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jeudi 29 novembre 2012

Le courant libéral face au pôle identitaire 29.11.12 | 18:39 | LE MONDE Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

Jean-François Copé au siège de l'UMP, le 26 novembre. AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Comme d'autres partis conservateurs européens, l'UMP connaît un débat sur l'opportunité de revendiquer un ancrage à droite.

Un des objectifs de la Droite forte, comme de Jean-François Copé, est de rompre avec le complexe qui, depuis 1944, faisait des conservateurs des hommes de droite honteux, se présentant sous des étiquettes dont l'intitulé avait pour seul objet de dissiper tout soupçon de filiation avec les ligues, Vichy, le nationalisme, les valeurs d'ordre et de tradition.

La volonté gaulliste de transcender les clivages idéologiques a elle aussi conduit à l'abandon de la référence à la droite.

LIBÉRALE, CONSERVATRICE ET CENTRISTE

La présidence de Nicolas Sarkozy a mis fin à cette ambiguïté en revendiquant le devoir d'évoquer tous les thèmes jusqu'alors accaparés par le Front national : la sécurité, l'identité nationale, l'immigration, la viabilité d'une société multiculturelle, la compatibilité de l'islam avec les valeurs républicaines.

Sur toutes ces questions, un seul obstacle demeurait pour qu'émerge une droite "décomplexée", assumée : l'existence de l'UMP, sous sa forme antérieure au 18 novembre.

Il n'avait échappé à personne qu'il s'agissait là d'une union de circonstance entre des sous-familles idéologiques - libérale, conservatrice et centriste - qui ne pouvaient durablement vivre sous le même toit.

Elles n'étaient unies que par la capacité personnelle de l'ancien chef de l'Etat à en faire la synthèse par son charisme et sa personne.

Quand l'homme providentiel s'en va, les divergences remontent. L'UMP tente donc de redéfinir ses valeurs et son positionnement dans un contexte très particulier : celui où le schéma des trois droites élaboré par l'historien René Rémond est devenu caduc.

En effet, la droite traditionaliste, la plus vivace intellectuellement, n'a plus qu'un écho politique réduit dont témoignent le discours sur les "racines chrétiennes de la France" et la valorisation de la parole du "pays réel" par rapport à celles des élites autoproclamées.

C'est l'écho assourdi de Charles Maurras et d'un catholicisme sécularisé, moyen d'assimilation, facteur d'ordre et de pérennité de la France.

 LE CENTRISME EST BIEN UNE DROITE

Si cette droite-là n'est plus qu'un reste, une autre apparaît : le centrisme est bien une droite et constituera demain, sans doute, le pôle vers lequel convergeront les élus UMP qui refusent les orientations de Jean-François Copé.

Encore faut-il dire que ce centre-droit n'est plus la droite libérale traditionnelle. Fidèle à ses fondamentaux, économie de marché, intégration européenne et Etat minimum, celle-ci s'est aussi laissé entraîner, depuis la disparition de l'UDF, vers un conservatisme identitaire et social qui rejoint souvent l'orientation nationale-conservatrice de la droite bonapartiste.

Droite libérale centriste et droite nationale-conservatrice ou identitaire se partagent donc le champ de l'UMP. La seconde composante s'est engagée dans un processus qui, sous le couvert de la reconquête de l'électorat du FN, débouche sur un effet d'imitation dont rien ne garantit le succès.

POROSITÉ DES ÉLECTORATS UMP ET FN

Dans cette course-poursuite entamée depuis déjà vingt ans au moins, la quatrième droite des années 2000, nationale-populiste, néo-étatiste, oscillant entre laïcisme assimilationniste et ethno-différentialisme, le parti de Marine Le Pen donc, conserve l'avantage de l'antériorité et de la non-participation au système. La porosité des électorats UMP et FN est avérée.

Toutefois, sur la sécurité, les électeurs les plus droitiers préféreront le rétablissement de la peine de mort à la tolérance zéro. Sur l'immigration, son arrêt total, voire l'inversion des flux migratoires, à la simple maîtrise des flux.

Et sur l'identité nationale, l'affirmation de la fracture ethnique au nationalisme républicain et autoritaire de la Droite forte. Elaborer un nouveau "logiciel" idéologique susceptible de ramener la quatrième droite nationale-populiste à un étiage de l'ordre de 10 % est, pour l'UMP, un impératif.

M. Fillon ne pouvant s'accorder avec M. Copé sur les moyens d'y parvenir, sans doute Nicolas Sarkozy voit-il pour lui une seconde chance d'y arriver.

Il faudrait alors qu'il décide de briser le monopole frontiste sur une des trois idées phares qui rapprochent la base des deux partis : la préférence nationale, la limitation légale de la liberté de culte de l'islam ou l'immigration zéro. Autant dire : mission impossible.


19 mars, Journée du souvenir pour les victimes de la guerre d'Algérie


Le Monde.fr | 29.11.2012 à 19h58 • Mis à jour le 29.11.2012 à 21h48


Par Patrick Roger

Le Conseil constitutionnel a jugé conforme à la Constitution, jeudi 29 novembre, la proposition de loi reconnaissant le 19 mars comme journée nationale du souvenir à la mémoire des victimes de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Le 8 novembre, le Sénat adoptait une proposition de loi demandant la reconnaissance du 19 mars comme "Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". Le texte, défendu par Alain Néri, sénateur (PS) du Puy-de-Dôme, reprenait à l'identique celui d'une proposition de loi défendue par le même Alain Néri, alors député, et adopté par l'Assemblée nationale le 22 janvier 2002, sous la XIe législature. Le Sénat l'ayant approuvé sans amendement, il a été ainsi considéré comme définitivement adopté. Les députés et les sénateurs UMP ont toutefois saisi le Conseil constitutionnel.

