerie-djezair.viabloga.com/

lundi 5 avril 2010

Lettre d'un arabo-berbère de France (non délinquant) à Eric Zemmour

Monsieur Zemmour,

Je viens de prendre connaissance de la lettre que vous avez adressée au président de la LICRA et vous remercie d’avoir exprimé des regrets pour les propos que vous avez tenus le 6 mars 2010 sur le plateau de Thierry Ardisson. Ces propos étaient en effet blessants même si, je vous l’accorde, vous n’avez pas tort sur le fond.

Car en effet, comme on dit au Maghreb : « on ne peut pas voiler le soleil avec un tamis ». Vous n’avez en réalité fait que dire tout haut ce que nous pensons tous tout bas. Pour dire vrai, j’aurais même préféré que nous soyons les premiers à briser le silence et à reconnaitre en tous lieux notre contribution soutenue a la délinquance nationale, non seulement parmi les trafiquants de drogue mais également parmi les bandes de casseurs, les voleurs de scooters et de bicyclettes, les resquilleurs de métro, etc. Car il est grand temps de lever ce voile de silence et de honte qui, en occultant les symptômes, empêche de traiter convenablement le mal. Notre réputation est établie et cause déjà suffisamment de torts à la grande majorité de franco-africains, honnête et travailleuse, qui est à la fois victime de la délinquance de nos enfants et de la dégradation d’image que celle-ci engendre.

Mais reconnaitre l’évidence, n’apporte pas automatiquement le remède. Encore faut-il essayer de bien identifier les causes du mal. Nous sommes donc nombreux a tenter de comprendre ce qui pourrait expliquer le contraste entre la génération de nos pères, qui se levait tôt, travaillait dur et rasait les murs et celle des enfants, nés en France et si portés sur les incivilités.

Bien sûr, nous avons notre petite idée sur la question et contrairement à ce que vous prétendez, nous pensons que les discriminations sont un vrai problème. Quand on fait confiance à la République, qu’on investit toute son énergie et ses moyens dans l’acquisition d’un diplôme, pour se voir refuser systématiquement un emploi parce qu’on ne porte pas le bon patronyme, croyez-nous, il y a là un gros problème. Sur ce point, puisque vous êtes friands de statistiques ethniques, je vous renvoie simplement aux testings de l’Observatoire des discriminations, qui sont éloquents et parlent pour eux-mêmes.

Comment ne pas reconnaitre que ces horizons bouchés, ces rêves brisés, cette relégation permanente, ne soit pas source de violence et d’incivilités. Je partage avec vous l’idéal républicain, mais force est de reconnaitre, que dans la France de l’Assemblée nationale et des conseils d’administration monocolores, nous en sommes encore loin et que ceci pourrait expliquer cela.
Mais les discriminations, pour réelles qu’elles sont, n’expliquent certainement pas tout. Les Algériens sont apparemment plus turbulents et il se trouve qu’ils ont été particulièrement affectés par 132 ans de colonisation et par une horrible guerre de libération. Dur dans ces conditions de se sentir Français à part entière en l’espace de quelques générations. D’autant que le sentiment anti-algérien perdure comme l’ont montré les récentes affiches de Le Pen en PACA.
Souvent perçus comme des prolongements de sujets coloniaux, limités dans l’accès a la consommation, dans une société qui valorise avant tout l’avoir, et privés de perspectives d’avenir, certains de nos jeunes sombrent dans la haine et la violence, tout en rejetant leur pays d’accueil.

Découragés par les discriminations, ils vont également investir les rares espaces économiques qui leur sont plus facilement accessibles : commerce de drogue pour une minorité (un peu comme les Italiens et Irlandais, autres derniers arrivants, au moment de la prohibition), entreprises de sécurité pour d’autres (apparemment, il y a pas comme un arabe ou un noir pour repérer un pickpocket) et pour le plus grand nombre, emplois trop durs et trop mal payés pour les français d’origine européenne (je vous conseille de faire un tour a la Gare du Nord à 5 heures du matin ou vous pourrez vous rendre compte que la couleur dominante n’est pas celle de notre représentation nationale).

Je vous remercie donc, Monsieur Zemmour, de nous aider, en pointant des vérités, à faire avancer les choses. Car rien ne se construit sur du sable comme le prouvent les milliards engloutis depuis des décennies dans les politiques stériles dites « de la ville » qui faute de diagnostic sincère et objectif sur les maux de la banlieue ne peuvent déboucher sur les bonnes solutions. Pour autant, nous devons prendre garde à ce que le parler vrai ne conduise à attiser la haine raciale ou les tensions communautaires et serve de faire valoir a ceux dont les desseins sont de monter les uns contres les autres ou de racoler l’électorat d’extrême droite.

