samedi 18 janvier 2014

A Tulle, François Hollande célèbre l'unité de la France

18.01.2014 à 19:06 | Le Monde.fr Thomas Wieder (Tulle, envoyé spécial)


François Hollande lors de ses voeux aux Corréziens, le 18 janvier à Tulle. PHILIPPE WOJAZER/REUTERS

Durée : 35:40 | Images : 

En écoutant François Hollande présenter ses vœux aux Corréziens, samedi 18 janvier, à Tulle, revenait en mémoire le titre d'un livre de l'historien Michel Winock : « Parlez-moi de la France ! » De tous les discours prononcés depuis le début du quinquennat, celui-ci est en effet sans doute l'un de ceux où le chef de l'Etat a le plus « parlé » de la France, l'un de ceux dans lesquels il a le plus précisément défini sa vision du pays, dans sa double dimension territoriale et sociale.

Pour François Hollande, la France est « une ». Adepte bien connu des anaphores, le président de la République en a martelé une, samedi, dans la péroraison de son discours : « Il n'y a qu'une France. »Une France et non « des France qui devraient s'opposer les unes aux autres ». Une France qui a « une histoire », qui « doit avoir un destin » et dont le destin en question « doit être commun ». Une France « qui doit être capable de vivre ensemble en luttant contre tous les racismes et les extrémismes ».

HOLLANDE NE RAISONNE PLUS EN SOCIALISTE

Cette célébration de l'unité n'est pas étonnante de la part de celui qui, en 2012, avait placé sa campagne sous le signe du« rassemblement ». Mais cela faisait longtemps qu'une telle ode, sans sa bouche, n'avait été prononcée.

Il y a une logique a cela : le François Hollande d'aujourd'hui, tel qu'il s'est présenté aux Français lors de ses vœux du 31 décembre et pendant sa conférence de presse du 14 janvier, se veut avant tout« le père de la nation ». Il ne raisonne plus guère en socialiste pour qui la société se diviserait en classes aux intérêts divergents. Il préfère voir le pays comme un tout dont les parties devraient cohabiter harmonieusement.

François Hollande le 18 janvier lors de ses voeux aux Corréziens. REUTERS/PHILIPPE WOJAZER

Dans son esprit, cette France« une » est une France qui se donne les moyens d'être « forte ». L'adjectif a été répété plusieurs fois ce samedi, comme lors des vœux télévisés du 31 décembre. Sans doute n'est-ce pas un hasard : au moment où s'efface dans sa bouche pratiquement tout marqueur idéologique de gauche, le chef de l'Etat reprend une image abondamment développée par Nicolas Sarkozy lors de sa dernière campagne, celle de « la France forte ».

En remettant à l'honneur le thème de l'unité, François Hollande n'en a pas moins proposé, samedi, une définition assez originale. Car l'unité, à ses yeux, ne doit pas avoir pour synonyme l'uniformité. Reprenant, pour parfois le préciser, son propos développé lors de sa conférence de presse sur ses projets en matière de décentralisation, le chef de l'Etat a brossé, depuis Tulle, un tableau de la France future en rupture avec les équilibres actuels.

DES RÉGIONS MOINS NOMBREUSES

Des régions moins nombreuses et dotées de pouvoirs nouveaux, des départements maintenus dans les territoires ruraux mais dont la raison d'être, dans les grandes zones métropolitaines, doit être interrogée : « Pourquoi garder des niveaux superposés quand un seul serait plus efficace ? », a demandé François Hollande, en précisant qu'il était favorable, en matière de décentralisation, à« l'expérimentation ».

Le président de la République est conscient du scepticisme que peut susciter une telle promesse. « Le millefeuille administratif a été mille fois évoqué, mille fois conservé », mais « nous ne pouvons en rester là », a-t-il affirmé. En parlant ainsi, François Hollande a donné à son discours de Tulle, ville dont il fut maire de 2001 à 2008, une valeur d'engagement.

Compte tenu de ce qu'il y a dit sur ce que doit être la France à ses yeux, qu'il s'agisse de son territoire ou de sa société, c'est le genre de discours qu'il conviendra d'exhumer, en 2017, pour mesurer la distance entre les paroles et les actes.

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