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vendredi 30 décembre 2011

Blues, en Seine-Saint-Denis, de praticiens qui partent à la retraite sans successeur




31 décembre 2011
REPORTAGE



A Stains (Seine-Saint-Denis), les patients devront quitter leur quartier pour leurs soins.

DIANE GRIMONET POUR " LE MONDE "

Les candidats ne se bousculent pas pour s'installer dans des environnements réputés difficiles




Tout est calé. Dimanche 1er janvier, André Frémont, généraliste à Stains (Seine-Saint-Denis), sera à la retraite. Il devait recevoir ses derniers patients, vendredi 30 décembre, et comptait repasser à son cabinet la semaine d'après pour dévisser sa plaque. Rien de plus normal, après trente-sept ans d'activité. Sauf que son départ, après celui d'un autre généraliste cet été, laisse patients et confrères dans la panade.

Le docteur Frémont, " 66 ans dans trois mois ", n'a pas trouvé de successeur, et ce n'est pas faute d'avoir cherché. Il a déposé une annonce à l'hôpital Bichat, à Paris, où il a commencé sa carrière, dans Le Quotidien du médecin, Le Généraliste et Impact Médecin. Au total, il a reçu trois appels. L'un d'Afrique, mais la formation du candidat pouvait poser problème, un autre d'une Roumaine qui parlait peu français, et un d'un urgentiste qui proposait deux jours par semaine...

En fait, l'absence d'intérêt pour son poste ne l'étonne pas. A la désaffection pour la médecine générale s'ajoute le fait que la nouvelle génération de praticiens, souvent des femmes, ne veulent plus des horaires extensibles. Et puis, il y a cette mauvaise réputation de la Seine-Saint-Denis. Difficile, dans ces conditions, d'attirer. Le docteur Frémont exerce pourtant dans un quartier plutôt favorisé. Le problème va s'aggraver, dit-il, " car c'est toute la génération du baby-boom qui s'en va ".

Ses patients, au nombre de 2 500, il les voyait au moins une fois par an. " Une partie ne pourra pas être suivie par mes deux associés. Ils devront se débrouiller ", explique-t-il. Laurence Mazzier, qu'il soigne depuis 1980, espère que le cabinet acceptera toujours de la prendre en consultation. " Mais pour les visites à domicile, je vais avoir des difficultés ", dit cette patiente qui souffre d'une pathologie grave, et, parfois, ne peut se déplacer. Le docteur Frémont continuait à faire des visites à domicile, mais elle sait que bien des médecins y ont renoncé, faute de temps ou par peur d'être agressés.

Germaine Messac, 82 ans, sera toujours suivie au cabinet - il faudra juste qu'elle s'y prenne plus tôt pour ses rendez-vous. Mais après sa dernière consultation avec le docteur Frémont, mardi 27 décembre, elle avait " la larme à l'oeil ". Ce qui l'embête, en outre, c'est que son kinésithérapeute, Jean-Claude Dupont, qu'elle a aussi vu arriver, en 1971, part également.

Marasme

Lui aussi sera à la retraite le 1er janvier. Lui aussi a cherché un successeur en vain. Très peu de candidats l'ont appelé ; aucun n'est venu au rendez-vous fixé. " Je dis aux patients que je suis désolé de n'avoir trouvé personne, et je culpabilise ", lâche-t-il.Dans le quartier pavillonnaire où il exerce, il y a beaucoup de personnes âgées, mais bientôt plus aucun kiné.

A ceux qui demandent vers quel confrère se tourner, il refuse de lâcher un nom : " Mon délai d'attente était de trois mois. Je sais que c'est pareil pour tout le monde. " Ce qui l'agace, c'est que cela fait longtemps que le marasme, qui ne touche pas que Stains, était annoncé.

Interrogés sur le nom de leur futur kiné, les patients présents dans le cabinet haussent les épaules, pour montrer leur impuissance. " Ce sera au petit bonheur la chance, mais je sais que ça va être difficile de trouver ", dit Fernand Limonta, 82 ans, dont la femme a besoin de trois séances par semaine. " On essaiera ailleurs, mais on sait bien que si on va chez ceux qui restent, on va les accabler ", juge Michel François, qui fait la liste de tous les professionnels de santé partis depuis quelques années.

Comme d'autres habitants, il a participé aux pétitions et manifestations organisées par les soignants de Stains et de la commune voisine de Pierrefitte pour dire " stop à la violence " envers les professionnels (Le Monde du 22 février 2011), à la suite de plusieurs agressions. Mais aussi alerter sur les risques des départs non remplacés.

Les choses s'accélèrent : en 2011, dans les deux villes, il y a eu dix annonces de départs (généralistes, ophtalmologue, infirmière...) sur cent libéraux. Parmi eux, il y a ceux qui prennent leur retraite, et ceux qui n'en peuvent plus d'une telle tension. Selon Jocelyne Buruchian, kinésithérapeute et présidente de l'Association des professionnels de santé de Stains, les autorités ont désormais conscience du problème de violence, mais pour parer la désertification, rien n'est fait : " On parle dans le vide. On nous rabâche que la solution, ce sont les maisons et les centres de santé, mais cela ne résout pas le problème des visites à domicile. "

Même s'il a activé ses droits à la retraite, Jean-Claude Dupont exercera jusqu'au printemps. Son associée est enceinte, et elle ne reviendra pas après son congé maternité. " Je ne veux pas la laisser seule d'ici là et tiendrai jusqu'à son départ, mais après je partirai ", prévient-il. Pour lui aussi, la charge de travail serait trop énorme s'il était seul. S'il connaît les réticences à s'installer dans le département, il ne comprend pas que " les gens renoncent à venir avant même d'avoir essayé ". Lundi 2 janvier, il fera encore le tour des écoles de kiné, dans l'espoir qu'un étudiant en dernière année accepte un stage, puis s'installe en juillet. Dans ce cas, il restera jusqu'à l'été.

Laetitia Clavreul

© Le Monde

jeudi 29 décembre 2011

" Vouloir une représentation juste ne doit pas se restreindre à la couleur de la peau " Le Monde 29 décembre 2011

PROFILS

" Vouloir une représentation juste ne doit pas se restreindre à la couleur de la peau "






De gauche à droite, trois candidats PS aux législatives : Seybah Dagoma, adjointe au maire de Paris ; Pouria Amirshahi, secrétaire national, et Sabrina Ghallal, conseillère générale (Marne).

C. BORDEY/ALAMO ET B. LÉVY POUR " LE MONDE "


En vue des élections législatives de juin 2012, le PS présente 25 candidats estampillés " diversité ", afin d'afficher une meilleure représentation de la société française à l'Assemblée nationale. Le Monde a rencontré trois de ces socialistes candidats à la députation.

Pouria Amirshahi Secrétaire national à lacoopération, à la francophonie et aux droits de l'homme

Pouria Amirshahi a toujours sa tête de bon élève, l'allure sérieuse d'un fils d'immigré iranien qui a tout fait pour se couler dans le moule républicain. Il a même envisagé, quand il s'est fait naturaliser, à 24 ans, de franciser son nom en un banal Pierre Royal : " Pierre comme traduction de Pouria et Royal parce que mon nom persan veut dire "rois des rois" ", sourit-il.

Il parle de son " rêve de toujours d'être français comme les autres ". Mais, derrière cette façade policée, cette diction étudiée d'ancien bègue, se cache un malin. Filou comme ce gamin de cité HLM de la porte de Vanves qui " voyoute " avec ses copains algériens ou sénégalais, vole des scooters ou donne du poing à la sortie de l'école, sans que ses parents ne se doutent de rien.

Malin comme le lycéen qui en veut et se fait repérer par les amis de Jean-Christophe Cambadélis - aujourd'hui secrétaire national à l'Europe et aux relations internationales - lors du mouvement de grève des étudiants contre la réforme Devaquet, en 1986.

Puis un peu opportuniste quand l'étudiant de Paris-I est élu à la tête de l'UNEF-ID, contre ses amis, avec l'appui des ennemis d'hier, la " bande à Juju ", proches du cofondateur de SOS Racisme, Julien Dray. Il y reste quatre ans avant de prendre, en 1998, la présidence de la MNEF, la mutuelle étudiante.

M. Amirshahi a eu un pur parcours de jeune apparatchik socialiste des années 1990, naviguant au gré des alliances. Mais aujourd'hui, en fidèle du porte-parole du parti, Benoît Hamon, il peste contre un PS qui a renoncé à changer le monde. A presque 40 ans, son étoile a un peu pâli, même s'il est toujours un dirigeant socialiste - secrétaire national à la coopération, à la francophonie, à l'aide au développement et aux droits de l'homme - et dirige la fédération de la Charente. Sept ans après avoir quitté Paris pour ce département du Bassin aquitain, il lâche son boulot de directeur de centre social - son " établi à lui " - et la fédération socialiste qu'il avait arrachée aux caciques locaux. Il se retrouve candidat aux élections législatives de 2012 dans la 9e des Français de l'étranger, une circonscription " fléchée diversité ".

