dimanche 23 juin 2013

Etienne Bousquet-Cassagne, le "petit" du FN propulsé tête d'affiche 23.06.13 | 09:29 | LE MONDE Patrick Roger

Le candidat du FN Etienne Bousquet-Cassagne, sur le marché de Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne), le 21 juin. ULRICH LEBEUF / M.Y.O.P POUR LE MONDE

C'est la jeune garde du Front national. A 23 ans, Etienne Bousquet-Cassagne, en dernière année de BTS négociation, relation client (NRC), se retrouve propulsé tête d'affiche dans l'élection législative partielle très médiatisée de la 3e circonscription de Lot-et-Garonne, anciennement détenue par Jérôme Cahuzac.

Dimanche 16 juin, au premier tour, avec 26,04 % des suffrages, il a talonné le candidat de l'UMP, Jean-Louis Costes (28,71 %) et écarté celui du PS, Bernard Barral (23,69 %). Le voilà, à la veille du second tour, dimanche 23 juin, en mesure d'offrir au parti lepéniste un troisième siège à l'Assemblée.

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Bien téméraire celui qui se hasarderait à exclure cette hypothèse. Le "plafond de verre" auquel le FN était censé se heurter, qui l'empêcherait d'être un parti de second tour dans une élection au scrutin majoritaire, est en train de voler en éclats. Tel est l'enjeu de cette élection partielle, trois mois après celle de la 2e circonscription de l'Oise qui avait vu la candidate du FN frôler la barre des 50 %.

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Etienne Bousquet-Cassagne, "EBC", a une carte de visite : il est le fils de son père. Serge Bousquet-Cassagne, figure emblématique de la Coordination rurale (CR) de Lot-et-Garonne, a été élu en février à la présidence de la chambre d'agriculture du département. Le père, avant le premier tour, a soutenu le candidat de l'UMP, "parce que c'est sa sensibilité", dit le fils. Depuis, il se contraint à observer "une stricte neutralité", mais se dit "très fier" de son rejeton. Outre Villeneuve-sur-Lot, la sous-préfecture dirigée pendant onze ans par Jérôme Cahuzac, le fiston a réalisé ses meilleurs scores dans les zones d'influence de la Coordination rurale.

Sur les marchés, dans les porte-à-porte, le "petit" est accueilli sans animosité aucune. Au contraire. Le soir du premier tour, il avait été salué, à son arrivée à la mairie de Villeneuve-sur-Lot, par les huées et les slogans des militants de gauche. On l'avait vu, l'espace d'un instant, se crisper. "Souris, c'est eux qui ont perdu", lui avait glissé Michel Guiniot, son poisson-pilote, le "M. Elections" du FN, membre du bureau politique, qui le suit comme son ombre. Instantanément, face aux caméras et aux appareils photo, il avait arboré ce sourire un peu figé qui lui donne des faux airs de l'ancien homme politique Jean Lecanuet, mâtiné de l'acteur américain Jim Carrey.

NE PAS SE FAIRE PIÉGER

Sur le marché de Sainte-Livrade-sur-Lot, creuset de plusieurs générations de rapatriés et de harkis ayant fui l'Afrique du Nord au début des années 1960, puis d'immigrés ayant fourni une abondante main-d'oeuvre dans ces exploitations agricoles qui, avant la mécanisation, en absorbaient en quantité, les effluves, la langue, les tenues vestimentaires de l'autre côté de la Méditerranée se fondent dans le paysage. Le jeune candidat du FN reste prudent dans son expression, soucieux de ne pas se faire piéger. "C'est le produit de l'immigration de main-d'oeuvre agricole, puis la pompe aspirante, le regroupement familial, les allocations familiales et tout ce qui s'ensuit", explique-t-il, toujours sur ses gardes.

Lui-même est fils de pied-noir par sa mère, née à Constantine, en Algérie, et a du sang kabyle par son grand-père, qu'il n'a jamais connu. "L'islam, ce n'est pas une religion comme les autres, affirme-t-il. C'est avant tout des revendications politico-religieuses, qui remettent en cause la laïcité de notre pays. Ce que nous voulons, c'est stopper l'islam conquérant."Puis il s'empresse de passer à autre chose, comme s'il sentait qu'il pourrait déraper sur ce terrain glissant.

Il incarne le choix du FN de promouvoir une nouvelle génération, beaucoup plus policée, sans aspérités. Adhérent depuis l'âge de 18 ans, dans la foulée de la dernière campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen, il a vite été repéré, promu responsable du FNJ puis bombardé secrétaire départemental en 2011. Il en est déjà à sa troisième campagne électorale. Aux cantonales, Etienne Bousquet-Cassagne avait réalisé 26,11 % et loupé le second tour de quelques voix. Cette fois, il y est et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.

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