Quels étaient les griefs invoqués pour demander la censure de ce texte ? Tout d'abord, le fait que dix ans se soient écoulés entre son adoption en première lecture à l'Assemblée nationale et son adoption définitive au Sénat. Un délai"manifestement excessif", estiment les requérants, "en raison des changements qui ont affecté la composition des deux assemblées et le système constitutionnel français dans son ensemble". Certes, l'article 45 de la Constitution autorise sans aucune limite temporelle la poursuite d'une "navette" parlementaire entre les deux chambres, même en cas de changement de la composition – et de majorité – de l'une ou de l'autre. Cependant, observent-ils, entre les deux lectures, trois élections présidentielles et trois élections législatives ont eu lieu. "Il ne peut être sérieusement soutenu que la volonté de l'Assemblée de 2002 serait intemporelle et que le vote de 2002 lie l'Assemblée dans sa composition actuelle", moins de 10 % des députés ayant participé au vote de 2002 étant toujours députés aujourd'hui. Selon les députés UMP, il s'agit là d'"un détournement de procédure".

Ils invoquent également la jurisprudence du Conseil constitutionnel en ce qui concerne les lois dites "mémorielles""démontrant que ne relèvent pas du domaine de la loi des dispositions dénuées de tout caractère impératif et de toute portée normative".

ARGUMENTS JURIDIQUES, DÉBAT POLITIQUE

Ils constatent enfin que ce texte "ne fait que se surajouter aux dispositions antérieures aboutissant à une telle commémoration". Une date d'hommage aux combattants morts pour la France en Afrique du Nord a été fixée au 5 décembre par le décret du 26 décembre 2003, et rappelée dans la loi 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des français rapatriés. "Cette loi, examinée postérieurement à l'adoption en première lecture par l'Assemblée nationale le 22 janvier 2002 de la proposition de loi qui vous est déférée, a été votée successivement par les deux assemblées du Parlement, celles-ci reconnaissant la date du 5 décembre. Il ne peut revenir au Sénat, seul, de se substituer de commémoration", contestent les requérants. La loi du 28 février 2012 a également fixé, depuis, le 11 novembre comme une commémoration nationale pour tous les morts. "Le texte déféré aboutirait à deux dates spécifiques de commémorations distinctes pour le même événement : 19 mars et 5 décembre, auxquelles se surajoute une commémoration de portée générale, le 11 novembre", concluent-ils.

Autant d'arguments juridiques qui dissimulaient, en fait, un débat politique, posé de longue date, sur la commémoration de la guerre d'Algérie. Pour la principale association de vétérans, la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, au Maroc et en Tunisie (Fnaca), le 19 mars 1962, jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu au lendemain des accords d'Evian, marque le début du processus de "paix". Une grande partie des "anciens d'Algérie", cependant, s'y refusent, jugeant à la fois que cette date est le symbole d'une "trahison" et que les"massacres" perpétrés par les combattants du FLN ont continué bien après cette date. Le 5 décembre, proposé par décret en 2003, ne correspond à rien sinon à une tentative de surmonter la "guerre des mémoires".

C'est cependant en droit, et en droit seul, que le Conseil constitutionnel est appelé à se prononcer. C'est en droit qu'il a jugé cette loi conforme à la Constitution. Sa décision ne va cependant pas manquer de faire polémique.

Patrick Roger

mardi 27 novembre 2012

La demande de récusation d'un magistrat juif rejetée 27.11.12 | 22:36 | Le Monde.fr avec AFP et Reuters

Me Alexis Dubruel avait déposé sa requête sur la base de l'article 668 du Code de procédure pénal, qui permet de récuser un juge s'il est suspecté d'impartialité. AFP/DAMIEN MEYER

Le premier président de la cour d'appel de Lyon a rejeté mardi 27 novembre la demande de récusation présentée par un avocat à l'encontre du juge Albert Lévy, qu'il soupçonne de partialité du fait de son patronyme à consonance juive.

Me Alexis Dubruel avait déposé sa requête le 31 octobre sur la base de l'article 668 du Code de procédure pénal, qui permet de récuser un juge s'il est suspecté d'impartialité. Il avait fait valoir dans une affaire familiale tout à fait banale que le père de la prévenue était également juif, car se prénommant Moïse, une démarche qui a suscité la réprobation de nombreux magistrats. Me Dubruel, qui défendait la partie civile, a cité dans sa requête des définitions des noms données par l'encyclopédie en ligne Wikipédia.

Selon cet avocat, le juge manquerait d'impartialité dans un dossier où le père de la prévenue s'appelle Moïse."Le 'papa' de la personne (...) se prénomme Moïse", et "la première page de la notice du mot 'Moïse' sur le site Wikipédia mentionne que ce mot 'est selon la tradition, le fondateur de la religion juive'", écrit Me Dubruel.
Or, "la première page de la notice du mot 'Levy' sur Wikipédia mentionne que ce mot 'est, dans le peuple juif, un des noms portés par les descendants des lévites'", ajoute l'avocat, concluant que "la matérialité de ces constatations n'est pas contestable."

UNE DÉMARCHE "JURIDIQUEMENT DÉLIRANTE"

Albert Lévy, 61 ans, a déjà fait l'objet dans le passé d'attaques antisémites, venant en particulier de l'extrême droite. Au printemps, le groupe islamiste Forsane Alizza avait projeté son enlèvement. Ce premier vice-président du tribunal de grande instance de Lyon avait alors été placé sous protection policière. La requête a été rejetée mardi et la cliente de l'avocat a été condamnée de ce fait à une amende civile de 750 euros, soit la plus importante prévue dans ce cas. Maître Alain Jakubowicz, avocat d'Albert Lévy, mais également président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), s'est félicité de la décision du tribunal.

"Cette affaire dépasse le cas d'Albert Lévy et atteint les fondements même de l'institution. Ces attaques ignobles contre Albert Lévy sont la pire chose qu'on puisse dire à l'encontre d'un magistrat", a-t-il indiqué. Alain Jakubowicz a estimé que la démarche de son confrère était une dérive dangereuse. "Demain, on pourrait ainsi récuser un juge pour ses orientations sexuelles, pour ses appartenances politiques, parce qu'il est noir, banc, chrétien, ou franc-maçon... C'est absolument effroyable", a-t-il dit.

Le Syndicat de la magistrature a estimé dans un communiqué que la démarche était "juridiquement délirante""humainement inacceptable" et qu'elle tendait à promouvoir une conception fondamentalement viciée et dangereuse du devoir d'impartialité qui s'impose à tout magistrat. Le Parquet général de Lyon a annoncé à qu'il engageait une procésure disciplinaire contre l'avocat.