C'est une gageure pour ce secrétaire national qui s'est toujours battu pour défendre le dogme républicain contre les tenants de la discrimination positive. " Je n'apprécie pas d'être classé "diversité", mais je comprends que le parti ait besoin de cette visibilité ", lâche-t-il. Et lui d'être élu et reconnu.

Sabrina Ghallal Conseillère générale de la Marne

Elle l'a conquise toute seule, sa circonscription. Sabrina Ghallal, candidate dans la 1re de la Marne, ne veut pas laisser dire qu'elle a été aidée. Les militants ont voté " à 62 % sur - son - nom ", et pas parce qu'il sonne arabe. De la même façon qu'elle avait été désignée et élue lors des cantonales de 2008. " Je n'ai pas envie d'être enfermée dans une case ", lance cette femme de 30 ans, qui affiche fièrement ses années de militantisme.

Elle fait ses premières armes au Mouvement des jeunes socialistes (MJS) dans sa cité du Vert-Bois, à Saint-Dizier (Haute-Marne), où elle a vécu vingt ans avec ses parents, venus d'Algérie. Puis à l'UNEF de Reims, où elle dirige la fédération des cités universitaires.

Elle ne prendra sa carte au PS, avec une trentaine de ses " potes ", que le 22 avril 2002, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle qui a vu arriver Jean-Marie Le Pen en face de Jacques Chirac, évinçant Lionel Jospin de la course à l'Elysée. Seul un tiers d'entre eux est resté. " Le PS est trop fermé. On n'y trouve que des profs et des avocats. Et puis c'est toujours les mêmes depuis Mitterrand ! ", s'agace cette proche de M. Hamon.

A ses yeux, au PS comme au Palais-Bourbon, c'est d'abord un " problème de renouvellement " dont il s'agit. " Vouloir une représentation juste de la société à l'Assemblée nationale ne doit pas se restreindre à la couleur de la peau ", lâche-t-elle.

Alors, dans cette circonscription à cheval sur deux anciens fiefs UMP, la jeune élue veut d'abord s'appuyer sur son combat pour la reconversion de la base aérienne 112 et sur son travail en direction des quartiers de Reims. " C'est vrai qu'il faut se battre plus que d'autres, mais ce qui compte, c'est les idées ", assure la conseillère générale. Pour emporter cette " circo gagnable ", elle se démène avec un objectif  : entrer dans l'Hémicycle comme benjamine du groupe PS, mais surtout en tant que fille de maçon communiste.

Seybah Dagoma

Adjointe au maire de Paris,chargée de l'économiesociale et solidaire

Elle dit qu'elle est arrivée à Paris par le RER, celui qui mène de Sarcelles (Val-d'Oise) aux Halles. Derrière son assurance d'avocate d'affaires, Seybah Dagoma a encore cette raideur, due au contrôle de soi, qui ne la lâche pas. Cette fille d'immigrés tchadiens, née à Nantes, élevée, avec ses trois frères et sa soeur, par sa mère cuisinière, a indéniablement réussi.

A 33 ans, Mme Dagoma peut aligner son contrat dans un des plus gros cabinets anglo-saxons, sa participation au club A gauche en Europe - où elle côtoie Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn et Pierre Moscovici -, son engagement comme membre fondatrice à Terra Nova, son élection en 2008 en tant qu'adjointe au maire de Paris... N'en jetez plus  !

C'est une bûcheuse brillante, à l'élocution aisée, mais toujours sur ses gardes, ne livrant rien de personnel. Quand on évoque son parcours, ses appuis, elle se crispe de peur qu'on ne lui dénie sa capacité à se faire seule. " Je n'ai adhéré au PS qu'à 26 ans, alors que je me suis investie bien avant : je voulais d'abord bien connaître ce parti ", souligne-t-elle.

Pourtant, ce sont bien les socialistes sarcellois qui repèrent la jeune lycéenne, investie dans une association d'aide aux devoirs. Et c'est grâce à Bertrand Delanoë qu'elle sera présentée comme tête de liste dans le 1er arrondissement de Paris, en 2008, et élue adjointe à l'économie sociale et solidaire. Le maire avait compris qu'une jeune femme noire sur sa liste, c'était un plus.

Celle qui est devenue " la " figure de la diversité aux municipales de 2008 ne cache pas sa réticence à incarner ce que le PS lui réclame encore de représenter aux législatives. " Ce n'est pas mon sujet d'engagement ni d'expertise. La diversité qui me semble prioritaire à promouvoir est la diversité sociale ", lance-t-elle.

Sylvia Zappi

© Le Monde

Le PS veut imposer la diversité parmi ses députés - Le Monde 29 décembre 2011


Martine Aubry s'est engagée personnellement pour que le futur groupe socialiste fasse une place aux minorités

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Vingt-cinq circonscriptions classées " diversité ", dont dix au moins peuvent être gagnées, ce qui promet une belle photo d'un petit groupe coloré à l'entrée de l'Assemblée nationale en juin 2012 : l'objectif affiché par la direction du Parti socialiste est bien d'augmenter, dans son groupe de députés, la représentation des Français dont les origines se situent hors de l'Hexagone. La première secrétaire, Martine Aubry, a décidé d'imposer une volonté politique.

En 2007, avec le slogan de la " République métissée " de la candidate d'alors, Ségolène Royal, et dix-sept candidats étiquetés à ce titre, la direction du PS avait tenté de donner un nouveau visage à sa représentation nationale. Mais seule la Guadeloupéenne George Pau-Langevin, candidate à Paris, avait été élue députée.

Cette fois-ci, promis, des élus " beurs " et " blacks " siégeront dans l'Hémicycle. " Dans l'élaboration des candidatures, notre priorité a été d'avoir des élus, donc de repérer et de réserver des circonscriptions et de trouver des candidats ", explique Christophe Borgel, secrétaire national aux élections. Voire de les imposer quand les sections ou fédérations renâclent.

Car la première secrétaire en a fait une question de principe. " Pour elle, la diversité est un sujet majeur ", assure M. Borgel. " Là-dessus, Martine n'a rien lâché. Elle veut au moins laisser cette trace ", renchérit Pouria Amirshahi, secrétaire national aux droits de l'homme et à la francophonie.

Nicolas Sarkozy et ses ministres de la diversité sont passés par là, ringardisant d'un coup la gauche et ses hésitations universalistes. M. Borgel explique comment il a repéré les circonscriptions " sûres ", celles où le député sortant ne se représentait pas, celles classées à gauche ou qui pouvaient basculer en cas de vague  rose. " En 2008, lors des municipales, puis lors des régionales en 2010, la réalité s'est imposée par le terrain, et nous avons eu pas mal d'élus de la diversité. On avait un vivier ", raconte M. Borgel, adjoint au maire de Villepinte (Seine-Saint-Denis).

Encore fallait-il convaincre les sections et les fédérations. Car, quand il s'agit de désigner un candidat à la députation, les vieux réflexes ressortent. " On entend de tout ", racontent certains secrétaires nationaux : " on a moins de chances de gagner ", " nos électeurs n'éliront jamais un Arabe ", " on a eu la parité, maintenant la diversité, la prochaine fois ce sera les handicapés ". " La résistance vient des caciques locaux qui ont peur de perdre leur place, pas des électeurs ", témoigne Sabrina Ghallal, conseillère générale de la Marne.

Devant certains blocages, la direction a poussé les feux. Le 15 novembre, le bureau national a réservé 25 circonscriptions. " Le marché électif du PS est très fermé. C'est un parti dominé par les notables et les responsables de fédération. Parvenir à 25 candidats, c'est un résultat en soi ", constate Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l'université Lille-II.

Au-delà de ces blocages au niveau des élus et des cadres, la composition de la " base " socialiste est un frein au recrutement de jeunes issus de familles immigrées. Depuis la première Marche des Beurs, en 1983, les socialistes se sont coupés de plusieurs générations militantes dans les milieux associatifs, lassées des promesses non tenues sur le droit de vote des étrangers ou rebutées par le caractère trop gestionnaire du parti.

" Le PS ne sait plus attirer des cadres qui viennent du mouvement social, des syndicats ou du mouvement culturel. Son seul vivier, c'est le MJS - Mouvement des jeunes socialistes - et l'UNEF, c'est-à-dire des jeunes dans le moule ", estime Malek Boutih, membre du bureau national du PS.

L'autre frein est plus politique. Le PS peine à débattre des mutations de la société française et, particulièrement, de celles qui concernant les minorités visibles. Attachés à une conception abstraite de la République, les socialistes ont du mal à définir ce qu'est la diversité et la place qu'ils lui donnent dans leur stratégie. " Pour le PS, les minorités doivent rester invisibles. Et pourtant, la direction sent bien qu'il y a un problème ", observe M. Boutih.

