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dimanche 28 juillet 2013

Re : [membres-actifs] "Cessons de stigmatiser les musulmans !", par Béligh Nabli 26.07.2013 à 14:26 | LE MONDE Béligh Nabli (Maître de conférences à Sciences Po Paris)

J'adhère totalement...

Cela étant dit, les musulmans de France ou d'ailleurs ne peuvent faire éternellement l'économie d'une réflexion qui s'impose à nous tous (musulmans ou pas): celle de la modernité, de la réforme, de la place de la religion dans l'espace public, de la notion du "vivre ensemble", de la séparation entre religieux et politique, de l'opportunité d'être citoyens musulmans d'une république laïque...

La question sociale est-elle au cœur de la problématique? je le pense sincèrement, mais je note qu'à nouveau un quartier populaire s'enflamme suite à un incident lié à une question d'ordre religieux et cela permet à ceux qui veulent réduire une partie de la société française à des préoccupations de cet ordre au détriment des vraies questions: chômage, échec scolaire, réussite sociale, acceptation et respect de l'autre...

Car c'est de cela qu'il s'agit: les français musulmans sont français et le resteront et n'en déplaise à certains musulmans eux mêmes et aux non musulmans qui ne l'auraient pas encore compris; et cette dimension fait que nous sommes "condamnés à vivre ensemble et à trouver un équilibre permettant l'émergence d'un model pour les sociétés occidentales face au model communautariste anglo-saxon", la laïcité est une chance unique de ce point de vue...

Le disons nous assez? faisons nous assez notre propre auto-critique? je ne le pense pas...

Posons nous les vraies questions afin d'éviter que d'autres le fassent et y apportent de mauvaises réponses...

Bon dimanche à tous,

DE


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En date de : Dim 28.7.13, FY <farid.yaker@gmail.com> a écrit :

Objet: [membres-actifs] "Cessons de stigmatiser les musulmans !", par Béligh Nabli 26.07.2013 à 14:26 | LE MONDE Béligh Nabli (Maître de conférences à Sciences Po Paris)
À: infopamis.direct@blogger.com
Cc: "membres-actifsforumfrancealgerie.org" <membres-actifs@forumfrancealgerie.org>
Date: Dimanche 28 juillet 2013, 7h29

Devant la
salle d'audience où trois hommes sont jugés au
tribunal de Versailles, près de Paris, le 22 juillet, pour
avoir jeté des projectiles sur les policiers dans la ville
de Trappes le 19 juillet. AFP/FRANCOIS
GUILLOTLes islamistes ne sont pas seuls à
être hantés par l'islam. Une séquence médiatique
récente souligne l'extension et la profondeur de cette
"maladie obsessionnelle". Ainsi, d'aucuns ont
cédé à la tentation de privilégier le prisme religieux
pour interpréter les événements de Trappes (Yvelines), et
ce pour mieux ignorer leur dimension profondément
sociale.On retrouve la
trace de cette même paresse ou malhonnêteté
intellectuelle dans la question posée par le journaliste
Laurent Delahousse au président Hollande, le 14-Juillet,
évoquant le spectre d'un "parti islamiste
français". Ou encore dans le tweet récent
de la Femen Inna Shevchenko, intimement persuadée de la
laideur intrinsèque de l'islam.L'islam est devenu le jouet ou
plutôt le punching-ball préféré des acteurs de la
société du spectacle. Le fait n'a pas de quoi
surprendre. Derrière la pseudo-audace journalistique ou la
provocation féministe, cette posture de "lanceur
d'alerte" ne fait que conforter l'esprit ou la
pensée dominante qui prévaut dans l'espace public et
politique.En
présumant l'incompatibilité ontologique entre
l'islam et la liberté, l'islam et la démocratie,
ces coups médiatiques cultivent une hystérisation du
débat public qui s'inscrit sur fond d'anxiété
identitaire. Une série de sondages avait ainsi signalé
qu'une majorité de Français trouve
l'islam "trop
visible", qu'il constitue
une"menace" pour le pays. Sur ce
point, l'alternance politique et l'arrivée de la
gauche au pouvoir ne se sont pas accompagnées d'un
véritable changement de climat.Si la critique de la religion en général
n'est en rien condamnable, viser systématiquement
l'islam devient pour le moins troublant. Certes, cette
démarche rhétorique et idéologique est censée frapper la
religion en tant que telle, non les musulmans... Reste que
derrière cette argutie formelle, ou fiction juridique, nul
ne saurait ignorer la cible réelle de ce genre de
postures.Les citoyens
français (ou non) musulmans (ou du moins apparemment) se
trouvent prisonniers d'une chaîne de présomptions ou
de soupçons Arabes/musulmans, musulmans/islamistes,
islamistes/terroristes dans laquelle les divers éléments
s'amalgament insensiblement.Le discours agressif contre l'islam qui
s'exprime depuis la fin de la guerre froide
s'inscrit dans une histoire moderne : le regard porté
sur les sociétés arabo-musulmanes fut transposé à la
présence musulmane en Occident. L'islam est devenu aux
Etats-Unis comme en Europe un problème de politique
étrangère, mais aussi une question de politique
intérieure. La présence musulmane étant perçue à la
fois comme une menace sécuritaire et
identitaire.La montée
de l'intégrisme islamique a coïncidé avec la quête
d'un nouvel ennemi stratégique et symbolique en
Occident. Partant, la critique de l'islam(isme)
s'est substituée subrepticement à la critique du
communisme.Aux
Etats-Unis, puis en Europe, l'incapacité supposée des
sociétés arabes ou musulmanes à adhérer à la
modernité, assimilée aux valeurs occidentales de
démocratie, de centralité de l'individu et de
sécularisation, s'est répandue dans les milieux
politiques et intellectuels. Cette lecture culturaliste et
essentialiste vient figer la représentation des musulmans
dans l'image d'une masse informe, archaïque, à la
fois soumise et incontrôlable (si ce n'est par la
force). Cette perception a justifié le soutien des régimes
occidentaux à des régimes arabes autoritaires, qui avaient
le mérite de maintenir l'ordre et la
stabilité...Après
les attentats du 11 septembre 2001 à New York, la figure de
l'Arabo-musulman incarne définitivement cet ennemi
symbolique de l'Occident. Cette perception est étayée
par la thèse du "choc des
civilisations",développée par le politologue
américain Samuel Huntington, selon laquelle l'ordre du
monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans
lequel la civilisation islamique menace
l'Occident.Le
soulèvement de peuples arabes en 2011 a revitalisé
l'obsession islamiste. Preuve de la persistance des
vieux réflexes, des notions superficielles ("hiver
islamiste") ou fantasmagoriques
("islamofascisme") ont (re)surgi pour mieux
réduire les Arabes à un bloc monolithique écrasé par le
poids de la religion musulmane. Il serait intellectuellement
malhonnête de résumer le "réveil arabe" aux
outrances salafistes et à la montée des partis liés à la
confrérie des Frères musulmans.Le sentiment de méfiance/défiance
par rapport à la chose musulmane va grandissant, illustré
en France par l'instrumentalisation politique autour des
manifestations visibles ostentatoires de l'identité
musulmane (mosquée, port du voile, etc.).En France, la problématique de
l'immigration est dépassée aujourd'hui par celle
plus aiguë de l'intégration ou de l'inclusion des
musulmans, dont l'identité complexe contribue à
interroger l'"occidentalité" et leur
compatibilité avec les valeurs de la République. Les
débats récurrents sur l'intégration et
l'identité nationale témoignent d'une tension
sociale et d'un questionnement existentiel liés
notamment à cette présence musulmane.Pourtant, contrairement aux thèses
culturalistes encore en vogue, il n'y a nulle
incompatibilité entre le fait d'être musulman et
l'adhésion au modèle républicain à la française,
concept structurel mais non figé. Mieux, le discours
critique développé par les musulmans de France contre le
discours de stigmatisation dont ils font l'objet se
fonde sur la devise de la République
: "Liberté, égalité,
fraternité".Les musulmans de France renvoient trop souvent à
un bloc homogène, figé, animé des passions humaines et
rétif à la modernité. Pourtant, si singuliers soient-ils,
les musulmans ne sont imperméables ni à la raison, ni aux
valeurs universelles.

