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mercredi 26 septembre 2012

Comment l'extrême droite a fait du "racisme anti-blanc" une arme politique 26.09.12 | 17:03 | Blog : Droite(s) extrême(s)

Dans son Manifeste pour une droite décomplexée, Jean-François Copé entend "briser le tabou du racisme anti-blanc", notamment s'agissant des banlieues.

Jusqu'à présent, l'utilisation politique du concept de "racisme anti-blanc" était l'apanage quasi exclusif de l'extrême droite.

Ainsi, le FN en a fait depuis plusieurs années l'un de ses thèmes, sans que cela soit le coeur du réacteur de son programme.

Discréditer les anti-racistes

Marine Le Pen  utilise souvent la notion de "racisme antiblanc" pour discréditer la lutte des associations antiracistes, au premier rang desquels  SOS Racisme à qui elle reproche de n'avoir jamais intenté d'action sur cette base. Cet été encore, la présidente du FN déclarait à propos de Christiane Taubira et du gouvernement socialiste : "[Mme Taubira] est totalement incapable de lutter contre le racisme anti-blanc. Le PS est incapable de lutter contre le racisme anti-blanc tout simplement parce qu'il le nie. De la même manière je ne crois pas que l'UMP était capable de lutter contre l'explosion du racisme anti-français et du racisme anti-blanc qui fait des ravages dans les banlieues."

Dans son programme présidentiel pour 2012, Marine Le Pen retient le seul "racisme anti-Français", (et non le "racisme anti-blanc"), pour lequel elle souhaite l'établissement d'une "circonstance aggravante" lorsqu'il motive les "crimes ou délits".

En 2003, son père, Jean-Marie Le Pen, avait lui  estimé sur RMC qu'il y avait "un racisme important dont on ne parle pas, celui du racisme anti-blanc dont sont victimes les Français de souche".

"Racisme anti-blanc" accolé à "Français de souche" : celui qui est, à l'époque, président du FN en exercice, pioche, à ce moment, dans le vocabulaire d'une famille précise de l'extrême droite, celle du courant identitaire.

L'influence du courant identitaire

Dès 2003, en effet, les Jeunesses identitaires font de la dénonciation du "racisme anti-blanc" l'un de leur tout principaux thèmes. Il s'agit, certes, comme le fait le FN, de démonétiser les associations antiracistes. Mais s'y ajoute une autre dimension moins tactique et plus idéologique.  Très influencés par la Nouvelle Droite des années 80 et par les écrits sur une supposée "guerre raciale" d'un Guillaume Faye ou d'un Jean-Yves Le Gallou, les Identitaires estiment que "les Européens blancs" sont menacés par "une immigration invasion" dans un mouvement de substitution des populations sur le Vieux continent. Dans ce contexte, ils deviennent  "les nouveaux colonisés", et donc la minorité opprimée à défendre.

"Euphémisation syntaxique"

Le "racisme anti- blanc" permet aux  Identitaires de tenir un discours racialiste blanc non explicite et suggéré, non passible de poursuites.  "Ils utilisent une stratégie d'euphémisation syntaxique afin de légitimer des conceptions jusque-là considérées comme extrémistes", expliquent Stéphane François et Yannick Cahuzac, respectivement politologue et sociologue  spécialisés sur l'extrême droite. "Il s'agit, au nom de la résistance au racisme anti-blanc de mener une lutte pour la défense de l'identité blanche", explique encore Stéphane François. Il s'agit enfin de démontrer que toute société multiculturelle est vouée à l'échec.

Les Identitaires feront d'ailleurs, à plusieurs reprises, des campagnes nationales d'autocollants sur ce thème. Et se féliciteront publiquement de "l'appel contre les ratonnades anti-Blancs" lancé en mars 2005 par  des personnalités comme Alain Finkielkraut, Bernard Kouchner ou Jacques Julliard, suite aux violences commises lors de manifestations lycéennes. C'est encore au nom de la dénonciation du racisme anti-blanc que les identitaires  mèneront des actions contre le groupe de rap Sniper. L'Agrif, ou Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne, présidée par Bernard Antony s'y associera par un curieux raccourci historique. L'Agrif avait en effet tenté de diffuser la notion, avec moins de succès que le Bloc identitaire.




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