Les dirigeants nationaux et départementaux ont tendance à choisir des candidats qui leur ressemblent et qui, même quand ils en relèvent, sont souvent réticents à porter l'étiquette " diversité ". " Les principaux promus au titre de la diversité sont souvent des petits apparatchiks qui ont tout fait pour rentrer dans le moule de l'indifférenciation et ne jurent que par l'universalisme ", juge Patrick Simon, socio-démographe à l'Institut national d'études démographiques (INED).

M. Lefebvre estime, de son côté, que la plupart des candidatures de la diversité ont été " un prétexte pour placer des candidats de courants ". On y trouve beaucoup de proches du porte-parole du parti, Benoît Hamon, dont le courant dirige le MJS et l'UNEF.

Sylvia Zappi

Didier Fassin sur France Inter

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La zone franche, " ballon d'oxygène " pour les cités



REPORTAGE

La zone franche, " ballon d'oxygène " pour les cités

La pharmacie de Laurent Taleux, dans le quartier de l'Alma, à Roubaix, bénéficie du dispositif ZFU depuis 1997.

ERIC FLOGNY, ALEPH POUR " LE MONDE "

Roubaix (Nord) Envoyé spécial
A Roubaix, le dispositif a favorisé l'installation d'entreprises attirées par les exonérations de charges et d'impôts





UN DISPOSITIF CRÉÉ ET ÉTENDU PAR LA DROITE

Exonérations Les zones franches urbaines (ZFU) ont été créées en 1996 par le gouvernement d'Alain Juppé. Elles ont été prorogées par la droite, en 2004 et 2006, puis cette année, jusqu'en 2014.Les entreprises installées ou s'établissant en ZFU bénéficient d'exonérations fiscales et sociales.

Salariés locaux En échange, les entreprises doivent embaucher au moins un salarié sur trois issu du quartier ou d'une zone urbaine sensible (ZUS) de l'agglomération. Il existe aujourd'hui 100 ZFU pour 751 ZUS en France. Seuls les quartiers de plus de 10 000 habitants pouvaient bénéficier du dispositif en 1996 et 2004. Le seuil a été abaissé à 8 500 habitants pour les ZFU créées en 2006.

Impossible de rater la grande façade vitrée de la pharmacie de Laurent Taleux, en plein coeur du quartier de l'Alma, à Roubaix (Nord). Au milieu des maisons aux fenêtres condamnées et des commerces orientaux, le magasin dénote. Avec plus de 40 % de chômage et une importante concentration d'habitants d'origine immigrée aux revenus modestes, le quartier est l'un des plus pauvres de la ville.

Laurent Taleux a été l'un des premiers commerçants, en 1997, à bénéficier de la zone franche urbaine (ZFU), un dispositif prévoyant des exonérations de charges et d'impôts pendant cinq ans pour les entreprises installées ou s'installant dans les quartiers difficiles. En échange, celles-ci s'engageaient, en cas d'embauche, à recruter au moins un salarié sur trois dans les zones urbaines sensibles (ZUS). Deux autres générations de zones franches ont suivi, dont la dernière prend fin le 31 décembre 2011. Maurice Leroy, le ministre de la ville, a annoncé, le 4 octobre, la prorogation du dispositif jusqu'en 2014, avec l'obligation renforcée d'embaucher un salarié sur deux dans les quartiers.

Laurent Taleux plie son double-mètre derrière son minuscule bureau, encombré de boîtes de médicaments. " J'ai vécu la création de la ZFU, en 1997, comme une récompense, se souvient-il. Ça faisait dix ans que j'étais dans ce quartier populaire alors que les autres commerçants hésitaient à s'y installer. " La zone défiscalisée lui a permis d'embaucher une jeune fille du quartier à un poste de secrétaire. Il a aussi augmenté les salaires de ses employés. " Je les paye 30 % de plus que les autres pharmacies de la ville. C'est la contrepartie indispensable dans un quartier comme l'Alma pour garder son personnel ", explique-t-il.

A ses yeux, l'obligation d'embaucher les personnes du quartier reste, cependant, très théorique : " En pharmacie, il faut des gens qui soient qualifiés et qui aient fait des études supérieures. On trouve rarement ce type de profil dans les quartiers difficiles. Et les personnes qui ont les diplômes cherchent surtout à quitter l'endroit. "

S'il salue les ZFU, il considère cependant qu'en vingt-trois années à l'Alma, son quotidien de pharmacien de quartier pauvre a surtout été bouleversé par deux mesures fort éloignées des multiples dispositifs de la politique de la ville. La première a été la création des traitements de substitution pour les héroïnomanes à la fin des années 1990. " Ils ont arrêté de venir avec des ordonnances bidouillées pour obtenir du Néocodion, un médicament pour la toux, qui contient de la codéine, et on a commencé à les considérer comme des malades et plus comme des toxicomanes. " La création de la CMU a, elle, mis fin à la stigmatisation des patients pauvres qui se présentaient jusque-là avec de grandes ordonnances jaunes bien identifiables. " On les stigmatisait forcément ", juge le pharmacien.

Le quartier de l'Epeule, à quinze minutes à pied de celui de l'Alma, traîne lui aussi sa mauvaise réputation comme un boulet. Là aussi, le chômage avoisine les 40 %. Là s'entassent les populations d'origine immigrée.

La boucherie Kamel fait partie de la dernière génération de ZFU créées en 2006. Pour Boubaker Meouak, le comptable de la société, la zone franche a été " un ballon d'oxygène qui a permis de moderniser le magasin ". La façade a été refaite et de nouveaux frigos ont été achetés. En revanche, aucune embauche n'a été faite.

Le magasin de Laurence Bellaiz, un peu plus loin, propose des tenues de cuistot, des casques de chantier et des chaussures de sécurité. Le père de l'actuelle gérante avait ouvert la boutique en 1973, à une époque dorée où la rue comptait encore une crémerie et une poissonnerie. Aujourd'hui, les clients sont pour l'essentiel des entreprises et des collectivités. Rarement des gens du quartier.

Laurence Bellaiz a bénéficié de la zone franche de 1997. " Ça nous a permis de respirer un peu, raconte-t-elle. Sans ça, peut-être qu'on aurait dû déposer le bilan ou licencier. " La ZFU lui a permis d'embaucher une personne supplémentaire... mais de Wattrelos, une commune limitrophe de Roubaix. Pour elle, pas question d'engager quelqu'un du quartier. " Il faut des gens qui sachent un minimum recevoir les clients, qui soient polis, qui parlent correctement... Ce n'est pas vraiment le cas dans le coin. Les gens n'ont pas les codes. " Pour illustrer son propos, elle rapporte sa conversation avec un jeune homme venu chercher un stage :

" Et madame, t'as pas un stage ?

- Pardon ?

- T'as pas un stage, s'il te plaît ?

- D'abord, il faut commencer par se présenter et dire "Bonjour Madame, excusez-moi, je cherche un stage". Et puis, il ne faut pas se présenter en pantalon de survêtement, ça ne fait pas professionnel.

- Faut mettre un costume alors ?

- Pas forcément, mais au moins un jean.

- Et mes baskets ?

- Ça peut passer à la limite. "

A la mairie, on estime que les deux zones franches de la ville ont aussi favorisé la venue de PME liées aux nouvelles technologies et l'installation d'avocats, d'architectes et de médecins qui font vivre les restaurants à l'heure du déjeuner.

Mais certains ne jouent pas toujours le jeu. Selon Laurence Bellaiz, une entreprise de services de Lille a ouvert un bureau de trois personnes, uniquement pour profiter des ristournes fiscales alors que la vingtaine de salariés est restée dans les anciens locaux. Laurent Taleux, le pharmacien, évoque des médecins venus s'installer et repartis cinq ans plus tard quand le dispositif a pris fin. " Ils avaient gardé leurs anciens cabinets et y sont retournés. " Lui restera dans son quartier de l'Alma mais ne désespère pas d'avoir un nouveau classement ZFU. " Ce serait une belle surprise. "

Arthur Frayer

© Le Monde

Des résultats décevants en matière d'emploi

QUINZE ANS après leur création, le bilan des zones franches urbaines (ZFU) est mitigé." Le bilan est globalement positif. Nous sommes parvenus à réactiver le tissu économique des quartiers difficiles avec la création de petites entreprises, estime Claude Dilain, sénateur PS et ancien maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Sur le plan de l'emploi, en revanche, nous n'avons pas obtenu les résultats escomptés. Peut-être que ce n'était pas une bonne idée d'employer des gens des quartiers dans les quartiers. Nous avons voulu régler le problème de l'emploi avec un seul dispositif. Ce n'était probablement pas suffisant. "

Créées en 1997 pour une durée initiale de cinq ans, les ZFU avaient pour but d'attirer les entreprises et de créer des emplois dans les quartiers les plus pauvres et les plus isolés. En échange d'exonérations sociales et fiscales, les sociétés s'engageaient à embaucher au moins un salarié sur trois en zone urbaine sensible (ZUS). Le dispositif a été reconduit à deux reprises, en 2004 et 2006, et se termine à la fin de cette année. Il vient d'être reconduit jusqu'en 2014 avec l'obligation d'engager désormais une personne sur deux dans les ZUS.