"Cessons de stigmatiser les musulmans !", par Béligh Nabli 26.07.2013 à 14:26 | LE MONDE Béligh Nabli (Maître de conférences à Sciences Po Paris)

Devant la salle d'audience où trois hommes sont jugés au tribunal de Versailles, près de Paris, le 22 juillet, pour avoir jeté des projectiles sur les policiers dans la ville de Trappes le 19 juillet. AFP/FRANCOIS GUILLOT

Les islamistes ne sont pas seuls à être hantés par l'islam. Une séquence médiatique récente souligne l'extension et la profondeur de cette "maladie obsessionnelle". Ainsi, d'aucuns ont cédé à la tentation de privilégier le prisme religieux pour interpréter les événements de Trappes (Yvelines), et ce pour mieux ignorer leur dimension profondément sociale.

On retrouve la trace de cette même paresse ou malhonnêteté intellectuelle dans la question posée par le journaliste Laurent Delahousse au président Hollande, le 14-Juillet, évoquant le spectre d'un "parti islamiste français". Ou encore dans le tweet récent de la Femen Inna Shevchenko, intimement persuadée de la laideur intrinsèque de l'islam.

L'islam est devenu le jouet ou plutôt le punching-ball préféré des acteurs de la société du spectacle. Le fait n'a pas de quoi surprendre. Derrière la pseudo-audace journalistique ou la provocation féministe, cette posture de "lanceur d'alerte" ne fait que conforter l'esprit ou la pensée dominante qui prévaut dans l'espace public et politique.

En présumant l'incompatibilité ontologique entre l'islam et la liberté, l'islam et la démocratie, ces coups médiatiques cultivent une hystérisation du débat public qui s'inscrit sur fond d'anxiété identitaire. Une série de sondages avait ainsi signalé qu'une majorité de Français trouve l'islam "trop visible", qu'il constitue une"menace" pour le pays. Sur ce point, l'alternance politique et l'arrivée de la gauche au pouvoir ne se sont pas accompagnées d'un véritable changement de climat.

Si la critique de la religion en général n'est en rien condamnable, viser systématiquement l'islam devient pour le moins troublant. Certes, cette démarche rhétorique et idéologique est censée frapper la religion en tant que telle, non les musulmans... Reste que derrière cette argutie formelle, ou fiction juridique, nul ne saurait ignorer la cible réelle de ce genre de postures.

Les citoyens français (ou non) musulmans (ou du moins apparemment) se trouvent prisonniers d'une chaîne de présomptions ou de soupçons Arabes/musulmans, musulmans/islamistes, islamistes/terroristes dans laquelle les divers éléments s'amalgament insensiblement.

Le discours agressif contre l'islam qui s'exprime depuis la fin de la guerre froide s'inscrit dans une histoire moderne : le regard porté sur les sociétés arabo-musulmanes fut transposé à la présence musulmane en Occident. L'islam est devenu aux Etats-Unis comme en Europe un problème de politique étrangère, mais aussi une question de politique intérieure. La présence musulmane étant perçue à la fois comme une menace sécuritaire et identitaire.

La montée de l'intégrisme islamique a coïncidé avec la quête d'un nouvel ennemi stratégique et symbolique en Occident. Partant, la critique de l'islam(isme) s'est substituée subrepticement à la critique du communisme.

Aux Etats-Unis, puis en Europe, l'incapacité supposée des sociétés arabes ou musulmanes à adhérer à la modernité, assimilée aux valeurs occidentales de démocratie, de centralité de l'individu et de sécularisation, s'est répandue dans les milieux politiques et intellectuels. Cette lecture culturaliste et essentialiste vient figer la représentation des musulmans dans l'image d'une masse informe, archaïque, à la fois soumise et incontrôlable (si ce n'est par la force). Cette perception a justifié le soutien des régimes occidentaux à des régimes arabes autoritaires, qui avaient le mérite de maintenir l'ordre et la stabilité...

Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, la figure de l'Arabo-musulman incarne définitivement cet ennemi symbolique de l'Occident. Cette perception est étayée par la thèse du "choc des civilisations",développée par le politologue américain Samuel Huntington, selon laquelle l'ordre du monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans lequel la civilisation islamique menace l'Occident.

Le soulèvement de peuples arabes en 2011 a revitalisé l'obsession islamiste. Preuve de la persistance des vieux réflexes, des notions superficielles ("hiver islamiste") ou fantasmagoriques ("islamofascisme") ont (re)surgi pour mieux réduire les Arabes à un bloc monolithique écrasé par le poids de la religion musulmane. Il serait intellectuellement malhonnête de résumer le "réveil arabe" aux outrances salafistes et à la montée des partis liés à la confrérie des Frères musulmans.

Le sentiment de méfiance/défiance par rapport à la chose musulmane va grandissant, illustré en France par l'instrumentalisation politique autour des manifestations visibles ostentatoires de l'identité musulmane (mosquée, port du voile, etc.).

En France, la problématique de l'immigration est dépassée aujourd'hui par celle plus aiguë de l'intégration ou de l'inclusion des musulmans, dont l'identité complexe contribue à interroger l'"occidentalité" et leur compatibilité avec les valeurs de la République. Les débats récurrents sur l'intégration et l'identité nationale témoignent d'une tension sociale et d'un questionnement existentiel liés notamment à cette présence musulmane.

Pourtant, contrairement aux thèses culturalistes encore en vogue, il n'y a nulle incompatibilité entre le fait d'être musulman et l'adhésion au modèle républicain à la française, concept structurel mais non figé. Mieux, le discours critique développé par les musulmans de France contre le discours de stigmatisation dont ils font l'objet se fonde sur la devise de la République : "Liberté, égalité, fraternité".