La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a pour sa part exprimé dans un communiqué sa " plus vive réprobation à l'égard de toute mise en cause de l'impartialité d'un magistrat dans l'exercice de ses fonctions du fait de ses origines, de son patronyme, ou de son appartenance ou sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, ou une religion déterminée", rappelant "les dispositions de l'article 225-1 du Code pénal définissant la discrimination".
Mme Taubira a indiqué qu'elle apportait "son plein soutien au magistrat concerné", assurant "les autorités judiciaires de Lyon de tout son engagement pour la mise en oeuvre des mesures de protection statutaire (...) relative au statut de la magistrature".


jeudi 22 novembre 2012

Derrière la guerre Fillon Copé , le triomphe de Patrick Buisson


Le Monde

Ils se battent sans réaliser qu'ils ont déjà perdu : François Fillon et Jean-François Copé continuent de se disputer la victoire, sans bien mesurer les dégâts qu'ils se causent à eux-mêmes.

Ils sont aveuglés, ils ne voient pas qu'à l'UMP, ce ne sont plus eux les chefs, mais   deux trentenaires : Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, aussi arrivistes que décomplexés, qui ont exécuté à la lettre ce que leur a enseigné leur maître, Patrick Buisson.  Leur motion la Droite Forte a battu au poteau les cinq autres en recueillant près de 28 % des suffrages sur une ligne identitaire qui change le logiciel de l'UMP.

Compte tenu des conditions dans lesquelles s'est déroulé le vote des militants UMP, dimanche 18 novembre, et des nombreuses contestations que le scrutin a soulevées depuis, il convient naturellement d'être prudent dans les interprétations. Tout est sujet à caution.   Mais enfin, la Droite forte devance de plus de 6 points la motion de Laurent Wauquiez, arrivée en seconde position. Il est donc difficile de lui contester la victoire.

Que revendique le texte ? Trois choses essentielles :

- Une fidélité absolue à l'héritage de Nicolas Sarkozy, avec mission de bloquer tout droit d'inventaire. Pour Peltier et Didier, l'histoire de l'UMP commence avec Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac a eu beau rassembler le RPR, l'UDF et Démocratie Libérale dans un même parti en 2002, il compte du beurre. C'est «  la révolution culturelle » proposée par Nicolas Sarkozy à partir de 2007 qui a « rassemblé » les droites et les a « réconciliées avec le peuple », affirme leur texte . La conclusion coule de source : pas besoin de s'embarrasser des vieilles cultures gaulliste, libérale et centriste qui font le substrat de l'UMP. Tout cela est mort, puisque tout commence en 2007.

- La reconquête par le peuple. C'est le pari de la Droite forte : transformer l'UMP en un grand parti populaire, récupérer tous ceux qui souffrent de la mondialisation pour battre la gauche et dévitaliser le Front national. Est ainsi désignée comme prioritaire«  la reconquête des classes moyennes, des catégories populaires, de la France périurbaine et rurale qui souffre de déclassement social et identitaire et qui sont les grands perdants de la mondialisation. » S'ensuit un projet très nationaliste avec ode à la patrie, défense de la souveraineté, vision protectrice de l'Europe, dénonciation de l'assistanat, valorisation du travail, exaltation des valeurs familiales.

- La fusion de la « question sociale » et de la « question identitaire ». Elle était en germe dès 2007 dans la campagne de Nicolas Sarkozy, avec le ministère de l'identité nationale. Elle s'est trouvée exacerbée durant la campagne de 2012, avec comme grand instigateur Patrick Buisson. Elle consiste à dire que « plus les individus sont affectés par la mondialisation, plus ils éprouvent un besoin d'enracinement et de frontières » (interview au Figaro le 13/11/2012). Peltier et Didier reprennent totalement cette thèse à leur compte. Leur motion mélange patriotisme et référence aux racines chrétiennes de la France, défense de la laïcité et méfiance à l'égard de l'islam. Elle joue sur les peurs et flirte ouvertement avec les thématiques du Front national.

C'est la vraie révolution de cette élection : l'UMP est en train de devenir un parti de droite identitaire qui échappe à ses fondateurs.

dimanche 18 novembre 2012

GILLES KEPEL - PROFESSEUR À SCIENCES PO PARIS Face au salafisme, banaliser l’islam comme les autres religions


Y a-t-il une progression du salafisme en France ?

Le phénomène salafiste est limité en nombre, il ne concerne que quelques milliers de personnes en France, et dans leur majorité, les salafistes sont non-violents. Ceux qui désirent passer au jihad sont une minorité à l'intérieur d'une minorité. Néanmoins, il suffit d'un acte de violence pour mettre le feu aux poudres, et l'affaire Merah, puis l'affaire Jérémie Louis-Sidney à Strasbourg, sont sources d'interrogation.

L'interrogation a tourné à la polémique…

L'affaire Merah n'est toujours pas complètement élucidée. Elle est intervenue dans le contexte de l'élection présidentielle, et on reste très surpris, au vu de l'enquête commanditée, par les incroyables ratés du renseignement, qui avait pourtant identifié et « logé » Mohammed Merah. Mais la survenue de l'affaire de Strasbourg, parce qu'elle pointe aussi la capacité du salafisme à convertir des jeunes particulièrement fragiles, qui ont déjà basculé dans la délinquance, soulève des interrogations sur notre modèle social et sur les formes d'opposition en son sein.

C'est-à-dire ?

Dans les banlieues défavorisées, la référence identitaire islamique a progressé. Elle n'est pas, dans sa totalité, en confrontation avec la société française et les idéaux républicains. Il appartient aux autorités publiques, notamment en renouvelant en termes de génération la représentation de l'islam de France, de favoriser l'émergence d'interlocuteurs responsables, qui banalisent l'islam comme sont banalisées les autres religions. .