Changements de trottoir

Un groupe de travail, présidé par le député Eric Raoult (UMP), a rendu cet été un rapport sur le bilan des ZFU. Les rédacteurs du texte estiment que le dispositif a produit un " réel dynamisme économique ". " Entre 1997 et 2001, le taux d'implantation d'établissements a augmenté trois fois plus que dans le reste des agglomérations de référence. " Ils nuancent toutefois : " Dans la réalité, le tissu économique des ZFU reste encore moins développé comparé à celui des unités urbaines de référence. "

Le rapport constate que le nombre d'entreprises créées est important mais que les fermetures le sont tout autant dans les années qui suivent. Beaucoup de créations ne sont en fait que de simples " transferts " de sociétés installées en périphérie de la zone défiscalisée et qui changent de trottoir pour bénéficier des exonérations. C'est notamment le cas de certains cabinets médicaux.

Les entreprises créées sont le plus souvent issues du secteur du BTP, de la santé et du commerce. Les épiceries et les magasins hard discount sont très largement représentés. Beaucoup d'entreprises sont de petite taille et ne comptent aucun salarié. Certaines ZFU, victimes de leur succès, ont vu le prix des loyers des espaces commerciaux s'envoler en raison de l'offre trop faible de locaux disponibles. A Mantes-la-Jolie (Yvelines) et Montfermeil (Seine-Saint-Denis), les loyers ont été majorés de " 30 % à 50 % par rapport au prix moyen constaté dans les quartiers du centre-ville ", note le rapport.

Le nombre d'embauches annuelles a été en constante augmentation jusqu'en 2007 mais marque le pas depuis la crise économique de 2008. Cette année-là, 16 593 postes ont été créés, mais seulement 11 133 en 2009. Les personnes embauchées sont le plus souvent jeunes, peu qualifiées et occupent des postes d'ouvriers et d'employés.

Malgré ces créations de postes, le rapport conclut que les ZFU n'ont pas permis de " compenser l'ampleur des écarts avec les autres territoires ".

Ar. Fr.

© Le Monde

mercredi 28 décembre 2011

A Carpentras, l'extrême droite prospère sur le rejet de l'islam et des immigrés Carpentras (Vaucluse) Envoyé spécial - Le Monde 29 décembre 2011

A Carpentras, l'extrême droite prospère sur le rejet de l'islam et des immigrés

Carpentras (Vaucluse) Envoyé spécial
Dans cette ville du Vaucluse, coincée entre Orange et Avignon, le seul conseiller général FN de France a été élu sans faire campagne

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C'est une ville " insulaire ". Une ville de 30 000 habitants nichée au coeur du Vaucluse, entre Avignon et Orange, et qui semble isolée. Pour s'y rendre, pas question de prendre le train. Depuis 1938, c'est une gare de fret. Dans son centre-ville historique, en forme de coeur, tout de maisons en pierre typiques de la région, Carpentras montre son lustre d'ancienne capitale politique des Etats du pape.

A travers son lacis de ruelles, les gens que l'on croise sont presque exclusivement maghrébins. Souvent, les femmes - jeunes et moins jeunes - sont voilées. L'ambiance est paisible, tranquille. Presque trop. Le soir, les rideaux des commerces et restaurants tombent tôt, laissant une ville fantomatique.

Carpentras, c'est presque un laboratoire des vicissitudes actuelles de la vie politique française. Cette ville de droite a élu en 2008 un maire socialiste, Francis Adolphe, à la faveur des divisions de la droite locale. Le premier depuis 1908. Le département et la région sont dirigés par la gauche, alors que l'électorat a voté très majoritairement à droite à la présidentielle de 2007.

Son député emblématique, Jean-Michel Ferrand, réélu six fois, est membre de la Droite populaire. " C'est dans ma circonscription que Jean-Marie Le Pen a fait le plus gros score en 2002. Pourtant, j'ai été réélu aux législatives sans aucun problème ", se félicite-t-il. A l'entendre, l'UMP n'a rien à craindre du Front national dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. " Le FN prospère sur l'insécurité, l'immigration, la crise, mais ils n'ont aucun argument. Ça se joue beaucoup en fonction des candidats. Quand celui de l'UMP est bon, le FN n'existe pas ", assure l'élu.

Le FN, justement. Lors des dernières élections cantonales, Carpentras a donné au parti d'extrême droite son seul conseiller général, Patrick Bassot. L'autre, Jean-Paul Dispard, élu à Brignoles (Var), a vu son élection invalidée. De l'avis de tous - même de l'intéressé -, le candidat frontiste n'a même pas eu à faire campagne pour remporter l'élection, avec plus de 800 voix d'écart.

Comme ailleurs dans la région, l'UMP locale est issue d'une droite dure. M. Ferrand, qui se réclame du gaullisme et condamne avec des mots très durs le FN, le dit franchement : " Dire certaines choses que le FN a eu tendance à monopoliser, ce n'est pas un crime. Et je ne compte pas laisser se fourvoyer un électorat qui peut être en déshérence. "Mais, jure-t-il, il n'y a pas de " passerelle entre FN et UMP ". Pourtant, aux cantonales, là où M. Bassot a été élu, le report de voix s'est fait largement de l'UMP vers le FN.

Patrick Bassot, lui, semble serein. Il est bien en délicatesse avec son parti qui ne veut pas l'investir pour les législatives. Mais il jouit de l'aura du seul élu FN en France au scrutin uninominal. Et ne se sent pas du tout menacé par l'UMP et les déclarations tonitruantes du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, ou de la Droite populaire. " On a toujours eu une UMP un peu musclée ici, mais ça ne m'inquiète pas. Sarkozy a pris des thèmes et des thèses du FN. Pas mal de gens de chez nous y ont cru. Mais il y a un rejet général. La Droite populaire, c'est un leurre ", veut-il croire.

André Mathieu, 66 ans, responsable pour la Ligue des droits de l'homme de la zone " Avignon Carpentras ", en est persuadé : " Le FN est dans le jeu, ce n'est pas un épiphénomène. Ils sont implantés dans la région. " Ce militant socialiste avoue qu'il ne voit pas de solutions à la poussée frontiste. Pour lui, certains élus de droite ne seraient d'ailleurs pas gênés de faire alliance avec le parti de Marine Le Pen.

Un scénario que UMP et FN rejettent. " Thierry Mariani - ministre des transports et élu du Vaucluse - et la Droite populaire légitiment le FN, continue M. Mathieu. Avant, les gens avaient honte, maintenant, c'est banalisé. C'est de leur faute, ils ont banalisé le vote extrême. Ils ne les endiguent pas. Ils leur donnent de l'élan. "

" Quand Claude Guéant dit que l'"on ne se sent plus chez nous", ici, ça parle ", assure un jeune membre du cabinet du maire, qui souhaite conserver l'anonymat. " La Droite populaire, c'est juste le FN qui veut gouverner. La droite de l'UMP veut aller sur le discours du FN mais ça ne marche pas. " Il ajoute : " Ça ne sert à rien. Les gens peuvent voter Marine Le Pen à la présidentielle et Thierry Mariani aux législatives. Ils sont attachés aux personnes, pas aux étiquettes. "

A Carpentras, deux communautés cohabitent sans pratiquement avoir de rapports entre elles. Au centre-ville, les Maghrébins, venus s'installer dans les logements vides quand les commerçants ont quitté le secteur. Dans les années 1960 et 1970, de nombreux immigrés sont venus pour travailler comme journaliers dans les exploitations fruitières et se sont installés.

Longtemps, la porte d'Orange - dernier vestige des remparts - a été surnommée le " marché aux esclaves " : c'est là que l'on embauchait à la journée les ouvriers agricoles, tous immigrés. Du coup, la population " européenne " est à l'extérieur de la ville.

Avec 17 % de chômage, Carpentras est aussi touchée de plein fouet par la crise.

