mercredi 29 juin 2011

Musulmans dans l'armée : Marine Le Pen regrette une "maladresse"

AFP/PHILIPPE HUGUEN
La présidente du Front National, Marine Le Pen, à une conférence de presse à Lille, le 25 mai 2011.

Marine Le Pen a reconnu "une maladresse de rédaction" sur un point du programme de 2007,toujours visible mercredi 29 juin sur le site Internet du FN, qui fait un lien entre une baisse de la qualité des nouvelles recrues dans l'armée et l'immigration.

Jeudi dernier, sur France 2, interrogée sur ce point du programme, la présidente du parti d'extrême droite avait éludé la question, avant une vive dispute avec ses interlocuteurs, Caroline Fourest et Laurent Joffrin.

"Faute de crédits, non seulement il est impossible de recruter beaucoup d'engagés, mais il devient de plus en plus difficile d'avoir un recrutement de qualité. Vingt pour cent des nouvelles recrues sont désormais issues de l'immigration originaire du monde musulman", dit la phrase en question.

"PEUT-ÊTRE MALADROIT"

Invitée de l'émission "Questions d'info" (LCP/France Info/AFP), Mme Le Pen a reconnu que"c'était peut-être maladroit de mettre la phrase sur les vingt pour cent de militaires de religion musulmane à côté des difficultés pour recruter".

"C'est une maladresse, une maladresse de rédaction, car ça peut laisser croire que les deux sont liés or ce n'est pas le cas". Va-t-elle changer la formulation ?"Bien sûr, on va la changer", a assuré Mme Le Pen, qui était directrice stratégique de la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen en 2007.

vendredi 24 juin 2011

La rectrice accuse les enfants d'immigrés de plomber les résultats de l'académie d'Orléans-Tours


Écrit par Ilyess   
Jeudi, 23 Juin 2011 13:18

Les enfants issus de l'immigration, talon d'Achille de l'école française ? Oui, si on en juge les propos tenus par une rectrice fraichement nommée. Dans un entretien à la presse, la rectrice de l'académie Orléans-Tours a implicitement soutenu que les enfants issus de familles immigrées constituent un handicap pour l'école française. Des propos qui rappellent ceux du ministre de l'intérieur Claude Guéant, et qui n'ont pas manqué d'indigner la classe politique.

« Si on enlève des statistiques les enfants issus de l'immigration, nos résultats ne sont pas si mauvais ni si différents de ceux des pays européens ». En avançant ces propos, Marie Reynier, rectrice de l'académie Orléans-Tours,  n'avait peut-être pas l'intention de choquer, mais elle a relancé la polémique sur l'intégration des enfants issus de l'immigration. « Beaucoup d'enfants » que l'école française « peine à intégrer » ajoute la nouvelle rectrice.

Ces propos s'inscrivent en effet dans la droite ligne de ceux du ministre de l'Intérieur Claude Guéant qui avait déclaré que « les deux-tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés ». La classe politique, de gauche notamment, s'indigne et condamne.

Jean Delavergne, président du groupe écologiste (EELV) au conseil régional du Centre parle de propos de  « plus que limites à tendance xénophobe » et s'interroge sur l'origine de « chiffres » avancés par la nouvelle rectrice.

Le député Vert n'hésite pas à parler d'une attitude « uniquement faite pour cacher les vrais problèmes, notamment les suppressions de postes à la rentrée prochaine ». Le député PS d'Indre-et-Loire Jean-Patrick Gille dénonce pour sa part  « l'amalgame entre immigration et échec scolaire ». Amalgame ou pas, la sortie de la rectrice d'Orléans-Tours a au moins fait un heureux : le ministre de l'Intérieur.