Les musulmans de France renvoient trop souvent à un bloc homogène, figé, animé des passions humaines et rétif à la modernité. Pourtant, si singuliers soient-ils, les musulmans ne sont imperméables ni à la raison, ni aux valeurs universelles.


samedi 27 juillet 2013

La gauche s'éloigne un peu plus encore des quartiers populaires PAR STÉPHANE ALLIÈS LE 27 JUILLET 2013

Valls à Trappes.Valls à Trappes.
Les événements de Trappes ne font qu'entériner une évolution débutée avec la loi anti-niqab de 2010, alors votée avec le consentement du PS. Tandis que la droite se complaît dans les amalgames, la gauche se réfugie derrière la défense de l'ordre et d'une laïcité de fer. Les quartiers populaires, qui avaient massivement voté Hollande, désespèrent.

De l'embarras à l'abandon. Les événements de Trappes (Yvelines) sont un nouveau révélateur du rapport de plus en plus crispé entretenu par la gauche française avec les quartiers populaires. Guère au clair sur les questions de laïcité, d'islam, ou de sécurité, les différents partis de gauche semblent aujourd'hui démunis face à des problématiques urbaines qu'ils n'ont pas franchement travaillé du temps où ils étaient dans l'opposition.

Le pouvoir socialiste use aujourd'hui de la même méthode que ses prédécesseurs face à l'irruption de violences urbaines consécutives à des interpellations policières qui tournent mal : soutenir d'emblée les policiers, défendre par principe l'ordre républicain, et céder aux amalgames et aux facilités de la stigmatisation, ou observer un assourdissant silence. Depuis que le contrôle d'identité d'une femme en niqab a mal tourné, vendredi dernier à Trappes (lire notre article), l'exécutif a laissé Manuel Valls occuper l'espace médiatique, seul.

Le ministre de l'intérieur s'est jusqu'ici distingué par ses réserves sur le droit de vote des étrangers. Il a enterré sans ménagement la procédure du récépissé de contrôle d'identité, ou a critiqué l'arrêt de la Cour de cassation n'autorisant pas la crèche Baby-loup à refuser l'embauche d'assistantes maternelles voilées. De samedi à lundi dernier, Valls n'a cessé d'alimenter la chronique médiatique, comme aux plus belles heures du Kärcher sarkozyste, au point d'embarquer une grande majorité de la classe politique derrière lui. Consentante sans mot dire.

Valls assume ainsi avec aise l'application de la loi interdisant le niqab (« d'ailleurs, je l'ai votée » – avec dix-sept autres députés socialistes), au contraire d'une grande majorité du groupe PS d'alors qui s'était abstenue, Jean-Marc Ayrault et François Hollande inclus. Le ministre de l'intérieur a une idée bien précise du respect de la loi, qui pourrait surprendre de la part d'un fils de républicain anti-franquiste : « Quelles que soient les circonstances, on ne conteste pas l'autorité de l'État. »

Lui défend les policiers d'emblée, par principe.« Ils ont fait leur travail avec professionnalisme, respect des personnes et sens de la déontologie », a-t-il ainsi assuré dès le lendemain des affrontements de vendredi soir. Depuis, une enquête de l'IGPN a été ouverte, lundi soir, après la révélation de propos racistes de policiers sur un forum, dont certains auraient été présents à Trappes. Le défenseur des droits s'est lui saisi du cas d'un adolescent de 14 ans, qui a perdu un œil suite à un tir de Flash-ball lors des affrontements. Sur ces sujets, Valls, en revanche, ne dit rien.

Alors même qu'il a d'abord affiché sa prudence, appelant à « éviter les amalgames », expliquant qu'il fallait distinguer « 200 voyous » d'une « ville qui compte 30 000 habitants », Manuel Valls n'a pu s'empêcher de lâcher dans la foulée : « Je sais quels peuvent être les liens entre des groupes qui s'en prennent à nos institutions et des groupes fondamentalistes, c'est une réalité qui existe dans un certain nombre de nos villes. » Une assertion qui colle à la position de l'exécutif, pour lequel la forte présence d'une communauté salafiste à Trappes suffit à conclure à un contexte particulier, pour qualifier les événements du week-end.

Preuve du relatif désintérêt du gouvernement, les événements de Trappes n'ont pas été au menu de la réunion des directeurs de cabinet en ce début de semaine. Manuel Valls a le champ libre pour imprimer sa marque.

Mais à force de s'ébrouer dans le champ de la communication toute personnalisée, le ministre s'est brûlé les ailes. Face à la sœur d'un jeune interpellé, croisée dans le quartier des Merisiers, à Trappes, il s'irrite vite : « La mise en cause d'un élu, d'un ministre, des forces de l'ordre, y compris dans vos mots, montre bien qu'il y a un problème», réplique-t-il sèchement à celle qui a pourtant condamné l'attaque du commissariat, mais demande davantage d'écoute et de prise en compte des problèmes vécus au quotidien. Au moment où un rapport sur « l'empowerment à la française » vient d'être remis au gouvernement (lire ici), rarement la mise en images de la déconnexion entre élus et quartiers populaires n'a été si frappante.

Manuel Valls à Trappes, le 22 juillet 2013

Sans surprise, Valls a ensuite estimé que la scène avait été « sans doute fabriquée », retrouvant ses inclinations un brin paranoïaques, qui lui font voir des « ennemis de l'intérieur » à tout bout de champ (par exemple ici à Marseille ou là, devant le Sénat), ou encore des « sectes prônant le djihad et la haine de la France à l'intérieur de nos quartiers » (à la tribune du dernier congrès PS de Toulouse, sous les acclamations des délégué socialistes).

Avec un souci de rééquilibrage, Jean-Marc Ayrault a préféré jouer l'apaisement lundi soir.« La République doit rappeler sans cesse les règles, les faire appliquer quand il le faut avec la plus grande sévérité », a-t-il ainsi déclaré lors d'un déplacement à Grenoble, tout en ajoutant qu'« en même temps, la République doit tenir ses promesses et n'abandonner personne ». Contrairement à de précédents épisodes quand l'ordre public est troublé, nulle consigne n'a été donnée cette fois-ci aux autres membres du gouvernement quant à leur expression.

Mais hormis la ministre du logement Cécile Duflot, qui a franchement nuancé le propos sécuritaire, et son ministre délégué à la ville François Lamy (qui se rend à Trappes en fin de semaine pour discuter avec les habitants), peu ont divergé de la ligne républicaine musclée de leur collègue de l'intérieur. Comme si celle-ci s'était définitivement imposée dans son camp, Valls profitant de l'impensé de ses camarades, comme de ses concurrents à gauche, sur le sujet.

De rares voix pour rompre le silence de la gauche

François Hollande en visite à Trappes, le 3 septembre 2012François Hollande en visite à Trappes, le 3 septembre 2012© Reuters

À gauche, les questions touchant les quartiers populaires n'entraînent pour l'heure aucun mouvement de réflexion en profondeur, bien que sa population ait massivement voté pour elle (autour de 60 % pour Hollande, 20 % pour Mélenchon) lors de la dernière présidentielle. Avec des taux de participation certes inférieurs à la moyenne nationale, mais bien plus élevés que lors des précédents scrutins locaux et européens. C'était le signe d'une remobilisation ponctuelle, mais qui s'est depuis désespérée de ne rien voir venir.