Mais à cela s'ajoute encore une " crise identitaire " que gauche et droite reconnaissent. Beaucoup d'habitants ont une réaction très dure envers la pratique de l'islam. Carpentras compte en effet deux mosquées. " La droite fait campagne sur l'islam, note-t-on à la mairie. Mais les gens préfèrent toujours l'original à la copie. "Les Arabes dehors", c'est une vraie motivation ici. Les gens ne veulent plus les voir. "

Abel Mestre

© Le Monde

dimanche 25 décembre 2011

Nigeria : plusieurs églises visées par des attaques meurtrières 25.12.11 | 15:40 | LEMONDE.FR avec AFP

Plusieurs églises du Nigeria ont été touchées par des explosions en ce jour de célébrations de Noël. La première explosion a eu lieu près d'une église catholique, non loin de la capitale, alors que la messe prenait fin selon un prêtre. Cet attentant qui a fait 27 morts a été revendiqué par la secte islamiste Boko Haram. Ces derniers jours, le pays est par unevague d'attaques meurtrières dans le nord-est, toutes revendiquées par Boko Haram.

Ce mouvement, qui dit vouloir imposer un Etat islamique, a revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja, qui avait fait 24 morts. Il s'était également attribué la responsabilité d'une vague d'attaques sanglantes le 24 décembre 2010, veille de Noel, qui avaient visé plusieurs églises et, avec les représailles qui avaient suivi, avaient fait des dizaines de morts à Jos.

DEUX AUTRES EXPLOSIONS

Peu après l'explosion près d'Abuja, des habitants ont dit avoir entendu une explosion près d'une église à Jos, ville du centre du Nigeria et épicentre de violences récurrentes. L'explosion aurait eu lieu lors d'une cérémonie de Noël. Un premier bilan fait état d'un mort. On ne possèdait pas plus d'informations dans l'immédiat mais, il y a deux semaines, des tracts menaçant d'attentats des églises et d'autres lieux avaient été découverts dans la ville où se cotoient chrétiens et musulmans.

Une troisième explosion est survenue dans le nord du pays, faisant de nombreux blessés selon les habitants. Il s'agit d'une église de Gadaka, une ville de l'Etat de Yobe où des affrontements ont opposé ces derniers jours les forces de sécurité à des militants de la secte islamiste Boko Haram. Deux explosions ont en outre été signalées dans la ville de Damaturu, dans le nord-est.

"C'est comme si une guerre interne avait été lancée contre le pays. Nous devons vraiment être à la hauteur et faire face", a déclaré le ministre chargé de la police, Caleb Olubolade, qui s'est rendu sur les lieux d'un des attentats.

LE VATICAN CONDAMNE UNE "HAINE AVEUGLE ET ABSURDE"

Le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, a aussitôt dénoncé l'attaque revendiquée par Boko Haram : "L'attentat contre l'église au Nigeria, précisément le jour de Noël, est hélas la manifestation encore une fois d'une haine aveugle et absurde qui n'a aucun respect pour la vie humaine", a-t-il déclaré à des journalistes avant que les informations sur un autre attentat contre l'église de Jos soient confirmées. Cet acte, a-t-il ajouté,"cherche à susciter et à alimenter encore plus de haine et de confusion" dans ce pays.

Le Nigeria, qui est le sixième pays au monde pour le nombre de chrétiens, toutes confessions confondues, voit les tensions interreligieuses s'aggraver, une évolution qui inquiète le Vatican.

Lors de son voyage au Bénin en novembre, le pape avait insisté sur la tradition tolérante de l'islam en Afrique et sur la coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens, parfois au sein des mêmes familles.

Ce pays pétrolier, le plus peuplé d'Afrique, avec 160 millions d'habitants, compte environ autant de musulmans, plus nombreux dans le nord, que de chrétiens, majoritaires dans le sud. Les actions menées par Boko Haram ont évolué, devenant plus sophistiquées et mortelles depuis plusieurs mois. Des observateurs craignent que des membres de la secte aient développé des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda.



samedi 24 décembre 2011

Étudiants étrangers : Hollande appelle au retrait de la circulaire


L'équipe de campagne de François Hollande a de nouveau réclamé samedi 24 décembre le retrait de la circulaire Guéant restreignant la possibilité pour des diplômés étrangers d'obtenir un statut de salarié après leurs études.

La veille, le ministre de l'intérieur Claude Guéant avait promis une nouvelle version de sa circulairecontroversée du 31 mai 2011, indiquant qu'elle allait être"complétée" en "levant les malentendus". Mais "c'est toute sa logique qu'il faut revoir" selon l'équipe du candidat socialiste François Hollande : dans un communiqué, Mireille Le Corre, responsable du pôle immigration-intégration dans l'équipe du candidat à la présidentielle affirme qu'"il ne faut pas modifier mais retirer la circulaire Guéant".

Elle affirme que si le candidat socialiste est élu, il "saura repenser l'accueil des étudiants étrangers et redonner une impulsion à l'échange entre les universités françaises et étrangères, dans le respect de l'autonomie des universités".

"Aussi, poursuit-elle, la circulaire Guéant pénalise-t-elle fortement à la fois les universités françaises en les rendant moins attractives pour les étudiants étrangers, mais aussi l'ensemble des étudiants français qui ont besoin pour pouvoir étudier dans des établissements étrangers que des étudiants étrangers viennent en contrepartie".

La circulaire contestée demandait aux préfets d'instruire "avec rigueur" les demandes d'autorisation de travail des étudiants, et d'exercer un "contrôle approfondi" des demandes de changement de statut des étudiants étrangers. Elle s'inscrivait dans la volonté des autorités de réduire l'immigration légale, thème sur lequel le camp du président Nicolas Sarkozy a fait campagne.Plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la culture Frédéric Mitterrand et celui de l'enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, ont également critiqué cette circulaire.

>>> Lire l'article : "Ce que coûte la France aux étudiants étrangers"


Etre laïque en terre d'islam 28.11.11 | 19:40 | LE MONDE Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS


Face à l'islam, les Français vivent dans l'illusion d'une équation magique selon laquelle la République équivaut à la démocratie qui équivaut à la laïcité qui équivaut à l'égalité des sexes qui équivaut à la modernité qui équivaut à l'Occident qui équivaut au christianisme. L'équation, mal posée, est insoluble. Aucun de ses termes ne résiste à l'analyse de terrain.

Donnons un point à Brice Hortefeux, à l'époque ministre de l'intérieur. Un musulman, "quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes". En effet, ils ne sont pas deux à penser la même chose ! D'un point de vue politique, l'islam n'existe pas. Il est un vocabulaire politique islamique issu de la théologie, de la philosophie, du droit musulmans. Mais chacun de ses mots est polysémique.

De même, il y a des partis qui se réclament de l'islam. Les uns sont conservateurs et néolibéraux, les autres étatistes et/ou révolutionnaires, et tous sont nationalistes, donnant aux intérêts de l'Etat-nation la priorité sur ceux de la communauté des croyants. Un militant algérien l'avait expliqué au jeune historien et sociologue Maxime Rodinson, lors d'une Fête de L'Humanité, entre les deux guerres : "L'Oumma et L'Huma, c'est la même chose ."

Et cette même chose relève de l'utopie. En conséquence, les conflits qui déchirent les sociétés islamiques sont internes à celles-ci. Ils opposent les musulmans entre eux, plutôt que ceux-ci à l'Occident. Ainsi du Pakistan, de l'Afghanistan, de l'Irak, ou encore, dans le contexte des "printemps arabes", de la Syrie, de l'Egypte, de la Libye.

L'islam est un mot-valise qui n'interdit en rien aux musulmans concrets d'être des adeptes de la laïcité, pas plus que le christianisme ne prédisposait les chrétiens à le devenir. Mais la laïcité est elle-même une catégorie vide de sens politique précis.

En France, elle désigne la séparation pragmatique des cultes et de l'Etat, au nom d'une conception universaliste de la citoyenneté. En Turquie, elle signifie son antipode : la subordination politique et bureaucratique du religieux à l'Etat, dans le contexte d'une définition ethnoconfessionnelle de la citoyenneté.

Encore faut-il se garder de figer chacune des deux trajectoires dans un modèle anhistorique. La France demeure habitée par une représentation ethnoconfessionnelle de l'appartenance à la nation, comme l'a démontré la collaboration de Vichy avec les nazis après cinquante ans d'antisémitisme républicain, et comme le rappellent aujourd'hui les propos nauséabonds de ministres au détriment des Français de confession ou d'origine familiale musulmane, voire juive.

Dans le même temps, des Turcs plaident en faveur d'une refondation universaliste de leur République afin qu'elle assure l'égalité réelle des droits à tous les citoyens - une mue dont la reconnaissance du génocide des Arméniens est le prix d'entrée.

La plupart des pays du Moyen-Orient se situent à la confluence de ces deux modèles de laïcité et de citoyenneté, pour avoir été successivement des provinces ottomanes et des colonies françaises ou britanniques. Il en est de la sorte en Algérie, en Tunisie, en Egypte, au Liban, en Syrie, en Irak. Mais cela est aussi vrai de la Grèce, des républiques de l'ancienne Yougoslavie ou d'Israël...

