Après la France forte de la campagne présidentielle de 2012, voici venu le temps de la République forte de Nicolas Sarkozy. Un mois et demi après son retour en politique, le candidat à la présidence de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) a tenté de donner un second souffle à sa campagne, lors de son grand meeting parisien, porte de Versailles, vendredi 7 novembre.

POUR APPROFONDIR

Lire (édition abonnés) :Sarkozy, la dynamique enrayée

Pendant près d'une heure, l'ancien chef de l'Etat a décliné sa vision d'un idéal républicain sous l'influence de son conseiller Henri Guaino, qui a largement participé à l'écriture du discours. Selon le candidat, la République de Lamartine, Victor Hugo, Clémenceau ou du général de Gaulle serait menacée par « mille petites fêlures qui se rejoignent pour créer une grande fracture ».« La démocratie est divisible. La République est indivisible. La multiplication des comportements communautaires est contraire à l'idéal républicain. Ils doivent être proscrits et combattus », a expliqué le candidat à la présidence de l'UMP devant près de 5 000 personnes.

SARKOZY SE POSITIONNE SUR UNE LIGNE DURE

Pour sauver ce modèle qui « s'affaisse », l'ancien chef de l'Etat s'est positionné sur une ligne dure. Après avoir promis de ne pas transiger sur« l'héritage de la chrétienté et sur celui des Lumières, des faits majeurs de notre civilisation », M. Sarkozy a dénoncé le« manque de fermeté républicaine auquel nous assistons aujourd'hui » et fustigé la décision de la ministre de l'éducation nationale d'autoriser les femmes voilées à accompagner les sorties scolaires.

M. Sarkozy s'est alors lancé dans un plaidoyer pour« l'assimilation qui donne en partage une histoire et une culture communes ». Il reprend là un terme datant de la période coloniale, déjà utilisé par son rival François Fillon.« Pour devenir un citoyen français, il faut adopter le mode de vie français, accepter les règles républicaines françaises et épouser la langue et la culture française », a tonné l'ancien président de la République.

Reprenant une de ses thématiques de 2012, M. Sarkozy a également pourfendu « l'immobilisme français » des élites et des« corps intermédiaires qui préfèrent la défense de leurs intérêts corporatistes ». Une façon de défendre un retour au peuple et au référendum.« Quand on délaisse la pratique référendaire, on abandonne une partie de la République », selon lui.

Ce discours sur les différences entre la République et la démocratie a surtout permis au candidat de décliner des idées qu'il avait déjà évoquées lors de cette campagne ou en 2012 : la fin de l'assistanat et l'instauration de contreparties aux allocations car un « citoyen reçoit et il donne » ; le rétablissement de l'autorité car« la République ne peut accepter les territoires interdits et les voyous qui se croient tout permis » ; le retour de l'exigence à l'école contre le « nivellement ou le refus des notes » ; la défense de la langue française qu'il dit menacée ; une souveraineté accrue dans une « Europe qui exerce moins de compétences ».

REFONDATION DE L'UMP

Un vrai programme national. Mais Nicolas Sarkozy a également précisé la manière dont il entend refonder l'UMP, afin de transformer une « famille politique déchirée par des ambitions contradictoires »en « une grande formation politique moderne ». Pour lui, ce nouveau mouvement devra être ouvert sur la société civile, au-delà des clivages gauche-droite, et laissera « s'épanouir les talents ». Le fonctionnement sera décentralisé et participatif, afin d'associer davantage les adhérents. « Le vote sera notre règle de fonctionnement », a-t-il dit. Les mouvements, qui ont vu le jour en novembre 2012, disparaîtront. « Pas de courants, pas de tendances, pas d'écuries ! », a-t-il promis.

L'ancien chef de l'Etat, qui prévoit de « faire émerger »cette « grande force républicaine » lors d'un congrès fondateur début avril 2015, entend en faire une machine de guerre électorale lui permettant de reprendre le pouvoir en 2017. « Nous avons la responsabilité d'offrir aux Français la possibilité d'une alternative, puis d'une alternance au désastre actuel », a-t-il souligné, sans pour autant déclarer sa candidature à l'Elysée.

Et d'insister : « De nos déchirements d'hier, nous devons tirer la force de construire quelque chose de neuf. » « Ceux qui se réjouissaient de voir notre famille se déchirer » et « qui prédisaient que bientôt il n'y aurait plus rien entre le Parti socialiste et le Front national en seront pour leurs frais », a-t-il déclaré, bravache, sous les applaudissements de la foule.

APPARAÎTRE COMME LE RASSEMBLEUR

Lors de ce grand meeting parisien, Nicolas Sarkozy a voulu réaliser une démonstration de force en affichant l'étendue de ses soutiens. Objectif : apparaître comme le rassembleur en chef de la droite, autour duquel le parti déchiré par les luttes intestines devrait se ranger. Outre son épouse, Carla, et Bernadette Chirac, de nombreux élus parisiens étaient présents : la chef de l'opposition municipale, Nathalie Kosciusko-Morizet, le patron de la fédération, Philippe Goujon, les députés Claude Goasguen et Pierre Lellouche, ainsi que la chef de file UMP à la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Sans oublier les fidèles sarkozystes Brice Hortefeux ou Christian Estrosi.

Il a conclu en lançant un appel à la mobilisation de ses partisans le 29 novembre, dans l'espoir d'obtenir un plébiscite :« Plus le mandat que vous me donnerez sera clair, plus vite nous remettrons notre famille en ordre de marche. »