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lundi 30 avril 2012

Chez les sympathisants UMP, les thèmes chers au FN font recette 30.04.12 | 15:03 | Le Monde.fr Eric Nunès (Marcq-en-Baroeul (Nord), Le Mans, envoyé spécial)

Tendre ou ne pas tendre la main au Front national ? Dès le soir du dimanche 22 avril, à l'annonce des résultats du premier tour, il n'y avait pas de doutes sur la clé qui ouvrirait un nouveau mandat présidentiel à la droite. Pour gagner, elle allait devoir rouler sur les plates-bandes de la candidate frontiste et séduire la majorité de ses 6,5 millions d'électeurs. Depuis une semaine, du militant au ministre, une dissociation de personnalité s'est révélée au sein de la famille politique du président sortant.

A la Mutualité, à Paris où, le soir du premier tour, le parti de la majorité avait fait converger tous ses soutiens, Jean-Michel Latu, avocat de 56 ans et partisan de Nicolas Sarkozy, espérait une seconde manche, où, face à François Hollande, son candidat défendrait"son bilan". Que le débat se centrerait sur "les qualités de gestionnaires" des finalistes, sûr que dans ces conditions, le sortant remporterait la mise. Mais le score de la candidate frontiste lui enlève cet espoir : "Ils vont certainement revenir sur l'immigration", regrette-t-il.

Ce dégoût pour les thématiques chères au FN n'est pas partagé par Mireille, en conciliabule dans les couloirs de la Mutualité, avec deux militants des Jeunes populaires. A en croire cette nouvelle retraitée, en matière de contrôle des frontières, Brice Hortefeux et Claude Guéant se sont successivement tourné les pouces au ministère de l'intérieur. "Ceux qui ont voté Marine Le Pen en ont marre de voir ce qu'il se passe en France. Il faut être plus dur en matière de lutte contre l'immigration", peste-t-elle.

Les deux jeunes femmes qui l'entourent font un pas en retrait sous l'oeil goguenard de Georges Marchais dont le portrait les surplombe. "Nous ne sommes pas d'accord", marquent-elles, visiblement gênées de la "saillie droitière" de leur aînée.

"LES FRONTIÈRES PASSOIRES"

Cette même soirée, Michèle Alliot-Marie y va de son petit salut aux militants UMP. Aux journalistes qui l'interrogent sur la stratégie du second tour, l'ancienne ministre des affaires étrangères répond par une fin de non-recevoir à toute droitisation. "Pas de clin d'oeil au Front national", affirme l'ancienne chiraquienne.

Mais, à quelques pas, Nadine Morano, ministre de l'apprentissage, est moins bégueule. Elle se promène en salle de presse à la recherche de micros ouverts et s'empresse de marteler :"Nous ne sommes pas favorables au vote des étrangers", rappelant en une phrase que son parti et l'électorat de Marine Le Pen peuvent se trouver des valeurs communes.

Le lendemain soir, au "Grand Journal" de Canal+, la ministre sarkozyste enfonce le clou. Invitée au côté de Louis Aliot, numéro 2 du FN, l'élue de Moselle affirme au numéro 2 du FN que les électeurs frontistes "se reconnaissent davantage dans les orientations prises par Nicolas Sarkozy" que dans celles de son opposant, citant en vrac la législation sur la burqa,"les frontières passoires" sans omettre "le droit de vote des étrangers".

Vendredi 27 avril, en meeting avec François Fillon au Palais des congrès du Mans, Xavier Bertrand, ministre du travail et traditionnel bateleur du parti, n'aura pas un mot susceptible d'être interprété comme un appel à l'électorat frontiste.

Sur ses terres et en présence des orthodoxes de l'économie, le sénateur Jean Arthuis et Pierre Méhaignerie, François Fillon le Sarthois s'attelle un temps à répondre aux interrogations de l'électorat centriste. Son "hostilité au vote des étrangers aux élections locales", le premier ministre l'habille de quarante-cinq minutes de discours dédié à la crise et à la construction européenne.