Derechef, l'islam explique moins que ne le fait l'histoire, et notamment le passage d'un monde impérial inclusif de l'aire ottomane à un monde d'Etats-nations fonctionnant selon des logiques d'exclusion.

Un autre distinguo s'impose. La laïcité est une politique publique, relative à l'organisation légale ou administrative des champs religieux et politique. La sécularisation est un processus social de dissociation des affaires de la cité et des convictions religieuses. La laïcité de l'Etat, alla franca ou alla turca, n'est pas une condition nécessaire à la sécularisation de la société, ainsi que le démontre l'expérience des régimes occidentaux confessionnels, du Maroc ou de la République islamique d'Iran.

De même, elle n'exclut pas l'arrivée au pouvoir, par le biais des urnes, d'un parti islamique, comme en Turquie et en Tunisie, sans que cette alternance remette obligatoirement en cause le caractère laïque des institutions ni la sécularisation de la société. C'est que les électeurs ont souvent voté pour ces partis selon des raisons non religieuses, par exemple pour sortir les sortants et renvoyer l'armée dans ses casernes en Turquie, ou pour rompre avec l'ancien régime en Tunisie.

Autrement dit, il n'est de laïcité, en terre d'islam, que par rapport à des histoires et des contextes singuliers, au regard des pratiques ou des stratégies effectives des acteurs sociaux. D'une situation à l'autre, cette idée est un élément de la domination politique et de la distinction sociale, en bref un langage de classe.

En outre, pour une minorité de musulmans qui, pour être minoritaires, n'en sont pas moins respectables ni moins musulmans, elle est accolée à certaines libertés publiques, comme celles de la conscience ou du gosier. Et, pour une majorité d'entre eux, elle est le nom respectable de l'islamophobie dans laquelle se vautre désormais l'Europe.

Dès lors que la laïcité est un "événement", historiquement situé, plutôt qu'une "essence", pour reprendre la distinction du philosophe Gilles Deleuze sur ce que doit dire un concept, elle n'entretient pas, avec le politique ou le religieux, un rapport fixe. L'islam a été peu présent dans le déclenchement des "printemps arabes". Il s'y est vite (ré)inséré. Mais n'énonçons pas ces recompositions selon un jeu à somme nulle.

D'abord, parce que les armées, ou les régimes sous tutelle militaire, ont, la main sur le coeur de la laïcité, beaucoup concédé à l'islam pour lutter contre la gauche ou les revendications régionalistes, notamment en Algérie, en Egypte et en Turquie, dans les années 1960-1990.

Ensuite, parce que les mobilisations de 2011 ont fourni aux jeunes militants laïques et islamistes l'opportunité de lutter ensemble, de partager l'espace public au prix de compromis mutuels, et d'imposer aux aînés de leurs camps respectifs de nouvelles visions de la cité. Selon le politologue marocain Mohamed Tozy, devrait en découler une offre islamique d'Etat séculier, dont le vocabulaire musulman, prompt à effaroucher les opinions occidentales, avec ses notions de "charia" ou de "califat", pourrait ne rien dire d'autre qu'Etat civil de droit, bonne gouvernance et privatisation de la solidarité sociale.

L'idée hexagonale de laïcité n'a pas aidé les Français à admettre l'iniquité des Etats moyen-orientaux qui s'en réclamaient ni à pressentir l'éclosion des "printemps arabes". Elle menace maintenant de les faire passer à côté des recompositions en cours. Le vrai problème a moins trait aux rapports de la religion et du politique qu'à la relation au néolibéralisme des partis issus de l'islamisme.

Si les peuples dits arabes ou musulmans ont apporté la preuve de leur capacité à secouer le joug de l'oppression politique, ils n'ont pas encore - pas plus que les Européens - su apporter une réponse à la crise structurelle qui frappe l'économie mondiale. Certes, la Turquie de l'AKP caracole avec ses 8 % de croissance. Mais pour combien de temps, et en quoi ce succès est-il reproductible sous prétexte d'islam ?

Quid du prétendu miracle tunisien qui n'était qu'un mirage, sans même parler de la vulnérabilité du décollage du Maroc, des trompe-l'oeil pharaoniques du Golfe ou des piètres performances de l'Egypte et de la Syrie ?

La question à laquelle sont confrontés les musulmans, islamistes et laïcistes confondus, est sociale et non religieuse. Et, pour la résoudre, le "petit père Combes" (il avait préparé le projet de loi de séparation de l'Eglise et de l'Etatqui sera votée en 1905)leur sera moins utile que l'économiste Keynes.


vendredi 23 décembre 2011

La Turquie s'attaque de nouveau à Darwin 23.12.11 | 07:28 | Blog : Passeur de sciences


Il est de curieux télescopagesde l'actualité. A l'heure où la Turquie réaffirme de facto sa position négationniste vis-à-vis du génocide arménien, le même pays flirte dangereusement avec le négationnisme dans un tout autre domaine que l'histoire : la biologie.Dans un communiqué publié jeudi 1er décembre et passé quasiment inaperçu en France, Reporters sans frontières (RSF) dénonce la "censure masquée" d'Internet réalisée par Ankara par le truchement d'un système de filtrage de la Toile. Officiellement, le but, louable, de ce système est de protéger les internautes, et en particulier les plus jeunes, des contenus choquants (pornographie, violence, etc.). Mais le filtrage est apparemment sorti de son lit et a débordé sur d'autres terrains, comme la question kurde, l'homosexualité ou... la théorie de l'évolution de Charles Darwin (en photo ci-dessus). Les internautes utilisant ce système de filtrage mis en place par le Conseil turc des communications et de la technologie de l'information (BTK) ont ainsi eu la surprise de se voir refuser l'accès à des sites commeaboutdarwin.comdarwinday.org,evrimianlamak.org, version turque du site Understanding Evolution(co-création du Musée de paléontologie de l'université de Californie et du National Center for Science Education américain), ou encore richarddawkins.net, le site du biologiste britannique Richard Dawkins, spécialiste de l'évolution mais aussi grand défenseur de la pensée scientifique et de l'athéisme. Une semaine après le communiqué de RSF et après que la presse nationale turque s'est emparée du sujet, les autorités turques ont fait marche arrière et levé la censure sur la plupart de ces sites.

Il est révélateur de voir que, aux yeux de l'organisme étatique qu'est le BTK, la théorie de l'évolution constitue un danger pour les âmes sensibles, au même titre que la pornographie ou le terrorisme. Il faut également noter qu'au moment où des sites présentant cette branche fondamentale de la biologie étaient frappés par cet interdit technologique, le site du créationniste turc Adnan Oktar, plus connu sous son pseudonyme d'Harun Yahya, restait entièrement accessible à tous... Adnan Oktar s'est fait remarquer en France au début de l'année 2007, époque à laquelle il a envoyé à de nombreux collèges, lycées et universités français un exemplaire de son Atlas de la Création, où il nie, au nom du Coran, la réalité de la théorie de l'évolution tout en dénonçant "les liens occultes existant entre le darwinisme et les sanglantes idéologies telles que le fascisme et le communisme". L'homme est également venu en France en 2011 pour donner des conférences sur le même thème dans des mosquées. Des offensives réalisées avec beaucoup de moyens financiers dont on ignore l'origine.

La Turquie dirigée par l'AKP, parti islamiste modéré, n'est pas à son premier essai de censure vis-à-vis de la vulgarisation de l'évolution. En 2009, à l'occasion du bicentenaire de Charles Darwin et du 150e anniversaire de la publication de son Origine des espèces, le magazine de vulgarisation scientifique turc Bilim ve Teknik vit un dossier de 16 pages consacré à la vie et à l'oeuvre du savant britannique disparaître purement et simplement de son sommaire. Pour mieux comprendre cet incident, il faut savoir que ce mensuel est édité par un organisme d'Etat, le Conseil de la recherche scientifique et technologique, longtemps indépendant mais passé sous contrôle gouvernemental en 2008... Izge Günel, le président de l'association des conseils d'université, déclara : " Un tel acte de censure, l'année où l'on célèbre le 200e anniversaire de la naissance de Darwin, est une attaque contre la science. "

On pourrait considérer que tous ces incidents ne sont que des escarmouches et non pas un véritable assaut en règle contre le darwinisme. Avec Adnan Oktar, la Turquie est néanmoins devenue le centre le plus vivace du créationnisme en version musulmane. En 2006, les résultats d'une enquête sur la manière dont la théorie de l'évolution était acceptée dans 34 pays (31 pays d'Europe auxquels avaient été ajoutés la Turquie, les Etats-Unis et le Japon) étaient publiés dansScience (voir ci-dessus). Sans trop de surprise, la Turquie arrivait dernière, plus de 50% des personnes interrogées dans ce pays considérant ce pilier de la science comme faux. Alors que la France se classait 4e, derrière l'Islande, le Danemark et la Suède, on notait que, loin derrière, en 33e et avant-dernière position, se traînaient les Etats-Unis, mère-patrie d'un néo-créationnisme chrétien celui-là. Il s'agit probablement du seul pays occidental où la remise en cause de la théorie de l'évolution fait partie de la plate-forme politique et électorale d'un grand parti de gouvernement (à savoir le Parti républicain). Et, pour les héritiers de Darwin qui font la recherche biologique d'aujourd'hui, c'est sans doute plus inquiétant que les attaques turques.

