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dimanche 28 juillet 2013

Re : [membres-actifs] "Cessons de stigmatiser les musulmans !", par Béligh Nabli 26.07.2013 à 14:26 | LE MONDE Béligh Nabli (Maître de conférences à Sciences Po Paris)

J'adhère totalement...

Cela étant dit, les musulmans de France ou d'ailleurs ne peuvent faire éternellement l'économie d'une réflexion qui s'impose à nous tous (musulmans ou pas): celle de la modernité, de la réforme, de la place de la religion dans l'espace public, de la notion du "vivre ensemble", de la séparation entre religieux et politique, de l'opportunité d'être citoyens musulmans d'une république laïque...

La question sociale est-elle au cœur de la problématique? je le pense sincèrement, mais je note qu'à nouveau un quartier populaire s'enflamme suite à un incident lié à une question d'ordre religieux et cela permet à ceux qui veulent réduire une partie de la société française à des préoccupations de cet ordre au détriment des vraies questions: chômage, échec scolaire, réussite sociale, acceptation et respect de l'autre...

Car c'est de cela qu'il s'agit: les français musulmans sont français et le resteront et n'en déplaise à certains musulmans eux mêmes et aux non musulmans qui ne l'auraient pas encore compris; et cette dimension fait que nous sommes "condamnés à vivre ensemble et à trouver un équilibre permettant l'émergence d'un model pour les sociétés occidentales face au model communautariste anglo-saxon", la laïcité est une chance unique de ce point de vue...

Le disons nous assez? faisons nous assez notre propre auto-critique? je ne le pense pas...

Posons nous les vraies questions afin d'éviter que d'autres le fassent et y apportent de mauvaises réponses...

Bon dimanche à tous,

DE


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En date de : Dim 28.7.13, FY <farid.yaker@gmail.com> a écrit :

Objet: [membres-actifs] "Cessons de stigmatiser les musulmans !", par Béligh Nabli 26.07.2013 à 14:26 | LE MONDE Béligh Nabli (Maître de conférences à Sciences Po Paris)
À: infopamis.direct@blogger.com
Cc: "membres-actifsforumfrancealgerie.org" <membres-actifs@forumfrancealgerie.org>
Date: Dimanche 28 juillet 2013, 7h29