Source : yabiladi

mercredi 22 juin 2011

A Belleville, les Chinois critiquent l'inaction de la police

A Belleville, les Chinois critiquent l'inaction de la police

"Qui est allé à la manifestation dimanche ?" Donatien Schramm inscrit les mots au feutre vert sur le petit tableau blanc de sa salle de classe à mesure qu'il les prononce. Il se tourne vers la quarantaine d'élèves, serrés dans le petit local de l'association Chinois de France-Français de Chine, et reprend la phrase en mandarin. Quelques mains, hésitantes, se lèvent parmi les rangs. Le professeur insiste, interpelle tel ou tel en lui rappelant qu'ils se sont croisés sur place. Chaque jour, le quinquagénaire enseigne les rudiments de la langue française à ces élèves qui n'ont plus l'âge d'aller à l'école. Ils sont d'origine chinoise et appartiennent pour la plupart à la communauté Wenzhou, du nom de cette ville située au sud de Shanghaï.

Mardi 21 juin, la présence d'un journaliste dans l'assistance a perturbé le programme du dernier quart d'heure de cours. Il y sera question de la manifestation du 19 juin, où plusieurs milliers de personnes d'origine asiatique sont descendus dans les rues de Paris pour protester contre l'insécurité qu'ils ressentent, en particulier à Belleville. D'après M. Schramm, plus de la moitié des élèves y ont participé.

"Pourquoi es-tu allé(e) à la manifestation ?" Une deuxième question est inscrite au tableau et la discussion s'emballe. "Pour la sécurité, pour que tout le monde ait la sécurité", lance Mme Li en chinois. "Je suis vieille, et quand je fais mes courses, je me fais souvent agresser", poursuit-elle. Au fond de la salle, une deuxième élève, particulièrement vindicative, prend le relais : "Ce sont les arabes et les noirs." M. Schramm la reprend, indiquant que ces jeunes agresseurs sont avant tout Français. De l'autre côté de la pièce, Bernard Dinh, l'autre cadre de l'association, tempère ces accusations. "Il y a des préjugés de part et d'autre",explique-t-il.

"IL Y A PLUS DE SÉCURITÉ EN CHINE"

La discussion se poursuit sur les autorités publiques, accusées de délaisser cette question, et pas seulement à Belleville. Ces problèmes d'insécurité, "c'est un sujet qui leur tient à coeur"résume le professeur. Le cours se termine et une bonne partie des élèves, en majorité des femmes âgées, se dispersent dans la rue Rébeval. Il ne reste qu'une dizaine d'entre elles. Elles veulent manifestement poursuivre la conversation. "Nous ne parlons pas bien français et ils le savent",indique Mme Li. Elle montre les petites cicatrices de son poignet, et raconte avoir été agressée à deux reprises au cours des trois derniers mois. "Nous avons peur quand nous marchons dans la rue", renchérit sa voisine. L'inaction de la police française est vivement critiquée. "Il y a plus de sécurité en Chine" martèle Mme Li. Une habitante d'Aubervilliers, plus jeune, ajoute qu'elle ne transporte plus de papiers importants ni d'argent liquide dans son sac à main.

Assise à côté de Mme Li, Zheng Shaoyan, une petite femme aux cheveux auburn, montre sa cuisse, et explique qu'un voleur lui a cassé la jambe il y a un an. Elle reviendra dans l'après-midi avec toutes sortes de papiers dans un sac en plastique, dont le compte rendu d'infraction initial. Le 23 février 2010, cette couturière rentrait chez elle rue de Belleville, lorsque dans le hall de son immeuble, un homme tente de lui arracher son sac. "X tente d'arracher le sac de la victime, qui résiste, il en résulte une chute avec fracture", indique le document. La suite signale une fracture de la hanche gauche et précise que la victime ne parle pas français. C'est sa fille qui sert d'interprète, et, en bas du document, Mme Zheng signe en chinois.

Madame Zheng a été agressée en 2010.