Pierre Barthélémy

 

 

 


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Nicolas Sarkozy juge que les HLM sont indûment occupés 23.12.11 | 12:22 | LE MONDE Catherine Rollot et Vanessa Schneider


En cette veille de Noël, Nicolas Sarkozy est d'humeur compatissante. "Je ne prétends pas qu'on a tout bien fait, je vois vos difficultés", a-t-il reconnu, l'air peiné, devant des responsables des Restos du coeur qu'il venait rencontrer, jeudi 22 décembre, dans un entrepôt de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Face à la pauvreté, le chef de l'Etat a expliqué que "le logement est absolument la clé""Il faut refonder notre politique du logement, ça ne va pas!" Selon lui, "le côté assez désespérant c'est que la production de logements sociaux est de 130 000 par an, soit trois fois plus qu'il y a dix ans et, malgré tout, ce n'est pas suffisant".

Pour le président, il y a "deux problèmes". D'abord, "il se trouve dans ces logements des gens qui ne devraient pas y être". Ensuite,"le turnover dans les logements sociaux ne fonctionne pas""On ne peut pas passer toute sa vie dans un logement qu'on a obtenu à l'âge de 30 ans", a-t-il expliqué.

"A cela s'ajoute le problème de l'immigration", a-t-il glissé sans en dire plus.

Qui sont ces indésirables ? Des trop riches ou des trop pauvres ? Le parc social n'est pas un repaire de nantis. Selon l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui regroupe les 773 organismes HLM, seuls 11 % des ménages logés dans le parc social dépasseraient les plafonds. Au regard des 4,3 millions de ménages vivant en HLM, 440 000 seraient hors des barèmes d'attribution.

"EMBOLIE" DU SYSTÈME

Sur le plan national et toujours selon les chiffres de l'USH, 5 % des locataires dépasseraient le plafond de 20% et seulement 0,3% serait au-delà de 100 %. Le logement social n'est pas non plus un eldorado pour les chômeurs et les bénéficiaires de minima sociaux.

La majorité des 4,2 millions de HLM sont occupés par des salariés d'entreprises privées ou publiques ou par des fonctionnaires d'Etat. Toujours selon l'USH, 58 % des chefs de famille des occupants du parc HLM sont en activité, 17 % au chômage ou bénéficient d'allocations et 25 % sont retraités ou préretraités.

En revanche, on assiste à une paupérisation du parc, conséquence de l'envolée des prix immobiliers. M. Sarkozy a par ailleurs dénoncé "une embolie totale" du système. Car 1,2 million de demandeurs de logements sociaux sont effectivement en attente d'un logement. Cette tension est là encore le fruit de la cherté des loyers qui poussent de plus en plus de Français à demander un logement social, théoriquement accessible à 64% de la population.

C'est aussi une conséquence d'une législation qui a peu évolué. Le principe du maintien du locataire dans son logement social "à vie"est défendu par le monde HLM, au nom, notamment, de la mixité sociale. Néanmoins, depuis mars2009, tous les locataires dont les ressources dépassent de plus de 20% les plafonds sont assujettis à un surloyer le "supplément de loyer de solidarité" excepté dans les zones sensibles.

Par ailleurs, les locataires dépassant de plus de deux fois les plafonds de ressources dans les zones tendues devront quitter le parc social après une période intermédiaire de trois ans, soit à partir de 2012.


jeudi 22 décembre 2011

Le Monde.fr: Etudiants et sans-papiers défilent contre la politique d'immigration

Le Monde.fr

Etudiants et sans-papiers défilent contre la politique d'immigration

Etudiants étrangers et sans-papiers ont défilé ensemble, dimanche 18 décembre à Paris pour protester contre la politique d'immigration de Claude Guéant.

LEMONDE.FR avec AFP | 20.12.11 | 13:20


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mercredi 21 décembre 2011

Le Monde.fr: Discrimination sur des crédits : BofA paie 335 millions de dollars de dommages et intérêts

Le Monde.fr

Discrimination sur des crédits : BofA paie 335 millions de dollars de dommages et intérêts

L'émetteur de prêts hypothécaires Countrywide Financial, racheté par Bank of America pendant la crise, est accusé d'avoir fait payer à 200 000 ménages afro-américains ou hispaniques des taux d'emprunts excessivement élevés entre 2004 et 2008.

LEMONDE.FR avec AFP | 21.12.11 | 22:44


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Le Monde.fr: Lacoste accusé de censurer une artiste palestinienne

Le Monde.fr

Lacoste accusé de censurer une artiste palestinienne

Pour la deuxième année consécutive, la marque au crocodile finance le "Lacoste Elysée prize", un prix doté de 25 000 euros décerné à un "artiste prometteur", sous le patronage du musée suisse de l'Elysée.

Blog : Big Browser | 21.12.11 | 11:29


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jeudi 15 décembre 2011

Existe-t-il vraiment un modèle turc ? 12 DÉCEMBRE 2011 | PAR JOSEPH CONFAVREUX

Existe-t-il vraiment un modèle turc ?

 | PAR JOSEPH CONFAVREUX
Les nouveaux contours de l'islam politique (4/5)

Est-ce l'ampoule qui a copié la lampe à huile ? Ou plutôt l'inverse ? La question ne s'adresse pas à des mouvements écolos, mais aux partis majoritaires au Maroc et en Turquie. L'AKP, le Parti de la justice et du développement, au pouvoir à Ankara, a été fondé en 2001, et a pris pour emblème une ampoule.

Son homonyme marocain, le Parti de la justice et du développement, qui a pris ce nom-là dès 1998, et domine désormais le Parlement du royaume chérifien, a, lui, choisi comme étendard une lampe à huile...

Baudouin Dupret, directeur du centre Jacques-Berque de Rabat, s'amuse de la situation. «Les Marocains prétendent avoir été les inventeurs du nom et les instigateurs du modèle. Mais, politiquement, ce sont les Turcs qui ont réussi.»

En Tunisie aussi, il y a un Parti de la justice et du développement, fondé par Mohamed Salah Hedri en mars 2011, dont l'orientation politique est, selon ses termes, «islamisme, centre droit», mais il est groupusculaire.

Quant aux Frères musulmans égyptiens, ils ont préféré éviter de créer encore un nouveau Parti de la justice et du développement. Le mouvement politique qu'ils ont formé après la chute de Moubarak, le 11 février dernier, a donc pris comme nom de baptême, Parti de la liberté et de la justice... Une petite variation qui permet de se différencier, tout en lorgnant du côté turc en période de campagne électorale. La référence à l'AKP est, en effet, d'abord une référence à la «success story»d'un parti politique musulman qui enchaîne les victoires aux élections municipales depuis les années 1990 et aux législatives depuis les années 2000…

Du côté d'Ankara, on se verrait bien, aussi, en leader du nouveau monde libre méditerranéen. Le Premier ministre de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a été un des premiers à demander à Hosni Moubarak de quitter le pouvoir, et se trouve aujourd'hui en pointe dans la condamnation de son ancien allié syrien. Un néologisme, celui de «néo-ottomanisme», a même été forgé pour désigner lanouvelle politique de puissance régionale mise en place par l'AKP au pouvoir en Turquie. 

Mais l'islam politique tel qu'il se pratique en Turquie peut-il franchir la Méditerranée et atteindre Tunis, Alexandrie voire Gaza ? Tous les partis «musulmans conservateurs», ou «à référentiel islamique», comme s'auto-désigne le PJD au Maroc, affirment que le modèle turc est intéressant. Même le Hamas palestinien ne rejette pas complètement la référence (voir l'article de Pierre Puchot à ce sujet). Du moins si l'on n'y regarde pas de trop près…

Pour Baudouin Dupret, «il y a une influence évidente, dans toute la région, jusqu'au Maroc, de ce modèle démocratique. Même si on peut adresser des reproches à Erdogan sur son autoritarisme, des élections se tiennent périodiquement, il existe une constitution, des juridictions… C'est un bras de levier très puissant, pour dire qu'on peut gérer une démocratie avec une idéologie islamo-conservatrice, qu'on peut être démocrate et croyant, en politique intérieure comme en politique extérieure.»  