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Publié le 13/11/2012 à 06:00 par Propos recueillis par Francis Brochet

vendredi 16 novembre 2012

Une imam va marier deux musulmanes à Paris - Terrafemina

Une imam va marier deux musulmanes à Paris


Venue spécialement des États-Unis, une femme imam de la mosquée progressiste de Los Angeles officiera pour le mariage symbolique de deux Françaises musulmanes ce samedi à Paris. Le Centre lesbien gay, bi et trans de la capitale accueillera la cérémonie organisée par la Confederation of Associations LGBT, European or Muslim (CALEM), qui mènera par ailleurs sa conférence annuelle à Paris. « Les futures mariées sont deux Françaises de confession musulmane », explique le porte-parole de l'association HM2F Homomusulmans Ludovic-Mohamed Zahed, également coordinateur de la conférence.

« Elles ont décidé de se marier après une longue réflexion », même s'il s'agit d'une union symbolique : « En Islam, il n'y a pas de mariage religieux. Le mariage est un contrat social entre deux personnes devant des témoins. Rien n'interdit l'union entre deux personnes du même sexe. Pour une majorité de musulmans, la sexualité reste le plus grand des tabous », explique en effet Ludovic-Mohamed Zahed. « En France, il y a une vraie attente. Parfois des musulmans nous écrivent pour nous dire "merci, c'est ça, pour nous l'islam" ». Si ce type d'initiative est monnaie courante outre-Atlantique, c'est une première en France.

Salima Bahia

Crédit photo : BananaStock

jeudi 15 novembre 2012

Les banlieues, premières victimes de la crise 15.11.12 | 20:57 | Le Monde.fr

Les 751 zones urbaines sensibles (ZUS) cumulaient déjà les handicaps, mais selon l'Onzus, la crise a encore aggravé leur situation. Le taux de pauvreté (part des personnes vivant avec moins de 964 euros par mois) y est ainsi passé de 30,5% en 2006 à 36,1% en 2010. Au cours de la même période, il n'a progressé que de 11,9% à 12,6% en dehors de ces quartiers.

TAUX DE CHÔMAGE PLUS ÉLEVÉ

Plus jeunes, moins qualifiés, majoritairement d'origine étrangère, les 4,5 millions d'habitants des ZUS peinent d'abord sur le marché du travail. Depuis 2008, la part des habitants de ZUS ayant un emploi ne cesse de diminuer et moins d'une personne âgée de 15 à 64 ans sur deux (47,6%) y est aujourd'hui salariée.

En parallèle, le taux de chômage est encore passé de 21,9% en 2010 à 22,7% en 2011. Or, rapporte l'Onzus, "les effets de la crise économique semblent plus prononcés en ZUS car dans le même temps, le taux de chômage dans les autres quartiers des mêmes agglomérations est très stable depuis 2009,autour de 9,5 %".

Hasard du calendrier, le rapport annuel de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) paraît juste après la grève de la faim du maire de Sevran (Seine-Saint-Denis), Stéphane Gatignon, qui a mis les projecteurs sur les défis des villes pauvres.

Au futur président de l’UMP : rendez-nous une droite normale 14 novembre 2012 LIBERATION !

Par MADJID SI HOCINE Animateur de l'Egalité d'abord !

De nombreux pays démocratiques s'organisent autour de deux pôles, un plus conservateur et un plus social, classiquement désignés chez nous par la droite et la gauche. Nous nous étions habitués à devoir, lors du vote au second tour, trancher entre une droite et une gauche bien différenciées mais qui avaient peu à voir avec leurs extrêmes respectifs. Ces dernières années, et surtout la campagne présidentielle, ont désarçonné une partie des électeurs traditionnels de la droite mais aussi tous ceux qui aiment suivre le débat politique et qui, sans forcément partager les convictions du bloc conservateur, ont un respect républicain pour leurs opinions.

Dimanche, les militants de l'UMP désigneront leur président, c'est l'occasion d'une refondation idéologique et politique. Moment capital pour ce parti qui n'a que 10 ans et dont vient de s'éloigner une partie des centristes en fondant l'Union des démocrates et indépendants (UDI) autour de Jean-Louis Borloo. Comment ne pas les comprendre quand le débat idéologique et les propositions tournent autour de la place de l'islam en France, des immigrés ou du «cancer des assistés» ?

Aujourd'hui, nombre d'anciens thuriféraires de l'ex-président, qui furent parfois ses ministres, ont esquissé un succédané de droit d'inventaire paraissant souvent tard venu et, au pire, indécent. Tous les observateurs attendent donc avec gourmandise ou anxiété de connaître le nom de celui qui sortira du chapeau.

Au même moment, la catastrophe économique annoncée fait sentir ses effets, les plans de licenciement tombent les uns derrière les autres, la réalité de la dégradation des comptes publics saute aux yeux de la majorité des Français, le désespoir et le renoncement devant ce qu'on pense être une fatalité gagnent du terrain.

L'UMP, encore sonnée, ne semble pourtant pas capable de redevenir une force de propositions crédibles. Marine Le Pen, ayant enfin tué le père, est prête à créer une alternative en mesure de rassembler une partie de l'électorat conservateur sur le modèle de ce qu'a pu faire Gianfranco Fini en Italie avec le parti héritier du MSI de Mussolini. Le Rassemblement bleu Marine fourbit ses armes, met en avant de nouveaux leaders «light». Qui sait quels seront ses scores quand il aura réussi à attirer d'autres Gilbert Collard de talent qui, faut-il le rappeler, fut radical valoisien et dans un passé plus lointain trotskiste ! C'est probablement le plus grand danger pour l'ex-majorité.

Il faudrait sortir de la simple critique des mesures et des discours du gouvernement et formuler des contre-propositions. Se garder de tomber dans la facilité de la polémique, aisée, mais qui ne fait pas progresser les débats. C'est justement ce dont les Français sont fatigués.

Dégrisés du rêve de lendemains qui chantent, ils ne croient plus une seconde que les politiques aient le moindre pouvoir de «changer la vie» si l'on en croit l'abstention qui atteint, dans nombre d'endroits, lors de certains scrutins près de trois quarts du corps électoral. Un jour, ils chercheront une alternative à l'élection, dont ils n'attendent plus rien, et personne n'aura à y gagner. L'époque que nous vivons est troublée et anxiogène, c'est un ferment extraordinaire pour les extrêmes. Le constat est terrible, notre pays apparaît de plus en plus comme une terre en jachère. De larges parties de nos territoires deviennent des zones de relégation pour la misère et le désespoir, où l'Etat ne tient plus sa place malgré les plans de rénovation urbaine. Un spleen contagieux gagne.