"Le vol  à l'arraché a toujours existé, mais aujourd'hui, il y a un sentiment de ras-le-bol." Au bar Le Celtic, Patrick Huang, le gérant, exprime sa colère, dans un français parfait. Cet homme de 41 ans, originaire de Wenzhou, a grandi en France et vit à Belleville depuis quinze ans. C'est le vice-président de l'association des commerçants bellevillois, créée après la manifestation de juin 2010, qui portait déjà sur les questions d'insécurité. S'il mentionne l'agression d'une personne de type caucasien lundi soir sur le trottoir d'en face, il explique que "les victimes sont essentiellement asiatiques". Des cibles de choix, qui privilégient l'argent liquide aux autres moyens de paiement. Pour Donatien Schramm, cela s'explique d'abord parce que les sans-papiers sont une composante importante des différentes communautés chinoises de Belleville. Ils ne peuvent donc pas ouvrir de compte bancaire. Patrick Huang remarque également que "pour faire un chèque, il faut savoir écrire en français".

Cela relève aussi d'une question de culture : lors d'un mariage, "si quelqu'un met un chèque dans [l']enveloppe [qu'on remet traditionnellement aux mariés], c'est la honte" s'exclame-t-il. Mais beaucoup "sont imprudents", regrette M. Schramm. Pour illustrer son propos, il mentionne l'agression, lundi soir, d'une restauratrice, à la fermeture de son restaurant : "Il faut un peu de jugeotte : tu ne te balades pas avec la recette du jour dans un sac", s'agace-t-il. "Je suis d'accord, mais ce n'est plus une vie", rétorque M. Huang, qui ajoute qu'"il ne faut pas changer nos habitudes à cause de quelques voyous".

"ON LAISSE POURRIR LES ÉTRANGERS DANS LEUR COIN"

Lui aussi critique vivement le travail de la police, insuffisamment présente sur le terrain, ou trop lente à intervenir. Lors d'une récente agression dans un parking, la police aurait mis 45 minutes avant d'arriver sur les lieux. "On laisse pourrir les étrangers dans leur coin, dans les arrondissements du 18e, 19e et 20e arrondissement", résume-t-il. Et quand bien même l'agresseur"est pris en flagrant délit, il n'aura que quinze jours de prison.Mais il peut se faire 1 000 euros[s'il réussit son coup]. A ce prix-là, même moi, je le fais",s'emporte-t-il. Ainsi, le sentiment d'injustice gagne du terrain. "Là, ça commence à bouillir, nous allons prendre notre sécurité en charge nous-mêmes", menace Patrick Huang.

Le problème posé par ces agressions est également qu'il avive les tensions entre communautés, alors même que, selon Donatien Schramm, les auteurs de ces actes sont "des jeunes Français, des gamins du quartier, de toutes origines", et parfois-même asiatique. Il regrette d'ailleurs que les organisateurs de la manifestation n'aient pas réellement cherché à associer l'ensemble des communautés du quartier, averties sur le tard.

Le local de l'association Chinois de France-Français de Chine, rue Rébeval.

Pourtant, depuis l'année dernière, des efforts ont été faits pour redresser la situation. La création de l'association des commerçants bellevillois, à l'initiative de la mairie du 20e, l'un des arrondissements sur lequel se trouve le quartier de Belleville, a permis d'améliorer la situation sur quelques points, comme le dépôt de plainte. M. Huang explique que l'association aide les victimes à porter plainte et leur explique que"même si elles n'ont pas de papiers, elles ne risquent rien".

"CELA NE SERT À RIEN DE PORTER PLAINTE"

Par ailleurs, une brigade de sécurité territoriale (BST) a été spécifiquement mise en place. Sans réussir à inverser la situation : "La BST, je ne l'ai vue qu'une seule fois, et pas sur le terrain",témoigne Hu Jianguo, le frère de l'homme dont l'agression a suscité la manifestation du 19 juin.

Ce 21 juin, il se trouve au Nouveau Palais de Belleville, un gigantesque restaurant, rue de Belleville, où travaillait son frère. Accompagné d'Olivier Wang, le porte-parole du collectif qui a organisé la manifestation de dimanche, il discute avec trois collaborateurs de la mairie du 20e. Ceux-ci insistent sur le manque d'effectifs de police, l'opportunité de mieux équiper les commerces en terminaux pour carte bancaire, et la nécessité de porter plainte systématiquement, sans sembler convaincre leur interlocuteur. "Nous pensons que cela ne sert à rien de porter plainte", leur lance-t-il. 