Depuis que les événements de Trappes ont eu lieu, les partis de gauche n'ont pas fait dans la surenchère de communiqués, loin de là. Il a fallu attendre mardi après-midi pour qu'Europe Écologie-Les Verts (EELV - lire ici) et le NPA (lire ici) sortent de leur silence, pour critiquer durement le ministère de l'intérieur et le comportement des forces de l'ordre. Dès lundi, les parlementaires écologistes Noël Mamère (lire ici) et Esther Benbassa (lire ici) ont chacun publié une tribune remettant fortement en cause le modèle laïque français et la continuité de pratiques discriminatoires.

« La vulgate anticommunautariste n'est qu'un prêt-à-penser inutile pour comprendre notre société multiculturelle, écrit le député Mamère.Il faudra un jour dépasser cette contradiction : ou accepter une certaine logique communautaire, ou appliquer l'égalité réelle des droits. » « S'il n'est pas question d'encourager le port de la "burqa" dans l'espace public ni de le tolérer dans l'indifférence, force est de constater que la loi de 2011 n'a pas eu l'effet escompté, renchérit la sénatrice Benbassa. (…) Cette loi n'a servi qu'à une chose, à stigmatiser un peu plus les musulmans. »

Les partis du Front de gauche partagent ce même goût de l'absence de commentaires officiels sur Trappes. Hormis la Gauche anticapitaliste (scission du NPA - lire ici) qui a axé sa critique sur le ministre de l'intérieur ce mercredi, aucun communiqué n'a été publié par le PCF ou le Parti de gauche, alors même que les débats sur ces questions divisent les composantes de l'autre gauche. Les déchirements après la candidature d'Ilham Moussaïd, une militante du NPA portant un foulard et investie tête de liste départementale lors des dernières régionales de 2010 (lire ici), ont laissé des traces.

Les divisions furent tellement nettes parmi les anticapitalistes (lire ici), comme chez les autres militants du Front de gauche, qu'un consensus s'est peu à peu dégagé, pour mettre le sujet sous le tapis, plaçant du même coup les quartiers hors de ses radars militants. Pourtant, l'expérience vite avortée de l'implantation du NPA dans les banlieues avait vu émerger de nouveaux profils militants motivés et dynamiques (par exemple à Avignon), cassant les codes des bienséances partisanes et les certitudes idéologiques, parfois de façon réjouissante. 

mercredi 24 juillet 2013

Pour une reconnaissance de la diversité religieuse 24.07.2013 | Le Monde.fr Hugues Lagrange (Sociologue, directeur de recherche au CNRS)


Devant une boulangerie de Trappes, samedi 20 juillet, au lendemain de la premières nuit de violences. AGNES DHERBEYS POUR LE MONDE

Les événements des 20 et 21 juillet à Trappes, à la suite de l'interpellation d'une femme portant un niqab, appellent une réflexion moins sur les quartiers sensibles ou sur l'islam salafiste que sur notre laïcité.

La question du chômage des jeunes est réelle et préoccupante mais elle ne concerne pas plus les Merisiers que des centaines d'autres zones urbaines sensibles. La cité des Merisiers, comparable à celles des Mureaux ou de Mantes-la-Jolie, a fait l'objet dans le cadre du Programme national de rénovation urbaine de transformations considérables : rénovation, résidentialisation, aires de jeux. Et si la création d'une pépinière d'entreprises ne réduit pas le chômage, elle traduit un dynamisme économique local.

>> Lire : "Trappes : le récit d'un week-end sous tension" (Edition abonnés)

Ce qui s'est passé à Trappes révèle d'abord l'absurdité de contrôles opérés en plein Ramadan, en application littérale de la loi de 2011 (interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public), elle témoigne de notre incapacité à construire un espace public véritablement pluriel et une laïcité ouverte. Le gouvernement, relayant là une large fraction de l'opinion, peine à dépasser une vision crispée de la loi de 1905 dont l'article 2 précise que la République non seulement ne"subventionne aucun culte" mais aussi n'en "reconnaît" aucun.

Certes la circulation de femmes en niqab quelques milliers n'est pas l'expression la plus émancipée de la diversité des moeurs. Mais peut-on se contenter d'accueillir une altérité taillée sur mesure, de reconnaître l'Autre seulement s'il est comme nous le souhaitons ? Nous sommes à un moment où la République ne peut plus proposer à ceux qu'elle a admis sur son territoire le compromis constitutif de l'Etat social.

La disparité croissante des revenus, l'augmentation de la pauvreté, le chômage sélectif qui touche les jeunes issus des immigrations africaines, surtout quand ils sont diplômés, et les jeunes des quartiers sensibles en général, ont ruiné le pacte social. Ils ont détruit ce qui rendait acceptable le discours des droits et des devoirs à la base d'une conception de l'intégration comme assimilation.

RÉACTIONS ETHNOCENTRIQUES

Dans les sociétés européennes, les réactions ethnocentriques des populations autochtones à l'égard des musulmans se sont multipliées. Ce durcissement de l'identité nationale est en France à l'origine de disposition comme la loi de 2004 et celle de 2011. Or, si la loi sur le voile à l'école bride l'expression de la religiosité, elle régit les conduites dans un cadre, l'école publique, dont on admet qu'il implique des restrictions. La loi de 2011, visant sans le nommer le voile intégral, atteint directement l'expression de la religiosité dans l'espace public et de ce fait l'expression d'un pluralisme religieux en France.

>> Lire la tribune de Jean-François Copé : "Il ne faut pas céder face à l'intégrisme religieux !"

Il y a une tension entre deux objectifs aujourd'hui revendiqués par la majorité : la promotion de la diversité et celle de l'égalité entre tous les individus. La promotion de la diversité a été engagée dans les entreprises privées (signataires de la Charte de la diversité), dans les médias audiovisuels y compris les chaînes publiques. Pourtant l'attitude de l'Etat est difficile à lire : lorsqu'il s'agit de service public, l'interdiction du voile s'impose (arrêt du Conseil d'Etat concernant une employée de la CAF) mais quand il y a seulement une délégation du service public comme dans le cas de la crèche Babyloup, l'interdiction du voile ne s'impose pas. Ces distinctions cachent mal les oscillations d'une politique publique qui aimerait donner des gages à une promotion de la diversité dans l'air du temps, mais doit aussi accéder aux requêtes d'une laïcité intransigeante.

BÂTIR UNE SOCIÉTÉ INCLUSIVE

En nous focalisant sur la neutralité de l'espace public nous avons une visée uniformisante et non pas universelle. S'il y a des tensions entre nos principes, il me semble qu'existe une voie qui éviterait les crispations identitaires. On peut promouvoir la diversité sans faire de concessions sur l'égalité entre les sexes : ainsi pas de prohibitions spécifiques à un sexe, pas d'horaires séparés dans les piscines municipales, pas de choix du sexe du médecin à l'hôpital.

Parallèlement, bâtir une société inclusive implique de ne pas chercher à enfermer l'autre dans un moule unique, de ne pas le priver du droit à sa culture, du droit de "préserver, comme le dit Avishaï Margalit, sa façon de vivre et les traits qui sont à ses yeux et à ceux des autres membres du groupe des composantes essentielles de son identité".

