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lundi 5 mars 2012

Le candidat Sarkozy réhabilite l'identité nationale 05.03.12 | 20:43 | LEMONDE.FR Alexandre Lemarié


On croyait cette fomule concept abandonnée. Nicolas Sarkozy l'a rehabilitée. L'identité nationale"ce n'est pas un gros mot", a affirmé sous les vivats le président candidat, samedi 3 mars, lors d'un meeting à Bordeaux.

Le même avait pourtant reconnu le 16 novembre 2010, après les signes de mécontentement venus de l'électorat catholique en raison du discours de Grenoble sur les Roms : "J'ai renoncé à l'identité nationale comme mots parce que cela avait suscité des malentendus."

Comment expliquer une telle volte-face ? Par une raison simple : distancé dans les sondages par François Hollande et peinant à donner un second souffle à sa campagne, le candidat UMP tente de renouer avec sa stratégie du clivage de 2007, qui lui avait tant réussi.

>> Lire : Sarkozy se prend au piège de la surenchère à droite

PAS "UN GROS MOT"

Il y a cinq ans, dans la dernière ligne droite de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait promis la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale pour tenter de séduire l'électorat populaire tenté par le Front national. Le candidat UMP entendait alors revaloriser la nation et l'identité française. Petit détail cocasse : en 2007, M. Sarkozy avait déjà déclaré que ce sujet n'était pas "un gros mot".

"Parler de l'identité nationale ne me fait pas peur", même si, "pour certains, c'est un gros mot", avait-il souligné, à Besançon, le 13 mars 2007. "Je ne veux pas laisser le monopole de la nation à l'extrême droite. Je veux parler de la nation française parce que je n'accepte pas l'image qu'en donne Jean-Marie Le Pen", avait-il expliqué.

L'idée de ce ministère était venue de Patrick Buisson, influent conseiller de M. Sarkozy. Cet ancien journaliste venu de l'extrême droite, présenté comme"l'hémisphère droit de Sarkozy", avait convaincu le chef de l'Etat de la possibilité de "siphonner" les voix du FN.

"Nicolas Sarkozy m'avait clairement dit : 'si j'ai choisi de créer ce ministère, c'est tout simplement parce que mon conseiller, Patrick Buisson, m'a dit : 'en faisant ça, tu prendras 7 points'", a d'ailleurs affirmé récemment, sur Public Sénat, Dominique de Villepin, rival de M. Sarkozy.

Une fois élu, M. Sarkozy avait créé ce ministère, le 18 mai 2007, dans le premier gouvernement Fillon, sous l'intitulé complet de "ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire". Il avait été confié à Brice Hortefeux.

Puis, sur demande de Nicolas Sarkozy, Eric Besson, successeur de M. Hortefeux, avait lancé, fin 2009, un débat sur l'identité nationale. Ce débat avait été abandonné en février 2010, après trois mois de polémiques sur l'islam et des dérapages xénophobes. Malgré de multiples tentatives pour sauver son idée de débat, Nicolas Sarkozy, pressé par une partie de ses propres soutiens, avait finalement renoncé.

>> Lire : L'identité nationale, thème récurrent de Nicolas Sarkozy

"UNE ERREUR DE SÉPARER LES DEUX MINISTÈRES"

Avec le temps, les langues se délient. Estimant que cela n'était"jamais une erreur de débattre de l'identité nationale", François Fillon a esquissé un léger mea culpa sur le débat lancé par le gouvernement. Le premier ministre a reconnu le 17 février sur RTL que"la manière dont (...) certains s'emparent du débat, dont certains le caricaturent, c'est une question qu'on peut se poser".

L'échec de ce débat - dont le site est aujourd'hui à vendre à 299 euros - s'était doublé d'une large défaite de l'UMP aux élections régionales de mars 2010, où le Front national avait enregistré une forte poussée, alors même que le débat était censé le contrer.

Le ministère de l'immigration et de l'identité nationale avait été supprimé lors du remaniement de novembre 2010. Le portefeuille de l'immigration fut alors rattaché au ministère de l'intérieur. L'intitulé"identité nationale" disparaît. C'est à ce moment-là que M. Sarkozy affirme avoir "renoncé à l'identité nationale comme mots".

Interrogé récemment sur la disparition du ministère de l'immigration, M. Sarkozy a déclaré, le 27 février, sur RTL, que sa création avait été  "une erreur".

"Je me suis aperçu que ce fut une erreur de séparer [l'intérieur et l'immigration] puisque, en vérité, s'agissant de la lutte contre l'immigration illégale, le ministre en charge, c'est celui de l'intérieur. Donc, si vous mettez l'immigration dans un autre ministère, le ministre en charge de la lutte contre l'immigration illégale se retrouve dépourvu de toute possibilité d'action."

Signe que la question reste toujours sensible chez les sarkozystes : le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, s'est emporté en direct à la télévision, le 25 février, quand un élu socialiste lui a reparlé du débat sur l'identité nationale en le qualifiant de débat "indigne".


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