Arrive alors une équipe de France Télévisions, venue interroger le frère de la victime. Celui-ci hésite à parler, mais Olivier Wang tente de le convaincre. "Les gens en Bretagne ou à Marseille, ils ne savent pas ce qui se passe ici", lui explique-t-il, en français. Il pointe du doigt l'équipe de la mairie,"eux, ce sont les pouvoirs publics". Puis les journalistes,"eux, c'est l'opinion publique"."Toi, tu as un poids important", ajoute-t-il. Résigné, M. Hu accepte finalement de répondre.


lundi 13 juin 2011

La double nationalité est une richesse


La double nationalité est une richesse

AP/JACQUES BRINON
Marine Le Pen lors de son discours du 1er mai 2011 à Paris.

Le projet de Marine Le Pen un homme (une femme), une seule nationalité est absurde et fait violence aux immigrés comme à leurs enfants.

Ce sont eux, le plus souvent, qui ont deux nationalités, la française et celle de leur famille d'origine algérienne, marocaine, tunisienne, africaine... Leur dénier cette filiation, c'est d'abord les humilier comme si cette première nationalité était une tache qu'ils devraient nettoyer et se faire propres pour devenir de "vrais" Français , c'est les mutiler, les étriquer et les priver de toutes les richesses qu'une double culture leur apporte. Voudrait-on fabriquer des aigris et des frustrés, on ne s'y prendrait pas autrement.

Raciste, le projet de Marine Le Pen est également stupide. Il présuppose, en effet, que la double appartenance implique une double allégeance et rend suspect, par là même, tout binational, susceptible, au cas où son pays d'origine et son pays d'adoption s'opposeraient, de privilégier le premier, et par conséquent de trahir le deuxième. Tout binational serait donc un traître en puissance et plus que jamais dangereux en cas de guerre.

Cette conception de la nationalité qui contraindrait dans tous les cas le citoyen à obéir aux ordres du pouvoir fait fi de sa liberté, de sa capacité de choix, de sa lucidité. La nationalité n'a en elle-même aucune vertu et n'implique aucune obligation, ce n'est pas une valeur, c'est un fait : "Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d'être français, ou bien parce que je suis nécessairement homme et que je ne suis français que par hasard." (Montesquieu).

Etre français n'induit a priori aucune conduite, c'est au citoyen seul de décider s'il obéit aux ordres du pouvoir, ou se rebelle. Ainsi ont fait, pendant la deuxième guerre mondiale, ces Justes qui ont désobéi aux diktats de Vichy, se sont ralliés à la Résistance, ont rejoint le maquis ou sauvé des enfants juifs.

Mauvais Français, pour Marine Le pen ? Ainsi ont fait, pendant la guerre d'Algérie, ces jeunes gens qui ont refusé de se battre contre un peuple qui luttait pour sa liberté, se sont insoumis, ont déserté, parfois "aidé" les Algériens.

Mauvais Français, pour Marine Le Pen ? Sa réponse ne fait pas de doute, mais elle n'engage que son idéologie : la nationalité de ces réfractaires n'a nullement déterminé leur choix. Ils ont choisi leur camp en fonction de leurs valeurs, qui ne sont pas spécifiquement françaises, mais humaines, ou humanistes refus de l'oppression, droit de chaque peuple à l'indépendance.

Si la possession d'une nationalité n'induit pas automatiquement tel type de conduite, il va de soi que la possession de deux nationalités n'est pas davantage contraignante et ne place pas le citoyen devant un dilemme cornélien. Elle élargit et enrichit, au contraire, sa perception de la réalité, l'aide à prendre du recul à l'égard des stéréotypes nationalistes que l'école lui a inculqués, lui permet de mieux percevoir les données du problème et, partant, de se déterminer en se fondant davantage sur la raison que sur un patriotisme sectaire et étriqué.