En septembre dernier, Erdogan a donc entamé une tournée des trois premiers pays arabes s'étant révoltés contre leurs autocrates : Egypte, Tunisie, Libye… «Deux choses m'ont frappé dans le discours d'Erdogan au Caire,raconte Olivier Roy, professeur à l'Institut universitaire européen de Florence et auteur de L'Islam mondialisé. La clarté de son discours d'abord, notamment sur la laïcité. J'aurais pensé que ce serait quelque chose de plus irénique et fraternel. La vivacité de la réaction des Frères musulmans de l'autre. Ils ont clairement dit qu'ils ne voulaient pas de ce modèle-là. C'est un contentieux, pas un malentendu…»

Dominique Avon, professeur à l'Université du Maine et spécialiste d'histoire comparée des religions, a fait le même constat. «Je ne mettrais pas sur le même plan Erdogan, Ennahda et les Frères musulmans. Rached Ghannouchi, quand il est revenu en Tunisie, a parlé de la possibilité de s'inspirer du modèle turc. Mais lorsque Erdogan a fait sa tournée en Tunisie, en affirmant la nécessité de séparer la religion du politique, Ghannouchi s'est senti très mal à l'aise. Les Frères musulmans ou Ennahda disent oui à Erdogan quand il bombe le torse face à Israël, mais, en matière de conception du rapport politique-religion, ils affirment leur différence.»

Jean Marcou, professeur de droit public à l'IEP de Grenoble et spécialiste de la Turquie, s'attendait aussi à ce qu'Erdogan profite de ce voyage pour vendre un islam «soft», compatible avec la démocratie, plutôt que de revendiquer des constitutions laïques. «Mais il a dit que les Etats doivent être laïcs. Il a vraiment dit "laïc", et pas "civil". Comme en plus il semble qu'il y ait eu, en Egypte, une erreur de traduction et qu'on ait traduit laïcité par athéisme, les Frères musulmans ont fait une drôle de tête. Toutefois, la laïcité, en Turquie, n'a pas le sens que nous lui donnons. C'est une forme de relation Etat/religion, dominée par l'idée que le pouvoir politique contrôle la religion majoritaire.»


Un «islam d'Etat»

La laïcité turque est ainsi très différente de la laïcité française. Elle définit le cadre d'un «islam d'Etat», d'une religion nationale, qui dépend du politique. Une subordination de la religion au politique plutôt qu'une séparation des sphères politiques et religieuses. En Turquie, l'islam est ainsi organisé par la puissante Direction des affaires religieuses.

© Soliman le magnifique
«C'est une vraie bureaucratie qui prolonge une forme d'organisation existant dans l'Empire ottoman, qui a évolué en la matière, très différemment du monde arabe,explique Jean Marcou. Très vite, l'Empire ottoman n'a pas appliqué directement la loi islamique, mais créé un droit séculier, le kanûn, ainsi nommé par rapport au droit canon latin, pour empêcher l'envahissement de la loi religieuse dans l'organisation juridique et politique. Celui que nous appelons Soliman le Magnifique s'appelle, en turc, Süleyman Kanûni, parce qu'il a été un sultan qui a particulièrement développé cette forme de législation. Quand Erdogan parle de laïcité, il fait référence à cela. Il avait déjà essayé de vendre ce système au Pakistan ou dans certaines régions de l'ex-URSS. En substance, il leur disait :"On a une solution pour lutter contre l'extrémisme religieux, on contrôle nos imams"

L'Université Al-AzharL'Université Al-Azhar
Au Caire, l'Université Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite, n'était, à l'époque de Moubarak, guère indépendante du pouvoir politique, mais n'avait pas, non plus, de contrôle véritable sur les mosquées. En apportant son soutien, lors de la «deuxième révolution» égyptienne du mois de novembre, aux revendications des révolutionnaires égyptiens de la place Tahrir, elle a tenté de se repositionner dans le champ d'un islam politique, jusque-là laissé aux Frères musulmans et aux salafistes.

Al Azhar ne pourrait-elle pas alors, à terme, fonctionner comme cette Direction des affaires religieuses en Turquie ? «Mais Al-Azhar est une autorité spirituelle, précise Jean Marcou. En Turquie, la Direction des affaires religieuses constitue le septième budget de l'Etat et n'est pas une autorité spirituelle. Elle organise un islam national. Elle a parfois eu tendance à jouer de la corde spirituelle, par exemple pour répondre au discours de Ratisbonne de Benoît XVI, qui mettait directement en cause l'islam turc. Mais, sinon, c'est d'abord un organisme de contrôle des mosquées, ce que n'est pas Al-Azhar. En Turquie, le sermon du vendredi est le même partout.»

En Egypte, pour mettre fin à la cacophonie sonore, mais aussi freiner les ardeurs des muezzins d'obédience Frères musulmans ou salafistes, un projet d'unification des appels à la prière avait longtemps traîné dans les cartons du ministère des Waqfs (Biens religieux). Appliqué partiellement à la fin de l'année 2010, il n'a pu être complètement mis en œuvre, parce que l'autorité de l'Etat sur les mosquées n'a jamais été aussi ferme qu'en Turquie, même sous l'autocratie de Moubarak, qui préférait souvent jouer une tendance de l'islam contre une autre…

Autre différence majeure d'un bord à l'autre de la Méditerranée, dans le rapport entre Etat et religion : la question des minorités religieuses. L'organisation, à l'échelle nationale turque, de l'expression religieuse, se fonde sur un discours officiel rappelant sans cesse que l'islam y est la religion ultra-majoritaire. Et qu'il existe donc une adéquation quasi complète entre la religion d'Etat et la religion des citoyens. Les minorités – chrétienne, juive ou syriaque – représentent en effet moins de 1% des 84 millions de Turcs.

En Egypte, par contre, les Coptes sont environ 10% de la population. L'organisation de liens sereins entre communautés et l'apaisement des tensions constituent un des principaux défis des nouvelles autorités égyptiennes, comme l'ont montré les heurts réguliers entre Coptes et salafistes ces derniers mois. Toutefois, nuance Jean Marcou, l'islam d'Etat turc doit aussi composer avec des formes d'expressions religieuses minoritaires, à moins de faire l'impasse sur les Alévis. «Ces derniers représentent pourtant plus d'un cinquième de la population. Certes, ils se réclament, entre autres, de l'islam chiite, mais ils ne font pas le ramadan, ils ont leur propre clergé, ils ne vont pas dans les mosquées, ils ont leurs propres lieux de culte et certains ne se disent même pas musulmans…»


Un exemple plus qu'un modèle 

Mehmet Ali, vice-roi d'EgypteMehmet Ali, vice-roi d'Egypte
Au-delà de cette relation particulière entre l'Etat et la religion dominante, que les Turcs nomment laïcité, le modèle turc de l'islam politique est-il transposable ailleurs, au nom d'un destin commun ? Pour Jean Marcou, «cela reste difficile. C'est peut-être possible en Tunisie, parce que ce qui compte, c'est surtout l'expérience antérieure de modernisation nationale. Les Egyptiens, sous Mehmet Ali, dans la première partie du XIXe siècle, ont tenté une modernisation, mais c'est resté superficiel. Ce qui me paraît surtout très différent, c'est que le monde arabe, contrairement à la Turquie, est resté longtemps sous domination étrangère et que l'islam est devenu un vecteur de résistance et d'opposition. Si la plupart des nationalistes arabes n'ont pas adhéré au kémalisme, au modèle de société mis en place par Atatürk, c'est parce que ça bloquait sur la place de la religion.»

La rivalité historique entre le monde turc et le monde arabe, notamment entre les deux puissances régionales, démographiques et culturelles, que sont la Turquie et l'Egypte, complique aussi la donne. «L'Egypte a été le premier pays à se débarrasser de la tutelle ottomane, en 1804, et les Egyptiens possèdent une bonne mémoire historique», rappelle Olivier Roy.

Toutefois, si les recettes appliquées sur les bords du Bosphore ne sont pas applicables, telles quelles, ailleurs, la Turquie a permis aux mouvements islamistes de comprendre que leur mouvement ne serait jamais majoritaire sans une inflexion de leur discours et de leur pratique. Pour Olivier Roy, «Rached Ghannouchi a réussi à faire en trois mois ce qu'Erdogan a mis dix ans à faire, à savoir toucher au-delà de l'électorat à proprement parler islamiste qui, pour moi, est de l'ordre de 20%. Ghannouchi a beaucoup discuté avec l'AKP, notamment avec la nouvelle génération aujourd'hui au pouvoir. Il a appliqué l'idée que, pour dépasser les 20% et viser les 40%, ce n'est pas avec l'islam seul qu'on pouvait y arriver. C'est possible d'atteindre les 40%, mais en faisant le pari d'une société certes conservatrice, mais qui a envie de démocratie et de modernité économique, pas en faisant campagne sur une application littérale de la charia.»