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lundi 24 septembre 2012

Marine Le Pen : "Je mets à la porte tous les intégristes étrangers

LE MONDE |  • Mis à jour le 

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Marine Le Pen, au siège du Front national, à Nanterre, le 19 septembre.
Marine Le Pen, au siège du Front national, à Nanterre, le 19 septembre. | Patrick Messina pour "Le Monde"

Après une longue pause estivale, Marine Le Pen fait sa rentrée à l'occasion de l'université d'été du Front national, qui se déroule à La Baule, les 22 et 23 septembre. Dans un entretien exclusif au Monde, la présidente du FN utilise les événements récents dans le monde musulman et les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo (lire en édition abonnés) pour faire le procès en laxisme des gouvernements qui se sont succédé en France. Elle dresse un bilan sévère des premiers mois de François Hollande.

Que vous inspire l'affaire "Charlie Hebdo" ?

Il y a un bras de fer mené par des groupes politico-religieux fondamentalistes en France. Ces bras de fer ont été perdus, notamment par la droite sarkozyste. Et chaque fois que l'on a négocié, reculé, tortillé, on a préparé le terrain aux événements qui secouent le monde aujourd'hui. Il n'y a pas de négociations possibles.

Soit on dit que la liberté d'expression existe avec les réserves imposées par la loi, soit on remet en place la censure sur Internet, on soumet les journaux à une lecture préalable du gouvernement, on rétablit le délit de blasphème.

Pour le moment, il n'y a pas eu d'incident...

La laïcité est une valeur non négociable, comme la liberté. A chaque fois qu'on l'a laissée s'affaiblir, on a créé le terrain de revendications nouvelles. Hier, c'était les prières de rue, ils ont obtenu qu'on leur accorde des mosquées en contravention avec la loi de 1905 ; puis il y a eu des réclamations dans les écoles, les cantines...

Ce qui se passe est révélateur d'années de laxisme, de mollesse, par rapport aux principes, aux valeurs, par rapport à la protection qu'un Etat doit incarner. Il y a un besoin de clarté, de bon sens. Il y a un besoin d'autorité.

Revendiquer la construction de mosquées, c'est être fondamentaliste ?

Ce n'est pas ce que je dis. Les prières de rue et la revendication par les prières de rue sont le fait de fondamentalistes. L'objectif, c'est d'imposer à la France un certain nombre d'interdits. On est arrivé à l'interdit du blasphème. Je ne suis pas une adepte deCharlie Hebdo. Je suis quelqu'un de respectueux de la foi.

Je ne vois pas l'intérêt d'aller heurter les gens dans ce qu'ils ont de plus intime. Mais cette possibilité de la provocation est un inconvénient de la liberté d'expression qui, par ailleurs, a énormément d'avantages. Et la liberté d'expression, dont dépend la liberté de la presse, ne se négocie pas.

Êtes-vous pour un droit au blasphème ?

Je me félicite que le délit de blasphème n'existe plus. Ce que je trouve étonnant, c'est l'indignation à géométrie variable de la classe politique. Nous sommes dans un pays où 95 % des profanations concernent des lieux de culte ou des tombes catholiques et il n'y a pas une ligne, pas un communiqué d'un ministre. Et dès qu'il y a une profanation d'une mosquée ou d'un carré musulman, immédiatement, il faut faire le communiqué.

Vous dites être pour le droit à la caricature. Vous avez pourtant engagé une procédure contre "Charlie Hebdo" à propos d'un dessin vous concernant...

Oui, tout à fait. La limite de la liberté d'expression est la diffamation et l'injure.

Si vous étiez au pouvoir, que feriez-vous ?

Je mets à la porte tous les intégristes étrangers. Tous ! On les connaît très bien. Il faut une application stricte de la loi de 1905 : plus de financement, direct ou indirect des mosquées. Plus de financement étranger. Sauf cas spécifique de convention de réciprocité. Je veux bien qu'un Etat finance une mosquée dans notre pays s'il n'interdit pas sur son territoire le financement des églises ou de n'importe quel autre culte.

Comment se financeraient les mosquées ?

Avec l'argent des fidèles. Applicable pour toutes les autres religions. La loi ne reconnaît aucun culte. Plus de prières de rue, plus de spécificités alimentaires dans les écoles publiques.

Casher comme halal ?

Pareil. Je ferai inscrire dans la Constitution que "la République ne reconnaît aucune communauté". Ce qui permet de s'opposer à toutes les revendications communautaristes, y compris dans le secteur privé.

Êtes-vous toujours pour l'interdiction du voile dans l'espace public ? Dans la rue ?

Oui, les magasins, les transports, la rue...

C'est une mesure liberticide...

Ca dépend de ce que vous considérez comme la liberté. On vous interdit de vous balader nus dans la rue... C'est liberticide ?

Comment définissez-vous qu'un voile est religieux ou pas ? Cela pose un problème d'application de la loi...

C'est interdit. Le voile est interdit. C'est clair ! On est capable de faire la différence entre un voile religieux et un voile qui ne l'est pas.

Cette interdiction vaudrait pour tous les signes ostentatoires ?

Qu'appelez-vous des signes ostentatoires ?

La kippa par exemple...

Il est évident que si l'on supprime le voile, on supprime la kippa dans l'espace public.

Doit-on mener une action spécifique dans les banlieues ?

