mardi 21 octobre 2014

À Nice, Sarkozy tient un discours très ferme sur l’immigration


Un mois après son retour en politique, Nicolas Sarkozy fait escale dans le Sud-Est. Mardi 21 octobre, il a tenu meeting à Nice, dans les Alpes-Maritimes, le département où il a réalisé son meilleur score à la présidentielle de 2012. Parmi les quelque trois mille personnes réunies dans la salle des Muses, à l'Acropolis, figurent davantage de supporteurs de Nicolas Sarkozy que de simples sympathisants de droite. « On l'aime car c'est un homme qui a de la classe. C'est le seul qui peut relever le pays et nous sortir de la galère dans laquelle nous a plongés Hollande », s'emballe par exemple Louise Almas, retraitée de 68 ans, qui n'aurait manqué le meeting de son idole pour rien au monde.

Devant un public acquis à sa cause, scandant des « Nicolas, Nicolas » ou des« Sarko, président », l'ancien chef de l'Etat a tenté de redonner un second souffle à sa campagne pour l'élection à la présidence de l'UMP, prévue le 29 novembre, en prononçant un discours très ancré à droite. Sur cette terre où l'extrême droite réalise de gros scores, il s'est efforcé de donner des gages à sa base militante, affichant des propositions très fermes en matière d'immigration. Ce thème a largement dominé son discours : il en a parlé pendant près d'une heure sur une intervention d'une heure et demie. Le candidat Sarkozy a ainsi retrouvé les accents de sa campagne présidentielle de 2012, lorsqu'il avait porté une ligne à droite toute, sous l'impulsion de Patrick Buisson, son conseiller d'alors, venu de l'extrême droite.

"ISLAMISME FANATISÉ"

« Nos valeurs doivent être défendues face à un islamisme fanatisé qui rêve de semer la terreur en Occident. (…) Ceux qui professent ses idées de haine et d'intolérance n'ont rien à faire sur le territoire de la République », a tonné M. Sarkozy sous les vivats de l'assistance. Une nouvelle version de la formule « La France, tu l'aimes ou tu la quittes », qu'il avait prononcée lors de la campagne de 2007.

« Refuser le débat sur la question de l'immigration, c'est encourager les peurs, a-t-il dit en réponse à une question de la salle. Nous ne pouvons pas mieux intégrer ceux qui sont sur notre territoire si on n'arrive pas à maîtriser les flux migratoires (...) Ceux qui sont en situation illégale sur notre territoire ont vocation à être expulsés. Nous, responsables politiques, devons préserver les équilibres de la République. »

S'il a reconnu avoir péché « sur la forme » lorsqu'il avait lancé le débat sur l'identité nationale lors de son précédent quinquennat, il a estimé avoir eu raison sur le fond.« Les Français veulent rester la France. Nous voulons bien accueillir les autres, mais nous ne voulons pas changer profondément ce que nos parents nous ont laissé. Nous voulons que notre langue et notre culture restent ce qu'elles sont. Cette question là est centrale », a-t-il déclaré à la tribune, en opposant le respect de la laïcité au port du voile intégral ou en se disant contre « les repas à la carte » dans les cantines scolaires.

"SUJET MAJEUR"

Se posant comme le meilleur rempart face à la montée du Front national, M. Sarkozy a justifié ses prises de position par sa volonté de répondre aux « inquiétudes » des Français. « L'immigration ne doit pas être un sujet tabou mais un sujet majeur, car cela menace notre façon de vivre. » 

Pour maîtriser les flux migratoires, M. Sarkozy a de nouveau proposé de réformer le« système social » français, qu'il juge « trop généreux ». « Nous ne pouvons plus nous permettre de verser des allocations aux personnes présentes sur notre sol illégalement », a-t-il lancé, disant vouloir remettre en cause l'aide médicale d'Etat accordée aux étrangers en situation irrégulière : « Le tourisme médical sous prétexte d'urgence, c'est un scandale. »

Pour lui, la lutte contre l'immigration illégale doit aussi se mener au niveau européen. Dans ce sens, il a de nouveau appelé à « refonder » l'espace Schengen, qui garantit la libre circulation sur le continent. « Nous voulons un nouveau Schengen. Tant qu'il ne sera pas appliqué, nous n'appliquerons plus le système actuel. Il s'agit de refaire des contrôles à nos frontières, où nous le voulons, quand nous le voulons (…) Je veux une vraie politique de l'immigration pour mettre fin au tourisme social dans notre pays. »

"AMBITIONS INDIVIDUELLES"

Lors de son discours, le plus à droite depuis son retour, M. Sarkozy a aussi enfourché sans retenue un autre thème porteur dans un électorat de droite radicalisé : la lutte contre « l'assistanat ». « Il faudra revoir notre système social : toute allocation doit avoir un travail en contrepartie », a-t-il dit.

Dénonçant la remise en cause de « l'universalité de la politique familiale » par le gouvernement, M. Sarkozy a aussi fait huer la présidente du FN et le leader du Modem en les renvoyant dos à dos. « Je ne recevrai pas de leçons de la part de Marine Le Pen, qui a fait la courte échelle à François Hollande. Dans le désastre actuel, elle a une responsabilité. M. Bayrou aussi », a-t-il enragé.

M. Sarkozy a enfin appelé ses rivaux de droite à se rassembler... derrière lui. « Je veux qu'entre nous, on retrouve la volonté de construire ensemble. On peut avoir des divergences, mais on est de la même famille (...) Le temps n'est pas à l'expression des ambitions individuelles », a-t-il dit. Sans oublier de mettre en scène le ralliement du député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti en sa faveur, alors que celui-ci soutenait François Fillon depuis l'été 2012.

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