>> Lire la tribune du professeur de science politique, Jacques de Maillard : "Le voile révèle les failles du pacte républicain"

Olivier Roy souligne que le rapport des musulmans au politique, soit s'inscrit dans la vie ordinaire, soit passe par une surpolitisation, car pour les musulmans, à la différence des catholiques, le rapport au politique n'est pas médiatisé par une Eglise. L'expression publique de la religiosité est un aspect central de l'existence de l'identité religieuse, et de ce fait les manifestations ostensibles de la religiosité ont une portée plus significative. Si l'on prétend combattre les dérives possibles vers l'islam politique on n'a pas intérêt à empêcher les expressions ordinaires de la religiosité en islam.

Plantu 17 juillet 2013




Trappes : enquête après des propos violents tenus sur une page Facebook de policiers, Le Monde.fr avec AFP, 24.07.2013



La page Facebook "Forum Police-Info.com", le 22 juillet avant sa suppression.

La Place Beauvau a diligenté mardi 23 juillet une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour identifier les auteurs de propos publiés sur une page Facebook destinée à la police, après les violences qui ont frappé la ville de Trappes.

Lire : Le récit d'un week-end sous tension à Trappes

Les commentaires, "au contenu violent et parfois raciste" selon une source proche du dossier, avaient été publiés sur la page Facebook de "Forum police-info", un forum "non officiel" de la police nationale et de la police municipale mais "fréquenté majoritairement  par des policiers" selon la charte du forum.

Des"dérapages" de policiers avaient été constatés le 22 juillet par le site Copwatch Nord-Ile-de-France, relayé par Indymedia, et le blog Al Kanz, qui ont passé en revue la page Facebook liée à ce forum (qui a depuis été désactivée et n'est plus accessible) ainsi que celles d'"Alliance police nationale" et des "Amis de police et réalités".

"IL FAUT ÊTRE EXTRÊMEMENT PRUDENT"

Captures d'écran à l'appui, ces deux sites avaient fait état de messages sur ces pages appelant à la violence ("C'est pas le Ramadan ??... Ben alors vous allez ramassez vos dents") ou de nature politique ("J'ai passé la nuit à Trappes hier avec les collègues... Pauvre France, vive le bleu Marine !!") envoyés par des profils Facebook se présentant comme ceux de policiers en activité, et contrevenant, de la sorte, au devoir de réserve de la profession.

"L'enquête devra déterminer s'il s'agit bien de policiers qui ont tenu ces propos, et auquel cas c'est intolérable et des poursuites disciplinaires seront engagées. Mais il faut être extrêmement prudent, savoir dans quel cadre ces propos ont été tenus", explique, mardi, le porte-parole du ministère de l'intérieur.

Pour ce faire, à moins d'aveux des policiers visés par l'enquête de l'IGPN, une identification précise des auteurs des commentaires en question est essentielle. Elle ne peut se faire qu'avec la transmission des données utilisateurs par Facebook, permettant d'assurer que les profils Facebook en question n'ont pas été créés par d'autres personnes pour publier des messages litigieux.

PUBLICATION DE NOMS, PHOTOS ET SERVICES AFFECTATION

"Les policiers doivent être exemplaires, quelles que soient les circonstances. L'exemplarité est essentielle et indispensable si l'on veut rétablir ou raviver le lien de confiance qui doit unir nos forces de sécurité et la population", a par ailleurs déclaré le porte-parole du ministère.

Dans le même temps, le site Copwatch-Nord-Ile-de-France, né d'un"collectif de citoyens souhaitant lutter par la transparence et l'information contre les violences policières", a également publié les noms, photos et parfois services d'affectation de policiers suspectés d'être à l'origine des commentaires concernés (ces renseignements étaient disponibles directement sur les profils Facebook, ou après des recherches en ligne). Face à ces pratiques de Copwatch, la justice a déjà ordonné à plusieurs reprises la fermeture de ce site qui, à chaque fois, a été réactivé.

lundi 22 juillet 2013

Trappes : intox et fausses photos 22.07.2013 à 19:05 | Blog : Les décodeurs

L'arrestation, dans des circonstances qui restent à éclaircir, du mari d'une femme voilée, elle-même interpellée à Trappes (Yvelines), a déclenché une flambée de violences dans cette ville de banlieue parisienne. Dans la nuit du vendredi au samedi 20 juillet et, dans une moindre mesure, la nuit suivante, des bandes de jeunes ont affronté la police, brûlé des véhicules et détruit du mobilier urbain.

Comme souvent lors d'événements de ce type, les tensions ont été déclinées sur les réseaux sociaux. Depuis vendredi, nombre d'informations, de documents et de commentaires y circulent. Mais toutes ne sont pas vraies, loin s'en faut. Quelques personnes, en général connues pour leur activité militante, diffusent sciemment de fausses informations.

Une image de voiture renversée... qui date de 2010

Ce qu'on pouvait voir : C'est le cas de cette photo, diffusée par Stéphane Journot, ancien militant UMP, actif durant la campagne de 2012, très engagé dans la lutte contre le mariage gay et relais actif de la campagne de Jean-François Legaret pour la primaire UMP à Paris.


Après on va crier au racisme mais... regardez... #Trappespic.twitter.com/1vwch14eK6

Stéphane Journot (@sjournot) July 22, 2013

 

L'image a immédiatement été diffusée par d'autres personnes.

Toi aussi, fais réviser gratuitement ta Twingo par des jeunes bénévoles ... #Trappespic.twitter.com/4nIPoZ4siX (merci@lysenfleur )

Arnaud de St-Germain (@A_de_St_Germain) July 21, 2013

 

Pourquoi c'est bidon ? Mais M. Journot s'est bien gardé de dire qu'elle n'avait pas été prise à Trappes et qu'elle ne datait pas de ce week-end, mais... de 2010, lors des manifestations lyonnaises contre la réforme des retraites, qu'on peut retrouver sur la page "Big picture" du Boston Globe(photo n° 20)

Des clichés anciens

Ce qu'on pouvait voir : Stéphane Journot n'est pas le seul à jouer ce jeu. D'autres militants font eux aussi dans les fausses nouvelles, comme celui-ci :


Après #Trappes, Guyancourt, Elancourt, Mantes la Jolie et Cergy. C'est la contagionpic.twitter.com/kzEX7oUIkK

Napoléon (@tprincedelamour)July 21, 2013

Là encore, ce jeune militant de droite, très engagé dans la lutte contre le mariage gay, a cherché à attiser les tensions à l'aide de photos trouvées sur le Net. Il suffit de taper "émeutes banlieue" pour retrouver la plupart des clichés de son montage.

Par exemple, la photo montrant une silhouette bras levés sur fond de véhicule incendié date en réalité des émeutes de 2005, qui avaient suivi la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois. On la retrouve utilisée en 2007 sur le blog de Sébastien Fontenelle.

Cette photo (le premier résultat de recherche sur Google Images avec les termes "émeutes banlieue") est d'ailleurs reprise par d'autres, comme le militant UMP Nicolas Pauzie, qui l'attribuent aux émeutes de ce weekend.

