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lundi 29 octobre 2012

Une proposition de loi relance le débat sur la commémoration de la guerre d'Algérie


LE MONDE | 24.10.2012 

Par Thomas Wieder

Des adhérents à la Fnaca portant des drapeaux tricolores, assistent, le 19 mars 1999 à Paris, devant la tombe du soldat inconnu, à la cérémonie de commémoration du 37e anniversaire du cessez-le-feu qui avait mis fin officiellement le 19 mars 1962 à la guerre d'Algérie.

C'est un débat dont François Hollande se serait bien passé. A quelques semaines du voyage du président de la République en Algérie, prévu d'ici à la fin de l'année, le Sénat doit examiner, jeudi 25 octobre, une proposition de loi à forte charge polémique : la reconnaissance du 19 mars comme "journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". La gauche est pour, la droite est contre, et le gouvernement, conscient de la passion avec laquelle chaque camp défend sa position, est très embarrassé.

Comment commémorer la guerre d'Algérie ? Voilà cinquante ans que la question est posée, sans qu'aucune réponse consensuelle n'ait été trouvée. Depuis la fin du conflit, le combat pour la reconnaissance du 19 mars est porté par la principale association de vétérans, la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca), qui revendique 358 000 adhérents.

L'argument est le suivant : jour de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu au lendemain de la signature des accords d'Evian, le 19 mars 1962 marque une"étape importante" vers "la paix", la guerre étant qualifiée de "cauchemar", selon les termes employés lors du congrès de la Fnaca, en 1963.


A l'origine, la date ne faisait pas réellement polémique. Le 19 mars 1964, quand la Fnaca organisa une cérémonie à l'Arc de Triomphe, les pouvoirs publics autorisèrent la présence d'une musique militaire. Le général de Gaulle, artisan des accords d'Evian, pouvait difficilement s'opposer à ceux qui voulaient les célébrer. Mais il lui était pour autant difficile d'officialiser une telle date : c'eût été reconnaître que les "événements" d'Algérie n'étaient pas, comme on le disait à l'époque, de simples "opérations de maintien de l'ordre". Rappelons qu'il fallut attendre 1999 pour que la France reconnaisse qu'il y avait bien eu une "guerre"...

CHERCHER UNE ALTERNATIVE

C'est dans les années 1970 que la bataille autour du 19 mars s'est politisée. En 1971, la Fnaca lance une campagne nationale en direction des municipalités pour que celles-ci baptisent des "rues du 19-mars-1962" (il y en a environ 1 700 aujourd'hui, essentiellement dans des communes de gauche). A droite, la contre-offensive est notamment menée par deux jeunes députés, Alain Griotteray et Charles Pasqua. Cette mobilisation est efficace : en 1975, un an après son élection à la présidence de la République, Valéry Giscard d'Estaing interdit la présence d'une musique militaire lors des cérémonies organisées le 19 mars.

Conscients toutefois qu'ils ne peuvent avoir gain de cause s'ils n'imposent pas une alternative, les détracteurs du 19 mars cherchent une autre date. Mais laquelle ? En 1977, un événement vient à leur secours : le 16 octobre de cette année-là, un"soldat inconnu des combats d'Afrique du Nord" est inhumé à la nécropole nationale Notre-Dame-de-Lorette d'Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais).

Il y rejoint les corps de 20 000 anciens combattants tombés en 1915 lors de la bataille d'Artois, ainsi que ceux d'un soldat inconnu de la guerre de 1939-1945 et d'un déporté inconnu de la seconde guerre mondiale. A travers cette cérémonie, la guerre d'Algérie est symboliquement reliée aux grandes guerres du passé. Ses vétérans s'inscrivent dans la lignée des précédentes "générations du feu". Dans les années suivantes, le 16 octobre aura la faveur d'une partie des milieux anciens combattants, pour qui la date a l'avantage de rappeler l'héroïsme des soldats et non une défaite de l'armée française.

Pas plus que le 19 mars, toutefois, le 16 octobre ne fait l'unanimité. Pour réconcilier les mémoires, une troisième date fait l'objet d'un décret en 2003 : celle du 5 décembre. Elle ne correspond à rien, sinon à l'inauguration par Jacques Chirac, un an plus tôt, d'un mémorial aux combattants d'Afrique du Nord, quai Branly à Paris. Aujourd'hui, à l'exception de la Fnaca, les associations d'anciens combattants, qui regroupent environ un million de personnes, auxquelles s'ajoutent les associations de rapatriés et de harkis, veulent maintenir le 5 décembre, moins par attachement à celui-ci que par rejet du 19 mars.

"UNE OFFENSE AUX VICTIMES DE LA GUERRE D'ALGÉRIE"

C'est la position que défendra, jeudi 24 octobre, le sénateur UMP de la Sarthe, Marcel-Pierre Cléach : "On peut comprendre que les anciens du contingent , soient attachés au 19 mars, qui fut pour eux un soulagement. Mais pour les militaires d'active, ce jour est un échec. Et pour les harkis et les pieds-noirs, c'est un jour de grand deuil, la fin de l'Algérie française, le jour où ils n'ont plus eu le choix qu'entre la valise et le cercueil", explique M. Cléach.

Au Palais du Luxembourg, jeudi, le 19 mars aura pour principal avocat Alain Néri, sénateur socialiste du Puy-de-Dôme. En 2002, alors député, il avait déjà défendu une proposition de loi en faveur de cette date, dont Jean-Marc Ayrault et François Hollande comptaient parmi les signataires. Celle-ci avait été votée par 57 % des députés présents, dont quelques-uns de droite, mais jamais adoptée par le Sénat.

Pour M. Néri, "il est temps de revenir sur le 5 décembre, qui est une offense aux victimes de la guerre d'Algérie, car elle n'a aucune valeur historique ou symbolique". Pour lui, le choix du 19 mars s'impose : "La guerre d'Algérie est restée trop longtemps une guerre sans nom. Elle ne peut pas rester indéfiniment une guerre sans date."


Thomas Wieder

17 octobre 1961 : le Sénat reconnaît la répression

Le Sénat a adopté, mardi 23 octobre, par 174 voix contre 168, une résolution reconnaissant la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. Présenté par le groupe communiste et combattu par la droite, le texte a été voté six jours après la reconnaissance, par M. Hollande, de la "sanglante répression" dont furent victimes les indépendantistes algériens.

1 commentaire:

  1. CAMPS DE LA HONTE :

    lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
    En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.

    35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.


    Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)

    Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net

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