Quand vous aurez renvoyé dans leur pays les imams étrangers fondamentalistes – parce que l'immense majorité sont étrangers –, quand vous aurez arrêté de financer à tort et à travers l'islam, et par définition l'islam fondamentaliste, il faudra protéger les populations civiles des quartiers de la pression des fondamentalistes, y compris les populations musulmanes qui en sont victimes. Pour cela, il faut que l'ordre revienne à la loi, que la République reprenne la main sur un certain nombre de quartiers.

Comment la République reprend-elle la main ?

D'abord par l'école, à qui on va rendre son rôle. L'école primaire n'a pas à donner des cours de langue et de culture étrangères. Le rôle de l'école laïque, publique et républicaine, c'est de fabriquer des Français. Pas de renvoyer les enfants à leurs origines. Pour éviter que la religion devienne une identité, une nationalité de substitution, on va rendre un contenu à la nationalité française. C'est la priorité nationale.

Vous êtes français, jaune, vert, orange, marron, noir ; vous êtes agnostique, athée, musulman, juif... parce que vous êtes français, vous avez une priorité d'accès au logement social et à l'emploi. Vous allez savoir pourquoi vous êtes français. Il y a beaucoup de jeunes qui se définissent d'abord par leur origine et pas par leur nationalité. Donc, arrêt de la double nationalité.

Comment jugez-vous les conséquences des révolutions arabes ?

Le "printemps arabe" s'est transformé en hiver islamiste. C'est très inquiétant pour l'Europe, car cela risque d'entraîner une aggravation de l'immigration. Je pense aux intérêts des populations de ces pays dont beaucoup commencent à vivre dans la peur.

La Libye est peut-être la situation la plus dramatique et dans laquelle on a le plus de responsabilité. On a sciemment mis à la tête de l'Etat libyen des fondamentalistes armés par le Qatar. Nous avons été irresponsables en suivant aveuglément les Etats-Unis.

Voilà un pays, les Etats-Unis, qui ne cesse d'expliquer qu'il est en lutte contre le fondamentalisme et qui, à chaque fois qu'il est intervenu quelque part, a livré le pays où il est intervenu aux fondamentalistes islamistes.

Quant à l'affaire du film Innocence of Muslims, elle est éminemment suspecte. Cette espèce de sous-série Z est comme par hasard mise en ligne par une télévision salafiste, et comme par hasard, cela suscite cette attaque à Benghazi, un 11 septembre. Je ne crois pas au hasard en la matière.

Que faut-il faire avec la Syrie ?

Il fallait privilégier la voie diplomatique, ce qui n'a pas été fait. Il fallait se servir des alliés traditionnels – la Russie et la Chine – de Bachar Al-Assad, pour trouver un compromis. Et on a armé les rebelles, transformant une contestation populaire en guerre civile. Les deux camps ont des armes lourdes. Je veux espérer que la voie diplomatique n'est pas fermée. Mais il faut parler aux deux belligérants. Y compris avec Bachar Al-Assad.

Cette contestation populaire est-elle légitime pour vous ?

Oui, comme dans tous les endroits où il n'y a pas de démocratie. Sauf que parfois, elles sont écrasées dans le sang avec la bénédiction de l'Occident, d'autres fois pas.

Bachar Al-Assad doit-il quitter le pouvoir ?

Si sa sortie n'est pas négociée avec son remplacement par quelqu'un issu de la même minorité, sa minorité sera massacrée et les chrétiens seront massacrés.

Vous dites parfois qu'une dictature laïque vaut mieux qu'une dictature religieuse. On ne comprend pas...

Je remarque que dans les pays où il y a eu des dictatures laïques, les populations vivaient incontestablement mieux, avaient plus de libertés individuelles que sous des dictatures non pas religieuses, mais de fondamentalisme islamique.

Que pensez-vous de l'action de François Hollande ?

Il est très difficile de faire les différences avec les grandes orientations de Nicolas Sarkozy, par rapport notamment à l'Europe. François Hollande s'en rend compte. Il lance des débats de diversion – droit de vote des étrangers, mariage homosexuel – pour recréer une opposition factice entre la droite et la gauche. Sur les grandes ruptures qui pouvaient être menées par François Hollande, il n'y a rien.

Accepter le traité européen et donc la tutelle budgétaire, c'est abandonner toute capacité de changer économiquement ou politiquement les choses. Les Français ont conscience des grands choix qui ne sont pas faits.

Jean-François Copé lance une pétition contre le droit de vote des étrangers aux élections locales...

Il a huit mois de retard sur nous. Il a assez peu d'imagination. Il sait que la base de l'UMP est beaucoup plus proche de nous que d'un centre droit comme Fillon. Qu'il gagne ou qu'il perde, il abandonnera cette ligne, car ce n'est pas une ligne de conviction.

Y aura-t-il une différence pour le FN selon le vainqueur du congrès de l'UMP en novembre ?

Non, aucune. Ils sont profondément européistes, pour le sauvetage de l'euro, pervertis par la pensée unique de gauche. Ils se précipitent sur le droit de vote des étrangers pour éviter de parler du traité européen qu'ils voteront avec le PS. Les gens vont voir s'inviter ce traité, pendant des semaines, des mois et des années, dans leur vie quotidienne.

Vous parlez de l'austérité ?

Oui. On est les seuls à avoir critiqué l'euro en toutes circonstances. Il nous reste l'acte pédagogique majeur à faire : que les gens ne croient pas le catastrophisme de la classe politique en cas de retour au franc. Cela fait dix ans que je me bats pour introduire les thèmes économiques et sociaux. Si je n'avais pas fait ce travail, la présidentielle aurait été une catastrophe. Aujourd'hui, le Front national est associé à une politique protectionniste et eurosceptique.


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