Dans son dernier rapport, l'ancien médiateur de la République avait brossé le tableau d'une France anxieuse et en souffrance, un bilan sans appel. Le monde qui nous entoure n'est pas non plus rassurant. C'est là où sont les vrais enjeux, pas dans des conversations de comptoir tenant lieu de débat politique autour d'un pain au chocolat, dans des désignations de boucs émissaires, ou des combats d'arrière-garde au rythme des bras d'honneurs !

C'est pourquoi la France et les républicains de tous bords ont besoin d'une droite forte et intelligente, qui propose, construit, réfléchit, pas d'une droite populaire décomplexée qui semble surtout désinhibée. Elle ne peut que pâtir d'une droite qui stigmatise, oppose, singe l'extrême droite. Monsieur le futur président de l'UMP, rendez-nous une droite normale, ceux qui croient encore en la République en ont besoin pour éviter un Waterloo de la démocratie en 2017 !

mercredi 14 novembre 2012

"Racisme anti-Blanc", non à une imposture ! 14.11.12 | 17:43 | LE MONDE Stéphane Beaud, sociologue et Gérard Noiriel, historien

Des manifestants anti-racisme le 1er mai 2012, à Paris.AFP/PIERRE VERDY

Le 26 octobre, pour la première fois dans une affaire de ce type, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) s'est portée partie civile contre un prévenu accusé de violences avec la circonstance aggravante de "racisme", au motif qu'il a insulté la victime en criant "sale Blanc, sale Français". Invité à commenter cette initiative ahurissante, le coprésident du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), Pierre Mairat, l'a cautionnée en affirmant que la "vraie question" était de savoir si on nie "le racisme anti-Blanc", ou si on le "constate" et "l'analyse" (Le Monde du 27 octobre).

Le "racisme anti-Blanc", slogan lancé comme on le sait par le Front national (FN) dans les années 1980, repris ensuite par la droite "décomplexée", est donc en passe d'être validé par des associations antiracistes !

Si le FN peut revendiquer la paternité de la formule "racisme anti-Blanc", il n'a pas inventé la rhétorique qui la sous-tend. Celle-ci a été forgée au début de la IIIe République. Elle a servi au départ à alimenter l'antisémitisme. Toute l'argumentation raciste d'Edouard Drumont dans la France juive(1886) repose sur l'inversion des rapports de domination entre majorité ("nous, Français") et minorité ("eux, les juifs"). Pour Drumont, les juifs ne sont pas des victimes mais des agresseurs. Ses "preuves", il les trouve dans les faits divers colportés par la presse mettant en cause des juifs.

C'est aussi dans les écrits de Drumont que l'on trouve un autre argument repris par ceux qui dénoncent le racisme anti-Blanc. Les Français victimes de ces violences n'osent pas se plaindre parce qu'ils ont peur. Au lieu de nier la réalité, comme le font les intellectuels cosmopolites, il faut avoir le courage de l'affronter. Le moment est venu de briser un tabou.

Ce type de discours a été d'emblée populaire (La France juive s'est vendue à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires). C'est pourquoi il a été repris par la suite, pour stigmatiser les Tziganes, les immigrés et les indigènes de l'empire colonial. Tout au long du XXe siècle, les associations de défense des droits de l'homme ont combattu cette propagande en affirmant que la lutte contre le racisme était avant tout un combat politique dont la finalité consistait à défendre les droits des minorités. Le fait qu'un Français puisse être insulté (ou agressé) par un individu issu d'une minorité discriminée est condamnable, mais pas au nom des principes qui sous-tendent le combat antiraciste.

Comment expliquer que ces principes soient remis en cause par des associations aussi importantes que la Licra ou le MRAP ? La première raison qu'on peut avancer, c'est l'effondrement des causes qui avaient soudé les diverses composantes du mouvement antiraciste au moment des combats contre le nazisme et le colonialisme. Le délitement des engagements politiques alimente la concurrence entre des associations qui s'enferment dans une vision de plus en plus communautaire.

Cette dépolitisation a eu aussi pour effet de laisser le champ libre aux entreprises médiatiques qui ont transformé le combat contre le racisme en "affaires", (scoops, scandales, etc.). Les "entrepreneurs de morale" se sont engouffrés dans la brèche au point d'occuper tout le terrain. Réduit à sa dimension morale, le combat contre le racisme s'est focalisé sur la dénonciation des préjugés. Or, comme les sciences sociales l'ont montré (deux conférences sur le racisme présentées par Claude Lévi-Strauss à l'Unesco), tous les groupes humains ont tendance à voir le monde à partir du clivage entre "eux" et "nous" et à dévaloriser les "étrangers". C'est ce constat qui a incité le mouvement antiraciste à privilégier l'éducation comme arme contre les préjugés ethnico-raciaux tout en combattant leur expression politique.

Mais l'idéal éducatif des Lumières a laissé la place à la logique répressive du procès, ce qui a conduit les associations à englober sous le terme "racisme" des réalités différentes. L'accusation de "racisme" pouvant être mobilisée dans tous les sens, les conservateurs ont compris le bénéfice politique qu'ils pouvaient en tirer. Depuis les années 1980, la médiatisation des affaires de racisme a eu aussi pour effet d'accélérer la "racialisation" du discours social. Désigner les individus par leur couleur de peau, leur origine, leur religion, c'est alimenter un processus d'assignation identitaire. Au lieu de résister à cette dérive, une partie du mouvement antiraciste l'a accompagnée et cautionnée.

Au moment de "l'affaire des quotas" qui a secoué le football français en mai 2011, nous avions attiré l'attention sur les effets contre-productifs d'une posture se contentant d'agiter sans cesse le spectre d'une "France raciste". L'occultation des réalités sociales au profit des discours identitaires aboutit à imposer dans le débat public un langage opposant les "Blancs" aux "non-Blancs" ("Noirs et Arabes"). Ce langage occulte les différenciations internes à ces groupes racialisés et prive le combat anti-raciste du référent universaliste sur lequel il a pourtant construit son identité. Mais surtout, il contribue à fabriquer la réalité qu'il dénonce.