Devant la
salle d'audience où trois hommes sont jugés au
tribunal de Versailles, près de Paris, le 22 juillet, pour
avoir jeté des projectiles sur les policiers dans la ville
de Trappes le 19 juillet. AFP/FRANCOIS
GUILLOTLes islamistes ne sont pas seuls à
être hantés par l'islam. Une séquence médiatique
récente souligne l'extension et la profondeur de cette
"maladie obsessionnelle". Ainsi, d'aucuns ont
cédé à la tentation de privilégier le prisme religieux
pour interpréter les événements de Trappes (Yvelines), et
ce pour mieux ignorer leur dimension profondément
sociale.On retrouve la
trace de cette même paresse ou malhonnêteté
intellectuelle dans la question posée par le journaliste
Laurent Delahousse au président Hollande, le 14-Juillet,
évoquant le spectre d'un "parti islamiste
français". Ou encore dans le tweet récent
de la Femen Inna Shevchenko, intimement persuadée de la
laideur intrinsèque de l'islam.L'islam est devenu le jouet ou
plutôt le punching-ball préféré des acteurs de la
société du spectacle. Le fait n'a pas de quoi
surprendre. Derrière la pseudo-audace journalistique ou la
provocation féministe, cette posture de "lanceur
d'alerte" ne fait que conforter l'esprit ou la
pensée dominante qui prévaut dans l'espace public et
politique.En
présumant l'incompatibilité ontologique entre
l'islam et la liberté, l'islam et la démocratie,
ces coups médiatiques cultivent une hystérisation du
débat public qui s'inscrit sur fond d'anxiété
identitaire. Une série de sondages avait ainsi signalé
qu'une majorité de Français trouve
l'islam "trop
visible", qu'il constitue
une"menace" pour le pays. Sur ce
point, l'alternance politique et l'arrivée de la
gauche au pouvoir ne se sont pas accompagnées d'un
véritable changement de climat.Si la critique de la religion en général
n'est en rien condamnable, viser systématiquement
l'islam devient pour le moins troublant. Certes, cette
démarche rhétorique et idéologique est censée frapper la
religion en tant que telle, non les musulmans... Reste que
derrière cette argutie formelle, ou fiction juridique, nul
ne saurait ignorer la cible réelle de ce genre de
postures.Les citoyens
français (ou non) musulmans (ou du moins apparemment) se
trouvent prisonniers d'une chaîne de présomptions ou
de soupçons Arabes/musulmans, musulmans/islamistes,
islamistes/terroristes dans laquelle les divers éléments
s'amalgament insensiblement.Le discours agressif contre l'islam qui
s'exprime depuis la fin de la guerre froide
s'inscrit dans une histoire moderne : le regard porté
sur les sociétés arabo-musulmanes fut transposé à la
présence musulmane en Occident. L'islam est devenu aux
Etats-Unis comme en Europe un problème de politique
étrangère, mais aussi une question de politique
intérieure. La présence musulmane étant perçue à la
fois comme une menace sécuritaire et
identitaire.La montée
de l'intégrisme islamique a coïncidé avec la quête
d'un nouvel ennemi stratégique et symbolique en
Occident. Partant, la critique de l'islam(isme)
s'est substituée subrepticement à la critique du
communisme.Aux
Etats-Unis, puis en Europe, l'incapacité supposée des
sociétés arabes ou musulmanes à adhérer à la
modernité, assimilée aux valeurs occidentales de
démocratie, de centralité de l'individu et de
sécularisation, s'est répandue dans les milieux
politiques et intellectuels. Cette lecture culturaliste et
essentialiste vient figer la représentation des musulmans
dans l'image d'une masse informe, archaïque, à la
fois soumise et incontrôlable (si ce n'est par la
force). Cette perception a justifié le soutien des régimes
occidentaux à des régimes arabes autoritaires, qui avaient
le mérite de maintenir l'ordre et la
stabilité...Après
les attentats du 11 septembre 2001 à New York, la figure de
l'Arabo-musulman incarne définitivement cet ennemi
symbolique de l'Occident. Cette perception est étayée
par la thèse du "choc des
civilisations",développée par le politologue
américain Samuel Huntington, selon laquelle l'ordre du
monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans
lequel la civilisation islamique menace
l'Occident.Le
soulèvement de peuples arabes en 2011 a revitalisé
l'obsession islamiste. Preuve de la persistance des
vieux réflexes, des notions superficielles ("hiver
islamiste") ou fantasmagoriques
("islamofascisme") ont (re)surgi pour mieux
réduire les Arabes à un bloc monolithique écrasé par le
poids de la religion musulmane. Il serait intellectuellement
malhonnête de résumer le "réveil arabe" aux
outrances salafistes et à la montée des partis liés à la
confrérie des Frères musulmans.Le sentiment de méfiance/défiance
par rapport à la chose musulmane va grandissant, illustré
en France par l'instrumentalisation politique autour des
manifestations visibles ostentatoires de l'identité
musulmane (mosquée, port du voile, etc.).En France, la problématique de
l'immigration est dépassée aujourd'hui par celle
plus aiguë de l'intégration ou de l'inclusion des
musulmans, dont l'identité complexe contribue à
interroger l'"occidentalité" et leur
compatibilité avec les valeurs de la République. Les
débats récurrents sur l'intégration et
l'identité nationale témoignent d'une tension
sociale et d'un questionnement existentiel liés
notamment à cette présence musulmane.Pourtant, contrairement aux thèses
culturalistes encore en vogue, il n'y a nulle
incompatibilité entre le fait d'être musulman et
l'adhésion au modèle républicain à la française,
concept structurel mais non figé. Mieux, le discours
critique développé par les musulmans de France contre le
discours de stigmatisation dont ils font l'objet se
fonde sur la devise de la République
: "Liberté, égalité,
fraternité".Les musulmans de France renvoient trop souvent à
un bloc homogène, figé, animé des passions humaines et
rétif à la modernité. Pourtant, si singuliers soient-ils,
les musulmans ne sont imperméables ni à la raison, ni aux
valeurs universelles.

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