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samedi 11 février 2012

La polémique Guéant s'invite au cinquantenaire des événements du 8 février 1962 08.02.12 | 19:09 | LEMONDE.FR Delphine Roucaute


Sept cent personnes se sont réunies, mercredi 8 février, à l'appel de la CGT au métro Charonne pour commémorer le cinquantenaire de la manifestation du 8 février 1962. Ce jour-là, neuf syndicalistes ont trouvé la mort au terme d'une manifestation violemment réprimée par la police. Le rassemblement avait pour objet de dénoncer la guerre en Algérie et les agissements violents de l'Organisation armée secrète (OAS).

Cinquante ans après, Charonne est devenu, pour les syndicalistes, le symbole de la lutte pacifiste contre un Etat aveuglé par son idéologie. Un Etat qui encore aujourd'hui ne reconnaît pas la responsabilité qu'il a eue dans la mort de ces neuf personnes. 

"Au-delà du devoir de mémoire, nous sommes ici aujourd'hui pour demander à l'Etat de reconnaître sa responsabilité. Jusque-là, nos lettres sont restées sans réponse", déclare Daniel Renard, le président du comité "Vérité et justice pour Charonne". Un silence officiel à l'image de celui qui pèse sur la répression de la marche pacifiste du FLN, le 17 octobre 1961.

L'intersection entre la rue de Charonne et le boulevard Voltaire a bien été rebaptisée "place-du-8-Février-1962" en 2007, mais à la seule initiative du maire de Paris, Bertrand Delanoë, pour qui "sans courage de la vérité, il n'y a pas de civilisation digne de ce nom".

LA "XÉNOPHOBIE D'ÉTAT"

"Civilisation", le terme est dans tous les esprits depuis les déclarations, le 4 février, de Claude Guéant, qui ont provoqué un tollé : "toutes les civilisations ne se valent pas", avait avancé le ministre de l'intérieur. Des propos vivement critiqués mercredi par diverses personnalités participant à la commémoration. Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, n'a pas manqué de dénoncer la"xénophobie d'Etat" actuelle. Pour lui, "l'indigne provocation de Claude Guéant est un nouvel et consternant épisode" de la réécriture de l'histoire mise en oeuvre par le gouvernement du président Sarkozy.

Même constat pour Bertrand Delanoë, qui déclare que "ces dernières années ont accru les inquiétudes sur l'identité""Un peuple est grand quand il se regarde en face, et qu'il regarde l'autre en face", plaide-t-il, en invoquant l'image de Willy Brandt s'agenouillant devant le mémorial du ghetto de Varsovie, en 1970."Mais je ne veux pas faire d'amalgame", prévient-il. L'assistance sourit à ce clin d'oeil aux déclarations de Serge Letchimy.

DEVOIR DE MÉMOIRE

Le cortège s'est ensuite déployé jusqu'au cimetière du Père Lachaise, là où sont enterrées les victimes de la répression policière de 1962. Dans la foule, Isy, militant communiste depuis 1951. Il était sur les lieux de l'altercation, juste avant que les policiers ne chargent. Il rappelle : "Vous vous rendez compte : l'OAS s'est attaquée au ministre de la culture, André Malraux [visé par un attentat le 7 février 1962]. On ne pouvait pas laisser passer ça."

Pour lui, ce qu'il faut retenir, c'est la lutte pacifiste que voulait engager le PCF contre le terrorisme de l'OAS. "Aujourd'hui, je suis là avant tout pour honorer les morts, et cet événement qui fait partie de mon histoire personnelle. Certes, le discours du gouvernement actuel fait penser à celui d'hier. Mais il faut surtout penser aux morts", confie-t-il.


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