La racialisation du discours public contribue ainsi à l'enfermement identitaire de la fraction déshéritée de la jeunesse populaire. Privés de toute possibilité de diversifier leurs appartenances et leurs affiliations, ces jeunes intériorisent un vocabulaire racial qu'ils n'ont pas inventé, mais dans lequel ils se reconnaissent, ce qui explique qu'ils puissent se représenter le monde social de manière binaire et ethnicisée : le "nous" (de la cité, des jeunes Noirs ou Arabes, des exclus, mais aussi de plus en plus, semble-t-il, "nous, les musulmans") versus le "eux" (des bourgeois, des Céfrans, des Gaulois, des Blancs, ou des athées, etc.).

En s'engageant dans des procès contre le "racisme anti-Blanc", le mouvement associatif ne fera que renforcer ces clivages. Il alimentera aussi le sentiment d'injustice des jeunes qui se sentent humiliés par ceux qui maîtrisent le langage permettant d'échapper aux accusations de "racisme". On comprend que les politiciens de la droite décomplexée, qui défendent les classes privilégiées, aient intérêt à faire croire à l'opinion que le "racisme anti-Blanc" est le principal problème de la société française. Mais en s'engageant dans cette voie, les associations antiracistes risquent fort de scier la branche sur laquelle elles sont assises.

mardi 13 novembre 2012

Islam : 60% des Français jugent trop importantes sa visibilité et son influence


Islam : 60% des Français jugent trop importantes sa visibilité et son influence
© AFP

Un sondage Ifop publié par "Le Figaro" jeudi, à la veille de la fête religieuse musulmane de l'Aïd al-Adha, tire la sonnette d'alarme sur la perception de l'islam en France.

Par FRANCE 24  (texte)
 

Alors que la communauté musulmane s'apprête à fêter vendredi 26 octobre  l'Aïd al-Adha, fête du sacrifice, un sondage Ifop publié par "le Figaro" montre un malaise français envers l'islam.

D'après l'enquête, réalisée en ligne du 15 au 18 octobre sur un échantillon de 1 736 personnes représentatif de la population française, 43 % des Français voient dans la présence de la communauté une "menace" pour l'identité du pays. Seuls 17 % considèrent qu'elle peut être un facteur d'enrichissement culturel.

Les signes distinctifs et symboles religieux ainsi que l'influence de l'islam sont également jugés trop importants par 60 % des Français. Il y a deux ans, ils étaient déjà 55 % à partager cette opinion.

Le sondage a été réalisé par questionnaire auto-administré en ligne auprès d'un échantillon de 1 736 personnes, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, entre le 15 et le 18 octobre.

Durcissement des Français vis-à-vis de l'islam

Cette enquête montre également une opposition de plus en plus marquée des Français à certains symboles de l'islam. Ainsi, 43 % des sondés se sont prononcés contre la construction de mosquéeset 63 % se disent opposés au port du voile dans la rue, contre 59 % en 2010. Enfin, concernant l'accueil de la société française aux musulmans, 68 % des sondés jugent que la mauvaise intégration de certains musulmans vient de la mauvaise volonté de ces derniers.

Pour Jérôme Fouquet, directeur du département opinion de l'Ifop, le sondage "démontre une évolution qui va dans le sens d'un durcissement supplémentaire des Français vis-à-vis de cette religion et d'une perception négative renforcée de l'islam".
Face à cette mise en demeure, le Conseil représentatif du culte musulman (CFCM) rejette la faute sur le traitement politique et médiatique de l'islam.

"Les Français ne connaissent l'islam qu'à travers l'actualité, qui se concentre sur les faits négatifs comme l'arrestation de radicaux", souligne le président du CFCM Mohammed Moussaoui. "Il y a un traitement politique et social de l'islam et non spirituel".

"Une situation explosive"

Le sociologue Raphaël Liogier, auteur du "Mythe de l'islamisation" et professeur à Sciences Po Aix, s'est dit très préoccupé par le sondage qui, selon lui, reflète une "situation explosive". Le "plus grave", dit-il, est la statistique suivante: 68% des sondés attribuent les problèmes d'intégration des musulmans à leur "refus de s'intégrer".

"En disant cela, les Français supposent une intention maligne et négligent les facteurs économiques et sociaux, estime le chercheur. On est dans la définition clinique de la paranoïa : on a peur de choses que l'on ne voit même plus, que l'on suppose exister."
"C'est très dangereux" car cela peut entraîner des personnes fragiles à se prendre pour des "héros isolés" de la "civilisation européenne" et à verser dans la violence, dit-il.

L'occupation de la Mosquée de Poitiers le 20 octobre par le groupuscule d'extrême droite Génération identitaire relève, selon lui, de cette logique. Mais "le pire est encore devant nous", ajoute l'expert en estimant possible l'émergence en France d'un tueur comme Anders Behring Breivik, qui a assassiné 77 personnes en Norvège le 22 juillet 2011 au nom de la lutte contre le multiculturalisme.

vendredi 9 novembre 2012

Le 19 mars devient la journée officielle de mémoire des victimes de la guerre d'Algérie 08.11.12 | 20:13 | Le Monde.fr avec AFP

Des adhérents à la Fnaca portant des drapeaux tricolores, assistent, le 19 mars 1999 à Paris, devant la tombe du soldat inconnu, à la cérémonie de commémoration du 37e anniversaire du cessez-le-feu qui avait mis fin officiellement le 19 mars 1962 à la guerre d'Algérie. AFP/THOMAS COEX

Son inscription à l'ordre du jour du Sénat, dix ans après son passage devant l'Assemblée, a suscité un débat passionné, souvent marqué par une forte émotion, sur fond de polémiques sur le passé colonial de la France. Mais la proposition de loi socialiste qui fait du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en 1962, la "journée nationale du souvenir" en mémoire des victimes de la guerre d'Algérie, a finalement été adoptée définitivement par le Parlement, jeudi 8 novembre, après un vote en ce sens au Sénat. Le texte a été adopté par 181 voix contre 155, la gauche sénatoriale s'étant prononcée pour, la droite contre.

