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mardi 12 novembre 2013

Matignon saisit le parquet après la "une" de "Minute" sur Taubira 13.11.2013 à 00:27 | Le Monde.fr avec AFP

La ministre de la justice, Christiane Taubira, à son arrivée à l'Elysée, le 3 novembre. AP/JACQUES BRINON

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a saisi mardi 12 novembre le procureur de la République de Paris au sujet de la "une" de l'hebdomadaire d'extrême droiteMinute sur Christiane Taubira, "en application de l'article 40 du Code de procédure pénale [afin] de porter ces faits susceptibles de constituer l'infraction d'injure publique à caractère racial".

Dans son édition à paraître mercredi, Minute reprend en "une" les injures racistes dont la ministre de la justice a déjà été victime. "Maligne comme un singe, Taubira retrouve la banane", titre l'hebdomadaire d'extrême droite. En début de soirée, le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, avait annoncé que le gouvernement étudiait les "moyens d'agir contre la diffusion" de Minute"Nous ne pouvons pas laisser passer cela", avait-il ajouté, en dénonçant une "une" "révoltante".

Le Lab d'Europe 1 croyait pourtant savoir que la garde des sceaux n'allait pas engager d'action juridique contre la publication. Réagir, "c'est faire augmenter les ventes de l'hebdomadaire de 10 %",précisait l'entourage de Christiane Taubira. L'association SOS Racisme avait, elle, annoncé un peu plus tôt qu'elle allait déposer plainte pour incitation à la haine raciale contre l'hebdomadaire. La plainte devrait déposée prochainement devant le tribunal de grande instance de Paris.

>> Lire notre synthèse (édition abonnés) : Pourquoi Christiane Taubira cristallise les haines

UNE "UNE" "SATIRIQUE" ?

"Si des associations veulent le monter en sauce, c'est leur problème (...) Nous trouvons que c'est indécent, il y a plein d'autres problèmes dans ce pays", a réagi la porte-parole de Minute, Hélène Valette. "Nous assumons cette 'une', c'est satirique, personne ne s'offusque des 'unes' de Charlie Hebdo", a-t-elle ajouté. Sur le même mode, l'article consacré à Mme Taubira qualifie de "non événement" les précédentes attaques contre la ministre guyanaise.

L'hebdomadaire, à paraître mercredi en kiosque, surfe sur les insultes racistes qui ont récemment visé la ministre de la justice, comparée à une guenon par une militante FN puis par une enfant lors d'une manifestation hostile au mariage pour tous."Cette nouvelle provocation confirme que les insultes envers la garde des sceaux n'étaient pas un acte isolé", analyse SOS Racisme, qualifiant cette "une" d'"absolument intolérable et abjecte".

>> Lire aussi notre éditorial :Taubira, la banane et les dérives du politiquement incorrect

L'hebdomadaire a suscité l'indignation générale avec cette couverture. De nombreux internautes réclamaient "un procès" contre Minute, estimant que sa "une" tombait sous le coup de la loi. "Couverture abjecte""à vomir""du papier toilette","couverture honteuse"… Les réactions indignées étaient innombrables mardi, le mot "minute" devenant l'un des sujets les plus commentés sur Twitter.

"PROPOS HONTEUX ET NAUSÉABONDS"

Plusieurs membres du gouvernement ou du Parti socialiste (PS) ont également tenu à dénoncer la "une" de l'hebdomadaire et exprimer leur soutien à Christiane Taubira.Harlem Désir, premier secrétaire du PS et ancien président de SOS Racisme, a ainsi réclamé la saisie du numéro incriminé de l'hebdomadaire.

La ministre des sportsValérie Fourneyron, a dénoncé quant à elle une "'une' inacceptable", toujours sur Twitter. "J'apporte tout mon soutien à ma collègue Christiane Taubira devant ces propos honteux et nauséabonds".La ministre de la santé, Marisol Touraine, a rédigé un tweet pour dénoncer cette "une" "incitant à la haine raciale".

"Ils n'ont donc pas de limites. C'est même à ça qu'on les reconnaît. Pas une #Minute à perdre. Les nazes en cage", a également twitté Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche.

LE PEN "HEUREUSE" DE SE FAIRE "CRACHER DESSUS" PAR "MINUTE"

A droite, les réactions indignées se font moins nombreuses. Le député Union pour un mouvement populaire (UMP) Eric Ciotti s'est toutefois déclaré "choqué" par "La 'une' de Minute""C'est une provocation, une dérive, je la condamne. Le racisme n'a aucune place dans le débat politique. Mais je mets aussi en garde la majorité sur les tentatives de récupération de ces sujets. Lorsqu'on veut les exploiter politiquement, on les entretient aussi", a-t-il précisé dans les couloirs de l'Assemblée nationale. 

La présidente du Front national,Marine Le Pen, a également condamné Minute sur son compte Twitter, se déclarant "heureuse" de se "faire cracher dessus chaque semaine par Minute". Le FN a pris ses distances avec Minute, en particulier depuis janvier, quand le journal avait fait sa "une" sur un supposé lobby gay au sein du parti. Marine Le Pen avait alors qualifié le journal de "torchon".

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