Des photos d'illustration utilisées sans précision

Ce qu'on pouvait voir : Le militant est un habitué de la méthode. Idem par exemple avec ce tweet.


#Trappes Quand on partait de bon matin. Quand on partait sur les chemins. A bicyclette...pic.twitter.com/f6HYl1i08V

Napoléon (@tprincedelamour)July 21, 2013

 

L'image provient du site d'un photographe alsacien, et en aucun cas de Trappes.

Pourquoi c'est bidon ? L'image provient du site d'un photographe alsacien, et en aucun cas de Trappes.

Un dépôt de bus brûlé à Trappes... en 2005

Sur cette vidéo extraite d'un journal télévisé de France 2, la caméra parcourt un entrepôt de bus calcinés. La voix off, celle d'Elise Lucet, ne laisse aucun doute : ce sont bien les transports en commun de Trappes qui ont été visés.

Pourquoi c'est daté ? Mais c'était à l'automne 2005, quand les événements qui ont débuté à Clichy-sous-Bois s'étaient répandus dans la banlieue parisienne. La vidéo a été reprise par de nombreux d'internautes. Ils auraient pu, à peu de frais, s'apercevoir que la vidéo était ancienne, vu qu'elle était hébergée sur le site de l'INA, l'Institut national de l'audiovisuel, qui ne propose que des archives...

(information signalée par Xavier M.)

Infos imprécises

Dans une moindre mesure, les informations fausses ou bidonnées circulent aussi rapidement. Par exemple, ce tweet d'un membre de "génération identitaire", évoquant "45 voitures brûlées". En réalité, il y a en aurait eu "une vingtaine" selon la police.

Idem lorsque quelques "coups de feu sporadiques" entendus par certains policiers, deviennent "des coups de feu tirés contre un hélicoptère", ce qu'aucune source ne confirme.

Même chose avec cet autre compte militant, qui évoque un immeuble brûlé à Trappes.


Voici l'immeuble brulé à #TrappesUn taudis ?? C'est vrai les banlieues sont des taudis...#IntégrationRatéepic.twitter.com/lN4Q7Le70B

TeamSarkozy (@Guillaume6869)July 20, 2013

 

Or, si un feu a atteint la façade d'un immeuble, on ne sait rien des circonstances précises de cet incendie. Là encore, une fausse information, diffusée sans précaution et sans doute pas sans arrière-pensée.

Samuel Laurent

[Si vous voyez passer d'autres cas d'intox et de manipulation autour des événements, n'hésitez pas à nous les communiquer : lesdecodeurs@gmail.com]


 




"L'erreur serait de réduire les événements de Trappes à leur caractère religieux" LE MONDE | 22.07.2013 à 08h53 • Mis à jour le 22.07.2013 Propos recueillis par Nicolas Chapuis


Des policiers en faction à Trappes, samedi 20 juillet.

Hicham Benaissa, chercheur au Groupe sociétés, religions, laïcités du CNRS, décrypte le rôle du religieux dans les événements survenus à Trappes (Yvelines) entre le vendredi 19 et dimanche 21 juillet, après le contrôle de police d'une femme intégralement voilée. Il analyse aussi l'impact de la loi interdisant le port du niqab dans la communauté musulmane de France.

Lire aussi (abonnés) : Trappes : les raisons de la colère

Qu'est-ce qui explique, selon vous, cette soudaine flambée de violence ? Y a-t-il une spécificité de la communauté musulmane de Trappes, ou ces événements auraient-ils pu éclater ailleurs ?

Il n'y a pas vraiment de particularité de la communauté musulmane de Trappes, et ces événements auraient très bien pu se produire à un autre endroit. Deux facteurs peuvent expliquer ce qui s'est passé. Le premier est conjoncturel. Nous traversons une période où de nombreux musulmans en France considèrent que l'islamophobie n'est pas réellement prise en compte par les pouvoirs publics. Il y a eu plusieurs agressions à caractère islamophobe ces derniers temps. Une grande partie de la communauté musulmane trouve que ces faits ne sont pas assez relayés dans les médias et pas condamnés assez fermement par les responsables politiques.

Il en découle une grande défiance vers l'extérieur et vis-à-vis des autorités. Ce n'est d'ailleurs pas anodin que les incidents commencent après un contrôle de police.

Le deuxième aspect est d'ordre structurel. La question religieuse vient ici habiller des questions sociales beaucoup plus enracinées. Il y a un sentiment de marginalisation dans ces quartiers, avec un taux de chômage élevé, une délinquance présente. La question religieuse et celle de l'islamophobie viennent renforcer ce sentiment d'injustice. Il me semble que le conjoncturel est inséparable du structurel.

Faut-il n'y voir que l'oeuvre d'une petite frange de musulmans radicaux qui défendent le droit de porter le niqab ?

Dans ce type d'événements, on retrouve des personnes très différentes. Il y a des jeunes très religieux, et d'autres qui ne le sont que très vaguement. Cela dépasse la simple question du niqab. La religion joue ici le rôle de structure unificatrice, mais le malaise qui s'exprime est plus profond.

Comment les musulmans vivent-ils ces événements ? Craignent-ils d'être davantage stigmatisés ?

Sociologiquement, on ne peut pas parler des "musulmans" d'une manière générale. On peut retrouver des réactions très diverses face à ces événements, même si la majorité d'entre eux condamnent ces actes de violence. Néanmoins, on peut observer chez la plupart des musulmans un consensus tacite autour de l'idée que les actes islamophobes ne sont pas suffisamment condamnés et d'un traitement "deux poids deux mesures". C'est parce que certains d'entre eux se sentent déjà stigmatisés qu'ils se stigmatisent encore davantage.

La loi de 2011 qui interdit le port du niqab sur la voie publique est-elle acceptée par les musulmans et joue-t-elle un rôle dans le malaise que vous évoquez ?

La loi sur le niqab n'est pas perçue de façon monolithique par les musulmans. Certains considèrent que c'était une bonne chose de l'interdire. Pour beaucoup de musulmans, ça ne correspond de toute façon pas à leurs coutumes et à leurs pratiques religieuses, le voile intégral étant issu de la tradition arabique. Ils n'ont donc pas l'habitude d'en voir dans leurs pays d'origine.

Mais pour d'autres, cette loi a pu être perçue, dans le contexte actuel, comme un geste de défiance supplémentaire de la part des autorités envers les musulmans de France, vu le peu de femmes concernées.

Ces événements ont lieu en plein mois de ramadan. Les échauffourées ont d'ailleurs éclaté après la rupture du jeûne. Est-ce un élément important ?

Oui, c'est sans doute un facteur à prendre en compte. Il peut agir comme facteur d'apaisement. Pendant le ramadan, tout acte de violence est condamné. Néanmoins, il peut également provoquer de la ferveur dans les actes et les discours. Le contexte religieux ajoute un supplément d'émotions à la question sociale.

L'erreur serait de réduire cet événement à son évidence première, c'est-à-dire à son caractère religieux. Il est indissociable des dimensions conjoncturelle et structurelle évoquées. Persister à ne voir que du religieux ou du communautaire, c'est repousser le problème à plus tard.