Déjà votée en janvier 2002, et dans les mêmes termes, par l'Assemblée nationale, la proposition de loi est donc définitivement adoptée après le vote du Sénat et ne retourne pas devant les députés. En deux courts articles, le texte institue chaque 19 mars une journée "à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc".

"HOMMAGE" OU "DIVISION"

La gauche a défendu un texte qui, selon elle, rassemble et rend hommage à toutes les victimes du conflit. L'UMP a dénoncé pour sa part un texte de division et a accusé la gauche d'instrumentaliser l'histoire à quelques jours du voyage du président François Hollande, le mois prochain, en Algérie. Le 19 mars, date du cessez-le-feu au lendemain des accords d'Evian, le 18 mars 1962, est un sujet de tensions entre la droite et la gauche, mais aussi entre associations d'anciens combattants et de rapatriés d'Algérie.

Dernier signe de cette tension partisane autour de ce sujet : le mystérieux bras d'honneur du sénateur UMP Gérard Longuet en réaction à une dépêche de l'AFP indiquant que l'Algérie demandait une "reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français". Un geste qu'il a expliqué en déclarant : "La France n'a pas à avoir honte de sa présence en Algérie pendant la colonisation, en tout cas c'est ma conviction." Et d'ajouter : "Refaire l'histoire, cent quatre-vingt-deux ans plus tard, ne permet pas d'aller de l'avant. Je souhaite une relation apaisée entre la France et l'Algérie, mais cela paraît impossible si à chaque fois que l'on se rencontre, on refait le procès de la colonisation."

L'une des principales associations, la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca), qui représente 350 000 adhérents, notamment d'anciens appelés du contingent, militait depuis de nombreuses années en faveur d'une journée d'hommage le 19 mars. Une quarantaine d'autres associations, qui revendiquent plus de un million de membres, défendaient en revanche la date du 5 décembre, officiellement retenue depuis 2003, pour rendre hommage aux victimes, mais qui ne correspond à aucun événement de la guerre d'Algérie.


Faire face à la France raciste 09.11.12 | 12:06 | M le magazine du Monde Louise Couvelaire


Le 1er novembre, à Toulouse, François Hollande et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou lançaient un appel commun contre l'antisémitisme. AFP / BOB EDME

Campagnes contre l'islamophobie et le racisme, plan contre l'homophobie, appel conjoint de François Hollande et du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, contre l'antisémitisme, le 1er novembre à Toulouse... Pouvoirs publics et associations tirent la sonnette d'alarme. Et il y a de quoi. Toutes les études le montrent : les préjugés, qui étaient en recul depuis 2005, sont repartis à la hausse depuis deux ans. La crise économique n'est pas seule en cause. "Lorsque le politique se permet de raisonner en généralités sur tel ou tel groupe ethnique, cela contamine le débat public et favorise l'expression des préjugés", constate Jérôme Sainte-Marie, directeur du pôle Opinion de l'institut de sondage CSA, qui réalise chaque année une étude sur la tolérance des Français pour la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Depuis 2010 et le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy sur l'immigration, les Français se montrent de plus en plus intolérants. La campagne présidentielle de 2012, marquée par une "ethnicisation" du discours politique, s'inscrit dans le même registre. "Jamais, durant la Ve République, une élection n'a été autant entachée par des propos racistes ou xénophobes, venant non seulement du FN mais aussi d'une partie de la droite, ce qui a fait sauter les verrous", souligne Sipa Réda Didi, délégué général de Graines de France, un groupe de réflexion qui a rendu le 30 octobre un rapport intitulé "Altérité, racisme et xénophobie dans les campagnes présidentielle et législatives de 2012". A l'heure où les tensions s'aggravent six fois plus d'actes de violence visant les musulmans par rapport à 2005 et hausse de 45 % des actes antisémites durant les huit premiers mois de l'année les initiatives pour lutter contre les discriminations se multiplient.

QUESTION D'AFFICHAGE

"Une opération de communication ne réglera pas le problème, et ce n'est d'ailleurs pas l'objectif, explique Alain Jakubowicz, président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) qui s'apprête pourtant à lancer une nouvelle campagne. Il s'agit seulement de continuer à montrer qu'il existe des citoyens militants prêts à se battre contre les préjugés." Question d'affichage, en somme. S'il est important de proclamer l'illégitimité du racisme, cela reste insuffisant. Voire contre-productif. "Il faut adopter une ligne plus agressive dans nos messages, moins gnangnan", insiste le président de la Licra. "Moins moralisatrice surtout, précise le sociologue Eric Fassin. La bonne conscience paraît toujours condescendante." Un véritable exercice d'équilibriste.

Le CCIF revisite "Le Serment du Jeu de paume" avec des citoyens portant voile ou kippa.  CCIF - COLLECTIF CONTRE L'ISLAMOPHOBIE EN FRANCE

La campagne "Nous sommes la Nation", lancée par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) le 31 octobre, revisite le tableau du Serment du Jeu de paume du peintre Louis David, en mettant en scène des citoyens, hommes et femmes, dont certaines sont voilées. Une façon de bousculer les représentations. "On tend à s'imaginer que la France "historique" était blanche, mais c'est oublier les colonies !", poursuit le sociologue. "Il ne s'agit pas de changer les mentalités mais d'entamer un travail de déconstruction des préjugés et de montrer que l'histoire de France est faite de diversité", renchérit le porte-parole du CCIF, Marwan Muhammad. La campagne cible les politiques et cherche à exister sur la scène médiatique afin de les obliger à se saisir de la question et à se positionner.