Le parler vrai doit avant tout nous permettre d’engager sur des bases solides un dialogue national dont les finalités seront de définir ensemble les termes d’un contrat social post-colonial dont les préalables seraient :
- La reconnaissance des dommages et préjudices coloniaux et post-coloniaux infligés par la France aux habitants des ex-colonies. L’entreprise coloniale était principalement une entreprise économique qui a laminé les cultures locales et infligé d’énormes souffrances aux indigènes en bafouant au passage les principes républicains
- Reconnaissance des apports positifs de la colonisation : quelques efforts sur la santé et l’éducation, la langue française (butin de guerre selon Kateb Yacine) et surtout la récupération par les Etats indépendants d’infrastructures qui servaient exclusivement l’entreprise coloniale

- La reconnaissance des dommages causés par les discriminations liées a l’origine : des millions de CV jetés a la poubelle sans être examinés, tout simplement, parce que émanant de candidats noirs ou arabes. Un énorme gâchis humain et économique.
- La reconnaissance de la chance pour les populations immigrées originaires de pays en développement de pouvoir vivre en France et en République : accès a des systèmes de santé et d’éducation de qualité, couverture sociale, Etat de droit, laïcité, etc.
- Engagement à respecter les règles françaises du vivre-ensemble, les mœurs et coutumes françaises et les valeurs du pays d’accueil. Les pratiques religieuses doivent également être compatibles avec ces valeurs. En retour, la liberté de culte doit être garantie et respectée en accord avec le principe de laïcité.

Monsieur Zemmour, notre véritable chantier ne doit pas être de fractionner et de communautariser la France. Il doit être de travailler à l’avènement d’une France dans laquelle tous les Français se reconnaitront, totalement fidèle aux principes républicains et apurée du passif colonial et post-colonial. Une France riche de sa culture millénaire et des apports de tous ses nouveaux enfants, d’Afrique et d’ailleurs. Une France tournée vers l’avenir qui au lieu de douter d’elle-même pourra continuer à montrer la voie, dans un monde globalisé, privé de repères et en quête de valeurs fondatrices.

Rachid Deneg, le 30 mars 2010
r.deneg@gmail.com

dimanche 4 avril 2010

Bonjour tout le monde !

PlaNet DZ (planet-dz.com) a décidé de s’engager dans le débat sur la cohésion nationale française et sur la place des populations originaires des anciennes colonies dans la République.

Nous lançons le débat à travers une contribution reçue d’un de nos membres, Rachid DENEG, qui réagit aux propos d’Eric Zemmour sur le plateau de Thierry Ardisson le 6 mars dernier.

Notre souhait principal est de contribuer au dialogue entre notamment les français originaires du Maghreb (notre public de base) et ceux originaires d’Europe (appelés à tort français de souche ou blancs).

A l’heure où des oiseaux de mauvais augure vont jusqu’à prédire que les tensions communautaires se mueront dans le futur en guerre civile, PlaNet DZ se mobilise pour faire mentir ces prédictions, et, fidèles à nos convictions, faire progresser la compréhension mutuelle et la fraternité.

Comme le propose Rachid DENEG, notre objectif est d’oeuvrer en faveur de l’avènement d’un contrat social post-colonial dont les préalables seraient les suivants:
- Reconnaissance des dommages et préjudices coloniaux et post-coloniaux infligés par la France aux habitants des ex-colonies et à leurs descendants. L’entreprise coloniale était principalement une entreprise économique qui a laminé les cultures locales et infligé d’énormes souffrances aux indigènes en bafouant au passage les principes républicains.
- Reconnaissance des apports positifs de la colonisation : quelques efforts sur la santé et l’éducation, la langue française (butin de guerre selon Kateb Yacine) et surtout la récupération par les Etats indépendants d’infrastructures qui servaient exclusivement l’entreprise coloniale
- Reconnaissance des dommages causés par les discriminations liées a l’origine : des millions de milliers de CV jetés a la poubelle sans être examinés, tout simplement, parce que émanant de candidats noirs ou arabes. Un énorme gâchis humain et économique.
- Reconnaissance de la chance pour les populations immigrées originaires de pays en développement de pouvoir vivre en France et en République : accès a des systèmes de santé et d’éducation de qualité, couverture sociale, Etat de droit, laïcité, etc.
- Engagement à respecter les règles françaises du vivre-ensemble, les mœurs et coutumes françaises et les valeurs du pays d’accueil. Les pratiques religieuses doivent également être compatibles avec ces valeurs. En retour, la liberté de culte doit être garantie et respectée en accord avec le principe de laïcité.

Farid Yaker
PlaNet DZ
Le 5 avril 2010