Nicolas Chapuis

A Trappes, Valls appelle à "éviter les amalgames, Le Monde.fr avec AFP | 21.07.2013 à 21h30 • Mis à jour le 22.07.2013 à 16h42



"Cette nuit encore, les enfants doivent rester à la maison", a rappelé Manuel Valls.

Manuel Valls, a effectué une visite surprise, lundi 22 juillet, à Trappes, après une nuit marquée par de plus faibles incidents que lors des soirées précédentes"Le calme est en train de revenir grâce à l'engagement des forces de l'ordre", a déclaré le ministre de l'intérieur.

Il a rappelé qu'il trouvait "inacceptable" et "intolérable" les violences à l'égard des forces de l'ordre. "Il y a des gens qui n'ont pas accepté le contrôle d'identité, qui n'ont pas accepté le rôle de la police", a-t-il condamné, avant de rappeler que ces actes n'étaient perpétrés que par une"minorité de voyous", "deux cents seulement".

Manuel Valls a appelé à l'apaisement et a à nouveau mis en garde contre les amalgames. "On ne peut pas confondre l'immense majorité de nos compatriotes musulmans avec une minorité qui voudrait imposer une autre loi", a ajouté le ministre.

A lire : "C'est toute l'atmosphère de Trappes qui nous donne des envies de révolution"

Trappes est le théâtre de violences depuis l'arrestation polémique d'un homme dont la femme avait été contrôlée jeudi par les policiers parce qu'elle portait un voile intégral sur la voie publique, ce qui est interdit en France depuis 2011. Un adolescent a été grièvement blessé à l'œil dans des affrontements vendredi soir entre 400 personnes et la police. Des incidents de moindre ampleur avaient eu lieu la nuit suivante.

Seuls quelques incidents ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi à Trappes et aux alentours, alors les forces de police étaient déployées en nombre, une tension palpable avait laissé craindre une nouvelle flambée de violences. Une source syndicale à la police a fait état de "deux à trois tirs de mortier" à Trappes et à Guyancourt, ainsi que "quelques feux de poubelles""Les forces de l'ordre n'ont pas été visées", a ajouté cette source.

Lire (édition abonnés) : "Trappes : les raisons de la colère"

VALLS RÉPOND AUX ACCUSATIONS DE "LAXISME"

Manuel Valls a par ailleurs répondu sèchement lundi aux critiques de la droite qui ont suivi ces violences. Le président de l'UMP Jean-François Copé a notamment dénoncé lundi "les messages de laxisme" envoyé, selon lui, par le gouvernement.

Cette critique de M. Copé suivait celles de l'ex-ministre de l'intérieur M. Hortefeux, deux jours plus tôt, et de M. Guaino, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, qui a estimé lundi que la réaction des autorités à Trappes avait été"lente" et "pas assez ferme".

"Ceux qui ont dissimulé hier ne sont pas là pour nous donner des leçons aujourd'hui. Ceux qui nous ont laissé la société dans cet état devrait aussi avoir leur examen de conscience à faire", a rétorqué lundi le ministre de l'intérieur lors d'un point presse à Trappes. "Ce n'est pas moi qui (...) ait dissimulé tous les ans depuis 2006, 130 000 faits [de délinquance]. Et c'est ce que vient d'établir une inspection de l'administration", a-t-il affirmé, faisant référence à un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA) qui estime que "dès 2007", près de 130 000 faits par an ont été sortis de l'outil statistique. Le rapport attribue notamment "ces anomalies"à la "politique du chiffre".

"Nous ne sommes pas en train de désigner des groupes, ou monter les communautarismes. (...) Il y a des individus qui se livrent à des actes, mais ici aucune culture de l'excuse, aucune excuse vis-à-vis de ceux qui ont commis ces violences", a assuré le ministre de l'intérieur.

samedi 20 juillet 2013

Trappes : Valls juge les violences "inacceptables", la droite fustige le "laxisme" 20.07.2013 à 14:32 | Le Monde.fr avec AFP


Manuel Valls, le 11 juillet 2013. AFP/FRED DUFOUR

Plusieurs responsables politiques ont réagi, samedi matin, après les heurts qui ont opposé vendredi soir des habitants  aux forces de l'ordre aux abords du commissariat de Trappes (Yvelines), dans le quartier des Merisiers. 

>> Lire : "Nuit de violences à Trappes après le contrôle d'une femme voilée"

"Aucune raison ne justifie ces violences, elles sont inacceptables", a déclaré Manuel Valls le ministre de l'intérieur à la presse lors d'un déplacement à Marseille. "L'ordre public est rétabli, il sera rétabli à Trappes (...) Des effectifs nombreux sont déployés et resteront déployés toute cette fin de semaine." "S'en prendre aux forces de l'ordre, aux institutions, aux biens publics n'a aucun sens, ne règle aucun problème et est inadmissible", a-t-il ajouté.

Pour Benoît Hamon, ministre (PS) délégué à l'économie sociale et solidaire et ancien élu de la 11e circonscription des Yvelines, dont fait partie Trappes, "le devoir de l'Etat est de faire respecter la loi républicaine partout sur le territoire national et d'être intransigeant tant vis-à-vis des violences contre les policiers que vis-à-vis des actes de racisme qui se sont succédé ces dernières semaines". "La condamnation à deux mois d'emprisonnement ferme des deux individus responsables de l'agression islamophobe contre une jeune femme voilée le 14 juillet dernier à Trappes en est l'illustration", écrit-il dans un communiqué

"Tout cela est le symptôme d'une France qui craque, estime quant à lui, sur son blog, Jean-Christophe Cambadélis, le député PS de Paris.La cohésion française abîmée par le sarkozysme est achevée par la relégation urbaine. Il faut bien sûr en appeler à la République, mais s'interroger sur ce qu'elle a à offrir à ses enfants comme modèle d'intégration, donc d'égalité. Je crains que les discours de fermeté ne soient que des cautères sur une jambe de bois."

"RIEN NE SAURAIT EXCUSER CETTE VIOLENCE, INOUÏE ET INÉDITE"

"La République se doit d''être implacable contre la violence communautariste plutôt que d'être dissimulée", écrit pour sa part Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes dans un communiqué."Cette violence appelle de lourdes sanctions", poursuit-il, affirmant qu'"il faut que tous les républicains réagissent de façon unanime face à ces menaces qui minent notre pacte national".  Selon M. Ciotti,"rien ne saurait excuser cette violence, inouïe et inédite, dans l'histoire de notre pays, contre les symboles de la République, à savoir la police nationale""La loi de la République doit s'appliquer avec la même force et la même sévérité sur tout le territoire de la République", ajoute-t-il.

"Trappes est un territoire de la République, et l'Etat doit y faire respecter la loi. Le gouvernement doit réagir et ne plus faire peuve de laxisme", a réagi sur TwitterChristian Estrosi, député UMP et maire de Nice. 