L'ancien séguiniste précise : "Notre nation a intégré, génération après génération, des étrangers de tous les horizons, et dont certains ont versé leur sang pour la France."Avant de marteler que "la République exige de rappeler que nous sommes une nation de citoyens, pas une nation où chaque communauté fait passer ses traditions et ses coutumes avant les lois de la République... La citoyenneté ne se découpe pas en tranches", lance-t-il face à la salle qui, à ses mots, sort de sa torpeur et applaudit à tout rompre son orateur.

Malgré la claque des militants et ses efforts sémantiques, le locataire de Matignon reconnaît que son bail est au bord de la rupture : "Le premier tour n'était qu'une marche d'approche. Nous attaquons maintenant la face nord."

UNE MÉTHODE MITTERRAND

Plus optimiste, Jean-François Copé, en marge d'un meeting à Marcq-en-Baroeul (Nord), dimanche 29 avril, livre son"intuition profonde" que la victoire se dessine. Devant environ 800 militants, le patron du parti présidentiel se garde de faire une cour trop appuyée à l'électorat frontiste.

Si le maire de Meaux ne se prive pas de dénoncer le projet socialiste d'"introduire le vote des immigrés pour obtenir un vote communautaire", il s'empresse de renvoyer au Parti socialiste tout argument visant à dénoncer une potentielle alliance avec l'extrême droite.

Laissant entendre que la gauche est la première bénéficiaire de la montée du FN : "François Mitterrand a engendré des disciples... Je ne sais pas s'ils ont son talent mais ils ont ses méthodes, déclare M. Copé. Cette bonne vieille coalition entre le FN et le PS où on s'aide l'un l'autre. Nous, à l'UMP, nous incarnons la solidité en refusant toute alliance avec le Front national."



Si l'alliance n'est pas de mise selon le patron de l'UMP, l'exposition de la concordance des idées entre le parti présidentiel et les électeurs de Marine Le Pen, peut être une des clés de la victoire de Nicolas Sarkozy le 6 juin. Le score de la candidate frontiste au premier tour est "stupéfiant" accorde Grégoire Vanco, 19 ans, étudiant à Science Po à Lille. "Il est nécessaire de comprendre les raisons de ce vote, de ne pas culpabiliser les électeurs, ce ne sont pas des 'fachos' en herbe, mais leur vote est le marqueur d'un vrai malaise."

"Le gros du programme de Marine Le Pen porte sur la sécurité, l'immigration, le patriotisme,analyse Thomas Drancourt, 19 ans, étudiant en psychologie. Il faut répéter à ces électeurs que ce n'est pas en votant socialiste qu'ils verront ces thématiques abordées."En cas de victoire de la gauche, "ils auront une politique à l'opposé de leurs attentes, de leurs idées",prolonge Gildas Dubaele, 29 ans, gestionnaire. "Avec le président, ils trouveront des réponses concrètes dans le cadre républicain", assure-t-il.

"HOLLANDE ME FAIT PEUR"

Pour ramener les électeurs frontistes vers l'UMP, "il faut leur parler des problèmes sociétaux",résume Jean Guerard, 82 ans, retraité des assurances. Ceux qui clivent la gauche et la droite et sur lesquels le FN et la droite conservatrice et chrétienne se retrouveront : "L'euthanasie, le mariage homosexuel, l'adoption par les couples homosexuels, la recherche sur les embryons..."

Mais, pour Philippe Dias, 64 ans, gérant de société, c'est la lutte contre l'immigration qui représente un point de conjonction forte entre les deux électorats. "Nicolas Sarkozy a raison de dire qu'on ne peut pas recevoir l'immigration en pagaille. Il y a ici, à Lille Fives, des Arabes qui n'ont pas leur place en France. Ils roulent en grosse berline et vous narguent sans ne jamais travailler et en profitant de aides sociales", affirme-t-il.

Avec le Front national, "nous sommes proches sur un certain nombre de thèmes comme la lutte contre l'immigration, la valeur travail et l'assistanat", poursuit Colette Pitelete, 58 ans, retraitée de France Telecom. "Des milliers d'étrangers sont à nos frontières avec leurs bagages prêts à venir en France", affirme-t-elle. "Si le candidat socialiste est élu, il régularisera tous les sans-papiers", craint-elle. Hollande me fait peur."

> Lire aussi : Nicolas Sarkozy, l'homme qui courait après les voix du FN



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