Le ministère des droits des femmes vient d'ouvrir la voie. Le 31 octobre, Najat Vallaud-Belkacem a présenté un vaste plan destiné à lutter contre l'homophobie - qui prévoit notamment des formations dans l'éducation nationale, la magistrature, la police, les services de santé... "On sait aujourd'hui que la parole du politique a un impact direct sur les comportements,insiste Sipa Réda Didi, de Graines de France. C'est au gouvernement de prendre les mesures qui s'imposent, malheureusement rien est vraiment mis en oeuvre pour détricoter le mal qui a été fait pendant la campagne. La gauche reste en mode réactif." Peut-être trop timorée face à une droite décomplexée.


samedi 3 novembre 2012

Communiqué du Forum France-Algérie suite au bras d'honneur de M. Longuet sur le plateau de Public Sénat le 31 octobre 2012


 

Communiqué


Le Forum France-Algérie exprime sa consternation et sa profonde indignation suite au geste inqualifiable de Mr Gérard Longuet, sénateur de la Meuse et ancien ministre, le 31 octobre sur le plateau de la chaine télévisée Public Sénat.

Alors que la démarche du président de la République, dans la foulée de la reconnaissance de la tragédie du 17 octobre 1961, nourrit l'optimisme de ceux qui œuvrent depuis des décennies pour une réconciliation entre la France et l'Algérie, cet acte ignoble vient nous rappeler que certains milieux en France restent déterminés à empêcher un rapprochement et une normalisation des relations entre les deux pays.

Tout en saluant la réaction de Mr Jean-Pierre Bel, président du Sénat, le FFA condamne avec fermeté le comportement irresponsable et indigne d'un élu de la République et en appelle aux responsables de l'UMP (formation à laquelle appartient Mr Longuet) afin de se démarquer et de sanctionner cet acte grave.

Monsieur Longuet vient de se mettre hors-jeu et son geste d'humeur lui vaudra sans doute la seule place qu'il mérite, une place d'honneur dans les bêtisiers télévisés de fin d'année.

Paris, le 3 novembre 2012

Contact presse :
Dr Madjid Si Hocine
Porte parole du FFA
06 80 90 42 95



 










vendredi 2 novembre 2012

Gérard Longuet : un bras d'honneur mais aussi d'autres dérapages



Alors que de nombreuses personnalités ont été choquées par son bras d'honneur à la télévision, Gérard Longuet n'en est pas à son premier dérapage. Loin de là...


Publié le 2 novembre 2012
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Gérard Longuet a l'habitude des polémiques

Gérard Longuet a l'habitude des polémiques Crédit Capture écran

Abonné aux dérapages, Gérard Longuet ? Invité de l'émission politique Preuves par 3, surPublic Sénat/AFP, l'ancien ministre de la Défense a fait un bras d'honneur en réponse à une demande du gouvernement algérien exigeant que la France reconnaisse les "crimes " du colonialisme. Si le geste a suscité un tollé à gauche, le principal intéressé ne s'est pas excusé préférant même assumer. " C'est un geste de mauvaise humeur typiquement populaire " à propos d'un " sujet sensible pour moi ", a-t-il justifié dans un communiqué. Si la polémique a fait son chemin, Gérard Longuet a l'habitude de ce genre de scénario.

En effet, l'ancien chef des armées avait vu en Marine Le Pen " un interlocuteur " lors d'un entretien à l'hebdomadaire de droite radicale, Minute, en mai dernier. A l'époque, il avait même été critiqué dans son camp par Rama Yade, Rachida Dati voire Jean-Pierre Raffarin.

En 2010, il avait dénoncé la possible nomination de Malek Boutih à la tête de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, la Halde, estimant que ce dernier n'appartenait pas " au corps traditionnel français ". Il avait encore une fois suscité l'indignation des associations anti-racistes jusque dans son parti.

En 2008, Gérard Longuet, alors sénateur de la Meuse, avait établi un lien entre homosexualité et pédophilie lors d'une audition du ministre de l'Education de l'époque, Xavier Darcos. Il avait alors rétorqué à ses détracteurs : "Ça ne me dit rien du tout. Je n'ai pas souvenir de ces propos. Mais qu'il y ait un lien entre homosexualité et pédophilie, ça peut arriver. Notamment dans des écoles catholiques, on a pu voir ça".

Aujourd'hui, l'ancien ministre de la Défense va tenter d'éteindre l'incendie qu'il a provoqué. Ce qui ne s'annonce pas simple...

Bras d'honneur de Longuet : "La droite française bête et méchante", pour l'Algérie


Le Monde.fr | 02.11.2012 à 13h51 • Mis à jour le 02.11.2012 à 23h32
"Droite française bête et méchante", "voyous" ou "réactions honteuses". Les responsables algériens, ont multiplié les qualificatifs dans la presse pour commenter le bras d'honneur de l'ex-ministre français de la défense Gérard Longuet, sur une repentance française envers l'Algérie.

Pour le Front de libération nationale (FLN, parti présidentiel), la réaction de M. Longuet "illustre parfaitement les actions de ce courant durant la colonisation, qui avait dans sa grande majorité soutenu les thèses développées par l'OAS", organisation extrémiste armée pour l'Algérie française. "On a toujours dit que cette droite française était bête et méchante. Elle est colonialiste dans l'âme", déclare le porte-parole du FLN, Aïssa Kassa, à El-Watan Week-End.

LE "MÉPRIS FRANÇAIS"

Pour Lakhdar Benkhellaf, porte-parole du Front pour la justice et la démocratie (islamiste radical), "ces réactions sont honteuses et sont une véritable insulte jetée à la face du peuple algérien. Les Français doivent savoir que nous ne nous contenterons pas de la reconnaissance partielle des massacres d'octobre 1961 faite par le président Hollande", affirme-t-il. Zohra Drif, combattante de la Libération et vice-présidente du Sénat, dénonce le "mépris" français : "J'ai toujours affirmé que la France coloniale était ce qu'il y avait de plus hideux."

Côté presse arabophone, les critiques vont bon train. "Les responsables politiques voyous de la droite française ont répondu de manière humiliante" à une demande de repentance, s'est insurgé en une le quotidien populaire Echorouk, évoquant un"geste abominable, inhumain" et un acte "irresponsable". M. Longuet a assumé son bras d'honneur jeudi 1er novembre, date du 58e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, alors que l'Algérie célèbre cette année le cinquantenaire de son indépendance et attend une visite de François Hollande dans un mois.