Le gouvernement "doit avoir le courage de faire preuve de sévérité face à des voyous qui ne respectent rien et qui insultent les lois de la République", s'exprime dans un communiqué l'ancien ministre (UMP) de l'intérieur Brice Hortefeux. Et d'ajouter : "Après une semaine catastrophique, aux antipodes du besoin de protection des Francais, je demande, par conséquent, au gouvernement de mettre au plus vite un terme à ce triple mauvais signal : celui de ses errements, de son inertie et de son idéologie."

"On notera qu'une nouvelle fois ces émeutes sont liées à la montée d'un communautarisme délétère exacerbé par une immigration de masse", écrit la présidente du Front national, Marine Le Pen,dans un communiqué"Ces scènes d'émeutes se multiplient depuis des années, aussi bien sous les gouvernements UMP que PS", poursuit-elle, estimant que "la République française a le bras beaucoup trop mou : du fait du laxisme des différents gouvernements, elle est en train de perdre son bras de fer avec les voyous, les islamistes et les caïds".

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a, lui, dénoncé "la dérisoire tentative d'instrumentalisation" des événénements de Trappes par la droite et l'extrême droite, et appellé "chacun au calme". "Rien ne justifie de s'en prendre aux forces de l'ordre, aux biens des habitants du quartier et aux équipements publics, a-t-il ajouté. La loi et l'ordre public doivent être respectés par tous."

dimanche 7 juillet 2013

Gens du voyages, Roms, islam : les dérapages de Christian Estrosi

"Quand je vois ce qui est en train de se passer en Égypte et dans un certains nombre de pays au nom de l'islam, je suis particulièrement inquiet", affirme Christian Estrosi. AFP/JEAN-CHRISTOPHE MAGNENET

Christian Estrosi, député UMP des Alpes-Maritimes et maire de Nice, était l'invité du "Grand Rendez-vous" Europe 1- i>Télé-Le Parisien-Aujourd'hui en Francedimanche matin. Il a jugé "sévère"et "disproportionnée" la décision d'invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, qui donne aussi le sentiment, selon lui, d'"un nouvel impôt sur l'opposition". Surtout, il s'est livré à une attaque en règle contre les gens du voyage, les Roms et l'islam.

Il est revenu sur les expulsions de gens du voyage occupant des terrains illégalement à Nice, en faisant au passage l'amalgame avec la communauté rom. Il a souligné que l'expulsion de personnes occupant des terrains illégalement est devenue plus difficile par la circulaire Valls de 2012. "J'appelle les maires de France à la révolte, quelque part, et à utiliser le mode d'emploi qui est le mien", a déclaré le maire de Nice. "Nous disposons de moyens qui nous permettent de le faire." Il appelle les maires de France à "ne pas céder""Le pire des exemples dans cette affaire, c'est de céder. Je n'ai lâché sur rien", a-t-il assuré.

.@cestrosi sur @itele "vous savez très bien que les Roms en France sont souvent des étrangers en situation irrégulière"

itele (@itele) July 7, 2013

"J'EN AI MATÉ D'AUTRES, JE VOUS MATERAI"

M. Estrosi a cité l'exemple de gens du voyage installés illégalement sur un terrain de football à Nice et qui auraient déclaré qu'ils y resteraient trois semaines. Le maire leur a proposé dans l'après-midi les 50 emplacements de l'aire d'accueil communale, mais la communauté lui avait signifié vouloir rester unie."J'en ai maté d'autres, je vous materai", assure leur avoir dit Christian Estrosi.

"La première chose que je fais, c'est de vous mettre caméras partout, pour surveiller vos faits et gestes dans les quelques heures qui viennent. On va noter ceux qui rentrent, sortent, à quelle minute, à quel moment et ce que vous allez faire partout, dans la ville, dans la métropole, etc."

"Je vais relever les plaques d'immatriculations les unes après les autres", a poursuivi le maire de Nice. "Je fais un référé devant le tribunal à titre conservatoire pour pouvoir saisir les véhicules, vous savez, ces belles et grosses voitures avec lesquels ils tirent leurs belles et grosses caravanes pour lesquelles il faudrait parfoisaux Français toute une vie pour pouvoir se payer les mêmes."

Je n'accepte pas l'installation des gens du voyages sur le terrain de rugby aux Arboras à #Nice06.pic.twitter.com/DMicsTuUSR

Christian Estrosi (@cestrosi) June 30, 2013

Ils sont en illégalité et devront payer les dégradations. Tout sera fait pour le leur rappeler: caméra, relevé d'identité... #nice06

Christian Estrosi (@cestrosi) June 30, 2013

"JE VAIS ENVOYER MON MODE D'EMPLOI À TOUS LES MAIRES DE FRANCE"

Assurant avoir présenté une facture de 500 000 euros, le maire de Nice affirme avoir dit : "Non seulement vous allez partir, mais avant, vous allez payer. Si vous ne payez pas, ok : saisie des véhicules pour pouvoir rembourser ce que les contribuables de Nice n'ont pas à payer."

"Je vais envoyer mon mode d'emploi à tous les maires de France pour qu'ils sachent pendant tout l'été quels moyens utiliser face à un pouvoir socialiste qui ne les accompagne pas", a enfin annoncé Christian Estrosi. Interrogé pour savoir s'il considère les gens du voyage et les Roms comme des délinquants, il a répondu : "Quand on entre par effraction quelque part, on est un délinquant."

L'#islam et la démocratie incompatibles pour Christian Estrosi http://t.co/QaCJqa2fib

itele (@itele) July 7, 2013

Le député s'est opposé à une déclaration de François Hollande lors de son voyage officiel en Tunisie, affirmant que "la France sait que l'islam et la démocratie sont compatibles""On ne peut pas se revendiquer de partout de la laïcité et en même temps dire que l'islam et la démocratie sont parfaitement compatibles", a-t-il affirmé. "Dès qu'en France, vous avez dans une crèche, dans une école, dans un lieu public, quelqu'un qui afficherait un signe ostentatoire d'une appartenance à une religion, tout le monde se met à hurler, ce qui, parce que je défends les principes de la laïcité, me paraît totalement légitime", a asséné le maire de Nice.

"Quand je vois ce qui est en train de se passer en Egypte et dans un certain nombre de pays au nom de l'islam, je suis particulièrement inquiet", a ajouté M. Estrosi, pour terminer par : "Donc pour moi c'est totalement incompatible, je veux que l'on défende l'idée de liberté et de démocratie à partir du principe de la laïcité, qui fait le modèle de notre pays..

>> Lire : "A Tunis, François Hollande concilie islam et démocratie"

Ces propos sont suscité l'indignation du porte-parole du PS, Eduardo Rihan Cypel, qui a estimé que Christian Estrosi cherchait à"faire plus dur que le FN" en vue des élections municipales de 2014."Ce sont des propos invraisemblables : M. Estrosi appelle carrément à des pogroms. On a l'impression d'avoir un milicien, et non pas un élu de la République qui s'exprime", a estimé le député de Seine-et-Marne sur Europe 1. "Mais qu'est-ce qu'il va faire ? Il va prendre une batte de baseball et régler le compte des gens ? Un élu de la République doit régler les problèmes sans tomber dans le populisme et les amalgames", a indiqué Eduardo Rihan Cypel.