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vendredi 29 avril 2011

Avoir un nom arabe et être élu? Dur dur!


ELECTIONS MUNICIPALES | Les candidats portant un nom arabe ont été biffés, prouve l'analyse des scores. L'exception: Sami Kanaan. 

© OLIVIER VOGELSANG | Lucia Dahlab, qui insistait pour porter le voile lors des séances, a été massivement biffée à Vernier.

Arthur Grosjean | 29.04.2011 | 00:00

La révolution arabe n'a pas gagné Genève. Les candidats portant des prénoms comme Mohamed, Aïssa, Walid ou Jamila n'ont souvent pas été élus dans les Conseils municipaux des 45 communes lors des élections du 13 mars. Ils terminent leur course électorale en queue de liste, victimes de biffages et d'apports de voix hors parti quasi inexistantes. Ce sont sur les listes de gauche que l'hécatombe est la plus spectaculaire.

«Je m'attendais à être biffée», raconte Lucia Dahlab, qui a été largement médiatisée pendant la campagne en raison de son insistance à porter le foulard islamique. Elle a été servie, puisque c'est la candidate la plus tracée sur la liste des Verts. «Sur les affiches électorales, on a même arraché ma tête.» Elle n'en nourrit aucune amertume et, de sa voix joyeuse, se dit ravie de la campagne. «C'est un travail de longue haleine pour faire accepter sa différence. Moi, je cumulais les handicaps puisque les Conseils municipaux sont généralement remplis d'hommes blancs et chrétiens.

Même auprès des gens qui me connaissent et qui m'apprécient, il y a eu des réactions négatives à cause de ma volonté de porter le foulard dans une enceinte politique.»

Gênant pour la gauche

En Ville de Genève et à Vernier, les deux plus grandes communes du canton, les candidats aux noms étrangers les plus biffés figurent sur des listes de gauche. Un paradoxe qui s'explique par le fait qu'une liste très marquée à droite, style UDC, présente peu ou pas de tels candidats. C'est cependant gênant pour la gauche, qui milite bruyamment pour le multiculturalisme et dont une partie des électeurs, dans le secret de l'urne, tracent les gens aux noms exotiques. Le fait qu'il y ait beaucoup d'étrangers dans une commune, dont une bonne partie a le droit de vote, ne change pas la donne.

A Zurich, même phénomène. Aux dernières élections cantonales, au début d'avril, les candidats aux racines étrangères ont vécu une bérézina. Seule différence, leur origine différait quelque peu puisqu'ils portaient des noms se terminant en «ic» ou en «gün», c'est-à-dire des noms balkaniques ou turcs.

La recette gagnante

Il y a bien sûr les exceptions qui confirment la règle. A Vernier, la conseillère municipale Leyla Ahmari sort en troisième position de la liste verte. A Genève, le socialiste Sami Kanaan fait une élection triomphale en se classant… premier des élus à la Mairie le 17 avril.

Quel est son secret? «La recette gagnante, c'est l'insertion dans les associations locales culturelles, sociales ou sportives, dit-il en substance. Quand je me suis présenté au Grand Conseil en 1993, j'ai obtenu de très mauvais résultats. Je n'étais pas connu dans le sérail politique car je venais de l'Université. Je me suis ensuite engagé pour le PS et différentes associations comme le Groupe sida Genève. Apparemment, j'y ai laissé des bons souvenirs.»

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